Meilleures ennemies

Quelques jours s’étaient écoulés depuis l’accident.

Caitlyn et Vi se remettaient encore de leurs blessures. Depuis ces quelques jours, Grayson partait chaque après-midi à Zaun pour aller chercher Powder et l’amener à l’hôpital afin qu’elle puisse voir sa sœur aînée.

Tobias, quant à lui, donnait le plus de nouvelles et d’explications à la jeune fille. L’adolescente aux cheveux rouges était toujours sédatée, ayant été touchée au dos et ayant de nombreuses plaies profondes à cet endroit. Il avait fallu plusieurs interventions pour la soigner et la tirer des griffes de la Faucheuse. Elle allait en garder des cicatrices à vie, mais elle était définitivement hors de danger désormais. Elle ne devrait pas tarder à se réveiller elle aussi.

Quant à Jayce, le Conseil ne fut aucunement tendre avec lui, notamment Cassandra. En tant que mère de Caitlyn, qui était sa seule et unique enfant, elle était particulièrement touchée. La raison prenait difficilement place dans son cœur de mère, bien qu’elle tentait de rester la plus rationnelle possible. Ainsi, elle avait révoqué son mécénat et avait coupé tous les fonds de la part des Kiramman, destinés aux recherches du jeune homme.

Heimerdinger, lui, avait décidé de déléguer les travaux de Jayce à Viktor, ajoutant qu’il devrait travailler sous ses ordres et répondre de lui avant la moindre recherche. Malgré cette sentence dure, il s’agissait d’une seconde chance qui lui était accordée.

Cependant, Jayce avait aussi reçu l’interdiction de voir Caitlyn pour une durée indéterminée. Tobias comprenait totalement sa femme bien qu’il la trouvait extrême dans ses décisions. Mais après tout, elle était dévastée par l’état dans lequel était sa fille. Ce n’était pas la Conseillère qui parlait, mais la mère.

Quant à Viktor, il se fit plus compréhensif, se montrant à Jayce davantage comme un ami qu’un patron.

Pendant trois jours, la petite fille aux cheveux couleur cyan était allée au chevet de sa sœur. Elle remerciait Vander de la laisser faire, de la laisser venir aussi souvent et rester aussi longtemps que possible. Cela prouvait qu’il avait toujours confiance en elle. Powder n’attendait qu’une seule chose: le réveil de sa grande sœur.

Mais alors qu’elle n’était pas là et que Tobias s’occupait d’elle, l’adolescente aux cheveux rouges bougea ses doigts et se mit à grogner.

« Vi ? Vi, est-ce que tu m’entends ? »

Tout à coup, elle se redressa en hurlant. Sous la douleur et la confusion, elle arracha son masque à oxygène. Tout ce bruit soudain réveilla Caitlyn, qui tourna la tête en sa direction.

« P… Powder ! Où est… Powder ?? »

Le docteur Kiramman la bloqua avec une main sur sa poitrine, étant prudent dans ses gestes afin de ne pas la blesser davantage ou de toucher une plaie qui cicatrisait encore. Il plaça l’autre dans son dos pour l’inciter à se rallonger, prenant une voix douce et rassurante.

« Tout va bien. Ne t’en fais pas, Vi. Ta petite sœur va bien. Elle n’a eu qu’une simple blessure à la tête et quelques côtes cassées. Rien de grave donc. Quant à toi, ce n’est pas la même chose. Tu es restée inconsciente pendant trois jours. Tu es tout de même passée près de la mort, tu sais. »

Vi n’écoutait pas réellement, son attention étant portée ailleurs. Le sang tambourinait à ses oreilles, la peur dans son regard, son esprit ne cessant de se demander où était Powder. Elle ne la voyait pas et craignait pour sa vie. Elle regarda autour d’elle, frénétiquement, avant de finalement comprendre ce que lui disait le médecin barbu qui lui faisait face, un sourire chaleureux aux lèvres.

