Mes mémoires
La fin des examens du premier trimestre faisait sonner les vacances de Noël. Malheureusement pour nous, surtout Clag, Ekko et Vi bien sûr. Mylo ne les avait pas passés. Il avait été absent plusieurs fois, voire tout le temps en fait. Il nous fuyait même, et nous ne pouvions rien faire face à sa détresse, car il ne demandait pas à être aidé, trop perdu dans son nuage toxique. Il était tenu en laisse physiquement et chimiquement. Je n’avais jamais vu Mylo aussi... Aussi... Je n’avais même pas les mots. Il fallait le sortir de là et vite, avant qu’il ne soit vraiment trop tard
Et par chance, un jour où je ne m’y attendais pas, je vis Mylo accompagné d’une charmante jeune femme. Sûrement cette Lizzy ! Il fallait que je l’aide, il n'avait pas l’air clean en marchant ! J’avançais à toute vitesse et allais à sa rencontre.
« Hey My’ ! Comment ça va ? Coucou, vous êtes ? » dis-je toute enjouée pour faire la donne.
« Je suis la petite amie de Mylo et toi ? »
« Je suis une amie… Je suis contente de te voir depuis le temps, j’espère que ça va pour toi. Je suis pas trop en forme, alors voir un visage amical, c'est cool ! »
Il fallait que je me fasse passer pour une faible, oui, il le fallait. Je devais savoir ce qu’il se passait avec Mylo. Pour l’aider du mieux que je le pouvais, même si les autres n’étaient pas d’accord pour que je m’occupe de cette situation aussi grave ! Mylo me regardait d’un regard vide, pupilles réduites à l’extrême, transpirant... La devil’s tongue faisaient-elle toujours effet ? Où peut-être était-ce autre chose ?
« Oh ? Pourquoi ça va pas gamine ? »
Ah ce qui n’allait pas… Je ne pouvais pas parler de Vi, elle se connaissait alors... De ma mère ? Je soupirai et chassai l’air d’une main.
« Ma mère qui me rend folle. J’aimerais qu’elle me laisse tranquille des fois. Qu’elle me lâche un peu. »
Je voyais l’incompréhension dans le regard de Mylo alors que Lizzy se mettait à sourire. Ce sourire... Il était malsain ! Comment Mylo avait pu tomber amoureux d’une fille comme elle ? Aussi fausse et hypocrite, comme l’avait dit Vi. Ah ça oui, elle en avait du charisme, mais... C’était ainsi pour tous les pervers narcissiques. Ces gens qui vous faisaient vivre un enfer. Qui vous enfermaient dans une bulle de douleur qui vous manipulaient le cerveau à tel point qu’ils mangeaient votre énergie vitale. Des vampires de l’âme à défaut du corps. Les pervers narcissiques qui vous font plonger dans les abysses du désespoir, dans le chaos de l’esprit, en pleine explosion. Non... Ça sentait pas bon, pas bon du tout même. Il fallait que j’aide Mylo ! Quitte à me faire engueuler par ma sœur et Ekko… J’avais deux semaines entre Noël et Nouvel An pour le tirer de ce merdier, pour l’arracher des griffes de ce bourreau.
« On allait manger avec My’ si ça te tente ? Y’a un snack dans une rue près du lycée. »
Près du lycée ? Je pesais le pour et le contre. C’était difficile de faire comme choix. Claggor, Vi ou encore Ekko pouvaient nous reconnaître. Bon ! Il fallait tenter ! Y aller au culot.
« Ça me va, j'ai la dalle ! Je suis pas rentrée chez moi hier… »
Mensonge. J’étais avec ma famille au complet, mais ça elle ne pouvait pas le savoir. Nous commencions donc notre marche et je zieutais parfois Mylo qui ne disait rien, mais se tenait comme d’habitude avec… Des bandes aux bras. Il s’était scarifié ? Je fronçais les sourcils alors que Lizzy prenait la parole.
« C’est moi qui offre, je travaille alors que vous vous êtes au lycée encore. »
« Non collège pour ma part... J’ai quatorze et toi ? »
Elle me souriait de plus belle.
« Vingt-trois ans. C’est vrai que ta mère a plus ou moins raison d’essayer de te faire aller dans le bon chemin, si je puis dire. »
Détournement de mineur, ma mère allait adorer ! Parce que oui, je comptais tout raconter à ma mère qui traquait ce genre de personne. Et en plus, elle le forçait à se droguer... Le juge ne serait pas très clément, pas du tout même. Mais il me fallait des preuves, je devais donc faire ma taupe, tout comme Johnny l’avait fait avec notre gang. Et pour l’infiltration, je ne savais pas pourquoi, mais j’étais très douée ! Pour la première fois depuis une bonne heure environ, j'entendais la voix de Mylo, claire et presque joyeuse, il devait être redescendu.
