Mes mémoires

Chapitre 16 : La fin du cauchemar

1724 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 15/11/2024 16:53

La journée allait être une journée difficile et importante pour la vie de Mylo mais aussi la mienne. Je m’étais levée assez tôt pour aller me préparer. J’angoissais vraiment, d'autant plus que c’était moi qui avais fait le plan et non des professionnels. Ma mère avait jugé bon de me laisser faire, car je connaissais «le terrain». Cela me faisait plaisir qu’elle ait tant confiance en moi alors que je devais continuer à aller chez Lizzy et donc que je continuais à me droguer et à me scarifier. Mais elle savait aussi très bien que je ne pouvais pas cesser de la voir puis revenir comme une fleur pour avoir une dose, ce serait trop suspect, et cela toute l’équipe le savait. Avec ma mère, il y avait trois autres policiers et deux soignants, un pour Mylo et un pour moi, car j’avais prévenu que je devrais me faire du mal pour ne pas attirer l’attention. Le plan que j’avais mis en place était simple, avoir mon téléphone allumé en appel avec un numéro spécial qui était relié à une camionnette pour enregistrer l’échange et donner le code si je pouvais dire ça ainsi.

 

L’heure était venue pour moi d’aller chez Lizzy. Il était tôt et le temps était plutôt frais, donc cela ne paraissait pas suspect que je porte des vêtements large et chaud. Et puis, la jeune femme m’avait déjà vu habillé ainsi. Je pouvais ainsi mettre mon portable dans ma poche. J’étais déjà en lien avec les flics et ils n’attendaient à présent plus que le mot de la « libération », ce mot était un mot que j’employais quelques fois et qui amusait fortement la jeune femme. Ce soir, en revanche, il l’amuserait beaucoup moins… J’étais donc à la porte et tapais, elle m’accueillait en ouvrant grand ses bras et je la serrais fort contre moi. Allez ! C’était la dernière fois ! Mylo lui était déjà là et totalement défoncé. Ça me faisait tellement de mal de le voir comme ça... Si le crime n’était pas puni, elle serait morte depuis bien longtemps ! Mais pas que par moi, je pense même que Vi voudrait s’en charger seule et je la comprenais.

 

Elle nous servait de l’alcool à tous et nous allions sur la terrasse sur les transats pour nous « amuser » tranquillement. À partir de là, je devais essayer de la faire parler le plus possible. Il fallait des preuves même si elle allait passer par la case interrogatoire. Je la regardais en lui souriant béatement, buvant doucement, je savais qu’il fallait que je reste plus ou moins clean donc boire doucement. Je lui posais donc beaucoup de questions, entre autres depuis combien de temps, elle se droguait, depuis quand elle était fournisseuse. Et apparemment, elle faisait ça depuis un moment, huit ans exactement, elle n’était pas une baronne de la drogue loin de là, mais elle avait un petit réseau. La discussion allait bon train, mais je ne savais pas quand lui demander une autre dose. Évidemment, je ne la voulais pas, j’étais bien ainsi et je ne devais surtout pas en reprendre une. Je devais aussi dire le mot codé avant que Mylo n’en prenne trop. Il en était déjà à la seconde pilule et même s’il en avait déjà pris plus, je ne voulais pas qu’on le ramène dans un brancard à l’hôpital. Comme quelques fois, nous mélangions l’alcool, la devil’s tongue et un petit joint. Je n’en avais pas envie, mais lorsque je sentais son regard sur moi, je me sentais obligée de fumer et de boire. Boire ne me dérangeait pas, mais fumer de la drogue ? Un peu plus, je n’aimais pas particulièrement ça, mais elle avait tellement de force de persuasion que je ne pouvais faire que consommer. Je regardais ma montre après un moment, il était venu le temps de stopper cette mascarade !


« Pourquoi tu regardes ta montre ? Tu dois pas dormir ici ce soir ? » me questionna-t-elle en haussant un sourcil.

 

« Si, mais je me disais qu’un bonbon de plus ne me ferait pas de mal… »

 

Elle ricana et se leva en me caressant l’épaule, partant dans sa chambre. À ce moment-là, il n’y avait plus qu’à attendre l’équipe d’intervention. Elle n’était pas bien loin alors cela n’allait pas prendre longtemps. J’entendais, quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrir dans un grand fracas. Ils étaient enfin là et je me levai, Mylo, lui, tournait la tête, les yeux grand ouverts sous l’effet de la surprise. L’un des flics allait chercher Lizzy qui avait essayé de sortir par l’une des portes fenêtres tandis qu’un second lui passait les menottes sans aucune once de délicatesse.

 

« Vous me faites mal ! Bande de brutes ! Qu’est-ce que vous faites ?! J’ai rien fait de mal ! »

 

Ma mère, elle, était arrivée en courant vers moi, me prenant le visage, le caressant et m’embrassant sur le front.

