Meilleures ennemies

Chapitre 4 : Épisode 4 - Enfin libres

4778 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 26 jours

À la sortie des deux adolescentes, Vander avait préparé les affaires de ses deux filles pour les laisser s’installer temporairement au manoir Kiramman. Il avait été décidé, en accord avec les parents de Caitlyn, que Vi et Powder allaient pouvoir passer du temps chez la Conseillère, afin de pouvoir mieux connaître la ville de Piltover. Le père adoptif des deux orphelines souhaitait la paix avant tout, ayant perdu son amie la plus chère durant la Grande Guerre. Il n’avait aucune envie que ces deux enfants grandissent dans la haine et y vivent jusqu’à leur mort. Il voulait leur offrir plus que ça. C’était d’ailleurs pour ça qu’il avait décidé de passer un pacte avec Grayson. Pour assurer un meilleur avenir à ces gamins qui avaient déjà tout perdu.


Il était également venu avec les deux jeunes filles, et tous les trois furent ébahis par la taille de la demeure. Tobias les accueilla en dehors du manoir avec sa fille, leur souriant chaleureusement et les invitant à entrer.


« Ne restez pas là, venez ! Ma femme travaille toujours, elle sera là d’ici une demie heure. Nous pouvons passer dans le salon en attendant. Vous souhaitez boire quelque chose ? Que préférez-vous comme alcool ? J’en ai plusieurs à vous proposer, » dit Tobias en montrant le mini bar. « À moins qu’un thé ou un café vous convienne davantage ? J’ai du jus de fruits pour les enfants. »

« Une bière suffira, » répondit Vander. « Je vous remercie. »


Vi, quant à elle, regardait le salon, bouche bée tant elle était choquée par sa taille. Il était presque aussi grand que le bar ! Et ce n’était qu’une seule pièce !


« Vi, » la réprimanda son père adoptif. « Les mains dans les poches. C’est malpoli envers notre hôte. Alors enlève-les, d’accord ? » 

« Ouais Vander… »


Monsieur Kiramman revint avec les deux bières, une pour son hôte et une pour lui-même. Caitlyn regardait l’autre adolescente et sa petite sœur, les joues empourprées de gêne et de timidité. Elle se retrouvait face à la rouge alors que Powder prenait la parole.


« Nous on veut bien du jus de fruits s’il vous plaît, monsieur. »

« Caitlyn ? Veux-tu bien aller en chercher je te prie ? »


La bleue hocha la tête et s'exécuta alors. Elle alla dans la cuisine alors que la rouge fit rouler ses yeux dans ses orbites, si peu habituée à autant de politesse qu’elle trouvait ça exagéré. Presque comme un spectacle d’apparences, quelque chose pour leur montrer la différence entre leurs deux mondes, leurs deux familles. Elle n’aimait pas ça, trouvant ça hypocrite et hautain.


Caitlyn revint vers eux environ une ou deux minutes plus tard avec des verres et une carafe de jus de fruits. Elle en servit trois pleins verres et s’assit en face de Vi en souriant, regardant les deux sœurs tour à tour.


« Vous avez une chambre pour vous deux. Il n’y a qu’un lit mais il est bien assez grand, vous verrez. »


Vi acquiesça puis regarda Powder.


« Au pire tu prendras le lit, t’en fais pas. » 

« Vi… Je… Je t’assure, vous aurez bien assez de place. Il y en a pour deux personnes adultes, alors… ça ira. Vraiment. »

« Si tu le dis, la Piltie, » lâcha la Zaunienne d’un ton ton sec, qui fit un peu de peine à l’autre adolescente, bien qu’elle fit de son mieux pour ne pas le montrer.


Mais la plus jeune le remarqua, et prit la parole en sa faveur.


« Vi, laisse lui une chance… »

« Hein ? »

« S’il te plait… Elle est gentille… »

« Ok, ok…» soupira Vi, abdiquant au regard de chien battu de sa petite sœur, qui lui sourit à pleines dents.

« Merci grande sœur !» Puis elle regarda Caitlyn, qui lui tendit un verre rempli de jus de fruits. « Dis… Tu as eu encore des amnésies ? »


Vi grommela intérieurement. Elle n’était pas des plus heureuses que Powder sympathise avec une Piltie. Mais si ça lui faisait plaisir, alors dans ce cas… Elle devait faire avec. Rien n’était trop beau pour sa petite sœur, de toute façon.


