Mes mémoires

Chapitre 22 : La fusion

1711 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 25/12/2024 13:47

Quelques semaines s'étaient écoulées depuis notre barbecue chez Mylo et sa mère et nous allions régulièrement le voir. Je voyais à présent un psychiatre, j’avais commencé à faire ma thérapie juste après la rentrée. Cependant, j’étais totalement détachée de ce que je lui disais. Non pas que je ne l’aimais pas, juste… Je ne savais pas ce que les séances nous apporteraient. Certes, un diagnostic d’une possible maladie, mais dans ce cas. Tout comme mon épilepsie, je resterai dans le déni le temps de m’adapter, de prendre un traitement. Pourquoi je pensais à ça ? Parce que d’une façon ou d’une autre, j’allais devoir lui parler des hallucinations qui n’avaient pas cessé depuis la première fois au parc avec Ekko. Je redoutais vraiment ce moment, mais pour l’instant, je ne voulais pas me livrer entièrement à propos de mes ressentis, des voix que j’entendais ou de ce que je voyais. Il faudrait peut-être que j’en parle à mes parents ou encore à Vi et Ekko ? Non. Ils vendraient la mèche à mon psy et je n’étais pas encore assez à l’aise pour parler de ce genre de choses. Avec personne d’ailleurs, c’était en quelque sorte pour ça que je m’étais renfermée, mais je devais avouer que je donnais bien le change pour ne pas les inquiéter.


Non, à la place, je parlais de la pluie et du beau temps avec mon psy, il s’appelait Silco, Silco Donovan. Un homme qui semblait réellement à l’écoute, un psy à fond dans son métier quoi. Mais il paraissait toujours là pour me sonder, normal pour un psy, hein, mais voir tout ce qu’il écrivait dans son dossier me stressait. Cependant, je continuais à le voir, je devais m’accrocher pour mes proches. Car j’étais clairement en train de sombrer, il fallait bien l’avouer. Oui, je l’avouais… Je ne voulais juste pas me le reconnaître et encore moins le montrer. Ça allait bien se passer, il me fallait juste un peu de temps pour aller mieux, retrouver ma force d’il y a quelques mois. Nos séances duraient longtemps, souvent une heure. C’était trop pour moi, mais il tenait à ce que je parle le plus de ma vie pour comprendre mes réactions pendant nos séances ou même les mots que je disais. Pour lui, apparemment, dire un mot spécifique, même sans s’en rendre compte, avait son importance et était inconsciemment choisi pour exprimer ce que l’on voulait dire. Enfin… Tout ça pour dire que… J’étais mitigée sur ces séances de psy. Ou peut-être n’en avais-je pas envie ? La question était là et je ne savais pas comment y répondre, c’était trop flou dans ma tête. D’ailleurs, tout était flou dans ma tête que parfois je… J’étais comme déconnectée ? Mes pensées n’étaient plus les mêmes. Sans parler de mon sommeil qui était totalement chaotique depuis le jugement. Que m’arrivait-il au juste ?


« Ouais, j’pense que ce serait bien pour tous de faire ça… » 


« De quoi vous étiez en train de parler? J’étais perdue dans mes pensées… »


« Jinx ! Tu déconnes ou quoi !? Ça fait une demi-heure au moins qu’on parle de ça !  On a décidé de réellement fusionner les lucioles et Zaun. » s’énerva ma sœur.


« Oh euuuuh… »


Je souriais, mais je savais que cela n’arrangerait pas ma situation.


« Tu t’en bats les couilles, en fait ? Si on le fait, c'est pour que tu n’aies plus de souci avec le gang d’Ez. Surtout qu’ils sont une vingtaine. On fait pas le poids chacun de notre côté. » continua ma sœur.


« J’suis d’accord, vous en faites pas ! Mais… »


« Mais ? » demanda Ekko avec un geste de main comme pour m’encourager à continuer.


« Ez’ et quelques autres de son gang sont dans mon collège. Ils peuvent me chopper quand ils veulent. » 


« T’inquiète pas pour ça… »


Je la regardais et hochais la tête doucement.


« Ok. »


Cependant, le regard intensif de Claggor me faisait hausser un sourcil et je me tournais vers lui.


« Y’a un souci, Clag ? »


« Tu... Tu m’as l’air bizarre en ce moment...» 


Putain, ça se voyait tant que ça?!


« N... Non... Ça doit juste être le contrecoup du procès ? »


« Après autant de temps ? Deux semaines ça commence à faire… »


« Laisse là, elle a peut-être raison... Mais... Si par malheur tu nous mens...»  dit ma sœur.


« Non Vi... Elle nous ment. » assura mon petit ami.


Mes yeux s’écarquillèrent, c’est vrai qu’Ekko me connaissait davantage que ma grande sœur. Ayant passé plus de temps avec moi.


« Écoute, mon amour... J’ai rien voulu dire à Vi, je voulais t’en parler entre quatre yeux parce que j’avais peur de sa réaction. »


Je voyais Vi avoir la bouche mi-ouverte.