« Elle est où ? Où est Powder ?! Je veux la voir ! MAINTENANT ! »

« Calme-toi. Tu n'es pas en état, » lui répondit Tobias, essayant de la calmer.

« JE VEUX VOIR MA SOEUR ! »

« C’est d’accord. Mais calme-toi je t’en prie. Il ne faut pas que tu te surmènes. Reste là, et ne bouge pas. Je vais demander au Shérif Grayson d’aller la chercher. Tu veux la voir seule ou avec les autres ? »

« JE VEUX VOIR POWDER ! JE DOIS LA VOIR ! » hurlait inlassablement la rouge.

« Je comprends. Reste allongée, elle sera là bientôt, tu as ma parole. Le Shérif est déjà allée chercher ta famille normalement, » ajouta Tobias en regardant l’heure. « Je vais me renseigner pour savoir quand ils vont arriver, mais ça ne devrait plus tarder. »

Le docteur Kiramman sortit et alla appeler Grayson, comme promis, afin qu’elle prévienne la famille de Vi que l’adolescente s'était réveillée et demandait à les voir.

Pendant ce temps, la rouge essaya de sortir de son lit, encore désorientée et en panique. Elle se souvenait de l’explosion et de s’être jetée devant Powder pour la protéger. Peu importe ce que disait ce Piltie, tant qu’elle n’aura pas vu sa petite sœur, elle ne croira rien. 

Sauf qu’elle n’était réellement pas en état… A peine Vi bougea-t-elle, qu’elle fut prise d’une douleur fulgurante au dos, la bloquant dans son mouvement. Caitlyn tendit le bras, s’arrachant la perfusion au passage, et manqua de tomber de son lit dans son geste pour stopper l’autre fille.

« Attention ! »

L’adolescente de la Basse-Ville, qui n’avait pas remarqué qu’elle n’était pas seule, se tourna en direction de la voix.

« T’es qui toi ? » cracha-t-elle, les sourcils froncés par la méfiance.

« Je m’appelle Caitlyn Kiramman. Je suis la fille du médecin qui s’occupe de toi. »

Des infirmiers n’allaient très certainement pas tarder à arriver étant donné que Vi s’était débranché du scope. La bleue le savait et se disait qu’avant qu’ils n’arrivent, c’était peut-être le moment de faire connaissance avec sa camarade de chambre ?

La rouge regarda autour d’elle et fut frappée par la taille et par la propreté de la chambre. Tout était… tellement impeccable.

« On n’est pas à Zaun là ? C’est Piltover, c’est ça ? T’es une Piltie ?! »

« Euh.. Oui… » s’étonna la jeune Kiramman, du fait que l’autre adolescente ne venait qu’à peine de se rendre compte de là où elle était. Sans doute le léger coma dans lequel elle avait été plongée. « On est effectivement à Piltover. Et euh… oui je.. Je suis une… Piltie, comme tu dis. C’est mon père qui t’a prise en charge et t’a soignée. C’est lui que tu as vu tout à l’heure. »

La jeune bagarreuse grommela et prit la parole d’un ton cassant.

« Putain. Je vais me le faire rabâcher toute ma vie. T'es satisfaite hein ?! Tu te sens bien supérieure à moi d'avoir ton papa qui m'a soignée hein ? Tu veux quoi ? Que j'ai une dette de vie envers toi ? »

Caitlyn écarquilla les yeux, choquée par ces paroles.

« Pou.. Pourquoi me sentirais-je supérieure ? Je veux pas de dette, pourquoi j’en voudrais une ? Parce que c’est mon père qui t’a soignée ? Il l’a fait car c’est son travail, et parce que tu étais blessée, non pas pour que tu lui sois redevable. »

« T’es une Piltie ! Tu te crois supérieure à ceux de la Basse-Ville ! »

Au même moment, une infirmière arriva dans la chambre pour rallonger la jeune fille venant de Zaun dans son lit.

« DÉGAGEZ ! » s’écria la rouge, se débattant.

Elle ne voulait pas rester ici une seconde de plus. Qui sait ce qu’ils allaient lui faire ? Elle n’avait aucune confiance en ces Pilties.

