Mes mémoires
Malheureusement, le charme de cette jeune femme avait aussi opéré sur moi. J’étais devenue la proie d’un serpent me comprimant la poitrine. Je retournais souvent chez elle où je voyais Mylo quelques fois. J’allais chez Lizzy de plus en plus de mon plein gré, j’avais succombé à son charme. Mes prises de drogues et les scarifications qu’elle m’infligeait ne s’arrêtaient donc pas. Pendant bien quatre jours, ça semblait peu, mais c’était, en réalité, énorme. Cependant, je le cherchais peut-être ? Peut-être était-ce de ma faute si je faisais ça ? Parce que je m’étais jetée dans la gueule du loup. Je m’étais accoutumée à voir son masque de fausseté, son sourire factice pour mieux appâter ses proies et là, la proie n’était autre que moi ! Au final, dans cette « enquête », j’avais tout foiré, enfin, j’avais retrouvé Mylo et constaté qu’il s’était bien remis en couple avec Lizzy et que donc, il se droguait et se scarifiait de nouveau. Il aurait fallu que j’en parle plus tôt, mais je m’étais déjà laissé avoir. Non, je n’étais pas réellement addict, mais si cela continuait quelques semaines, je ne donnais pas cher de ma peau. Je me contentais toujours d’une à deux pilules bien qu’elle m’en proposait toujours plusieurs. S’il y avait bien quelque chose dans laquelle je ne voulais pas tomber, c’était la drogue... De plus, je risquais aussi ma vie à cause de mon épilepsie, je savais que cette maladie et cette drogue en particulier ne faisaient pas bon ménage...
C’est après une journée que j’avais passée chez Lizzy que je rentrai chez moi. Ma mère travaillait jusque tard en ce moment et je ne savais pas si je dormirais déjà ou pas lorsqu’elle rentrerait. Nous ne nous voyons pas beaucoup en ce moment. La faute à ses horaires et à mes rendez-vous chez Lizzy, mais ça, elle ne s’en doutait pas. Elle savait que durant les vacances, je bougeais souvent. Enfin, je rentrai chez moi tranquillement et là, je tombais nez à nez avec Ekko et Vi. Merde, j'étais défoncée ! Et j’avais oublié que Vi avait désormais les clés de chez moi tout comme j’avais les siennes.
« Mon amour faut qu’on parle… » dit-il d’un ton inquiet et… Déçu ?
« J’suis un peu fatiguée l...»
Vi me coupa la parole agressivement.
« JINX ! Maintenant ta gueule et écoute-nous... OK ? Assieds-toi je nous fais des cafés, mais... Tu veux peut-être une dose ? »
« Une do... Quoi ? De quoi tu parles ? » Comment étaient-ils au courant ?
Vi était dans la cuisine et faisait couler trois cafés, au bruit de la machine.
« Explique-lui Ekko… »
« Jinx… » Il soupira et secoua la tête, l’air triste.
« On sait à quoi Lizzy ressemble... Et on t’a vu partir avec elle plusieurs fois... Tu te drogues avec elle et My’ ? »
Pendant que je voyais Vi revenir avec un plateau et les cafés, je commençais à paniquer. Bien sûr, je devais m’en douter… Mais j’avais fait la conne, je le savais.
« Donc maintenant, ptite sœur... C’est à toi de tout raconter ! »
« OK ! Oui j’me drogue ! Mais je voulais pas laisser tomber My’ ! Je voulais l’ai… »
« Mais t’es malade, bordel ! » s’exclamèrent en même temps ma sœur et mon petit ami.
« On aurait pu s’en sortir sans ça ! »
« Je voulais que ma mère arrête Lizzy avec des preuves concrètes... Et... En flagrant délit. Je dois être là quand elle débarquera pour nous sortir tous les deux de là. »
« C’est quoi ce plan de merde ? » rétorqua ma sœur.
« Vi tu l’as dit toi-même. Je suis le cerveau, toi les muscles… » essayais-je de me déculpabiliser.
« Non, son plan tient la route Vi... Faut juste qu’ils soient plusieurs. Ta sœur a déjà fait une mission et élaboré un plan pour celle-ci et ça n'a jamais aussi bien fonctionné, j't’assure... Ta sœur est vraiment douée. Elle est une très bonne taupe et se faufile partout où il faut et avec précision. Elle mord au bon endroit à chaque fois… »
Vi buvait son café en écoutant et moi aussi, heureuse de savoir que mon petit ami prenait ma défense.
