Mes mémoires

Chapitre 31 : On replonge

1508 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 3 mois

Cela faisait quelques jours que je n’étais pas allée en cours. Et même que je n'étais pas rentrée, ni chez Vander ni chez ma mère. Une fugue ? Oui, on pouvait dire ça. Pourquoi ? Parce que tout le monde me tournait le dos. Je n’avais plus besoin de rester dans leur vie dans ce cas, n’est-ce pas ? J’avais pris le sac de fringues que j’avais amené chez mon père et Vi avec moi. J’avais des thunes pour encore quelques jours, je devrais juste faire attention. Autre chose pratique était que j’avais mes anxiolytiques avec moi. Les antiépileptiques et antidépresseurs non, bon. Au pire, je ferai une crise ? Qui s’en soucie ? Non mais... Réellement ? Vi passait son temps avec Miss Parfaite, mon père travaillait beaucoup et je ne pouvais pas lui en vouloir, quant à ma mère ? Eh bien, elle n’avait pas pris de nouvelles de moi depuis que j’étais partie. C’était assez clair, non ? Et Ekko? Ah… Pas de nouve…


« Mon amour t’es où? » 


Mais bien sûr, un sms pile à cet instant. J'eus un petit sourire en voyant qu’une fois de plus, nous avions pensé à l’autre en même temps. Pourtant, à la suite de ce message, j’éteignais mon portable. Je n’avais pas besoin qu’on m’appelle et m’envoie des sms à tort et à travers. Si j’étais partie loin d’eux, ce n’était pas pour rien ! Pourquoi m’avoir envoyé ce message au fait ? Pourquoi voulait-il savoir où j’étais ? Pensait-il réellement que j’allais répondre comme une enfant, sœur, petite amie docile, comme ils le voudraient sûrement tous… Après avoir acheté de l’alcool et de quoi fumer, je me retrouvais devant une armurerie. Le devais-je ? C’était fort tentant. Hm.. Allons-y ! Et c’est ainsi que je me retrouvais avec un couteau de poche rangé dans la poche kangourou de mon sweat.


À présent… Où pouvais-je bien aller ? Le parc était prohibé, c’était sans doute l’endroit où ils chercheraient en premier et où il pourrait même faire rester quelqu’un au cas où je pointais mon nez. J’en étais sûre, si moi j’y pensais, alors, eux aussi, c’était limpide. Continuant de marcher avec une cigarette en bouche, je faisais tout de même attention à mes arrières en restant dans les ruelles. Plus dangereux si je trouvais des camés ou sdf qui voyaient une gamine comme moi, mais plus safe pour qu’on ne me retrouve pas. Et puis à présent, j’avais Abyss, oui ! C’était le nom que j’avais trouvé à mon couteau. La nuit commençait à tomber, il fallait que je trouve un endroit où rester pour la nuit et je savais qu’il y avait quelques planques par là et même un endroit où se retrouvaient les gens voulant un peu de chaleur humaine. On se droguait, on buvait, on fumait et surtout, on parlait. Je savais que là-bas, je serais en sécurité. Les sdf et les camés étaient plus calmes justement. On s’entre aidait .


D’ailleurs, j'avais demandé si ce soir je pouvais avoir une tente pour seulement une personne. J’avais envie de… Me lâcher et de le faire en paix. Plus rien ne me retenait à présent. Une fois dans la tente éclairée par une lanterne, je sortais mon nouveau couteau. Après avoir retiré mon sweat, je levai mon haut et le rabattais sur ma poitrine pour ne pas qu’il tombe et je commençais à tracer des lignes plus ou moins profondes, enfin, assez pour saigner. Je sentais d’ailleurs ce liquide poisseux couler le long de mes côtes et regardais ensuite ma lame. Il y avait ce même liquide carmin dessus et je souriais légèrement. En réalité, ça me faisait du bien. Pourquoi n’avais-je pas continué de le faire ? C’est alors que j’entendis gratter à la tente, puis un chuchotement.


« Hé… Ça te dit de la devil’s? Comme tu viens pas souvent, on peut te dépanner…»


Je me mordis la lèvre inférieure fortement. Devais-je craquer ou non ? La réponse était… Oui. Après tout, j’y pensais de plus en plus et une pilule ne pourrait me faire que du bien, non ? J’arrêterai lorsque je rentrerai à la maison, je l’avais fait une fois déjà ! Je pourrai le faire une seconde fois. Enfin… Si je suis bien entourée. Ce qui n’est pas le cas en ce moment et qui fait que oui, je vais en reprendre.