« Non, ça va merci, » répondit Caitlyn en souriant, buvant un peu de jus.

« Tu t’es pas recognée ta tête de fragile ? » ricana la rebelle.

« Non mais je suis sûre que tu aurais aimé, n’est-ce pas ? » soupira la bleue.

« Quoi ?! Non. Pas du tout ! »

« Je croyais que tu n’aimais pas les Pilties ? » ironisa l’adolescente, posant son verre, fixant du regard la Zaunienne.

« Ouais, c’est vrai. Mais je veux pas non plus que t’aies mal. Tu m’as rien fais, et puis… tu fais sourire Powder… et puis… voilà… »


Caitlyn sourit à ce que venait de lui dire Vi, bien que maladroitement et en bégayant presque, tandis que Vander et Tobias les regardaient en souriant.


« Peut-être vont-elles réussir à s’entendre finalement ? » songea l’homme de Piltover, un sourire aux lèvres.

« C’est bien possible oui, » approuva l’homme aux traits hirsutes. « Ça semble en prendre le chemin, en tout cas. Le plus difficile sera du côté de Vi, une vraie tête brûlée. Mais peut-être que Caitlyn va l’adoucir ? »


Tobias rit de bon cœur, imaginant déjà les deux adolescentes discuter calmement et joyeusement. Quelle belle image…


« Hein ?! Moi ? M’entendre avec une Piltie ??? Vander ! Ça va pas ?! » s’écria Vi.

« Pourquoi n’essaierais-tu pas, ma fille ? »

« Mais… ! Parce que… Parce que c’est une Piltie ! Elle oubliera mon existence une fois que je serai retournée à Zaun. »


Caitlyn écarquilla les yeux, choquée des pensées de l’autre jeune fille, et s’empressa de répondre.


« Quoi ?! Non ! C’est faux ! »

« Si ! C’est certain, » rétorqua la rouge, croisant les bras contre son buste, et s’affalant sur le canapé.

« Mais crois-moi ! Si je te dis que je ne ferai jamais ça, c’est parce que je ne le ferai jamais ! »

« C’est ce que tu crois mais c’est exactement c’qui arrivera. »

« Je me connais bien mieux que tu ne me connais, Vi ! » argumenta la bleue, se redressant dans son fauteuil, offusquée.

« Ok ! Tu sais quoi ? Et si on prenait le pari ? »

« Très bien. J’accepte ton défi. » Et la Piltie tendit la main que la Zaunienne pris pour sceller ce pari, cette promesse. Elle reprit la parole, souriant. « Apprête toi à perdre, Vi. »

« C’est ce que tu crois. Caitlyn. »


Les deux pères se mirent à ricaner en même temps, Vander terminant sa gorgée de bière.


« Elles vont former un bon duo, » murmura doucement Tobias, un grand sourire aux lèvres.

« Oh oui… » Répondit Vander. « Un duo explosif. »


A cet instant, une autre personne se joint au petit comité présent. Cassandra, la mère de Caitlyn, s’avança vers eux, d’un air sérieux.


« Bien le bonjour. Je vois que tout le monde est installé, » dit-elle, fixant les trois enfants avec un regard quelque peu distant, mais sans froideur.

« Ah, oui. Bonjour, ma chère, » dit Tobias, se levant pour aller accueillir son épouse. « Je te présente Vi et Powder. Vi est la jeune fille que j’ai soignée, et Powder sa petite sœur. Et voici Vander, leur père adoptif. »

« Bonjour, madame Kiramman. Enchanté, » se leva à son tour le Zaunien, serrant la main de la maîtresse de maison.

« Enchantée également. Je suis Cassandra, la mère de Caitlyn et matriarche des Kiramman. Je fais également partie du Conseil de Piltover. »


Vi se remit immédiatement sur la défensive en entendant ça. Cette femme devait être du genre rigide, et puisqu’elle avait un tel rôle, elle n’était sûrement pas le genre à faire des cadeaux. Qui sait si elle n’allait pas les jeter de chez elle dans la minute ?


Mais à sa grande surprise, Cassandra sourit aux deux adolescentes, se tournant vers elles.


