Recueil sur le thème d'arcane
J’ai toujours pensé que je portais la poisse, que je jinxais toujours tout. Et puis… Après sa mort, après m’être totalement perdue, je suis devenue le symbole de liberté. Je suis devenue la messagère qui a apporté à Piltover le signe que Zaun ne se rendrait jamais. Beaucoup ont commencé à croire en moi alors que je ne croyais plus en moi, alors que ma vie n’avait plus lieu d’être. J’ai tout d’abord rencontré cette gamine, Isha. Qui m’a fait croire que je pouvais être quelqu’un de bien. Depuis que je l’avais sauvé… Eh bien, j’avais quelqu’un à protéger, j’avais retrouvé une famille. Après avoir perdu autant de gens dans ma vie, Isha apparaissait et me faisait voir le monde, l’undercity, les gens qui le peuplaient différemment.
Il fallait que je me montre forte pour tous ceux qui me portaient à bout de bras comme leur messie, leur défenseuse. Il fallait que je me ressaisisse, certains voulaient ma mort pour le bien de Zaun, d’autres, bien plus nombreux, me voulaient en tant que leader. Pourtant, je ne me sentais pas prête à me montrer face à tous. La trahison que j’avais faite à mon père adoptif était bien trop douloureuse et s’ils apprenaient ça ? Me prendraient-ils toujours pour une sauveuse ? Perdue dans mes pensées, je fus arrêtée par Isha qui s’agrippait à mes vêtements en montrant du doigt le mur sur lequel était peinte une immense fresque. Le protecteur de Zaun, Vander et en première ligne… La peinture me représentait en tenant un fumigène, des nuages de fumée au-dessous de la fresque et des colombes, symbole de la liberté. J’avais l’air tellement… Apaisé ? Était-ce comme ça que les Zauniens me voyaient ? Je restais l’air béat face au mur. Comment en étions-nous arrivés là ? Moi ? La porte-poisse ? Il fallait que je me reprenne. J’attrapais la main de Isha et l’amenais chez Jericho, là où nous mangions tranquillement. Une fois dans mon refuge, mon petit chez-moi, je regardais la petite fille jouer avec l’une de mes bombes. L'allumant pour la faire exploser, je la désamorçais et ricanais, exprimant mes doutes. Et si Jinx devait revenir sur le devant de la scène, mais… Qu’aurait-elle pu me répondre alors qu’elle était muette ?
Et quelques jours passèrent. Une semaine peut-être, alors que je cherchais Isha dans le refuge, je ne la trouvais pas. Où était-elle ? C’est à ce moment que Sevika débarqua. M’expliquant qu’elle était venue au rassemblement sous la statue de Vander. Malheureusement, tout ne s'était pas passé comme prévu. Alors que quelques Zauniens avaient répondu à l’appel, la petite fille aux couleurs de la sauveuse de la Basse-Ville avait fait comprendre que ce rassemblement n’était pas fait en vain, qu’il fallait y croire. Lorsque Sevika m’expliqua qu’elle avait été arrêtée, que tous ceux qui s’étaient pointés au rassemblement avaient été arrêtés, tout me revint en tête. Ce soir maudit où j’avais tué mon père adoptif, ce soir là où j’avais laissé la Jinx en moi reprendre totalement le dessus. Je ne voulais pas perdre Isha. Je devais être leur sauveuse une bonne fois pour toutes. Faire enfin quelque chose de bien pour Zaun.
Nous allions donc rejoindre les pacifieurs après que j’ai enfilé l’une de leurs tenues. C’était bien trop facile. Où était la sécurité ? Bah… Qu’importe ! Le tout était à présent de libérer les Zauniens capturés. C’était à présent mon seul but. Je devais le faire, pour eux, pour… Moi ? Pour me mettre en tête que je pouvais vraiment servir à quelque chose. Que je pouvais, malgré tout le mal que j’avais causé, faire le bien autour de moi, accomplir ce que j’avais tant recherché après la mort de ma famille, de mon père adoptif, mais aussi de la perte de ma sœur. Enfin… Je secouais la tête, me trouvant devant les mécanismes d’ouverture des cellules. Une fois celles-ci ouvertes… À mon tour de me présenter. Le devais-je ? Pour me rassurer, très certainement, et tous ces gens, d’un coup, qui me regardèrent.
