Mes mémoires

Chapitre 9 : Retrouvailles

1586 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 19/09/2024 12:05

Je ne savais pas combien de temps, j'étais restée inconsciente. Combien de temps avais-je passé à me prendre des coups ? Des brûlures ? Des seaux d’eau glacée sur le corps ? Je n’en savais strictement rien, je me souvenais juste de la douleur. Des mots de Vi aussi. Pourquoi avait-elle dit à Ekko de faire attention à moi ? Après tout, elle n’aimait pas les humains. Pourquoi cela aurait-il changé avec moi en si peu de temps ? Je savais qu’avec mon petit ami la confiance avait mis du temps à se faire, alors pourquoi cela se serait-ce passé différemment avec moi ? Avais-je quelque chose de spécial pour qu’elle soit gentille, sans l’être trop ? Je dirais plus protectrice, mais… Pourquoi ? Cela me faisait plaisir dans un sens, car j’avais vu en elle son côté « doux », si je pouvais dire ça ainsi. Évidemment, elle n’en restait pas moins quelqu’un d’extrêmement violent mais elle avait tout de même ses qualités. Comme être impliquée dans son gang et ne jamais les laisser dans la merde, par exemple. Ça, c'était sûr : on pouvait compter sur elle. J’aimais ce genre de personne. C’était peut-être pour ça que j’appréciais le fait qu’elle se préoccupait de moi.

 

La douleur était toujours présente, mais beaucoup moins qu’auparavant. Je me rappelais très clairement des gyrophares de l’ambulance, je sentais le sang couler des pores de ma peau. Ce liquide chaud, poisseux… Une sensation que je n’aimais pas du tout et que je n’espérais jamais plus ressentir. Cependant, cela n'allait être qu’un souhait, une pensée vaine, étant donné que je faisais à présent partie d’un gang. Oh bien sûr, je m’étais battue déjà à maintes et maintes reprises, donc j’avais l’habitude, mais là… Ce n’était pas qu’une simple bagarre, non, là, c'était presque de la torture. Vouloir me laisser de force éveiller et me réveiller lorsque je m’endormais. J’entendais aussi et je sentais les liens me coupant la peau parce qu’ils étaient trop serrés. Et à part le goût du sang dans la bouche qui se mêlait à ma salive, j’avais seulement mes yeux bandés. Et, dans le fond, je crois que c’était ça le pire. À présent, je ne ressentais plus vraiment ça, on pouvait même dire que j’étais sur un nuage fluffy… Cotonneux. J’étais sûrement sous morphine ou un autre anesthésiant. C’était à un point où je ne ressentais plus mon corps. Ouais, je sentais une pression lorsqu’on me touchait, mais c’était tout, comme si on m’effleurait avec tendresse.

 

Malgré mon état d’inconscience, je pouvais entendre un pied qui bougeait, un talon qui frappait imperceptiblement contre le sol ? Ma mère ? Non, elle serait plus du genre à me tenir la main, ce devait donc être Ekko. Je savais qu’il avait voulu que je fasse attention, et finalement… J’étais restée sans donner de mes nouvelles depuis des jours entiers. J’allais sûrement avoir une engueulade de ma mère et Ekko. Mais si mon petit ami était au courant de cette histoire. Qu’il savait que c’était un membre de gang qui m’avait fait ça… Ce n’était pas la même pour ma mère. La plus simple des réponses serait : je ne sais pas, mais est-ce qu’elle y croirait ? Elle devrait certainement s’en contenter… C’est ce que je pensais du moins. En tout cas, je commençais à sortir de ma torpeur, lentement, mais sûrement. Aussi, si j’avais bien entendu les paroles de Vi avant de perdre connaissance, je m’attendais à ce qu’elle s’énerve contre moi. Je ne l’espérais pas, je commençais véritablement à m’attacher à elle. Même avec le fait qu’elle était une personne violente et à vrai dire… Même moi, je pouvais l’être, je cachais juste bien ce côté, ce qui me frustrait. C’était pour ça que je faisais de la boxe, entre autres et c’était aussi pourquoi j’avais failli mettre KO Johnny. Et sans les autres, j’aurais pu être bien plus cruelle, mais… Je ne montrais que très peu cette partie de moi. J’étais déjà assez voyante pour qu’en plus on me remarque par ma violence et ma délinquance. Non, pour ça, j’étais dans les cases. Même pour les cours, j’étais l’une des premières dans la classe.  M’enfin bon, j’arrivais enfin à entendre un bruit distinct. Mon prénom, puis… Une caresse. Et cette voix, je la reconnaissais, c’était bel et bien ma mère. Cependant, une chose me titillait. Elle s’adressait à Vi.