« Bien. Ravie de vous rencontrer, mesdemoiselles. Nous allons veiller sur vous deux le temps que Vi se remette, c’est bien cela ? Je suis encore sincèrement désolée pour ce regrettable accident… qui n’aurait jamais dû arriver. Une négligence inacceptable de la part du jeune monsieur Talis… Bien que je sache qu’il n’est pas le seul à avoir manqué de discernement. »


Évidemment, elle ne parlait pas que de la présence des cristaux chez Jayce. Tout le monde savait dans la pièce que si Vi n’avait pas voulu cambrioler l’appartement, l’explosion n’aurait jamais eu lieu. Cependant, si Jayce n’avait pas eu ces pierres en sa possession, ou les avait rangées de manière plus sécurisée, elles n’auraient jamais subi de choc en étant prises dans la précipitation par Powder. Un concours de circonstances, un enchaînement d’évènements et de décisions… Mais le résultat était limpide pour le Conseil : Jayce Talis était coupable, car le seul adulte, et donc le seul responsable de cet incident qui aurait pu tourner à la tragédie.


Malgré ses apparences strictes, Cassandra était une femme gentille. En tant que membre du Conseil, elle ne mâchait pas ses mots, était autoritaire, et disait à voix haute ce qui devait être dit. Que ce soit de façon directe ou en y mettant davantage de formes, elle n’avait aucune hésitation à dire ce qu’elle pensait.


« Je suis d’accord avec vous Madame, » approuva Vander en lançant un regard accusateur à la rouge, qui se vautra un peu plus dans son fauteuil. Après tout c’était elle qui était responsable des autres et elle devait donc agir en conséquence.

« Mais tout va bien, » intervint Tobias. « Finalement, il y a plus de peur que de mal. »

« En effet, vous avez raison, mon cher, » répondit la matriarche, souriant sincèrement. Elle se tourna vers le Zaunien. « J’ai ouï dire que vous étiez en quelque sorte le porte parole de la Basse-Ville ? Et aussi que vous vous entreteniez de manière régulière et fréquente avec le Shérif Grayson ? » 

« En effet, » acquiesça l’homme à la carrure d’ours. « Je m’efforce de maintenir la paix entre nos deux nations. Mais je pense que nous aurons besoin de discuter plus ouvertement avec Piltover. Zaun a besoin de son indépendance. »

« Zaun, hm ? » s’étonna Cassandra.

« C’est ainsi que nous aimerions appeler notre nation, et non plus simplement la Basse-Ville. »

« Je vois… » la mère de famille hocha la tête d’un air entendu. « Et Vi est… ? »

« C’moi, m’dame… » marmonna la rouge.

« La fauteuse de troubles, » ricana Vander.


L’adolescente grommela, les sourcils froncés, serrant les bras contre son buste, son regard tourné vers un autre coin de la pièce. Vi avait été remise à sa place, et c’était l’essentiel pour son père adoptif. Il ne voulait pas lui donner la possibilité de cause d’autres problèmes, mais plutôt de prendre soin de sa santé, et surtout de sa petite sœur. C’était une opportunité à ne pas manquer, selon le Zaunien massif. Elle ne voyait pas pourquoi il lui en voulait alors qu’elle avait fait ça pour sa famille. Pour elle, rester ici était plus semblable à une punition qu’autre chose.


« Je vois, » dit la matriarche Kiramman, un léger rictus aux lèvres. « D’après mon époux, il serait plus prudent de surveiller l’état de santé de votre fille pendant quelques temps encore, et la faire loger chez nous serait plus approprié. »

« C’est ce qu’il a proposé, oui, » répondit l’homme au half bun, hochant la tête.

« Très bien. Je dois vous avouer que nous avons beaucoup parlé de… Zaun au cours de ces derniers mois avec le Conseil. »

« Il faut que les choses changent, madame Kiramman. Nous voudrions l’indépendance de Zaun. »

« Si elle doit se faire, elle se fera. Mais, dans ce cas, nous aurons besoin de votre aide. Elle ne pourra en aucun cas se faire en un claquement de doigt, et votre plaidoirie sera ce qui pourrait changer le destin de votre nation. Il vous faudra vous préparer avant de pouvoir vous présenter devant le Conseil. Arriver les mains vides, sans la moindre proposition sur laquelle nous pourrions travailler ne jouera guère en votre faveur. »


Caitlyn regardait Vi qui leva les yeux vers elle, se demandant ce qu’elle lui voulait. Etait-ce de la méfiance, tout simplement ? Ou une question silencieuse ?


