Meilleures ennemies
Les jours passaient et Powder venait presque tous les jours. C’était rare quand elle manquait un jour. Elle venait dès que le shérif Grayson pouvait l’amener, en réalité.
Vi mettait toujours de côté un petit quelque chose à manger pour sa petite sœur. Ce qui était le plus simple à transporter en fait… Elle n'arrivait pas à conserver grand-chose, mais le peu qu'elle pouvait, elle le donnait à sa petite sœur. Et parfois, elle prétextait avoir encore faim, mais du mal à finir son assiette, donc elle demandait à ce qu’on ne lui retire pas son plateau. Tout ça pour que lorsque la cyan venait, elle pouvait manger ce qu’il restait. La voir dévorer la nourriture faisait sourire la rouge, se sentant fière d’accomplir son rôle de grande sœur et donc de protectrice.
Avec le temps, la rouge se montrait moins agressive avec sa camarade de chambre également, rougissant parfois quand elles parlaient. Plus le temps passait, plus elles discutaient, et plus la jeune fille de la Basse-Ville se disait que… cette Piltie n’était peut-être pas comme les autres. Elle n’était pas hautaine, mais curieuse.
La bleue, quant à elle, partageait souvent ses petits pains et autres aliments faciles à dissimuler et surtout à transporter, avec l’autre adolescente, qui les réservait pour Powder. Elle aussi rougissait quelques fois lorsqu'elle parlait à la rouge. Elle trouvait Vi intéressante, bien qu'elle se doutait que l’adolescente ne devait pas partager cela.
« Dis, Vi... On sort bientôt et… Je… J'aurais voulu… J'aurais voulu savoir si on pourrait se revoir ? » Caitlyn se triturait les doigts et rougissait légèrement, se sentant gênée de cette demande.
« Hein ? Quoi ? Pourquoi tu voudrais ça ? Et... et puis même ! Pourquoi je voudrais revoir une Piltie ? »
La rouge était de la même couleur que ses cheveux. Elle essayait de paraître renfrognée et agressive, comme à son habitude, mais son langage corporel la trahissait. Elle ne pensait clairement pas ce qu'elle disait.
« Parce que je… J'ai… J'aimerais apprendre à te connaître… » dit la bleue en regardant ses doigts.
On pouvait voir que les rougeurs sur les joues s’étendaient désormais sur son visage entier, allant même jusque dans son cou.
« Je… On verra, » grommela l’adolescente de Zaun. « Si j’ai envie. Et j’pense pas que j’aurai envie. »
« Oh euh… Je veux pas te forcer, je sais que tu n’aimes pas Piltover, » hésita la Piltie.
« Ouais. En même temps, Piltover c’est… nul. Ça craint. Les Pacifieurs ça craint. »
« Je n’ai connu que cette ville. »
« Tu connais pas Zaun ? »
« Je n’y suis jamais allée… »
« Sérieux ? »
« Oui… »
La jeune Piltie se tritura les doigts.
« Tu… Tu peux me décrire ta ville ? S’il te plait ? » demanda-t-elle, nerveuse.
« Euh… Ouais. Ouais ! »
Avec un grand sourire et d’une voix enjouée, Vi commença alors à lui décrire sa ville. Sa crasse, ses rues, sa vie difficile, le combat de tous les jours pour survivre. Tout y passait, elle n’oubliait rien. Elle était même passionnée dans sa façon de parler. Malgré tout ce qu’elle vivait, toutes les difficultés, elle était fière de ce qu'elle était.
Caitlyn l'écoutait attentivement, comme si elle buvait les paroles de l'autre adolescente.
« Peut-être qu'un jour ça s'arrangera pour Zaun ? » dit-elle, pensive.
« Hein ? »
« La vie. Dans ta ville. Un jour, les choses iront mieux, tu ne penses pas ? »
« Mouais. Faudrait que Piltover en ait quelque chose à foutre de nous, » grommela la Zaunienne. « Ça risque pas d’arriver. »
« Ma mère en parle parfois à mon père… » protesta la bleue d’une voix douce.