Une voix grave de femme se fit entendre au niveau de la porte, empêchant Caitlyn de parler alors que celle-ci avait ouvert la bouche pour tenter de faire entendre raison à Vi, ou de la calmer.

« Vi. Laissez-vous faire, vous n’arrangerez pas votre état, bien au contraire. »

C’était la voix de Grayson qu’on put entendre. Les deux adolescentes la fixèrent, avant qu’elle ne continue sur sa lancée. 

« Tu as de… »

Mais elle fut coupée et rattrapa la petite fille qui s’était faufilée dans l’encadrement de la porte, par l’épaule, l’empêchant de se précipiter et de se jeter sur le lit.

« Powder. Ta soeur est encore faible, fais attention, s’il te plaît. Vas-y doucement. »

Au moment où Vi entendit le prénom de sa sœur, elle se redressa d’un coup.

« Pow-Pow ! T’es là ?!? »

La gamine aux cheveux couleur cyan fut relâchée par Grayson et alla près du lit, s’étant retenue de courir et de sauter dessus pour enlacer sa grande sœur. Délicatement et malgré son empressement, elle posa sa tête sur les cuisses de Vi, entourant ses bras autour du bassin de l’adolescente. Des larmes de joie coulaient le long des joues des deux sœurs issues de la Basse-Ville, heureuses de se revoir, et surtout en bonne santé.

Mais lorsque la plus âgée entendit un couinement venant de la plus jeune, le rouge la fit reculer doucement.

« Ça va ? T’as mal quelque part ? »

Powder hocha la tête en signe de non, voulant rassurer son aînée.

« J’ai… J’ai quelques côtes cassées, le médecin a dit. Mais rien de grave. Il m’a soignée, je vais beaucoup mieux. »

« Vraiment ? »

« Oui, » sourit la cyan. « C’est promis ! Et… C’est monsieur Tobias qui a pris soin de moi. Et… Et de toi… Il… »

Sur ces mots, la petite fille se mit à pleurer, la peur d’avoir failli perdre sa sœur la reprenant aux tripes. L’adolescente la serra contre elle, faisant davantage attention pour ne pas lui faire mal.

« Tu… Tu es là… T’es vivante ! J’ai eu tellement peur, Vi ! »

« Et toi tu vas bien… J’suis tellement heureuse, Pow-Pow… J’ai eu la trouille quand y’a eu cette explosion. »

« Oui je.. Je vais bien… Promis.. » répondit la plus jeune en sanglotant toujours.

Le docteur Kiramman arriva juste à cet instant, étonné du bruit et désormais du spectacle.

« Que se passe-t-il ? Pourquoi tant d’agitation ? Tout le monde va bien ? »

L’une des infirmières, celle qui était proche de Caitlyn et donc celle lui administrant des soins, répondit à la question.

« Votre fille s’est arrachée sa perfusion. »

Puis ce fut au tour de l’autre infirmière.

« Votre patiente s’est levée alors qu’elle n’aurait pas dû. »

Tobias soupira. Il aurait dû s’en douter… Au fil des discussions avec les enfants et Vander, le médecin avait apprit que l’adolescente aux cheveux rouge était du genre têtue et brutale. Cependant, ce qui l’étonnait davantage était le comportement imprudent de sa propre fille.

« Ce n’est pas comme ça que vous allez guérir, mesdemoiselles… »

Vi le regarda d’un œil assassin alors qu’elle caressait les cheveux de sa sœur, faisant de son mieux pour ne pas la toucher là où elle était blessée.

L’homme à la barbe bleue se tourna ensuite en direction de Grayson.

« Merci d’avoir amené Powder si vite, Shérif, » dit-il d’un ton reconnaissant.

Il s’approcha du lit de la jeune fille originaire de la Basse-Ville avec son stéthoscope pour l'ausculter mais la rouge grogna de méfiance, serrant davantage sa petite sœur contre elle dans un geste de protection.