Vander regarda Cassandra dans les yeux, comprenant qu’il était temps de parler politique. Si ce premier pas était celui en faveur de l’indépendance de Zaun, ainsi soit-il.


« Je vous écoute, » dit-il, sachant qu’il avait une main tendue vers lui et qu’il devait la saisir.

« Tout d’abord… Que faut-il changer à tout prix ? Sachez que je n'ai pas le pouvoir de retirer les Pacifieurs aussi simplement. Le Conseil ne le votera pas, mais nous pouvons au moins diminuer les patrouilles pour commencer. »

« Je comprends… Mais je propose que nous parlions de ça sans les enfants et avec le Shérif Grayson. C’est avec elle que je travaille, si je puis dire. »

« Qu’il en soit ainsi, » approuva la mère de famille. « Passons dans mon bur… »

« Vous allez tomber amoureuses à force de vous regarder comme ça ! » ricana Powder, qui avait observé sa sœur aînée et l’autre adolescente, coupant la parole sans le vouloir.


Un sourire se peint sur le visage de chacun des grands, amusés des paroles de la plus jeune des enfants.


« Hein ? Quoi ? Mais ça va pas, Pow-Pow ??? » s’écria Vi, qui était rouge.


Caitlyn, quant à elle, se cachait derrière son verre de jus de fruit, le visage entièrement cramoisi de gêne. Mais elle reprit contenance après avoir bu.


« Elle n’aime pas les Pilties, ça va être dur… » rétorqua-t-elle, comme si elle cherchait à se convaincre elle-même que ses rougeurs étaient pour une gêne différente de celle qu’elle ressentait réellement.

« Normal ! » cracha la Zaunienne, serrant les poings.

« Tu pourrais me faire confiance un minimum, » grommela la jeune Piltie.

« Prouve moi que je peux. »

« Et comment dois-je m’y prendre ? »

« J’en sais rien moi ! »

« Bah réfléchis alors ! » s'exclama l’adolescente aux cheveux bleus.

« C’est quoi qui veux me prouver que j’peux te faire confiance ! »


Le géant se mit à rire, avant de s’approcher, posant sa grande main sur la tête de la bagarreuse.


« Vi. Au lieu d’être renfrognée, laisse-lui une chance de te faire découvrir son monde ? »

« Elle ne tiendrait pas une journée à Zaun, » soupira Vi.

« Toi non plus à Piltover. »

« Quoi ?! Tu plaisantes, Vander ?! » s’offusqua la rouge. « C’est hyper facile d’être ici ! »

« Très bien. Dans ce cas, je te mets au défi. Tiens plus longtemps qu’elle à Piltover qu’elle ne le fera à Zaun, » proposa le Zaunien.


Cassandra regarda Tobias en haussant un sourcil.


« Elle sera en compagnie du shérif Grayson, ne t’en fais pas, » le père de famille cherchait à rassurer son épouse.

« Caitlyn ne peut pas se rendre dans la Basse-Ville, Tobias. Elle est une Kiramman. Elle n’est pas n’importe qui. C’est un bien trop grand risque. Je refuse que ma fille soit en danger de quelque manière que ce soit. »


Le médecin regarda sa femme, se grattant la barbe, réfléchissant à une solution qui satisferait tout le monde.


« Personne ne connaît son visage à Zaun, et tu le sais. De plus, elle sera avec le Shérif et je pense que Vander gardera aussi un œil sur elle. N’est-ce pas Monsieur ? »

« Évidemment Monsieur et Madame Kiramman, » sourit Vander, se voulant rassurant et sérieux. « Ainsi que cette tête de mule qu’est Vi. Elle n’en a pas l’air comme ça, mais elle est capable de se sortir des ennuis qu’elle provoque. Et puis… » Il se tourna vers Vi. « Vois ça comme une façon de faire tes preuves. Et de te racheter auprès des autres. »

« Pourquoi je devrais faire ça ? » marmonna l'adolescente Zaunienne.