« Me prends pas pour une conne, Cupcake. Aucun Piltie en a quelque chose à foutre de la Basse-Vill. On est que des rats puants pour vous. »
« C-Cupcake ? » La jeune fille de Piltover rougit brutalement. Elle secoua la tête, comme pour ne pas penser davantage à ce surnom. « Et je ne te mens pas ! »
« J’ai pas dis que tu mentais. Juste que tu crois que je suis conne. »
« C’est faux… Et pourquoi tu m’appelles Cupcake ? Mon nom est Caitlyn. »
« Parce que t'es douce. Comme un Cupcake, » expliqua la rouge, un sourire en coin. « Et t’'es naïve si tu crois que ceux d’en haut en ont quelque chose à foutre de nous… Cupcake. »
« Arrête avec ce surnom… » marmonna Caitlyn en rougissant un peu plus.
« Pourquoi ? »
« Parce que ça me gêne… »
Vi soupira tandis que l’autre adolescente la regarda avec plus d’intensité dans les yeux. Son regard était plus profond, inquisiteur même.
En fait, elle aimait ce nouveau surnom autant qu’elle ne l’aimait pas. C’était vraiment étrange… Elle soupira à son tour silencieusement alors que la rouge reprenait la parole.
« T’es pas drôle… » soupira la gamine de la Basse-Ville.
« Pardon… » répondit la Piltie, baissant la tête.
« C’est rien… Cupcake. »
Encore ce surnom. Elle aimait décidément gêner l’autre jeune fille. Pourquoi ?
Caitlyn rougissait fortement, ce qui semblait amuser Vi, vu son immense sourire taquin et satisfait. La bleue lui tira la langue comme une enfant. Dans le fond, cela la faisait rire, finalement…
La rouge fut surprise de sa réaction, mais elle éclata de rire. Les deux adolescentes se laissèrent porter par ce moment léger, où les barrières des classes sociales n’existaient pas. Ce moment où elles seraient juste des jeunes filles s’amusant, sans penser à rien d’autre que l’instant présent. La Zaunienne lui tirait donc la langue à son tour, ce qui fit rire la Piltie.
« Tu vois… T’es gentille quand tu veux… » Elle inclina la tête sur le côté, un large sourire sur son visage, heureuse.
« Hein ? Q-Quoi ?! » rougit brutalement Vi. « Pas du tout ! »
« Pourquoi tu dis non ? »
« Parce que c’est faux ! »
« Non. Tu l’es… Regarde ta famille. Tu l‘es aussi avec eux aussi. À ta manière, mais… tu as bon coeur, Vi. Je peux le dire, » murmura Caitlyn. « Même si tu fais ta dure… »
La rouge grommela, ce qui fit rire l’autre adolescente.
« Quoi ? Pourquoi tu ris ? Tu te fous de moi ? »
« Non c’est juste… Tu m’amuses à refuser un compliment. Normalement, les gens aiment en recevoir. »
« C’est pas un compliment si c’que tu dis c’est des conneries, » rétorqua la jeune Zaunienne, croisant les bras contre son buste.
« Je suis certaine que ce n’en est pas. »
« Bien sûr que si. »
« Prouve-moi le contraire, » la défia la bleue.
« J’ai volé chez ton copain. »
« Certes. Mais tu as dis qu'à Zaun la vie est dure, alors… je comprends pourquoi tu as fait ça. Tu cherches à aider ta famille. Je te trouve plutôt courageuse d'avoir fait ça, même si oui, c’est mal... Mais… ça ne fait pas de toi quelqu'un de méchant. »
« J’aime frapper les gens, » balança Vi, après un moment d’absence.
« Hm... Ok… Un point pour toi, mais... Tu ne fais pas ça gratuitement, si ? Tu fais ça pour te défendre et pour défendre ta famille. Ce qui fait de toi quelqu'un de bien au final… »
La jeune adolescente aux cheveux savait que la Piltie avait raison. C’était vrai qu’elle frappait dans le but de protéger plus que pour autre chose. Elle croisa les bras, serrant les dents.
« Tu tiens à avoir raison c’est ça ? »
Caitlyn fit un grand sourire.
« Oui. »
La Zaunienne soupira, comprenant qu'elle n'allait pas gagner cette fois. Ce n’était pas un combat à la force des poings, et elle n’avait jamais eu un adversaire qui se lançait dans des joutes verbales. Alors… C’était plus compliqué. Surtout que la bleue avait raison, bien qu’elle ne souhaitait pas l’admettre.
