Mes mémoires

Chapitre 23 : Confiance

1775 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a 5 mois

Un bon mois s’était passé depuis le début de mes séances avec le docteur Donovan. Au fur et à mesure que les séances passaient, je m’ouvrais un peu plus à lui, bien que certaines fois j’avais un mal fou à mettre les mots sur ce que je voulais dire. Pour l’instant, il m’avait mise sous anxiolytiques pour calmer mes angoisses. Seulement, j’avais eu quelques hallucinations visuelles comme auditives. Comment le savais-je ? Parce que les gens ne semblaient ni voir, ni entendre ce que je voyais et entendais. Que m’arrivait-il ? J’avais tellement honte de lui en parler, tellement honte d’en parler à tout le monde, en fait. Pourquoi ? Tout simplement parce que... Parce que c’était pas normal ! C’est pas normal d’avoir des hallucinations ! Je savais même pas pourquoi, et malgré tout, ce que je savais, c’était qu’en parler m’aiderait. Pourtant, pas pour l’instant, ça me faisait bien trop peur.


« Jinx ! Ptite sœur ! »

 

Je voyais la main de ma sœur s’agiter devant moi.

 

« T’es vraiment pas possible ! »

 

Pour une fois, ce n’était pas dit sur un ton sec, mais plutôt joyeux. Les autres avaient décidé de lâcher un peu de lest quant à ma santé mentale, se disant qu’avec mes séances chez le psy, tout s’arrangerait. Devais-je leur dire que j’avais aussi besoin d’eux ? Non. Je savais que ça allait les emmerder plus qu’autre chose… Enfin… C’était ce que je croyais. Eux ? Qu’en pensaient-ils ? Je n’en savais rien et j’avais trop peur de le savoir. Enfin bref, nous étions en train d’aller à la salle pour rejoindre des membres du gang de ma grande sœur, qui, à présent, faisait aussi partie des lucioles. Et j’allais connaître d’autres membres du gang de Vi. Lee Sin et Damian, un hybride bélier et enfin Cillian lui aussi hybride. Un hybride requin blanc et je devais avouer que ma thalassophobie n’aidait pas à le regarder. Mais après tout, ce n’était qu’un hybride, il n’avait que les branchies et les yeux d’un requin… Bien, la carrure aussi, mais qu'importe. Aujourd'hui, il n’y aurait que des membres du gang de ma sœur, voulant en quelque sorte m’introduire dans la fusion. Car si les membres de Ekko et Vi se connaissaient, ce n’était pas mon cas. Au bout de plusieurs échanges de coups sur le ring et quelques bonnes parties de rigolade, nous avions décidé de faire une pause et allions dans les gradins avec nos serviettes et nos gourdes.


« Tu te bats plutôt bien pour une gamine ! » Ricana Lee sin.

 

Un grognement s’était échappé d’entre mes lèvres.


« Évite de l’appeler comme ça. Elle supporte pas sauf quand c’est moi ou Ekko. »


« Ta gueule ! » Disais-je en me recoiffant, mais ayant un petit sourire en coin.

 

« Y’a du favoritisme quand même ! » dit Cillian en ricanant avec moi, puis je répondis.

 


« Peut-être quand vous me connaîtrez mieux ! »

 

Ils ricanèrent tous à leur tour et cela me fit sourire. Ça me changeait les idées aussi. De toute façon, m'entraîner, me battre me changeait toujours les idées. Et au bout d’une bonne heure de plus, nous nous arrêtions pour aller manger tous ensemble. À la pizzeria que je proposais toujours, cela me rappelait ma rencontre avec Ekko même si j’y allais bien avant. Ça me rappelait aussi le jour où j’avais vu ma grande sœur pour la première fois. Nous en avions parlé il y a peu. Elle m’avait expliqué qu’elle m’avait trouvée pathétique de me prendre un sac de frappe et moi, je lui avais simplement répondu qu’elle avait l’air d’être une connasse, ce qui nous avait bien fait rire. À présent, nous ne pensions plus ça du tout.

 

Une fois tous installés avec nos pizzas, nous discutions d’une mission dont je n’avais pas entendu parler.  Mon petit ami et ma sœur voulaient-ils me laisser en plan ? Je les regardais tour à tour avec les sourcils froncés.


« J’étais censé être au courant ou vous avez fait une bourde ? »

 

Vi me pinçait la joue. Et je me la frottai.


« Justement, on t’a fait venir aujourd’hui pour ça. C’est pas vraiment une mission, mais plutôt un jeu ? Si je puis dire… On va racketter les riches. Ils devraient être dans un karaoké pas loin demain. Ils y vont tous les vendredis, on pourra les choper là-bas. Ils seront quatre, mais qu’un seul mec, plutôt baraque, mais plutôt con d’après Claggor.


« Ok... J’en suis… » dis-je sans perdre de temps, un air ravi peint sur mon visage.


« Nickel ! Il y aura Vi, toi et moi. Pas besoin d’être beaucoup. »


« Ça me va. On se rejoint où ? » demandai-je.