« Parce que tu es celle qu’ils suivent, » expliqua son père adoptif. « Tu leur dis de courir, ils courent. Tu leur dis de sauter, ils sautent. Tu leur dis de se battre, ils se battent. Tu es responsable d’eux, Vi. Il est grand temps que tu comprennes ce que cela implique. »


Les yeux de Vi roulèrent dans leurs orbites mais Vander la regarda avec plus d’insistance.


« Ok. Ok ! » soupira la rouge, levant les mains en signe de reddition. « Powder, t’en dis quoi ? »

« Je suis partante ! » dit la petite  fille aux cheveux cyan, totalement enjouée.

« Ok. J’accepte alors. On va faire ça. On va s’occuper de la Piltie quand elle viendra à Zaun. »

« Merci Vi ! » sourit Powder, à pleines dents. « On va s’amuser, Caitlyn, tu vas voir ! »


La fillette alla lui faire un câlin, Vi ayant un regard attendri envers sa petite sœur. La voir être aussi heureuse était quelque chose qui éveillait toujours cette flamme en l’adolescente. Ce sourire particulier que personne d’autre que la cyan n’arrivait à faire naître sur les lèvres de la rouge. Powder était son monde, après tout. Bien qu’elle avait également Mylo, Claggor et Vander… Ils ne partageaient pas un lien de sang entre eux. La jeune Zaunienne n’avait pas autant à cœur de les protéger comme elle désirait ardemment protéger sa petite soeur.


« Caitlyn, chérie, que dirais-tu de faire visiter notre domicile à nos hôtes ? »

« Oui mère, » Caitlyn posa son verre et se leva, faisant un signe de main aux deux autres filles pour qu’elles la suivent. Chose qu’elles firent bien que Vi restait méfiante. Une fois dans les couloirs et loin des adultes, la bleue reprit la parole. « Vous aimez faire quoi vous ? »

« Me battre, » répondit sèchement Vi.

« C’est tout ? Rien d’autre ? »

« Ouais. J’aime cogner. Surtout ceux qui m’emmerdent, » son regard se posa sur la Piltie, qui eut un léger frisson de peur. Il fallait dire que le regard de l’adolescente aux cheveux rouge avait de quoi impressionner.

« Et toi, Powder ? » demanda la bleue, décidant de porter son attention sur quelqu’un de moins agressif.

« Faire des gadgets ! » sourit la petite fille, heureuse de pouvoir parler de sa passion avec quelqu’un. « Et toi ? T’aimes faire quoi, Caitlyn ? »

« M’entraîner au tir avec le Shérif. »


Caitlyn put voir Vi se tendre d’un coup, se stoppant net dans leur marche.


« Tu veux devenir une Pacifieuse, c’est ça ? » questionna la bagarreuse, poings et dents serrés.

« Oui, j’aimerais pouvoir aider à créer une paix durable entre nos deux villes. Et je pense que pour ça, il faut que la justice règne. Être Pacifieuse, ce serait aider à arrêter les criminels. »

« Je déteste les Pacifieurs, » grogna l’adolescente de la Basse-Ville.

« P… Pou… Pourquoi ? » bégaya celle de Piltover. « Ils sont là pour faire en sorte qu’on soit en paix. »

« Ils ont tué nos parents ! » hurla la rouge.


La bleue écarquilla les yeux.


« Oh… Je... Pardon… Je ne savais pas… » Elle baissa les yeux « Je… Je ne veux pas tuer des gens. Je ne veux jamais utiliser mon arme pour tuer. Je… Je ne pourrai pas… »

« Parce que tu crois que les armes, c’est fait pour faire joli ? »

« Non. Je sais bien qu’on apprend à se servir de fusils. Mais c’est pour dissuader ou blesser des criminels. »

« Les Zauniens sont tous des criminels aux yeux des Pacifieurs, » marmonna la rouge.

« Je veux juste… aider… »

« On verra ça. Mais tu changeras. Tu tireras pour… aider, ouais. Aider Piltover à contenir la Basse-Ville et les criminels qu’on est tous. »


Vi recommença à marcher et Caitlyn la suivit, marchant dans toute la demeure pour la leur faire visiter et découvrir.