« Vous approchez pas ! »

Powder regarda sa sœur aînée, les yeux encore rouges et humides d’avoir tant pleuré.

« Laisse-le te soigner, s’il te plaît, Vi. Il est gentil. Il… il nous a soigné et… il t’a sauvée… »

Vi fut surprise des mots de la cyan. Sa sœur était tellement innocente… Elle ne pouvait dire que la vérité. Elle soupira alors mais accepta, à la demande de la petite fille, hochant la tête, sans un mot supplémentaire.

Ce changement total de comportement étonna les autres personnes présentes dans la pièce. Mais tous comprirent bien rapidement : la petite fille était vraiment le catalyseur de l’adolescente, la seule qui semblait pouvoir l’empêcher de déverser sa violence et de faire usage de ses poings sans réfléchir.

Tobias commença donc à prendre les constantes de Vi, qui gardait un regard noir mais restant toujours silencieuse. De l’autre côté de la chambre, Caitlyn se risqua à la regarder, intriguée. La rouge sentit son regard et jeta un œil à la Piltie qui lui sourit, bien qu’elle se doutait qu’elle n’en aurait pas un en retour.

Et ce fut exactement ce qu’il se passa. A un détail près.

Aussi rapidement que sa tête s'était tournée vers l’autre adolescente, la Zauniènne détourna le regard, fronçant les sourcils, de légères rougeurs étant apparues sur ses joues, fort heureusement dissimulées sous les pansements.

Merde… Dommage que ce soit une Piltie. Elle était jolie, se disait-elle.

Deux heures plus tard, et comme prévu, Vander arriva à son tour. Il s’avança vers le lit, serrant et embrassant ses deux filles adoptives délicatement. Ce qui contrastait totalement avec sa carrure d’ours bourru. 

« Comment tu te sens, Vi ? »

« Hmf. Ça va. J'ai juste hâte de partir d'ici. Ça pue le Piltie. »

« Vi… » L’homme soupira, comprenant malgré tout la haine qu’elle avait pour cette nation et ses habitants. Il se tourna ensuite vers le médecin. « Merci monsieur Kiramman. »

« Je n’ai fait que mon travail. »

« Désolé pour son… comportement. Vi n’est pas méchante, elle a bon cœur. Juste… Elle est trop têtue et a encore du mal à choisir ses combats. »

Tobias se contentait de sourire, plus amusé qu’autre chose alors que Vander soupirait, gêné.

« Par contre, je suis désolé, mais vu ton état, jeune fille, tu risques de devoir rester ici un petit moment. »

« Quoi ?! Tu peux pas m’faire ça, Vander ! »

Powder prit la main de sa sœur, attirant ainsi son attention et la calmant légèrement.

« Quand tu iras mieux, on pourra jouer ensemble comme avant ! » Elle souriait, nerveuse. « Je… »

« Eh… Eh, tout ira bien maintenant, Pow-Pow, » chercha à la rassurer Vi, comprenant ce qui traversait l’esprit de sa petite sœur.

« Pardon… C’est ma faute, je… »

« En quoi ce serait ta faute ? T’as rien fais. »

« Si… » sanglota la cyan. « C’est ces trucs bleus… si j’y avais pas touché… »

« Tu pouvais pas savoir. Même en étant prête, tu peux pas tout savoir. Regarde-moi ! J’me retrouve coincée dans ce foutu lit alors que j’avais bien préparé notre coup, » la rassura la rouge.

« Par ma faute… Mylo… Il a rai… »

« Mylo est un crétin. »

La petite fille continua de pleurer dans les bras de sa sœur aînée, qui la gardait contre elle, voulant la réconforter.

Cependant, quelques minutes de silence plus tard on entendit un son lourd frapper le sol puis le scope de Caitlyn s’affoler.

Tout le monde se tourna vers le bruit et Tobias courut alors vers sa fille qui était tombée de son lit. Il la prit dans ses bras et serra avec son pouce et son index pour sentir le poul de la bleue, qui ouvrit les yeux quelques secondes plus tard.

