Would've, Could've, Should've [Arcane]
Je m'excuse pour le temps qu'à pris à sortir ce chapitre, mais j'espère qu'il vous plaira ! N'hésitez pas à laisser un petit commentaire, je me fait toujours un plaisir de vous lire !
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Une silhouette rouge se jeta sur Powder, agrippant sa cape avec une force désespérée, comme si elle craignait qu'elle ne disparaisse sous ses yeux. Elle l'avait reconnue grâce à la peinture qu'Ekko avait réalisée. Il l'avait représentée à la perfection.
"Tu es bien réelle ?" demanda Vi, sa voix tremblante d'émotion.
"Vi ? C'est vraiment toi ?" répondit Powder, le souffle court.
"Oh mon dieu, Jinx, je te croyais morte... L'explosion... Vander..." balbutia Vi en relâchant sa prise pour attraper le visage de sa sœur entre ses mains. Ses yeux étaient emplis de larmes, d'un bleu aussi profond que dans les souvenirs de Powder.
Un détail attira son attention : un tatouage sous l'œil gauche de Vi. C'était le même symbole que Vander portait sur sa main. La coïncidence fit courir un frisson le long de son dos.
"Où étais-tu pendant tout ce temps ?" demanda Vi, la voix brisée par l'émotion.
"Je..." Powder hésita, incapable de formuler une réponse. L'émotion lui nouait la gorge. Elle commençait à comprendre qu'ici, pour une raison qui lui échappait, elle portait le nom de Jinx — un surnom qu'elle trouvait pour le moins peu flatteur, si on lui demandait son avis —.
Voir sa sœur devant elle, vivante et en bonne santé, était un rêve qu'elle avait nourri toute sa vie après l'accident tragique. Et maintenant que ce rêve devenait réalité, elle ne savait pas quoi dire. Tout ce qu'elle savait, c'était ce qu'elle ne pouvait pas dire : qu'elle n'était pas vraiment sa sœur, pas celle de cet univers.
Il s'était passé tant de choses dans sa vie, mais aucune qu'elle ne pouvait partager avec Vi.
"Entre," dit doucement cette dernière, posant une main sur son épaule pour la guider à l'intérieur du manoir.
Un feu de cheminée crépitait dans la pièce richement décorée. Une immense bibliothèque couvrait presque tout un mur, dissimulant le papier peint vert, tandis que des portraits de famille étaient soigneusement alignés sur le mur opposé.
'Tellement chic', pensa Powder en examinant les peintures. Son regard s'arrêta sur l'un d'eux : un portrait funéraire de Cassandra Kiramman, la conseillère.
Elle sentit soudain un regard peser sur elle. Tournant la tête, elle aperçut Caitlyn, qui l'observait en silence. Appuyée contre un guéridon en bois et or, Caitlyn serrait le meuble si fort que ses jointures en étaient blanchies.
"Pourquoi es-tu revenue ?" demanda-t-elle d'une voix froide, sans relâcher sa prise.
"Quoi ?" répondit Powder, prise de court.
"On était enfin en paix. Elle avait fait son deuil. Pourquoi es-tu revenue ? Pourquoi maintenant ?"
"Je... Je ne suis pas sûre de comprendre."
Caitlyn se redressa et s'approcha lentement, avec la grâce d'un félin prêt à bondir sur sa proie.
"Je veux savoir pourquoi tu es ici," lança-t-elle en frappant le mur à côté de Powder. "Pourquoi avoir simulé ta mort pour disparaître et, au final, revenir maintenant ? Vi était enfin heureuse, et voilà que tu viens tout gâcher. Encore une fois. Tu aurais dû rester dans le trou à rat où tu t'étais réfugiée."
Powder la fixa, silencieuse. Elle n'avait pas de réponse à donner.
Face à ce mutisme, Caitlyn serra les dents, puis tourna les talons, claquant violemment la porte derrière elle.
'Je crois qu'elle ne m'apprécie pas vraiment', songea Powder en levant les yeux au ciel.
Vi entra par la porte opposée, un plateau avec trois tasses fumantes en équilibre dans ses mains. Elle s'arrêta net en découvrant la pièce presque vide.
"Où est Caitlyn ?" demanda-t-elle, fronçant les sourcils.
"La fille Kiramman ? Elle vient de partir. Je crois qu'elle a une dent contre moi," répondit Powder en haussant les épaules.