 

« Je passe te chercher à vingt heures chez toi. »

 

« D’accord… » 

 

Suite à cela nous recommencions à parler comme si de rien n’était. Une fois nos pizzas terminées, nous sortions et chacun prit leurs paquets de clopes, sauf Damian qui restait en retrait, considérant la clope comme une drogue de merde. Bizarrement, je le trouvais bien doux pour un membre de gang… Évidemment, les apparences étaient trompeuses et cela pouvait le rendre encore plus dangereux et imprévisible. J’avais plutôt hâte de voir ce qu’il donnerait. Bien sûr, je m’étais frottée à lui sur le ring et il était costaud, malgré le fait que cela ne se voyait pas vraiment. Il était un peu comme moi, à vrai dire.

 

Mais le temps était venu pour nous de nous séparer et de rentrer chacun de notre côté. Pour une fois, ni Ekko, ni Vi ne me raccompagnaient et cela était tombé au mauvais moment. Pourquoi ? Tout simplement parce que, je l’entendais, cette voix, c’était Lizzy enfin c’est ce que je croyais. Les réactions étaient directes. Je me bouchais les oreilles et des larmes commençaient à couler le long de mes joues. Je commençais à courir à vive allure en bousculant bon nombre de passants qui ne comprenaient rien à ce qu’il se passait. Par chance, le fait de courir à une allure éreintante m’avait permis de rentrer chez moi plus rapidement et j’ouvrais la porte du duplex avant de la claquer derrière moi et de me laisser glisser contre celle-ci, les mains toujours sur mes oreilles, mes paupières fermées à m’en faire mal.

 

« Ta gueule ! Putain ta gueule ! » répétais-je

 

Et là… Plus rien. Plus aucune voix. Qu’est-ce qu’il m’arrivait au juste ?! Lorsque ma « crise » était finie, je me décidais à boire un grand verre de vodka et d’aller me doucher. Je savais que l’alcool ne m’aiderait pas, mais… Mes anxiolytiques ? Oui, pourquoi pas ? Qu’importe si j’avais pris de l’alcool avant, je voulais juste être détendue. Au moins un peu. J’en prenais quelques-uns et j'allais m’allonger un peu, m’endormant deux bonnes heures. Le temps que ma mère arrive.


« Jinx ?! »

 

J’arrivais dans les escaliers tout en me frottant les yeux.

 

« Coucou Mom’ »

 

« Tu t’es bien entraînée ? Je sais que tu préfères les faits maison, mais j’ai pris des lasagnes. »

 

J’avais un grand sourire à cette phrase.


« Génial ! Ça creuse la boxe ! Tu ne sais pas à quel point ! »

 

Je mettais la table tout en disant cela et ma mère ricanait.

 

« Mon boulot aussi, il creuse, tu sais ! »

 

« Oui, mais toi t’es pas en pleine croissance. »

 

« Touché ! » dit ma mère en ricanant.

 

Elle posait les lasagnes sur le repose-plat et prenait la spatule pour nous couper un morceau chacune. Voyant la fumée, je soufflais dessus pour la faire refroidir plus vite. Une fois assez refroidi, je prenais une grande bouchée et soupirais d’aise. Qu’est-ce que ça pouvait être bon !

 

« Je vais être jalouse… » déclara ma mère.


« Hm ? » fis-je ne pouvant ouvrir la bouche.

 

« On dirait que tu préfères ceux-là aux miens ou à ceux de ton père ! »

 

J’avalais quelques secondes plus tard.


« Mais non !!! D’ailleurs… Il a l’air de bien cuisiner, papa ! Les rares fois où j’ai mangé chez lui, c’était extra ! » 

 

« Oui, il cuisine super bien, c’est l’une des choses qui m’a plu chez lui en plus de sa beauté. »


« C’est vrai qu’il est beau... Dis-moi... Pourquoi tu l’as écoutée quand il t’a dit de partir ? »

 

Elle soupira.

 

« On vous l’a dit…... C’était d’un commun accord. J’ai beau savoir me défendre… Je n’aurais pas pu m’occuper de vous deux. Enfin... Vous trois. Ton père… Étant le plus costaud a préféré gérer ta sœur parce qu’elle était comme lui. »


« Une hybride ? » 

 

Ma mère hochait la tête doucement en fermant les yeux. Il était vrai qu’après coup, c’était le mieux à faire.


« Je pense que si vous ne nous l’aviez pas caché, on se serait mieux comporté. J’veux dire là, tu vois, y’a pas d’animosité, on en parle tranquillement. Si vous ne nous l’aviez jamais caché, je pense qu’on ne l’aurait pas aussi mal pris. On aurait peut-être attendu votre droit pour se voir. Donc, notre retour ici.»

 

« On s’en est rendu compte trop tard... Désolée ma fille. » s’excusa ma mère.

 

Je replongeais ma fourchette dans mon assiette et soupirais.


« Bref... C’est fait. On peut pas revenir en arrière, mais au moins on sait qu’on existe les uns pour les autres. »

 

Ma mère me souriait tendrement et je lui souriais en retour. Après avoir mangé je fumais ma clope à la fenêtre de ma chambre. L'air était encore un peu frais, mais ça me faisait du bien. J’avais tellement hâte d’être demain. Une mission grâce à la confiance de ma sœur... J’étais réellement heureuse et j’allais donc me coucher avec le sourire.




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