« Caitlyn ! Caitlyn, tout va bien ? Comment te sens-tu ? »

« Hm ? Père ? Où sommes-nous… ? » articula faiblement l’adolescente.

« Tu es à l’hôpital. Tu es tombée de ton lit. Tu ne t’en souviens pas ? »

La jeune Piltie secoua la tête lentement, de gauche à droite, et fronça les sourcils, cherchant à se remémorer quelque chose. Son père la souleva délicatement et la remit au lit, rattachant tout son matériel avec l’aide des infirmières. Il commença à l’ausculter, afin de vérifier s’il y avait autre chose qu'une simple bosse. Une perte de mémoire était bien trop étrange pour ne pas faire d’examens.

« De quoi te souviens-tu ? Quelle est la dernière chose dont tu te rappelles ? »

« De la porte enfoncée par Jayce avant l’explosion. Et de… de deux filles aussi. Une avec des cheveux rouges, et l’autre avec des cheveux cyan, plus jeune. »

Il montra Vi et Powder d’un geste du bras.

« Elles ? »

Caitlyn hocha la tête.

« Il semble que ce ne soit pas grand chose, une petite amnésie, probablement dûe au choc. Il faut que tu fasses attention tout de même. »

« Je vais bientôt sortir ? »

« Pas encore ma puce, tu as fait une rechute, » s’inquiéta Tobias.

« Une… rechute ? » répéta la bleue. « Depuis combien de temps suis-je ici ? »

« Cela fait une semaine maintenant, et tu t’étais réveillée au bout de deux jours. Je comptais te laisser rentrer à la maison, mais je vais te garder un peu plus longtemps, pour vérifier qu’il n’y ait rien de nouveau. »

« Mais… Ce n’est rien, je vais bien, j’ai juste un peu mal à la tête… »

« Caitlyn… Fais moi confiance, ma fille, d’accord ? » lui sourit le docteur Kiramman.

La jeune fille aux cheveux bleus commença à sangloter, comprenant que si son père insistait, c’était parce qu’il craignait que quelque chose de grave ne lui arrive.

« Tout ira bien, je te le promets, » la rassura-t-il, usant de son ton bienveillant et souriant.

Elle fit donc un geste de la tête, acceptant le diagnostic de son père.

Tobias prit de nouveau la parole, cette fois en regardant Vander.

« Il va falloir qu’elles restent encore un peu à l’hôpital. Elles ne sont pas en état de sortir. Il faut les garder sous surveillance encore quelques jours, je pense, » se prononça le médecin sur l’état des deux adolescentes. « Votre fille vient à peine de se réveiller, et la mienne a fait une rechute. Ce ne serait pas raisonnable pour leur état de santé de les laisser partir comme ça. »

Caitlyn jeta un œil à Vi avant de baisser la tête. Le géant prit la parole, comprenant les inquiétudes de l’autre père de famille.

« Merci Monsieur, vous pensez que Vi pourra sortir quand ? Est-ce qu’il lui faudra des soins particuliers après sa sortie ? » demanda-t-il.

« Je veillerai à les lui donner si vous me le permettez, » se proposa l’homme à la barbe bleue.

« Cela ne vous dérangerait pas de venir à Zaun ? Où doit-elle rester à Piltover ? »

« Il vaudrait mieux qu’elle revienne à Piltover, dans cet hôpital. Je pourrai la surveiller plus facilement. Si cela ne vous dérange pas. »

La rouge serra les poings et ouvrit la bouche pour répliquer, mais son père adoptif répondit plus vite, la connaissant assez pour savoir qu’elle allait lancer une pique cinglante ou devenir agressive.

« Non bien sûr que non c'est juste que... Elle n'aime pas vraiment Piltover, » Il se massa la nuque, un peu gêné.

« J’ai cru comprendre, » rit doucement Tobias.

« Je suis désolé, » s’excusa Vander.