 

« Maman ! Les ambulanciers ! »


« Bien sûr ! » 

 

Ils n’avaient pas attendu et étaient aux côtés de Mylo qui était, lui, en moins « bonne » forme que moi. Si, moi, j'étais presque hors de danger malgré mes blessures qui continuaient de saigner, ce n’était pas le cas de My’ qui avait ingéré plus de drogue que moi. Et il s’était blessé bien plus que moi. Pendant que Mylo était soigné, silencieux, je le regardais.


« Il fait ça depuis longtemps ? »


« Apparemment, elle est réapparue dans sa vie il y a plusieurs semaines… »

 

« Ne t’en fais pas… C’est une victime, on l’a bien entendu ce soir et je pense que Lizzy ne s’en tirera pas comme ça. »

 

Du coin de l’œil, je la voyais se faire embarquer, elle me regardait avec un regard inquisiteur, comme si elle venait de comprendre la supercherie en me voyant parler avec ma mère. Je savais qu’elle pouvait nous entendre. La chose que je me demandais à présent était : est-ce qu’elle allait tout déballer ou nier en bloc. Je pariais sur la seconde option, après tout, elle semblait être une menteuse hors pair. J’étais ensuite conduite vers l’ambulance pour me faire soigner à mon tour. Ce n’était presque que des égratignures, mais il fallait tout de même les soigner. Nous allions ensuite à l’hôpital, là où attendaient les parents de Mylo. Ses parents étaient en pleurs, ils ne se doutaient pas à quel point leur enfant était en détresse, ils l’avaient serré fort dans leur bras en faisant attention aux siens. Ses parents avaient un sac avec eux, car mon ami partait le soir même en centre de désintoxication. Quant à moi, je rentrais à la maison avec ma mère où attendaient Vander et Vi. Et cela m’avait effrayé lorsque je les avais vus. Je ne pensais pas que j’allais devoir faire face à eux. Je baissais les yeux, un silence lourd s’était installé jusqu’à ce que des bras forts m’enveloppent.


« Allé, vient là… Tout est fini. Personne ne t’en veut, promis. » m’assura mon père d’une voix chaude et douce.

 

Je pleurais silencieusement dans les bras de mon père. Après l’avoir enlacé un bon moment, je l'embrassais sur la joue pour la toute première fois et faisait de même avec ma mère. Je me retournais vers Vi qui n’avait rien dit, je la regardais d’un regard triste.

 

« Viens, on va dormir. »

 

Elle me souriait tristement comme pour répondre à mon regard et me tendait la main. Je la lui prenais et nous montions dans ma chambre tandis que mes parents allaient dans celle de ma mère. Une fois au lit, Vi me prit dans ses bras.


« Tu as mal ? » s’inquiéta ma sœur.


« Un peu… Mais je cicatrise vite ne t’en fais pas. »

 

Elle m’embrassa sur le front et je soupirai d’aise.


« Ça va aller t’en fais pas. » lui assurai-je.

 

« Je sais, mais t’aurais jamais dû faire ça... Je suis bien plus forte que toi… et… Et si t’es accro sans le savoir ? »

 

« Tu n’as pas confiance en moi ? Écoute Lizzy te connaissait, tu n’aurais rien pu faire… »

 

Elle soupirait, elle savait que j’avais raison.


« Bien sûr que j’ai confiance en toi ptite sœur… Tu es même l’une des rares en qui j’ai confiance. »

 

« Merci… »


« Allez dors, demain va être une grosse journée. »

 

Nous nous endormions donc toutes les deux. Étant extrêmement fatiguée de cette soirée, je m’étais assoupie assez vite. Le lendemain, le réveil était un peu difficile et je me réveillais en panique, étant seule dans le lit. J’avais rêvé de la soirée d’hier ? Vander et Vi n’étaient jamais venus dormir là ? Je regardais mon flanc et constatais que j’avais de nouvelles plaies. J’entendais ensuite des bruits au rez-de-chaussée et courrais dans les escaliers en manquant de tomber.


« Jinx !? Ça va pas ? On voulait te réveiller un peu plus tard! » s’inquiéta ma mère.

 

Je soupirais de soulagement.

 

« Ou… Oui, ça va, ne t’en fais pas, j’ai plus sommeil… »

 

Mensonge. Mais j’avais aussi très faim.


« Je vais prendre un cappuccino et des céréales. »


« Le cappuccino est prêt ma fille. » me dit-elle avec un sourire.

 

« Merci mom’. »


« Il faudra aller te préparer ensuite, on va au commissariat pour interroger Lizzy. Tu devras ensuite témoigner toi. Mylo le fera en dernier. »

 

Je hochais la tête et allais vers la fenêtre que j’ouvrais pour prendre une cigarette et l’allumer, portant mon cappuccino dans l’autre main.




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