Sur le chemin, l’adolescente de la Basse-Ville écoutait, se retenant de garder en mémoire des informations d'objets à voler. Elle avait promis de bien se comporter et puis bon, elles étaient invitées, alors ce n'était pas respectueux de les dévaliser. Surtout que Vander semblait s'affairer à faire prospérer la nation de Zaun.


Non, elle ne pouvait pas lui faire ça. Elle décida alors de garder ses mains dans ses poches. La visite se termina évidemment par la chambre des deux invitées.


« C’est là que vous serez, » leur expliqua la bleue en ouvrant la porte et les laissant rentrer à l’intérieur. « Tu vois Vi… Tu pourras dormir avec Powder. La chambre est assez grande pour vous deux. »


Les affaires des deux sœurs étaient déjà installées. Il n’y avait pas grand chose, certes, mais elles n’avaient rien eu à faire. C’était donc ça une vie de luxe ? La rouge cligna des yeux, abasourdie par l’immensité de la chambre.


« Putain c’est… Immense ! » s’exclama t-elle en écarquillant les yeux.

« Tu comprends pourquoi j’ai dit que vous pourriez partager le lit ? »

« C’est aussi grand que le bar de Vander ! »


Powder ne disait pas un mot, se contentant de regarder avec la bouche ouverte. Comme si elle était dans un magasin de gadgets ou de jouets. Vi, quant à elle, ne savait même pas quoi dire à Caitlyn. Il lui fallut plusieurs secondes avant de la regarder de nouveau et de poser sa question, en se frottant la nuque.


« Et… euh… et toi ? »

« Moi ? »

« Tu dors où ? »

« Ma chambre est juste en face de la vôtre, » répondit la jeune Piltie.


Oh…


La Zaunienne se dit qu’elles allaient être vraiment proches. Mais elle n’eut pas le temps d’y penser plus que ça que l’autre adolescente lui posa une question à son tour.


« Est-ce que vous voulez voir quelque chose d’autre ? Ou aller dans un endroit en particulier ? Ou un besoin ? »


La rouge réfléchit et se dit que sa petite sœur devait avoir faim.


« Les cuisines. Ca ferait du bien à Pow-Pow d’avoir un truc à manger, » dit-elle alors, son regard tourné vers sa petite sœur, l’air attendri et protecteur.

« D’accord. Elle est au rez-de chaussée, venez. »


Les deux sœurs suivirent alors la bleue pour aller dans les cuisines d’où s'échappaient des odeurs alléchantes. Et toute cette nourriture ! Elles en avaient l’eau à la bouche.


« Bonjour mademoiselle Caitlyn, comment allez-vous ? » demanda le chef en voyant les trois jeunes filles entrer.


Le personnel se voulait souriant et l’adolescente de Piltover aussi.


« Bonjour ! Je vous présente Vi et Powder. Elles vont rester un peu avec nous le temps que Vi guérisse. »

« Oh vous êtes donc la demoiselle de la Basse-Ville qui a été blessée dans l’explosion du bureau de monsieur Talis ? » demanda-t-il, l’air peiné.

« Ouais… C’moi, » répondit Vi d’un ton méfiant, son attitude l’étant tout autant.

« Je suis navré de ce qu’il vous est arrivé ! Mais fort heureusement, monsieur Kiramman nous a dit que vous aviez lutté pour rester en vie. Vous devez avoir une sacrée force de caractère. » L’homme avait un immense sourire bienveillant. « Souhaitez-vous quelque chose ? Un met préparé dans mon humble cuisine ? »


Powder était beaucoup plus enjouée que sa sœur, émerveillée par ce qu’elle voyait. Elle n’était jamais venue dans une cuisine après tout, tout ça était nouveau pour elle. Une véritable découverte.


« J’sais pas, des gâteaux pour ma soeur ? » proposa la rouge, haussant les épaules.

« Bien sûr ! Et pour vous ? » demanda le chef.

« Powder en a plus besoin alors c’est bon… J’veux rien. »

« Il y a de la nourriture pour nous tous, ici, tu sais, » intervint Caitlyn d’une voix douce. « Tu peux te faire plaisir, vraiment. Antonio est le meilleur chef que mes parents aient engagé. Ses plats sont tous délicieux. »

« Oh euh… Ok alors, » dit finalement la Zaunienne, haussant les épaules.

