Le Clan Dolores : plume et aiguille

Chapitre 5 : Chapitre 5 : projet journalistique

6498 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 26/03/2017 19:24

"Vous êtes bien sur la messagerie de Dawn. Laissez moi un de ces machins que j'écouterai pas."


Je donnai un petit coup de pied dans une canette de Pepsi qui traînait sur le trottoir, poussant un long soupir qui devait être le millième de la journée.

Je m'étais promise de ne pas céder à Dawn, mais son appel lors de la soirée de Nathaniel m'avait marquée. Je voulais absolument en connaître le motif, et je n'avais pas pu m'empêcher de rappeler pour tenter de satisfaire ma curiosité... sans succès. Le fait que moi, la petite Aurore, aie eu l'affront de lui raccrocher au nez avait l'air d'avoir vexé Dawn qui ignorait tous mes coups de fil. C'était la onzième fois consécutive que j'entendais la voix rauque et blasée de son foutu répondeur.


- BOUH !


Je sursautai brusquement, manquant de faire tomber mon téléphone.


- Toujours aussi perchée à ce que je vois, me lança Castiel en se saisissant rapidement du donut que j'avais à la main.

- Hey ! Tu comptes petit-déjeuner à mes frais tous les matins ?! m'insurgeai-je en essayant de le récupérer, en vain.


Castiel, mon presque-voisin, semblait avoir décrété que l'on se rendrait au lycée ensemble tous les jours. Evidemment, il ne m'avait pas demandé mon avis ; ni pour cela, ni pour sa nouvelle manie de me dérober quotidiennement ce qui me servait de petit-dej'. 


- Y'a bien la cafèt', mais te voler les conneries trop caloriques pour ton corps de crevette que tu ingurgites chaque matin m'offre un gros bonus : admirer ton expression de victime aux bras trop courts pour récupérer son bien.


Foutu mètre soixante-cinq.


- Je te déteste... marmonnai-je.


Il me nargua en m'envoyant un baiser dans le vide. Je lui répondis par une grimace et croisai les bras sur ma poitrine.

Quel garçon étrange... Moi qui le voyais comme un mec nonchalant qui envoie tout le monde bouler dès qu'on ose lui parler d'autre chose que des Winged Skulls ou de la tyrannie des profs, il ne s'était pas privé pour s'enquérir de mes histoires de cœur l'autre soir. J'avais tenté de mettre cette attitude bizarre sur le dos de l'alcool, mais il avait continué à se comporter de cette manière avec moi pendant les trois jours qui avaient suivi la soirée. 


- Au fait. Ça y est, ai-je dit au bout d'un petit moment de silence.


Castiel releva la tête entre deux bouchées de MON donut et me jeta un regard interrogateur.


- J'ai "médité" sur ta saleté d'énigme, expliquai-je en frappant toujours dans la canette de Pepsi

- T'as dû cogiter jusqu'à plus pouvoir dormir, à croire que je hante tes nuits.


La première partie de sa phrase était vraie ; ma nuit avait duré moins de deux heures. J'avais bel et bien cogité comme une dingue toute la nuit, mais à cause de Dawn, pas du rouquin. Devant mes cernes, il eût été légitime que les gens se demandent si j'avais un lien de parenté avec l'oncle Fétide de La Famille Addams.


- Je sais que tu as vu ce mec me suivre, ce soir là, achevai-je en ignorant sa raillerie.

- Eh ben... T'as plus de jugeote que ce que je croyais, la tatouée. 


Il me tapota l'arrière du crâne comme si j'était son chien.


- Manquait plus que ça, marmonnai-je.

- Alors ? C'est qui, Ruben ? fit-il la bouche pleine.


Il avait l’ouïe du chien Krypto, ou quoi ? Ou bien il devait être sacrément près, pour avoir entendu son prénom lors de notre altercation.


- Pourquoi je te le dirais ?

- Et pourquoi pas ? rétorqua-t-il. C'est toi qui a remis ce sujet sur le tapis, donc tu assumes et tu continues. Sinon, à chaque fois que tu t'apprêteras à mordre dans un donut... je serai là pour jouer les cleptomanes.