 

« Tu es encore plus belle qu’en photo… Vi. » Dit Angelina

  

« De quoi ? » s'étonna la demie louve.

 

J’ouvrais les yeux d’un coup, alors Vi était ma sœur ? C’est à ce moment-là que quelqu’un tapait à la porte, ma mère lui disant d’entrer dans la chambre et là… J’écarquillais les yeux, un homme super costaud et qui devait faire bien deux mètres de haut était rentré dans la pièce. Je les regardais tous les trois alors que Vi prenait la parole.

  

« C'est quoi ça ? Une putain de réunion de famille ? » grogna Vi.

 

Elle fut suivie par moi-même.

 

« Alors? On a enfin pris ses ovaires. »

 

« Jinx ! » s'exclama ma mère.

 

« Hé bien… Elles ont un caractère identique à ceux de deux sœurs. » Dit Vander en ricanant.

 

« C’est pas drôle! Nan mais sérieux ! Fallait que je passe à la limite de la mort pour que vous vous disiez « Hey et si on se réunissait une fois pour toutes ? » » 

 

Ma mère allait prendre la parole, mais Vander mettait sa main en travers et commençait à parler, une voix douce malgré son gabarit, une voix d’homme posé et de relativement philosophe sur tout ce qui nous entourait.


« Ne t’en prends pas à ta mère s’il te plaît… C’était une idée de moi… Je ne voulais pas que tu subisses ce que ta mère a enduré en étant une humaine mariée avec un hybride et ayant une enfant hybride aussi. »

 

« Ah ouais ?! Alors j’étais pas voulue ? Vous auriez voulu un humain dès le départ ? C’est bon, la réunion s’arrête là pour moi ! » S’exclama Vi en montrant la porte du doigt et en se retournant pour partir.

 

Mais lorsqu’elle allait partir, je sentis soudainement mes oreilles bourdonner. Je ne savais pas vraiment ce qu’il se passait, je me bloquais, contractant mes muscles. Mon corps ne m’appartenait plus et avec mes blessures, cela me faisait encore plus mal, ces crispations. Je sentais mon cou se tourner sans que je le veuille. Je voulais dire quelque chose, mais à la place, un cri presque inhumain sortait de ma bouche. Puis… Plus rien, j’avais juste entendu ma famille hurler mon prénom et je sombrais de nouveau dans l’inconscience, le corps encore plus enfoncé dans la douleur.

 

Que s'était-il passé au juste ? Je ne le savais pas, je voulais que le médecin me l’explique, ce qui me poussait à ouvrir plus vite les yeux, à revenir parmi le réel. Et puis, j’avais ce goût de sang dans la bouche, j’avais mal à l’intérieur de mes joues. Le médecin était enfin là et je le regardais alors qu’il avait porte bloc notes avec des fiches d’examens dessus. J'en déduisis, car il se raclait la gorge.

 

« Bon ça va !? Vous allez nous dire ce qu’a fait ma petite sœur ?! » Vi avait dit ça avec un ton que je ne lui connaissais pas, un ton empreint d’inquiétude.

 

« Oui, une seconde mademoiselle… » Exprima tranquillement le médecin.

 

« Non j’attendrai pas, elle nous a fait quoi là ? C’était une crise de quoi ?! »

 

L’homme toussota et prit une feuille volante.

 

« Votre fille a fait une crise d’épilepsie tonicoclonique. »


« Comment ça, mais… Elle n’en a jamais fait auparavant pourtant… » s'inquiéta ma mère.

 

« C’est quoi ça : tonico j’sais pas quoi ? » Dit Vi d’un ton agressif.

 

« Chez la personne épileptique, la maladie peut rester endormie jusqu’à ce qu’il y ait un gros événement qui la réveille. Dites-moi Madame, Monsieur.. Votre fille fait-elle des absences ? C'est-à-dire qu’elle se bloque en fixant le vide et en arrêtant toute activité. Cela ne dure que quelques secondes. »

 

« Oui, mais… Je ne trouvais pas ça réellement bizarre, ma fille est très rêveuse. »


« En réalité, c'est un signe avant-coureur. »

 

« Elle aura juste besoin de prendre un traitement, donc ? » Questionna mon père.

 

« Oui, et de faire des électroencéphalogrammes, surtout pendant la mise en place du traitement. Cela peut prendre un certain temps. » Expliqua le médecin.

 

Je soupirais et baissais les yeux alors que le médecin partait de la chambre. Comme si ça ne suffisait pas…


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