« Qu... Quoi ? »


« T’as pas remarqué ? Elle est tout le temps hors sujet. Elle nous écoute qu’à moitié. Quand je suis avec elle, elle a un sommeil de merde. Jusqu’à avoir fait une terreur nocturne chez moi qui a bien fait flipper tout le monde. T’as pas vu ? Elle se laisse aller pour un peu tout, elle est incapable de penser par elle-même sauf si c’est pour s’y perdre. »


Je voyais que Vi se retenait de… Pleurer ? Qu’est-ce que j’avais fait ? Étais-je vraiment ainsi ? Je ne m’en étais même pas rendu compte.


« Vi ! » s’exclama Claggor.


Je secouais la tête et voyais le poing de Vi en sang alors qu’elle grognait de rage. Je l’avais déjà vu frapper, oui, mais pas contre un mur et pas pour ce genre de choses. Je me jetai dans ses bras et la serrai fort dans mes bras. C’était ma faute, rien que ma faute, et je m’en voulais, ça oui. La lâchant, je prenais la parole d’une voix tremblante en fouillant dans mon sac.


« Attends je... Je vais te soigner ! J’ai ce qu’il faut ! »


Vi me regarda en haussant un sourcil.


« T’es sérieuse ? »


« Très sérieuse ! » répondit Ekko à ma place.


Il pouffa avec moi alors que je soignais ma grande sœur.


« C’est l’une des premières choses que j’ai su chez Jinx... Elle se bat tellement qu’elle a une trousse de soin sur elle en permanence. »


Vi soupirait.


« Pour le coup Vi t’as rien à dire… » répondit simplement Claggor au soupir de ma grande sœur.


Je soignais donc la main de ma sœur pendant que nous parlions de... Moi... Comme si je n’en avais pas assez avec le docteur Donovan... Docteur qui préférait que je l’appelle Silco d’ailleurs. Ils voulaient savoir ce qu’il m’arrivait en ce moment. Quoi ? Je ne le savais même pas moi-même ! Fais chier ! La discussion ne dura, du coup, pas bien longtemps. Il faudrait plus de séances avec Monsieur Donovan pour voir ce que j’avais. De mon point de vue, ce n’était rien d’autre qu’un petit traumatisme, seulement ce n’était pas ce que pensaient les autres, bwof... On verrait bien, pour être honnête je n’en avais que faire. Était-ce normal ? Je ne le savais pas et encore une fois, je m’en foutais royalement.


Après avoir parlé plus ou moins longtemps avec les autres, nous décidions de rentrer chacun de notre côté, enfin… Vi ne voulait pas me laisser rentrer seule, la raison ? Elle devait s’inquiéter, probablement. Pourtant, ce n’était pas ce que je cherchais à faire et je m’en voulais de les inquiéter. Je m’allumais une cigarette et regardais Vi marcher, les mains dans les poches de sa veste.


« J’suis désolée… » m’excusai-je.


« De quoi ? De nous mentir ? »


Son ton avait été sec et ça m’avait profondément fait mal, mais je l’avais cherché, n’est-ce pas ? Je me grattai l’arrière de la tête.


« Euh... Ou… Ouais… »



« Tu prends encore de la drogue ? »


« Non ! »


« Je peux te faire confiance ou je dois attendre de le dire devant Ekko ? Vu que je suis nulle pour te comprendre ? » me lança-t-elle d’un ton amer.


« Vi... Grande sœur... On vient de se retrouver, on savait même pas que l’une pour l’autre on existait... On doit prendre le temps de se connaître… »


J’entendais ma grande sœur grogner.


« T’as raison. » Son ton c’était cependant adouci. « Mais sache que je suis heureuse d’avoir une sœur comme toi.»


J’écarquillais les yeux, elle n’avait jamais dit ça auparavant. Vi n’était pas du genre à exprimer ce qu’elle pensait. Elle s'était davantage les actes. Et ce coup-ci... Je m’arrêtais et elle se tournait vers moi alors que je me jetais dans ses bras en pleurant.


« Hé… Jinx… » m’interpella-t-elle avant de me serrer fort contre elle.


« J’suis désolée ! J’te promets, j’suis désolée. »


Elle me caressait les cheveux doucement et embrassait le sommet de mon crâne doucement, ce qui m’apaisait vraiment.


« T’inquiète pas, sœurette… Tu vas t’en sortir, on va tout faire pour que tu t’en sortes, ok ?


La seule chose qu’elle pouvait entendre était un « oui » étouffé. Après qu’elle m’ait assez calmée, elle me raccompagna chez notre mère et lui demanda de faire attention en lui expliquant ce qu’il se passait. Du moins, c’est ce que j’entendis depuis ma chambre, à l’étage. J’entendis ensuite la porte se fermer et ma mère appeler... Le docteur Donovan. L’histoire allait se corser encore un peu plus et je n’étais pas sûre d’être prête pour tout ça.


Laisser un commentaire ?