Je poussai de nouveau un long soupir. Il avait raison... Tant que je n'entrais pas trop dans les détails et que je ne racontais que les grandes lignes, cela ne pouvait pas me porter préjudice. 

Quoique... qu'est-ce que j'en savais ? Depuis quand je faisais confiance à des quasi-inconnus ? Non, Aurore, tu ne dois rien dire à ce tyran qui, en plus de t'épier pendant que tu rentres des cours, passe son temps à te voler ton petit-déjeun...


- Hé oh, pourquoi tu t'arrêtes de marcher, tout à coup ?

- Raaaaah, un mec qui me hait et qui est arrivé ici pour me le faire payer ! finis-je par lâcher.


Je n'avais ni la force ni l'envie d'inventer une excuse bidon pour justifier ce que Castiel avait vu. Et il était bien plus investigateur qu'il n'en avait l'air ; il aurait bien fini par découvrir la vérité. 

Mon camarade de trajet matinal me regarda un moment, lèvres pincées, puis il siffla comme pour me témoigner qu'il était impressionné.


- Pas mal du tout, me lança-t-il. Moi qui pensais que c'était ton ex petit-ami désespéré qui venait te faire du chantage pour que tu reviennes avec lui, ou un autre truc débile. Et pourquoi il te hait, au juste ?

- Tu es très curieux, pour un mec réputé pour son je-m’en-foutisme.

- C'est pas souvent que je m'intéresse à la vie des autres, tu devrais te sentir privilégiée.


Il sortit deux clopes de sa poche, en mit une entre ses lèvres et me tendit l'autre.


- Je fume pas, marmonnai-je en détournant vite la tête.

- Vraiment ? fit-il avec un sourire en coin. T'as l'air d'une fumeuse, pourtant.

- Parce-que je suis tatouée ?

- Peut-être bien. Et t'as toujours pas répondu à ma question, me rappela-t-il en allumant sa cigarette.


On se connaissait depuis à peine un mois, et on s'était parlé six fois à tout casser. Trois fois si on ne comptait pas les fois où il m'avait adressé la parole seulement pour me traiter de planche-à-pain. Aurore, tu en as déjà trop dit. As-tu vraiment envie de continuer de lui raconter ce que même les jumeaux ne sauront probablement jamais ? 

La réponse fut limpide.


- Oh, tiens ! On est arrivés ! m'exclamai-je alors que dix bons mètres nous séparaient encore du lycée.


Je pressai le pas pour agrandir la distance entre le rouquin et moi, motivée à me réfugier à l'intérieur du bahut. Vous avez dit lâche ?


- Allez, à un de ces quatre, lui lançai-je en marchant à reculons. Et pense à ta santé, le cancer des poumons c'est plutôt à caser dans le registre "ça craint".


Il était obligé de rester en dehors du lycée pour finir sa clope, ce qui me donnait l'occasion de le laisser planté là et de ne pas répondre à sa fichue question.


- Ouais, c'est ça, défile-toi ! me cria Castiel avec sa cigarette entre les dents. En attendant, toi c'est le cancer de la peau que tu risques de choper, la planche-à-pain."


Je me précipitai vers le portail en mettant ma main dans mon dos pour lui faire admirer mon majeur.



***



Dawn, Dawn, Dawn. Quand vas-tu daigner répondre à mes... Aie !


- Alors, belle-sœur, on ne regarde plus où on met les pieds ?


J'étais tellement focalisée sur mon téléphone que j'en oubliais qu'il fallait décoller tour à tour les pieds du sol pour avancer sans risquer la collision. Je m'étais pris Armin en pleine figure, et j'avais l'impression de m'être cassé le nez contre son torse.


- Comment tu peux être aussi musclé tout en passant ton temps assis devant des écrans ? m'insurgeai-je.

- La génétique, Ricky.


Même Kentin et ses pectoraux en plomb m'avaient fait moins mal l'autre jour.


- "Belle-sœur" ? répétai-je.


Il me lança un regard significatif qui me fit immédiatement comprendre de quoi il s'agissait.