« Sauf que là, elle est accro, tu parles d’une mission réussie ! »
« J’suis pas accro grande sœur, je te promets. Elle m’a toujours proposé plusieurs pilules d’affilée et je me suis toujours arrêté à deux. J’suis pas totalement conne, mais… »
Je me triturais les doigts et entendais Vi souffler.
« Ok, ok... Elle nous pousse à nous couper. La première fois, elle te le fait, puis elle te dit de le faire et... Par quel moyen, j’en sais rien, probablement les effets de la drogue et son sourire, tu le fais... Moi elle m’a dit de continuer sur les côtes. La première fois où elle me l’a fait, elle m’a dit que Mylo n’en faisait qu’à sa tête et que c’était pour ça qu’il le faisait sur les bras.
« Montre… » demanda Ekko.
« De… De quoi ? »
J’écarquillais les yeux.
« T’as très bien compris ! Maintenant fais-le ! » s’exclama Vi.
Je soupirais en regardant mon petit ami et ma sœur tour à tour, leurs regards étaient partagés par de la rage, mais aussi une profonde peine. Je baissais les yeux et levais mon pull, dévoilant une vingtaine de cicatrices plus ou moins profondes. Je voyais du coin de l’œil Ekko ouvrir la bouche sans pouvoir dire un mot alors que Vi s'était levée et frappait dans le mur en grognant avant de revenir les yeux remplis de larmes. Vi ? Pleurer ? Je n’avais jamais vu ma sœur pleurer ! Tendre oui, mais pas exprimer d’aussi fortes émotions et même ! Je me demandais même si elle était capable de pleurer pour quelque chose ou quelqu’un. Elle qui était rebelle, sans cœur, haineuse envers le monde et les humains en particulier, elle qui aimait la violence… Non, elle avait bel et bien un cœur, un cœur couvert par de la roche pour se protéger, j’en concluais. Étant arrivée à côté de moi, je sentais ses bras musclés m’enserrer dans une étreinte qui avait bien duré une minute minimum alors qu’elle me chuchotait une phrase.
« S’il te plaît termine vite ton plan… Par pitié tombe pas dans son piège… »
Comment lui dire… J’étais déjà tombée dans son piège, sauf que… J’étais moins sensible et malléable que Mylo, ce que je n’aurais jamais cru. Enfin… Il fallait que je fasse vite pour eux, sinon ça allait vraiment empirer. C’était à ce moment-là que ma mère rentrait. La voyant, Vi me relâchait et essuyait ses larmes.
« Coucou, vous tr...Vi, tu pleures ? Qu'y a-il pour te mettre dans un tel état ? Ça doit vraiment être grave là ! » Dit ma mère d’un ton inquiet et grave.
Elle se rapprochait de nous, le temps était venu de tout déballer. J’allais m’en prendre plein la gueule, j’en avais conscience, mais l’amitié comptait bien plus qu’une paire de gifles. Nous racontions tout à ma mère qui, au contraire, fondait en larmes et me prenait dans ses bras. Je lui avais donc expliqué ce que je voulais faire et elle acquiesçait sans rechigner. L’opération allait se passer demain. Deux jours avant le Nouvel An, au moins on pourrait fêter ça... Enfin, je disais ça, mais je n’avais pas le moral à ça. En réalité, c’est que si je m’étais laissé tomber dans la drogue, c'était quelque part pour oublier mes petits tracas. Lorsqu'on faisait des choses plus graves, c'était ce qui arrivait. Alors non, je n’étais pas accro, mais une fois de temps à autre, ça ne me faisait pas de mal, enfin, ça dépendait du point de vue. Cependant, si moi j’en ressortais qu’avec des dizaines de cicatrices, ce n’était pas le cas de Mylo. Pour lui, tout était différent, lui devait aller en centre de désintox pour une durée indéterminée. Un centre de désintox suivi de près par un psy.
La soirée était passée assez vite, j’étais déconnectée pour être honnête. La faute à la drogue ? Peut-être... Il fallait vraiment que j’arrête cette cam’ de merde, il fallait que j’arrête de me détruire pour une mission, mais elle serait finie demain…