« Et... Pourquoi tu ne me laisserais pas le découvrir par moi-même ? » proposa la Piltie.
« De quoi ? »
« Le fait que tu sois gentille. »
« Tu perds ton temps… » souffla Vi.
« Je suis sûre que non. »
« Moi j’te parie que si ! »
Tobias arriva dans la chambre avec un porte-document entre les mains.
« Toujours à vous disputer, les filles ? »
Il ricana doucement.
« Parce que Vi veut pas accepter mon compliment. »
« Ah bon ? Et lequel ? » questionna le médecin d’un ton doux.
« Vot’ fille pense que je suis gentille. »
« Et pourquoi ne le serais-tu pas ? »
« J'viens de Zaun, j'vole, j'me bats, et j'ai aucun remords à faire tout ça. »
L’homme barbu soupira. Cette jeune fille ne se voyait que comme une criminelle, donc…
« Les habitants de la Basse-Ville ne sont pas tous des repris de justice, des hors-la-loi. Et je suis certain que tu voles pour aider et te bats pour protéger. Ai-je tort ? »
Merde se dit Vi. Il voyait juste, tout comme Caitlyn l’avait fait. Comme s' ils avaient ouvert le livre de la rouge à la bonne page et pouvaient voir à travers elle sans le moindre effort.
Elle serra les dents alors que le père continuait.
« Tous les membres du Conseil travaillent sur la réhabilitation de Zaun. Je sais que c’est un travail laborieux et qui prendra très certainement plusieurs années avant d’aboutir, mais… Je suis certain que bientôt, tu n’auras plus à voler. »
« J’y crois pas ! » rétorqua la rouge, détournant la tête.
« Père, je pourrais aller visiter Zaun ? »
« Hein ? Oh ! Euh… Bien sûr. Pourquoi pas. Mais interdiction d’y aller seule. Je t’y accompagnerai. »
« Merci, père ! Quand est-ce que je vais pouvoir sortir ? » demanda la bleue.
« Je ne sais pas encore. Mais tu sembles aller bien mieux. Si rien ne change, tu pourras sortir de l’hôpital dans une semaine, je pense. »
« Oh… Aussi long… »
La jeune Piltie baissa les yeux. Elle était tellement impatiente que cette nouvelle la démoralisa totalement.
« Il y a un problème, ma puce ? »
« J'espérais pouvoir y aller rapidement… »
« Caitlyn… Tu as besoin de te reposer pour être complètement guérie et au mieux de ta forme. Je suis inquiet vis-à-vis de la dernière fois, et ta mère l’est tout autant. Avec ta chute de la dernière fois et ton amnésie, ce serait dangereux de te laisser sortir maintenant… »
« Tu ferais mieux de rester dans ta ville, la Piltie, » dit l’autre adolescente.
« Non ! Je veux voir Zaun ! »
« T’es même pas capable de résister à une chute ! Tu survivrais pas deux secondes dans la Basse-Ville ! »
« C’est pas pareil ! C'est parce que j'étais affaiblie ! Dans une semaine je serai prête. Tu verras ! »
« Mouais, » soupira la Zaunienne. On verra ça… Cupcake. »
Elle avait volontairement appuyé sur ce dernier mot, un sourire en coin.
Caitlyn grommela, tout comme Vi l’avait fait un peu plus tôt. Tobias pouffa, et était toujours aussi amusé du comportement des deux adolescentes qui ne cessaient de se disputer. Il fit les soins nécessaires aux deux filles, avec l’aide d’une infirmière. Il n’y avait pas grand-chose à faire, juste à changer les pansements et à nettoyer les plaies. Elles étaient en bonne voie de guérison, c’était vraiment bon signe.
« Pourquoi ris-tu, père ? »
« Vous êtes adorables, toutes les deux, » répondit l’homme avec un sourire chaleureux.
Caitlyn rougit brutalement, ses joues s’empourprant d’un coup.
« Comment ça ? »
« Ah les ados… »
Il termina ses examens sur les deux jeunes filles, nota toutes ses observations, puis reprit enfin la parole.