Vi la fixa avec méfiance mais ne fit aucun commentaire. Elle déposa le plateau sur une table basse, face au feu qui crépitait dans la cheminée, avant de s'installer dans l'un des fauteuils verts.
"Alors... Qu'est-ce qu'il s'est passé ?" demanda-t-elle en s'asseyant, son regard planté dans celui de Powder.
"C'est..." Powder soupira longuement. "Compliqué."
Elle se glissa dans le fauteuil en face, ramenant ses jambes contre son torse et posant une main derrière son cou, visiblement mal à l'aise.
"C'est tout ? Tu réapparais après trois ans, et tout ce que tu trouves à dire, c'est 'c'est compliqué' ?" Le ton de Vi monta, trahissant son agacement.
"Tu ne comprendrais pas..." murmura Powder, évitant son regard.
"Jinx, je me fiche de comprendre ! Je veux juste savoir. Pourquoi ?"
"'Pourquoi' quoi ?" demanda Powder, la voix tendue.
"Pourquoi tu as disparu ! Bon sang, Jinx !" Vi passa une main tremblante dans ses cheveux, la colère mêlée à une douleur évidente. "Tu m'as abandonnée au moment où je pensais qu'on commençait à mieux se comprendre. Je voulais être là pour toi, mais tu m'as toujours repoussée ! Encore, et encore, et encore !"
Un flash blanc envahit les yeux de Powder, accompagné de cette sensation déchirante qu'elle avait ressentie en empruntant le portail. Mais cette fois, elle ne se sentait pas partir. Elle se sentait... se séparer, comme si quelqu'un essayait de la repousser sans y parvenir, de lui parler sans réussir.
Lorsqu'elle reprit ses esprits, elle était debout, haletante. Sa tête tournait, et elle tituba avant de retrouver son équilibre.
"Jinx, pars." La voix de Vi résonna dans ses oreilles bourdonnantes.
"Quoi ?" répondit Powder, abasourdie.
"Pars !" hurla Vi, sa voix brisée par l'émotion. "Et ne reviens pas ! Je ne veux plus te voir !"
Avant que Powder ne puisse réagir, Vi la saisit fermement par le poignet et l'entraîna à travers le manoir. Elle ouvrit la porte d'entrée avec rage et poussa Powder dehors. La jeune fille trébucha et s'effondra sur le pavé froid. La porte se referma derrière elle dans un claquement retentissant.
Powder resta figée, assise sur le sol, incapable de comprendre ce qui venait de se passer. Sa sœur l'avait repoussée, sans explication, lui claquant la porte au nez.
'Qu'est-ce qu'il s'est passé ?' se demanda-t-elle, plaquant une main sur ses yeux dans une tentative désespérée de calmer la douleur lancinante qui battait derrière ses orbites.
Lentement, elle réalisa qu'une fois de plus, elle était seule. Seule dans un monde, un corps, et un passé qui n'étaient pas les siens. La panique l'envahit tandis qu'elle se relevait et tambourinait à la porte, criant le nom de sa sœur. Mais seul le silence lui répondit.
Et maintenant ? Elle avait été tellement obnubilée par l'idée de retrouver sa sœur qu'elle n'avait pas pensé à la suite. Comment retournerait-elle chez elle ? Elle avait tout gâché avec Vi, pour une raison qui lui échappait, et désormais, sa sœur ne voulait plus d'elle.
'Je ne peux pas la perdre une nouvelle fois.'
Ses retrouvailles catastrophiques tournaient en boucle dans sa tête. Qu'est-ce qui avait mal tourné ? Elles étaient assises, puis elle avait ressenti cette étrange absence. Avait-elle dit ou fait quelque chose de mal ?
Une chose était sûre : quelque chose dans sa tête se battait contre elle.
Et maintenant ?
Il lui manquait tant d'informations, tant de compréhension sur ce monde, sur la vie qu'elle avait vécue ici.
'Ekko.'
'Ekko saura m'aider.'
Elle se sentit bête de s'être précipitée à la recherche de sa sœur sans rien savoir de ce qu'elle était censée être. Elle se demanda comment Ekko — celui qu'elle avait rencontré dans ce monde — avait réussi à tenir son rôle. Elle repensa à son comportement : l'étreinte échangée avec Benzo, les sursauts au moindre contact. Elle avait pressenti que quelque chose clochait, mais elle n'aurait jamais pu deviner qu'une chose aussi absurde qu'un changement de dimension était possible.
