Mes mémoires

Chapitre 28 : Descente aux enfers

1596 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour il y a 4 mois

Je m’étais réveillée tôt en ce dimanche matin. Trop de cauchemars. Mais au moins, j’avais pu étudier un peu, bien que je n’aie pas été très productive… Bon Dieu Jinx reprends-toii! Affalée sur mon bureau, le front appuyé sur mes avant-bras des larmes coulaient le long de mes yeux. Je pleurais silencieusement jusqu’à entendre qu’on tapait à ma porte.


« Jinx? Tu prends le petit déjeuner avec moi ? Je t’ai fait un cappuccino… »


Je me raclais la gorge et essuyais mes larmes. Prenant un ton enjoué.


« J’arrive Mom’! »


Mentir à ma mère… Je n’avais jamais aimé ça, bien que je lui mentais depuis des mois, mais là ? Ça battait des records et je m’en voulais terriblement… Je descendis en vitesse et fis un sourire à ma mère. Je ne savais même pas pourquoi je lui en faisais un alors que j’avais envie de faire tout l’inverse. 


« Au fait, je vais chez papa aujourd’hui et pour quelques jours. J’ai envie de passer un peu de temps avec eux. »


Ma mère me regarda en haussant un sourcil avant de prendre la parole.


« Ce n’est pas à cause de ce qu’il s’est passé hier? »


Mentir ? Ne pas mentir ? Je prenais de la mousse de cappuccino dans ma cuillère et la mangeais.


« Non ne t’en fais pas! J’avais juste envie de rester un peu avec papa et Vi. »


Ma mère hocha la tête et sourit avant de finir son café. M’avait-elle cru ?


« Je vais au boulot. Tu me diras quand tu rentres. Profite bien! »


« D’accord maman!»


Ma mère ferma la porte et je finissais mon cappuccino avant de remonter pour me préparer à aller chez mon père et ma sœur. J’avais déjà hâte d’y être, même si je devrais m’expliquer sur le pourquoi je voulais venir chez eux. J’avais l’impression que tout le monde commençait à s’inquiéter pour moi et je n’aimais pas ça. Fermant la porte derrière moi, je descendais les escaliers pour sortir de l’immeuble et m’allumais une cigarette une fois dehors. C’est fou comment on pouvait devenir accro à ça… Et la Devil’s? Je secouais la tête de gauche à droite, m’étant presque étouffée. Pourquoi je pensais encore  à ça ? Devais-je abandonner et recommencer à en prendre ? Non… Je ferais bien trop de mal à mes proches pourtant… Aaah cette envie, cette idée, tellement tentantes…  Sans réaliser, j'étais déjà dans le bus. Prise par mes questions, je ne me rendais même plus compte de ce que je faisais et, l’espace d’un instant… Je m’étais imaginée aller chez elle, mais non, c’était bien le chemin pour aller chez Vander et Vi. Après plusieurs dizaines de minutes, j'étais enfin au bon arrêt et je marchais jusqu’à l’immeuble de mon père et de ma sœur tranquillement. Une fois arrivée devant la porte, je toquai à celle-ci et elle s'ouvrit sur une Vi qui m’ébouriffa les cheveux. Je fis une moue boudeuse.


« Allez fais pas ta mioche, ça marche pas avec moi. Tu sais… Depuis que t’es de retour dans ma vie j’ai jamais mangé autant de lasagnes! »


Elle ricana et je humais la bonne odeur de la viande cuir mêlé à la béchamel, un pur délice pour mes narines, fermant les yeux en soupirant d’aise.


« Je sais je suis la petite sœur parfaite! »


Mensonge ! Si elle savait ce qui se trame dans ma tête en ce moment. Je m'en voulais tellement pour eux. J’étais… Décevante… Je n’étais pas digne d’eux… J’avais réussi à m’en sortir, je crois? Et maintenant, tout ça me revenait en pleine tronche. Tout ça à cause de… Non, je m’y refusais…


« Jinx. Hey Jinx! »


Je voyais la main de ma grande sœur s’agiter devant moi. On ne me l’avait jamais fait autant depuis plus d’un mois…


« Euh.. Ou… Oui? Pardon? »


« Bon… Viens par là. »


Elle m’attrapa fermement par le bras et me tira dans sa chambre, refermant la porte derrière nous. Elle s’asseyait et me faisait un signe de faire pareil, ce que je fis.


« Maintenant... Pourquoi t’es là? Tu m’as dit que tu m’expliquerais… C’était quoi cette absence ? Je sais que ce n'en était pas une épileptique. »


Elle allumait deux clopes et m’en tendit une que je pris.


« Je… »


Je fondis en larmes.


« J’en peux plus… Je... Je perds pied Vi… »


Ma sœur fronça les sourcils.