« Je reviendrai plus tard. Vi, j’ai prévenu le Shérif qu’elle pourra faire venir ta sœur et ton père cet après-midi. »
« Hein ? Vraiment ? »
« Oui, » dit le médecin. « Ils ne devraient plus tarder, normalement. »
Et effectivement, à peine une trentaine de minutes plus tard, Tobias revint avec Powder et Vander.
« Pow-Pow ! » s’écria Vi, un grand sourire aux lèvres, tendant les bras dans une invitation pour un câlin.
La petite fille aux cheveux cyan se dépêcha d’aller rejoindre sa sœur pour se jeter dans ses bras. Elles se serrèrent dans leurs bras avec force, comme si elles ne s’étaient pas vues depuis une éternité.
« Eh, tu sais quoi ? » dit la rouge avec un grand sourire.
La gamine secoua la tête de gauche à droite.
« Non ? »
« Je sors bientôt. »
« C’est vrai ?? » demanda la petite sœur, des étoiles dans les yeux.
« Oui ! »
« Trop génial ! Les autres ont hâte ! Surtout Ekko… il s'en veut, tu sais… » avoua Powder, baissant la tête, honteuse, mais surtout attristée.
« Ça m’étonne pas de Court-sur-pattes. Mais c’est pas sa faute, ni de la tienne, Pow-Pow. C’était un accident. Tu lui as dis, j’espère ? »
« Oui. Promis. »
Elle fit un grand sourire en fermant les yeux, soulagée. Elle savait que les deux plus jeunes étaient très affectés par ce qui arrivait, encore plus depuis cet accident. Vi avait eu une discussion avec Vander, qui lui avait expliqué que chacun des actes de la rouge était empreint de conséquences. Elle était vue comme leur leader, la personne à suivre, alors elle devait prendre ses responsabilités en mains. Et cela passait aussi par les mots. Elle devait choisir les bons afin de pouvoir redonner confiance en soi aux autres. Ils avaient besoin d’être guidés, surtout Powder et Ekko, qui regardaient Vi comme leur idole et modèle à suivre.
« T’as géré, » dit la plus âgée, caressant la joue de sa petite sœur. « Mylo avait tort, tu sais. Tu ne jinxes pas tout. »
« Je… Me… Merci, grande sœur… Mais... Vous êtes toutes les deux gravement blessées à cause de moi. »
Caitlyn prit la parole d’un ton timide.
« Ta sœur a raison, Powder. C’est… C’est pas ta faute. C’était un accident, et si ce doit être la faute de quelqu’un ou de quelque chose, ce serait celle des cristaux de Jayce, » la rassura-t-elle.
La Zaunienne remercia l’autre adolescente d’un hochement de tête avant de dire à sa sœur qu’elles iraient se confronter à lui une fois qu’elle serait partie de l’hôpital.
Vander rebondit immédiatement sur les paroles de Vi, sachant très bien ce qu’elles signifiaient réellement.
« Personne ne fera la tête au carré de personne, » soupira-t-il. « Monsieur Talis a reçu la punition qu’il méritait et il s’en veut suffisamment comme ça. »
La rouge grommela.
« Il a quand même failli tuer Powder… »
« Caitlyn l'a dit, Vi. C’était un accident. De plus, tout ne se règle pas avec les poings. »
« Ton père a raison, jeune fille, » intervint Tobias. « Il y a d'autres manières de régler ses différents et ses problèmes. »
« Et quoi alors, hein ? À Zaun, c'est comme ça qu'on se protège, » cracha l’adolescente aux cheveux carmin.
L’homme de la Basse-Ville, à la carrure d’ours, soupira. Il savait que ces enfants étaient têtus… Et puis, comment leur en vouloir ? Ils avaient passé leur vie à survivre plus que toute autre chose. Ils ne connaissaient que la loi de la rue.
« Monsieur Kiramman, veuillez l’excuser. Ces gamins ne connaissent que la loi du plus fort. C’est souvent ça, à Zaun. Ils ne comprennent pas encore l'ampleur de leurs actes... C'est pour cela qu'on essaye de veiller sur la Basse-Ville avec Grayson. Pour essayer d’avoir un semblant de justice réelle et équitable. »
Tobias se mit à réfléchir, comprenant les paroles de Vander.
