Recueil sur le thème d'arcane
Chapitre 10 : Tas de cailloux et ampoules partout
1624 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour il y a 3 mois
Vander n’avait pas vu Silco depuis des heures. Où pouvait-il bien être ? La guerre avait dégénéré, comme toute guerre, n’est-ce pas ? Cependant, celle-ci était finie, sûrement qu’elle avait été en faveur des enforcers. Tant de Zauniens avaient perdu la vie ce soir… Après que l’homme à la carrure d’ours a recueilli les deux filles de son amie de toujours, Felicia, il était reparti à la recherche de son frère d’armes, Silco. Pourquoi ? Il voulait lui faire payer sa mort. C’était sa faute. Elle n’aurait pas dû être là ce soir, alors pourquoi ? Il savait dans le fond le pourquoi du comment. Lorsqu’il avait Powder et Vi dans ses bras. Lorsqu’il avait lâché ces gants de fer pour les prendre dans ses bras. Le costaud repensait à ce fameux soir, au Last Drop, lorsque la guerre était loin devant eux. Felicia avait mis une chanson très particulière pour les trois amis et Vander s'était permis de faire une petite réflexion gentillette. Et, en réalité, la femme faisant tourner son alcool dans son verre leur fit une confession qui les surprit, l’homme à côté d’elle, plus maigre et en train de manger, s’arrêta. En effet, elle était enceinte : une fille. L’homme aux cheveux bruns retira alors le verre d’alcool devant Felicia et lui déposa un autre verre avec une paille, un jus de fruit. Hors de question qu’elle boive de l’alcool pendant sa grossesse. Elle leur exprima ses doutes en rapport à son futur rôle de mère et puis, expliqua qu’elle n’avait aucune idée de prénom, que cela la suivrait toute sa vie. Pourtant, Vander trouva un prénom sur lequel tout le monde fut d’accord. Un nom qu’il avait toujours aimé comme il l’avait si bien dit : Violet. Sur ces mots, ils trinquèrent tous les trois.
C’est ainsi que la petite fille aux cheveux rouges naquit sous le nom de Violet. Une petite fille hyperactive et pleine de joie de vivre, aimant se battre avec l’homme musclé. Prenant les gants de sa mère lorsqu’elle rentrait de son travail. Violet avait été l’un des plus beaux joyeux pour Connol et Felicia mais… Pas que… Pour Vander et Silco aussi. Alors, lorsque la jeune femme tomba enceinte une seconde fois, ce fut un second rêve qui se réalisa. Mais la vie harmonieuse d’amitié et d’amour de cette famille fut bientôt brisée. Brisée par la guerre entre deux mondes, deux villes. D’un côté, la ville flamboyante où vivait l'aristocratie et de l’autre la Basse-Ville, où chaque jour était un combat pour survivre. Mais dans ce chaos qu’était la Basse-Ville, il y avait toujours de la joie et quelque part, de l’entraide. Enfin, la guerre fit tout basculer, déversant la haine entre ces deux villes. Qui avait commencé ? Dans le fond, Vander l’avait oublié, Silco l’avait oublié et Felicia aussi. Tout le monde avait oublié, les deux villes avaient vécu dans un accord froid durant tellement que cela devait arriver. Le faux pas de trop et il arriva irrémédiablement. Il fallait s’y attendre et ce fut tout Zaun qui entra en guerre, hommes comme femmes, face à une armée entraînée à se battre, non comme les Zauniens qui, eux, se battaient avec ce qu’ils avaient sous la main, voire tout simplement avec leurs poings. La guerre faisait rage depuis bien longtemps maintenant et personne ne saurait dire combien de temps cela semblait passer, si cela semblait passer à une vitesse folle dans l’action, mais aussi à une vitesse tellement lente en voyant les cadavres s’empiler des deux côtés. Tout le monde avait beaucoup à perdre et c’était exactement ce qu’il se passait. Alors, lorsque Vander aperçut les deux petites filles sur le pont… Il lâcha ses gants de mineur et les regarda d’un air triste alors que Vi demanda silencieusement où étaient ses parents. Il soupira et montra Felicia sous des décombres. Vi tomba à genou, en pleurs, alors que Powder la serrait dans ses bras, se retenant de pleurer.