« L’important est qu’elle soit en bonne santé. Et c’est ce que je souhaite. »

« Je suis tout à fait d’accord. » Il se tourna vers Vi. « Ma grande… Il va falloir que tu écoutes le docteur Kiramman, même si c’est un Piltie. Il a prit soin de toi et donc il est le mieux placé pour te remettre sur pieds correctement. »

Vi grommela et regarda sa petite sœur.

« Et Powder ? Je refuse qu’elle soit loin de moi. »

« Elle doit retourner avec moi dans la Basse-Ville. »

« Elle a besoin de moi ! » s’exclama l’aînée de la famille, les poings serrés.

« Vi. Elle viendra te voir avec moi. Ne t’en fais pas. »

L’adolescente grogna, mais abdiqua. Elle enlaça la petite fille, ayant compris qu’elle allait devoir partir et retourner de l’autre côté du pont.

« Je reviens dès que je peux, t’as ma parole ! » lui promit Vi.

« J’ai hâte ! » dit-elle les larmes aux yeux, un grand sourire malgré tout. 

On pouvait voir la réelle complicité des deux sœurs. 

Elle lui sourit et caressa la joue de la cyan avec douceur, sa petite sœur lui souriant encore plus, rassurée. Maintenant qu’il était temps de partir, elle descendit du lit et prit la main de Vander.

Une fois qu’ils furent partis, le docteur Kiramman prit la parole.

« Je dois vous laisser aussi, vous allez bientôt manger. »

Vi haussa un sourcil.

« J’ai pas d’argent pour manger. »

« Vi, j’ai pris tes soins en charge. Et ceux-ci incluent la nourriture. »

« Et pourquoi ? » s’étonna la rouge, fronçant les sourcils.

« Quoi donc ? »

« Pourquoi vous faites ça ? » se méfia-t-elle, les poings toujours serrés.

« Vois-tu, ma femme était la mécène de Monsieur Talis, l’homme chez qui tu t’es introduite. Comme tu as été blessée sur sa propriété, par l’une de ses expériences, il est donc normal que nous prenions nos responsabilités. Ce qui signifie te prodiguer les soins nécessaires à ton rétablissement. »

« Et alors ? On l’a volé. Je dois pas être envoyer en taule plutôt ? C’est ce que vos Pacifieurs font, non ? »

Tobias eut un petit sourire, abattu.

« C'est plus compliqué que ça. Vous avez des torts oui, mais.... C'est à cause de lui que vous êtes dans cet état, ma fille et toi. C'est assez grave pour que vous n'ayez pas en plus à vous faire punir pour votre petit larcin. Disons que c'est un laisser passer exceptionnel. D’autant plus qu’au final, vous n’avez rien volé. Et il n’y a pas eu de dégâts autres que ceux causés par l’explosion, » expliqua-t-il calmement. « En résumé, il n’y a rien qui puisse vous être reproché, si on ne compte pas ta confession. »

« Suffit donc de se faire blesser pour qu’on nous laisse tranquille… Hm… » murmura la rouge, pensant déjà à quelques plans pour pouvoir voler en toute impunité.

« Non, tu n’as pas compris, Vi. C’est surtout parce qu’il y avait des objets non conformes et interdits. Jayce est davantage en tort que toi, et surtout, il est majeur, donc tenu pour responsable de ses actes. »

« F’chier ! » grommela l’adolescente de la Basse-Ville. Elle qui pensait avoir trouvé la faille du système…

« J'espère que tu ne recommenceras pas, cependant. Car le Conseil ne sera pas aussi clément si tu tentes un nouveau larcin… »

« M’en fous du Conseil. »

« Tu ne devrais pas, ils seront bien moins indulgents s’il y a une prochaine fois. »

« Comme s’ils en avaient vraiment quelque chose à foutre de nous… »

« Je suis désolé que tu ressentes ça… »

Sur ces mots, le médecin rejoignit la porte.