« J'ai une idée à vous proposer. Que diriez-vous si votre fille passait du temps à Piltover ? Elle pourrait ainsi apprendre à mieux connaître la ville ? »
« Pas question que je laisse Powder seule ! » protesta Vi.
« Ta petite sœur pourrait venir aussi, si elle le souhaite, » suggéra l’homme à la barbe bleue. « Nous avons une maison bien assez grande pour vous accueillir toutes les deux. Qu'en dis-tu, Caitlyn ? »
L’adolescente à la chevelure bleue nuit se pointa du doigt, clignant des yeux, étonnée.
« Moi ? Je… Oui ! Avec grand plaisir, père ! » Son visage s'était illuminé, se sentant fière de pouvoir rendre service à son père, mais également à d’autres personnes et montrer les bons côtés de sa ville.
« Cela vous irait, Monsieur Vander ? » demanda le médecin.
« Oui, c’est une bonne idée, c’est vrai… mais je ne voudrais pas vous l'imposer non plus. Ces deux gamines sont du genre turbulentes. »
« Ne vous en faites pas, » le rassura Tobias. « Ce sera un bon moment pour ces demoiselles, je pense. »
Le géant pouffa, amusé. Il comprenait où voulait en venir l’autre père de famille.
« Faites attention à Vi, c’est la pire des deux. Une vraie tête brûlée. »
« J’ai cru comprendre, » dit l’autre homme avec un sourire.
Vander se tourna vers Vi .
« Qu'est-ce que tu as encore fait, fillette ? »
« Rien… Je… ! Rien du tout… »
Elle croisa les bras. Son comportement montrait juste qu'elle avait été comme d'habitude, vulgaire, insolente et violente.
« Je vois. Toujours égale à toi-même, hein. »
Il ricana.
« Je suis désolé, monsieur Kiramman. »
« Les enfants peuvent être de vrais rebelles, ne vous en faites pas. »
« Ne m’en parlez pas, j’en ai deux autres comme ça ! »
Tobias se mit à rire.
« Dites-moi, docteur, » continua Vander, « avec tout ce que vous faites pour nous… Que diriez-vous de passer un soir avec le Shérif Grayson à mon bar ? »
« Ce sera avec plaisir, monsieur. »
« Parfait. Nous pourrons discuter tous les trois une fois le bar fermé. Évidemment, toutes les consommations seront à mes frais, pour vous remercier d’avoir sauvé la vie de Vi. »
« C'est très gentil à vous. Mais je n’ai fait que mon travail. »
Vi regarda Caitlyn, alors que les adultes partirent de la chambre pour discuter, notamment des sorties des deux adolescentes.
« Tu veux vraiment que j'vienne chez toi ? T'as pas peur de moi ? » demanda la Zaunienne, le sourcil haut.
« Non. Pourquoi j’aurais peur ? »
« Parce que je viens de la Basse-Ville. »
« Ça ne me fait pas peur. »
La rouge fut surprise et la bleue inclina la tête, l’étant tout autant.
« Pourquoi es-tu si étonnée ? » interrogea la Piltie.
« Bah… D'habitude, les tiens ont peur des miens. »
« Pourquoi ? »
« Vous nous voyez commes des criminels, des sales rats, des trucs comme ça, » expliqua Vi, se grattant la nuque.
« Pas moi. »
« T’es vraiment bizarre… »
« Pourquoi ? Parce que je ne pense pas comme tous les autres habitants de Piltover ? »
« Ouais… T’es pas comme tout le monde… »
« Parce que je ne suis pas tout le monde, » répliqua Caitlyn. « Je suis sûre que Zaun et Piltover peuvent cohabiter et être en paix. »
La rouge haussa les épaules, peu convaincue. Elle se disait que cette Piltie était bien trop naïve. Elle n’avait clairement pas vu ce que faisait la guerre… Après tout, elle avait encore ses deux parents, elle. Elle n’avait pas vu sa famille morte, sur le sol, tuée par des Pacifieurs. La Zaunienne serra les poings à ce souvenir.
« Tu me crois pas ?» demanda la Caitlyn d’une voix douce, inclinant la tête sur le côté.
« Non, » répondit Vi, d’un ton brusque, ce qui fit soupirer l’autre adolescente.