« Tu dois te préparer pour tes exam non ? C’est peut-être pour ça que ta mère est plus dure avec toi, non ? »
« J’ai passé mes exam, je suis tranquille ! »
Je souriais en mangeant un bout de mon kebab. Une fois que j’avais fini de manger, nous nous levions pour sortir du snack et marcher en direction de... D'où ?
« Tu veux que je te raccompagne ou tu veux te détendre un peu chez moi ? »
Je répondais par la négative.
« Non si je pouvais m’évader un peu, ce serait top… »
Lizzy ricana et prit de nouveau la parole.
« T’inquiète pas, j’ai de quoi te détendre. »
Je souriais béatement pour laisser le « charme » opérer. J’étais sûre et certaine qu’elle parlait de drogue. Nous prenions le bus pour nous mener très loin au sud de la ville, dans un lotissement bien tenu. Elle habitait aussi une très belle petite maison. Je ne savais pas quel était son métier, mais elle devait bien gagner sa vie. C’était donc bouche bée que je pénétrais dans la maison très futuriste comparée à son extérieur.
« Légation de mes parents, ils ont déménagé dans une autre ville et ne voulaient pas laisser cette maison à quelqu’un d’autre que moi… Fait comme chez toi, juste… Enlève tes chaussures à l’entrée.
« Oui, j'ai l’habitude t’en fais pas. »
« Tu vas voir, on va bien se détendre. » dit Mylo, l’air heureux.
« En se droguant ? » chuchotai-je à Mylo pendant que Lizzy était à l’intérieur.
My’ se grattait l’arrière de la tête avant de répondre.
« Euh ouais… Mais t’inquiète, ça rend pas dépendant si t’en abuses pas. »
« My’ tu déconnes ! Ils m’ont tout raconté ! » dis-je toujours en chuchotant, seulement, je n’avais pas le temps de continuer que Lizzy revenait déjà avec un pochon et des… pilules ? Sûrement pour ça que la drogue s’appelait devil’s tongue.
« T’as déjà goûté ? Mon chéri à l’habitude, mais si t’es débutante je t’en donnerai qu’une seule, ce sera bien suffisant.
Oui ! Et je ne voulais pas finir accro pour une « enquête » ? Putain dans quel bordel je m’étais fourrée encore moi ? Enfin, chose positive : j’avais retrouvé la trace de notre ami. Je secouais tout de même la tête en réponse à la question de la jeune femme.
« Allez viens, on va se mettre sur les transats tous les trois pour être pénard ! Tu dormiras là ce soir. »
« Ok ! » dis-je en souriant
Une fois que nous étions assis tous les trois, cette connasse faisait la distribution des pilules. Elle me passait une bière pour que je fasse passer le tout. Je devais avouer que le goût était plutôt bon, légèrement sucré et acidulé à la fois malgré le goût de la bière.
« Je peux fumer ? »
« Bien sûr, chérinette… »
Chérinette… Je t’en foutrai des chérinettes… Et alors que je fumais ma clope sur la terrasse.
« Wow ! »
« Tu sens Jinx ? C’est cool hein ! » s’enjoua Mylo. Et j’avouais que je pouvais le comprendre.
« Putain grave ! »
« Tu veux un autre jeu amusant ? »
« Hm ? Quoi ? » me retournai-je vers elle en la questionnant.
« Avec la devil’s tongue, tu ressens quasiment pas la douleur. Tu veux tenter ? »
« Ok ! »
Elle allait donc chercher un couteau et revenait pour me couper légèrement. Dans quoi je m’étais embarqué au final ? Il fallait que ce jeu se stoppe au plus vite, mais aussi que je ne tombe pas dans le piège de cette perverse, sinon je ne m’en remettrais certainement pas ou oui, mais avec des traumas. Par chance, je n’en avais jamais eu, même pour mon agression et je ne voulais pas que ça commence. Je la voyais revenir avec le couteau et elle me demandait de me mettre dans le transat avec les côtes en évidence. Les côtes ? Pourquoi ? Elle semblait avoir vu mon regard troublé et ouvrait la bouche.
« C’est pour éviter que tout le monde voit. Mylo n’en fait qu’à sa tête lui… » expliqua Lizzy en soupirant
Et elle commençait à me couper. Une fois, deux fois, trois fois et bien plus encore, serrant les dents. Lorsqu’elle voyait que la douleur s’emparait de moi, elle s’arrêta.
« Attends, je vais te nettoyer et te mettre une compresse. »
Après ça, nous avions beaucoup parlé et nous étions drogués un peu plus. Aussi, pour être honnête, j'avais très mal vécu la redescente, mais je n’avais rien dit, m’emmitouflant dans les draps que m’avait donné Lizzy pour rester dehors. Je transpirais, mais j'avais tout de même froid. Je me disais ensuite qu’il fallait que je rentre, que je ne pouvais pas rester dans cette maison de malheur. J’avais une idée en tête, mais peut-être dure à mettre en place. Le lendemain, après avoir mangé avec la jeune femme et Mylo, je décidais de partir en marquant bien l’adresse sur mon portable.