Elle savait maintenant quoi faire, mais elle ignorait par où commencer. Rien ne lui garantissait qu'Ekko était encore à Piltover.
Elle pouvait commencer par l'arbre où il avait peint la fresque de Vi. Il semblait très bien connaître l'endroit, alors qu'elle, malgré une vie passée dans les bas-fonds, ne s'en souvenait pas.
Elle pouvait aussi retourner sur le toit où ils avaient échangé ce baiser. Le bâtiment sur lequel se trouvait le balcon semblait encore intact, à peine touché par la destruction du bar. Et si elle n'y trouvait rien, elle pourrait toujours essayer de se souvenir du chemin qu'ils avaient parcouru pour y arriver.
Ce baiser.
Elle y pensait encore, la sensation encore vive dans son esprit. Cela l'avait bouleversée d'une manière qu'elle n'avait pas anticipée. Elle avait ressenti sa détresse, à quel point il avait eu besoin de ce contact, autant qu'elle en avait eu besoin.
'Peut-on faire comme si c'était la première fois ?'
Maintenant, ces mots prenaient un tout autre sens.
Une fois de plus, et comme par une habitude naissante, elle remit sa capuche sur sa tête et baissa le regard, évitant soigneusement les foules et les passants.
Rapidement, elle atteignit les abords du Last Drop. Elle avait l'habitude de monter sur les toits à partir du bar, mais cette fois, elle devait emprunter un autre chemin, passant de bâtiment en bâtiment, de toit en toit.
Lorsqu'elle atteignit sa destination, l'endroit était bien moins bien entretenu que dans ses souvenirs. De la verdure poussait entre les fissures des murs, et la rouille tâchait les grillages. Tout semblait désert, à l'exception de deux peintures et d'un bol abrité dans un coin.
Powder s'approcha, et ce qu'elle vit lui serra le cœur d'une manière qu'elle ne pouvait expliquer.
La première toile la représentait, ou plutôt, la version qu'elle était dans ce monde. Une longue mèche violette contrastait avec ses cheveux bleus coupés très courts, une coupe qui rappelait fortement celle de Vi. Deux traces magenta ornaient ses pommettes, et des motifs complexes étaient peints le long de ses bras. Elle ressemblait à une combattante, une guerrière intrépide.
Mais c'est la deuxième toile, plus grande, qui captiva toute son attention.
C'était eux.
À la fête de la compétition. Elle était représentée avec une précision saisissante, ses cheveux lâchés comme elle aimait les porter pour les grandes occasions, et une robe blanche immaculée. Elle souriait, rayonnante, heureuse. De dos, Ekko était représenté dans une tenue élégante, la main dans la sienne, comme s'il s'apprêtait à la faire tournoyer au rythme de la musique.
'Oh, wow...' pensa-t-elle, bouche bée.
Il l'avait donc ressenti lui aussi, ce moment intime et intense entre eux. D'une certaine façon, cela la rassurait. Elle n'était pas seule dans ce tourbillon de sentiments.
Au pied des deux peintures, dans un bol rempli de sable, de l'encens était planté.
'Je suis vraiment morte dans ce monde', réalisa-t-elle, le souffle court.
Elle avait du mal à comprendre. Comment avait-elle pu simuler sa propre mort ? Comment avait-elle pu être si cruelle, infligeant une telle douleur à ceux qui l'aimaient ?
L'encens était encore chaud. Quelqu'un était venu récemment.
Ekko est toujours à Piltover.
Elle ferma les yeux et se plaça là où se trouvait autrefois l'arrière-porte du Last Drop. Dans son esprit, elle tentait de reconstituer le trajet qu'ils avaient emprunté autrefois : les virages qu'ils avaient pris, les tunnels qu'ils avaient traversés.
Après ce qui lui sembla une éternité, elle arriva enfin.
L'odeur lui était familière, un mélange d'air frais, de bois et d'une légère trace d'égout. Mais cette fois, une porte en fer se dressait devant elle.
Derrière, elle pouvait entendre des éclats de voix, des rires, des cris. Des gens vivaient ici.
Elle leva la main et frappa.