Histoires colorées de l'île Panorama

Chapitre 15 : Harry Covert à l'école des fermiers

661 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/10/2020 14:31

Harry Covert à l'école des fermiers

Tout le monde sur l’île connaissait l’amour d’Aurore pour la littérature. On la trouvait toujours, par beau temps, assise sur sa chaise de fer dans son jardin, un énorme roman entre les pattes et une tisane brûlante non-loin de là à portée d’aile. Les jours de pluie et de fort vent, elle faisait la même chose, mais au chaud – ou au frais, c’était selon – dans sa maison. Sa bibliothèque débordait de livres en tous genres, du policier le plus sanglant jusqu’au livre d’images le plus innocent.

Sa réputation était telle que, lorsqu’il se mit quelque peu à la lecture, Reynald sut tout de suite avec qui il pouvait échanger. Ce fut tout plein de joie qu’il alla frapper à la porte de sa voisine, ne la trouvant pas dans son jardin – sûrement parce que des nuages menaçants s’amoncelaient dans le ciel – et qu’elle lui ouvrit, quoiqu’un peu surprise par sa visite. Lorsqu’il lui expliqua la raison de sa venue, elle fut d’abord étonnée qu’il ouvrît autre chose qu’un livre traitant de la musculation, mais l’accueillit avec un large sourire dans son antre.

« Il faut que tu me conseilles ! s’exclama-t-il une fois la porte d’entrée refermée derrière eux. J’ai envie de lire, mais je veux quelque chose de simple pour commencer !

– Dans ce cas je te conseille des romans jeunesse, fit-elle en affichant un air songeur. C’est un bon point de départ. Voyons voir ce que j’ai ici… »

Elle se tourna vers son immense bibliothèque – il devait y avoir plusieurs centaines de titres ! – et en sortit un titre.

« Est-ce que Dix petits chats ça te parle ?

– C’est un truc assez sombre, non ? C’est pas une histoire de morts ?

– Si tu n’aimes pas le policier, alors je peux te proposer un roman d’aventures. Laisse-moi voir… »

Elle sortit plusieurs livres. Certains étaient des tomes uniques, d’autres appartenaient à des séries de quelques romans, jamais plus de dix. Le pingouin les regarda longuement, lisant le résumé sur la quatrième de couverture, feuilletant quelques pages histoire de voir s’il accrochait au style, et s’il n’y avait pas trop de mots compliqués. Mais il finit par tous les refuser, parce qu’il y avait trop de mots par page, ou parce que la police d’écriture était trop petite, ou pour je-ne-sais quelle raison qui lui importait tant.

Aurore les rangea tous, et en sortit d’autres, qu’il refusa ensuite. Ce petit manège dura suffisamment longtemps pour qu’elle en eût assez et désirât mettre son visiteur à la porte. Et il fallait savoir qu’il est très dur d’irriter Aurore au point qu’elle voulût vous sortir de force de chez elle.

« Il faudrait que tu me dises ce que tu cherches précisément, soupira-t-elle en tentant de contenir son agacement. Je ne sais juste pas si j’ai quelque chose qui te plaira.

– Ah, attends, j’avais entendu parler d’un excellent livre, je crois même que c’est une série ! »

Elle leva un sourcil – façon de parler, les manchots n’ont pas de sourcils – et tendit l’oreille.

« C’est l’histoire d’une belette qui a perdu ses parents, je crois ? Et il intègre une grande école très réputée. Et il y a une réplique ultra connue aussi ! Et il y a eu des films inspirés des livres ! »

Aurore le regarda avec un air dubitatif. Puis il sembla trouver le titre qu’il cherchait tant.

« Harry Covert à l’école des fermiers ! » s’écria-t-il.

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