« Explique. »


« Je, j’ai l'impression que je me suis jamais vraiment remise de Lizzy… Et en ce moment, je pète un câble. J’ai l’impression de voir et d’entendre des trucs qui n'existent pas parce que vous vous passez à travers. J’ai l’impression de pas convenir au gang, d’être inutile. J’en peux plus de tout… »


Je tirais une longue taff sur ma clope, je ne lui avais pas dit pour la drogue et ne comptais pas le faire…


« Depuis que je sais que Mylo va sortir, je… Je me dis que je suis une moins que rien. Il est redevenu comme avant, alors que moi… »


Je voyais ma sœur poser la clope sur le rebord du cendrier et venir me prendre dans ses bras. Me caressant les cheveux, elle ne me lâchait pas et je devais dire que cela me réconfortait énormément. Surtout, si on m’avait dit qu’une dure à cuire, rebelle et cruelle comme Vi pouvait être capable d’être aussi douce, je n’y aurais jamais cru.


« Ne t’en fais pas, on va te sortir de là. Le docteur Donovan va t’aider à te sortir de cette tourmente. »


« J’arrive pas à lui en parler. J’ai peur de ce qu’il pourrait me dire, qu’il me juge ou je sais pas quoi… »


« Il est pas là pour ça et ce n'est pas son boulot de juger, au contraire. »


La voix qu’avait empruntée ma sœur me remontait le moral et l’espace d’un instant, j’oubliais totalement l’envie de drogue, mais…


« Vi.. Je t’ai demandé si je pouvais venir pour autre chose aussi… »


« Hm? »


« Je... Je m’en suis rendu compte presque trop tard, mais sur le coup, je sais pas ce qui m’est passé par l’esprit, j’ai, j’ai voulu me couper. »


Le mouvement de ma soeur fut soudain, ce qui m’avait choqué. Elle s’était reculée d’un coup et me tenait fermement par les épaules. Son regard était inquiet.


« Où ça? Tu l’as fait ? Montre moi, je veux en être sûre. » prit-elle la parole en vitesse. 


« Non, j’ai... J’ai arrêté quand j’ai senti la froideur de la lame sur ma peau. »


Je levai mon t-shirt manches longues pour lui montrer et elle regardait attentivement en fronçant les sourcils. Qu’est-ce qui n’allait pas.


« Promets-moi que tu ne recommenceras pas!? »


« Oui, je… »


« C’est bon, ça suffit, seulement j’avais bien senti. »


« Quoi ? »


« T’as maigri! Et pas qu’un peu ! Tu as perdu combien ?»


Putain ! Elle s’en était bel et bien rendue compte… J’avais tant maigri que ça ?


« Je sais pas. »


Elle avait repris sa clope et me regardait en prenant une taff.


« Me raconte pas de connerie, soit franche ! »


« Je sais pas, j’te dis! J’te l’jure. »


Combien de kilos avais-je perdu, hein? Depuis le procès ? Je ne savais plus. J’entendais ma grande sœur soupirer.


« Écoute… Avec Ekko, maman et papa, on est là si tu arrives à parler plus facilement qu’avec Silco mais… Faut que tu nous aides, Jinx. On pourra pas lire tout le temps à travers tes yeux… »


Elle me remonta le visage pour justement capter mon regard. 


« Tu comprends ? »


Je bougeais ma tête pour me détourner et aspirais sur ma clope pour prendre une bouffée d’air toxique.


« Je sais... C’est dur... Je veux pas vous déranger avec ça… »


« Tu préfères qu’on soit dérangé ou qu’on s’inquiète? On veut pas te perdre, d’accord ? »


Je hochais la tête de haut en bas en guise d’approbation et décidais de changer de sujet.


« Dis-moi… T’arrives souvent en retard aux rendez vous avec le gang et à tous nos autres rendez-vous d’ailleurs et… C’est depuis que tu es censée sortir avec Caitlyn. Vous vous êtes réellement mises en couple ? »


Je vis ma sœur rougir d’un coup et se frotter la nuque.


« Hm.. Euh.. Ouais… »


« J’veux la voir… » 


« Hein???  »


Elle écarquilla les yeux.


« T’as bien entendu! J’veux voir comment elle agit avec toi… »


À la suite de ma phrase, nous ne pûmes continuer étant donné que Vander nous appelait pour manger. Cette première soirée se passait vraiment bien. S’il ne manquait pas maman, j'aurais pu penser que nous ne nous étions jamais séparés, que nous avions toujours vécu ensemble. Seulement, il y avait un truc de faux dans tout ça. Moi. J’étais le faux, le plomb dans l’aile de la colombe, j’étais… L’erreur dans l’équation.


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