« Ça vous dérange pas? J’ai plus de moyens que vous…»


« Si t’es là ce soir, c'est que t’as pas les moyens et que tu es perdue. Viens prendre une dose et va te coucher ensuite, ok? »


« J’arrive… » J'étais résignée en disant cela. Je me soignais en vitesse, rangeais Abyss et sortais de la tente.


À côté de la tente se trouvait un jeune homme, pâle, aux yeux bleus et aux cheveux blond platine. Il avait l’air d’un fantôme, mais sa voix était douce, chaleureuse, mais emprunte d’une certaine déchirure et détresse. Il se droguait et vivait comme ça depuis longtemps, à mon avis. Je lui souris et il me rendit mon sourire. Il me fit un geste de main pour que je le suive et apparemment, il m’amena devant sa propre tente. Je lui dis cependant que je préférais ne pas rentrer, ce qu’il comprenait tout à fait. Il fouilla dans sa tente et sortit deux pilules et m’en tendit une que je prenais et avalais.


« Je t’ai jamais vu dans le coin, bon, en même temps, il est peu connu, c'est vrai… » ricana le jeune homme.


Je me raclais la gorge, au moins ça prouvait que Lizzy n’était pas une de leurs vendeuses.


« Je connaissais des gens qui le connaissaient. Quand j’ai arrêté, je ne les ai plus vus et j’ai arrêté de venir ici. »


« Oh je vois. Moi, c'est Jacob, et toi ? » me demanda-t-il en tendant sa main que je pris.


« Jinx. »


Je ricanai.


« Pourquoi t’es là ce soir? J’veux dire, à part te faire du mal autre qu’avec de la tongue… » 


J’écarquillai les yeux. Comment savait-il ?


« Je suis pas devin, juste observateur… Tu as du sang sur les doigts et je t’ai vu toucher tes côtes avec un truc… »


« C’est pour un truc con, t’en fais pas… »


Il me regarda et fit une moue peu convaincue.


« Pas quand on est ici Jinx… Je vais éviter de te demander ton âge pour mon bien-intérieur, mais toi… Va te coucher, tu veux bien ? »


« Mais ! » s’exclama Jinx.


« Pour moi… Je garderai ta tente pour ce soir, ok? »


« O.. Ok euh. Merci? »


Il me fit un sourire chaleureux et je rentrai dans mon abri pour dormir. 


Le lendemain, lorsque je me réveillais, je sortais de la tente et voyais Jacob en train de se fumer une cigarette. J’en allumais une moi aussi.


« Merci… J’ai bien dormi. »


Ouais… Si on oubliait mes nombreux cauchemars, mais je ne préférais pas le lui dire. Il avait d’autres chats à fouetter. Je sortais la bouteille d’alcool de mon sac ainsi que mon paquet de cigarettes, en allumant une pour me mettre près de lui.


«  Tiens cadeau. »


Il me regarda d’un air fatigué, preuve qu’il avait encore moins dormi cette nuit. Je m’en voulais terriblement.


« Allez! Ne fais pas ton rabat-joie et prends là Jacob. Ça me ferait plaisir. Tu m’as dépanné après tout… Et tu m’as parlé, peu, mais c’était assez pour moi… Je… Je pourrai te revoir ? »


« Oui, tu pourras. Ça me ferait très plaisir, mais… C’est la seule fois où je te dépanne. Cette drogue est désastreuse sur le plan psychologique. Tu as des hallucinations ? »


Ma bouche fit un “o” et je hochais la tête de haut en bas doucement.


« C’est à cause d’elle alors… Fait très attention à ça, si ça continue, parle en mais… Ne reste pas comme moi sans rien faire… »


« D’accord… »


« Et retourne dans ton petit nid douillet, on doit s’inquiéter! Dis-toi que… C’est un conseil d’ami ? » il me fit un clin d’œil et je lui souris.


« Merci Jacob, je suis contente de t’avoir rencontré, vraiment ! »


Sur ces mots, je me levai et lui fis un signe de la main avant de me retourner totalement pour partir de ces rues malfamées. La question était à présent : qu’allais-je donc faire ? Je ne me voyais pas rentrer pour l’instant. J’avais bien trop mal à cause d’eux.





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