« Les repas ne vont pas tarder à arriver. Je sais que vous n’allez pas voir l’intérêt, mais mangez lentement, surtout toi, Vi. Tu viens à peine de te réveiller, ton corps a besoin d’encore un peu de temps avant de se remettre à fonctionner parfaitement de nouveau. »

Puis il partit.

Vi croisa les bras sur sa poitrine et se réinstalla bien dans son lit en grognant.

« Putain de Pilties. »

Caitlyn, de son côté, n’osait pas parler de peur de se faire engueuler par la rouge. Mais heureusement les repas arrivèrent et la bleue utilisa cette excuse pour regarder sa voisine de chambre et lui parler.

« Bon appétit. »

L’autre adolescente haussa un sourcil et répondit par un simple grognement. Celle aux cheveux bleus soupira, se disant que c’était peine perdue, et commença à manger. La rouge le fit elle aussi, mettant cependant ses petits pains de côté.

Ce geste attira l’attention de la Piltie, qui la regarda, avalant ce qu’elle avait dans la bouche avant de prendre la parole.

« Désolée mais… Tu ne vas pas sortir assez vite pour apporter ça à ta sœur. »

Vi fut surprise.

« Quoi ? »

« Ce que tu mets de côté. C’est pour ta sœur, non ? »

« Et alors ? » rétorqua la jeune fille de Zaun.

« Je pense qu’on va rester là encore un moment, alors tu devrais tout manger. De plus, ils ne te laisseront pas garder la nourriture comme ça. Du moins pas assez longtemps pour que tu puisses la donner à Powder. »

« Toi t'as toute la bouffe dont tu peux rêver. Ma famille et moi non. »

Restant silencieuse un instant, Caitlyn prit finalement un de ses petits pains restant et se leva en faisant attention. Elle marcha doucement vers le lit de Vi, en se tenant au mur, tendant ensuite la main.

« Alors… Tiens ? » Elle lui sourit. « Et demande à ce que le Shérif revienne rapidement avec ta sœur ? »

La rouge cligna des yeux, regardant tour à tour le pain et la bleue. Elle finit par le prendre, bien que hésitante.

« Euh… » 

Elle était totalement prise au dépourvu.

« Ça en fera plus pour ta famille. Comme tu dis, j’ai toute la nourriture dont je puisse rêver alors… je peux me permettre d’en donner, non ? »

« Euh.. Ok ? »

La jeune Piltie sourit et retourna à son lit pour finir son repas.

« Hm… Merci ? J’suppose ? »

Ce fut au tour de Caitlyn d’être surprise. Elle ne s’était pas attendue à ce genre de mot de la part de la petite bagarreuse.

« De rien. Mais… je… je voulais juste te montrer que tous les Pilties ne sont pas tous pareil… Tout comme toi tu me montres que les habitants de la Basse-Ville ne sont pas comme on nous les dépeints. »

Vi haussa les épaules, pas vraiment convaincue, mais… pourquoi pas après tout ? Elle pourrait peut-être lui donner une chance ? À voir…

Elle mit le petit pain de côté, dans une serviette, toujours plongée en pleine réflexion sur le comportement de sa partenaire de chambre. Elles finirent toutes les deux leur repas et la rouge se décida à parler.

« Vi. »

Caitlyn sursauta, ne s'y attendant pas.

« Caitlyn. »

« Je sais. Tu m’l’as dit. »

« Ah bon ? Oh… Pardon… J’avais oublié… » dit la bleue, baissant la tête.

« Ouais c’est ton père qui l’a dit. Pour ça que… j’t’ai dis mon prénom. »

La rouge soupira. Elle n'avait pas envie d'être gentille avec une Piltie mais... bordel, pourquoi elle en était une d'ailleurs ? À être aussi jolie... L’adolescente rougit, serrant les dents de frustration contre elle-même, et détourna le regard, se couchant dos à l’autre jeune fille.

« Tu f’rais mieux de te reposer. »

Caitlyn avait remarqué les rougeurs de Vi, et en eut un léger sourire gêné et attendri. Elle décida de ne rien en dire, et souhaita à son tour une bonne nuit à l’autre adolescente.