L’homme aux cheveux bruns sut, il sut à cet instant qu’il devrait prendre les deux petites filles sous son aile. Parce que c’est ce que son amie aurait voulu. Une fois dans ses bras, il accompagna les deux enfants lentement, mais sûrement loin du pont. Loin de l’endroit où les morts se côtoyaient par dizaines, loin de cet endroit enflammé à cause des cocktails molotov. Il se devait de les faire sortir de cet enfer. La guerre ne devait pas être montrée aux enfants, la mort non plus, et pourtant. Tous les enfants la voyaient depuis des mois, même sans le vouloir. Il y avait désormais tellement d’orphelins et c’est ce qui était arrivé à Powder et Vi. Il avait donc décidé de raccrocher ses gants, de les laisser tomber pour s’occuper de ses nouvelles filles. Celle qu’il devrait éduquer à la place de Connol et Felicia. Mais une fois ramené chez elles, il fallait qu’il s’occupe d’autre chose. Il attendit néanmoins que les enfants s’endorment. Ce qui n’arriva pas étant donné ce qu’elles venaient de vivre. Il les laissa et sortit de la maison pour partir se venger de Silco. C’était sa faute. Non pas la guerre, mais la présence de Felicia. Elle n’aurait jamais dû venir au front en ayant des enfants à charge, même si c’était pour protéger la ville, même pour les protéger elles.
Au bout d’un certain temps, il retrouva Silco et ils finirent dans la rivière où les toxines et la vase prirent son œil, son corps… Le firent sombrer. Aaaah sombrer… Pas entièrement, il eut un dernier réflexe pour se laisser en vie. Prendre le couteau du géant et le couper à l’avant-bras, ce qui lui permit de s’échapper pendant que Vander hurlait de douleur, faisant pression sur la coupure. Par chance, elle n’était pas profonde, Silco n'ayant à l’instant où il l’avait blessé plus beaucoup de force à cause du manque d'oxygène. Vander regarda autour de lui, mais pas une trace de son frère d’armes, il avait quitté les lieux bien trop vite. Il ne restait donc qu’une chose à faire pour le brun : retourner chez lui pour se soigner, voir si les petites filles dormaient encore, mais aussi repartir à la recherche de Silco. Car sur tout le chemin, il avait réfléchi. Ce n’était pas seulement la faute du type à la carrure élancée, c’était aussi SA faute. Il avait perdu son sang-froid, ce qui n’aurait jamais dû lui arriver.
Bien, il avait jeté un œil où ces filles adoptives dormaient, paisiblement, malgré ce qu’elles avaient vécu. Il les regardait en souriant, appuyé sur le haut du lit superposé. Leur souffle était si calme, elles rêvaient, oui, c’était même certain… De quoi en revanche ? Là était la grande question, mais le grand brun ne put s’y attarder, il soupira et son sourire s’éteint. Il fallait qu’il retrouve son frère d’armes. À tout prix. Il le chercha donc partout, mais impossible de le retrouver. Au final, après quelques heures de recherches, il était en train d’écrire une lettre dans leur bureau de la mine tout en buvant un verre de whisky, cherchant les mots exacts à mettre sur le papier.
“Silco, j’ai cherché partout, mais… Il est clair que tu ne veux pas être trouvé. Bon sang, je suis nul à ça. Je suis désolé. Quand elle est morte, j’ai perdu la tête. Je pensais que ce que je t’avais fait, c’était pour le bien de tous, que tu le méritais. Mais on avait tous les deux les mains sales. Bref, tu sais où me trouver. Tas de cailloux et ampoules partout. V.”
L’homme à la carrure d’ours resta un moment assis là, devant sa lettre, buvant le restant de son alcool avant de repartir. Il savait que Silco ne viendrait pas, alors il retourna à son bar. Il était vide, évidemment. Avec les combats qui faisaient rage, il n’avait pas le temps de l’ouvrir. Il était seul, dos au comptoir, en essuyant des verres. En faisant tomber un, il se baissa pour prendre les plus gros morceaux en grognant alors que la porte d’entrée du “Last Drop” grinçait.
«C’est fermé!» Grogna-t-il de nouveau.
«C’est pas ce que dit la porte…»
Cette voix au ton sarcastique. Vander écarquilla les yeux et se redressa en quelques secondes, c’était…
«Silco? Tu. Tu as trouvé ma lettre ?»
«Je t’aurais tué si j’avais eu plus d’oxygène dans les poumons. Tu m’as trahi… Frère.Mmais, ce lien… Ce lien, je ne peux pas le briser. J’ai essayé, mais en quelques heures, je n’ai pas pu. Tu l’as perdue comme je l’ai perdue. Même barque…»
L’homme mince s’installa sur un tabouret au comptoir. Vander était légèrement perdu, mais… Il lui servit un verre ainsi que pour lui aussi, se mettant face à Silco et levant son verre un peu tristement.
« Nous allons les élever à deux… En mémoire de Felicia… Tas de cailloux et ampoules partout…»
Puis, ils trinquèrent.