« Je peux avoir quelque chose avec du chocolat, s’il te plait Caitlyn ? » demanda Powder, timide.

« Bien sûr ! » lui sourit la Piltie. « On aimerait ton meilleur gâteau, je te prie, Antonio. Mais quelque chose de simple, je ne voudrais pas que nos invitées attendent trop longtemps. Je suis désolée d’être exigeante. »

« Ne vous en faites donc pas, mademoiselle Caitlyn ! Votre mère nous donnait les mêmes instructions lorsque vous étiez plus jeune et que vous aviez un désir de sucrerie, » s’enthousiasma le chef cuistot, avant de se mettre aux fourneaux avec un commis.


Vi se sentit un peu jalouse de voir que les deux filles s'entendaient si bien. Elle restait toujours méfiante de Caitlyn mais haussa les épaules, abdiquant. Si Powder voulait lui donner sa chance, soit. Pourquoi pas.


Elles allèrent s’installer à une petite table à côté des cuisines, et l’adolescente rejoignit les deux autres filles et s'installa à côté de sa petite sœur. Un des commis leur apporta une boisson fraîche et la cyan salua Vander avant de croquer dans une viennoiserie sortant du four. A croire qu’ils avaient l’habitude d’en préparer à cette heure…


« Ah vous voilà, les filles. Je vois que vous passez un bon moment. Vi tu te tiens bien j’espère, » dit l’homme en haussant un sourcil, ne connaissant que trop bien le caractère de la jeune bagarreuse.

« Ouais… Promis… »


La Zaunienne baissa un peu la tête. Elle savait que son père adoptif attendait beaucoup d'elle, surtout par rapport à Powder. Elle devait montrer l'exemple, la protéger… Ce qui voulait dire qu'elle devait se tenir à carreaux dans cette maison entourée de Pilties et de choses à voler.


« Bien. Je vais vous laisser. »

« Tu pars ? » demanda Vi.

« Oui, le bar ne doit pas rester trop longtemps fermé. Et je ne dois pas rester trop longtemps non plus hors de Zaun, » expliqua Vander.

« Quand est ce qu’on pourra rentrer à la maison ? »

« Quand tu seras totalement guérie. Tobias a parlé d’une semaine environ, » la rassura l’homme à la carrure d’ours, sachant que l’adolescente aux cheveux rouges n’aimait pas Piltover.

« Tant mieux… » souffla Vi.


Elle avait déjà hâte de partir. 


Vander s’approcha et enlaça ses filles adoptives qu’il embrassa au passage et s’en alla. Le devoir l’appelait…


Une fois qu’il fut parti, laissant les trois filles entre elles, la bleue demanda ce que les filles voulaient faire après avoir mangé. Évidemment, ne connaissant pas la demeure, les deux Zauniennes se regardèrent dans les yeux, avant de simplement hausser les épaules.


Caitlyn eut alors une idée.


Le jardin. Il était immense, tout comme le manoir. C’est donc tout naturellement que les deux invitées suivirent leur hôte, une fois que le gâteau fut dégusté. La jeune Piltie leur avait vanté les mérites de ce lieu pendant leur goûter, ce qui avait attisé la curiosité des deux enfants de la Basse-Ville.


Une fois sorties, deux dogues vinrent à leur rencontre. Vi, toujours dans son rôle de protectrice, se mit devant Powder par réflexe. Mais les chiens étaient tout simplement curieux. Ils se mirent donc à renifler les deux nouvelles venues, calmement, sans le moindre signe d'agressivité.


La rebelle de Zaun, alors rassurée et aimant les chiens, tendit la main vers eux. L’un deux la lui lécha, et ils commencèrent à japper joyeusement. Ils leur tournèrent autour, montrant très clairement qu’ils avaient envie de jouer avec leurs nouvelles “amies”.


La jeune Piltie s’accroupit et caressa l’un d’eux.


« Viens Powder, ils sont gentils, » sourit-elle, tendant sa main libre vers la petite fille.


La petite fille se détendit, eut un immense sourire et frotta la tête et le dos de l’autre dogue.


Elles passèrent toutes les trois la fin de la journée à caresser et jouer avec les chiens, ne rentrant qu'une fois que Cassandra le leur ordonna.

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