Histoires colorées de l'île Panorama
Gentil tyran
Beaucoup de résidents s’étaient plaints du comportement de Tom Nook depuis leur arrivée sur l’île. Certains l’avaient accusé coupable d’arnaques, notamment en ce qui concernait les prêts qu’il proposait concernant les maisons. C’était même là la majeure source du mécontentement de la plupart des résidents.
Alors une sorte de groupe s’était formé, et avait décidé de rendre justice par lui-même. À sa tête, plus par obligation que par choix, se trouvait la déléguée insulaire. Bien qu’elle ne partageât pas les mêmes opinions que ses suiveurs, elle se devait de réunir leurs voix pour exprimer au mieux ces idées multiples.
À sa suite, on trouvait donc Napoléon et Reynald, qui scandaient de nombreux slogans comme « Viverrin, tu sers à rien ! », ou encore « Tom Nook, tu vaux pas mieux qu’un plouc ! » – mais ces idées venaient d’eux, et n’étaient approuvées par aucun des autres animaux ; ils réfléchissaient plus avec leurs muscles dorsaux qu’avec leurs cerveaux –, puis Kitty la chatte se plaignait d’un prêt bien trop conséquent qu’elle ne saurait rembourser avant de devenir vieille et croulante – cette simple idée la répugnait – comme une grand-mère. Cachou la soutenait dans ses propos, et se plaignait du prix des factures d’électricité et d’eau qui rendaient chaque fin de mois difficile. Et Moktar ajoutait à cela que les ponts étaient mieux entretenus que les dalles devant sa porte d’entrée.
Ils défilèrent sur l’île, tapant du pied et soulevant des pancartes, et pour les deux sportifs de l’île, scandant les slogans presque révolutionnaires, jusqu’à se retrouver devant le bureau des résidents, où leurs voix trouvèrent une harmonie parfaite pour exprimer leur mécontentement. À l’intérieur, Tom Nook et Marie se regardaient avec incompréhension, alternant entre inquiétude et dédain total.
Au cœur de toutes ces voix, s’en éleva une nouvelle ; celle d’un manchot empereur qui était là depuis les tous débuts ou presque de l’île, qui l’avait vue grandir et changer, et qui se sentait redevable envers l’un de ses pères fondateurs.
Sauf que, contrairement à ses voisins et camarades, elle ne s’opposait pas à Tom, bien au contraire.
« Mais vous avez tout faux, s’écria Aurore dans un élan de désespoir, désirant plus que tout leur ouvrir les yeux. Regardez les ponts, regardez vos maisons ! Si tout ça, ça a été construit, c’est grâce à lui ! »
Les autres la regardèrent avec surprise, comme s’ils avaient eu besoin de quelques secondes pour voir ce qu’elle entendait par là.
« Alors si vous voulez continuez à le considérer comme un tyran, voyez-le comme un gentil tyran ! »
Des cris d’approbations retentirent autour d’elle, et comme pour se faire pardonner de ces injustes accusations, il fut décidé d’organiser une grande fête en l’honneur de cet adorable chien viverrin, qui ne comprenait pas tout ce qui venait de se passer, mais qui s’en réjouissait malgré tout.
Au final, la méprise venait de la discrétion du pauvre Tom. Même s’il offrait des prêts aux taux inexistants, il faisait toujours de son mieux pour construire les aménagements au plus vite, et lorsqu’il y avait eu plus de dons que nécessaire, il reversait le surplus à des associations venant en aide aux orphelins.
Finalement, peu de choses pouvaient vous faire passer pour un tyran du monde financier.