“C’est moi, votre super méga héroïne.” Dis-je en envoyant valser mon casque de pacifieur.
Et c’est alors que je les vis me regarder attentivement. Avais-je dit quelque chose qui ne fallait pas ? Peut-être que malgré ce que m’avait dit Sevika, ils ne m’attendaient pas ? Peut-être que… C’est à ce moment-là que de gros doutes s'emparaient de moi. Pourtant, la quasi-totalité des gens avaient teint leurs cheveux en bleu. Ce ne pouvait être une coïncidence. Je les voyais s’approcher de moi et mon sourire se fit nerveux, lorsqu’une des Zauniennes s’approcha de moi, j'eus un léger mouvement de recul. Je remontais néanmoins les yeux vers elle et vis soudain que tous ces gens me souriaient avec des regards… Des regards qui expriment la reconnaissance. Oui, il croyait en moi et presque tous, un par un, posaient leurs mains sur mon épaule comme si, en me touchant, ils devenaient bénis. J’étais donc véritablement leur messie ?
Je me souvenais alors de leurs mains posées sur mes épaules, de la chaleur que j’avais ressentie à ce moment précis. Le bien-être, la sensation d’accomplissement que j’avais eu en les voyant me remercier silencieusement. Peut-être même que c’était, en réalité, une chose dont j’avais besoin. Oui, c'était quasiment certain, bien que j’avais trouvé ma nouvelle lumière dans ces eaux profondes où j’avais fait sombrer mon père adoptif il y a peu. Et peut-être que j’avais vu, en Isha, mon propre messie ? Peut-être, qui sait ? J’avais à présent une nouvelle famille, le Messie qui jouait aussi le rôle de petite sœur à mes yeux et pour qui je ferais à présent tout pour qu’il ne lui arrive rien. Et c’est sûrement à ce moment que je m’en rendis compte, en la cherchant dans chacune des cellules. Et lorsque je la trouvai, j’essayai de faire de l’humour malgré mon inquiétude.
“Tu es en retard pour voir Pue-du-bec mordre la poussière.”
Me baissant pour la serrer dans mes bras, elle s’y jeta et me tint avec toutes ses forces. Je la serrai donc avec force, moi aussi. Cette petite était bel et bien mon Messie, la sauveuse de mes tourments, que je comptais bien garder et protéger le reste de ma vie. Mais les retrouvailles furent de courtes durées, car les pacifieurs nous barraient le passage, enfin, presque, ils étaient à présent eux-mêmes bloqués.
“C’était quoi, ça ?” Formula Sevika en guise de pensée à voix haute.
On put voir une immense bête se ruer vers les pacifieurs qui se firent tous déchiqueter les uns après les autres tandis que je demandais à Sevika de faire sortir Isha de la prison. Elle pleura, tapa Sevika en guise de rébellion, mais la femme à la peau mâte ne la lâchait pas. Pour ma part, je lui tirais dessus sans que mes tirs ne l’atteignent, enfin, oui, mais il se régénérait à une vitesse folle. En réalité, je ne fus qu’une piètre combattante face à lui, cependant, la petite serait saine et sauve. Après quelques minutes de lutte, je sortis une de mes grenades.
“Tu m’as eu boule de poil... Mais souviens-toi… Tu ne vaux pas Pue-du-bec! Souris !”
Non, vraiment, je n’aurais jamais pu lutter contre lui plus longtemps étant donné qu’il fit tomber ma grenade et me souleva contre le mur. J’allais mourir alors que j’avais trouvé comment aider, j’allais mourir alors que j’avais trouvé Isha pourtant, le coup mortel n’arriva pas et, à la place…
“Powder?”