- Oh meeeerde ! C'est vrai que c'est aujourd'hui ! me rappelai-je en me tapant le front.


On était déjà mercredi, date à laquelle je devais aller dîner chez les jumeaux pour que leur mamie ne fasse pas d'AVC. Longue histoire.


- Moi qui te trouvais étourdie, t'es encore pire en ce moment ! remarqua Armin en m’ébouriffant les cheveux.

- Insomnies, expliquai-je sans en préciser la raison. Je passerai me changer avant d'arriver chez vous, votre grand-mère va criser en voyant mes tatouages de bagnard.

- Je pense que c'est pas ça qui va le plus la choquer, fit Armin.


Qu'est-ce que... Bon. Là, il ne me regardait plus du tout dans les yeux.


- T'arrêtes de te rincer l’œil, ouais ?!


Je portais une simplissime petite robe grise en crêpe de soie dont les fines bretelles dévoilaient assez de ma chair pour anticiper sur l'AVC de leur vieille catholique de mamie de 93 ans. Pour une fois, je m'étais habillée en accord avec la météo : 27 degrés à l'ombre en plein Novembre, on ne voyait ça qu'à Sweet Amoris et en République Dominiquaine.


- Je ne me rince pas l’œil, j'observe ton tatouage. J'ai l'impression d'en découvrir un nouveau chaque jour. Faudrait que tu nous fasse un petit récapitulatif de tout ce que tu t'es fait tatouer parce qu'on s'y perd un peu avec Alex. 


Le haut de ma robe montrait au grand jour une infime partie d'un tattoo qui allait du dessous de ma poitrine jusqu'au milieu de mon buste. Je remontai mes bretelles pour empêcher Armin, malgré ses excuses bidon, d'observer mes seins plus longtemps, mais je les relâchai immédiatement en réalisant que cela transformait ma courte robe en T-shirt et que le couloir était loin d'être désert.


- Au fait, dit Armin en détournant enfin son regard. Je crois que Peggy m'a demandé de te prévenir que le club de journalisme se réunit en salle 32... ou 23, je sais plus.

- Il ne me manquait plus qu'une réunion avec miss-rayon-de-soleil pour me mettre de bonne humeur, bougonnai-je.


Le geek et moi, on se regarda dans le blanc des yeux pendant un moment.


- Tout de suite, lâcha-t-il.

- Oh ! sursautai-je en commençant à m'éloigner. Des trucs que je dois savoir pour ce soir ?

- Alex et toi vous êtes ensemble depuis deux mois, tu soutiens fermement Brian Souter et Christine Boutin, ton père est pharmacien et ta mère banquière, tu es allergique aux choux de Bruxelles, et tu trouves que Harry Potter est un concept satanique qui pourrait nuire à notre génération, répondit-il en haussant les épaules.


Euh...


- Bah quoi ? répliqua Armin devant mon air dubitatif. Bon j'avoue qu'on est allés un peu loin... mais elle pose beaucoup de questions, on était obligés de répondre pour que ça rende le truc crédible.

- Ok. Bon, c'est foutu si je fais un lapsus parce que je déteste ces deux enfoirés, mon père est architecte et ma mère avocate et prof en fac de droit, j'adore les choux de Bruxelles, et j'ai huit tatouages en rapport avec Harry Po...

- Comment c'est possible d'aimer les choux de Bruxelles ?! grimaça Armin. Enfin, ça c'était purement stratégique. En sachant que notre invitée d'honneur ne pourra pas y goûter, mamie a renoncé à nous apporter l'horrible gratin de choux de Bruxelles auquel on a droit à chaque fois qu'elle vient.

- Je vois, répondis-je d'un ton faussement solennel. Et arrête de te rincer l’œil !

- C'est eux qui me fixent, pas l'inverse !" cria presque Armin en montrant mes seins d'un doigt accusateur.


Je pinçai les lèvres en tentant de camoufler mon désespoir. Comment attirer l'attention de tous les lycéens d'un couloir bondé, tome un.



***



"Vous avez intérêt à garder toutes ces infos pour vous, hein ! J'ai assez de dossiers sur chacun d'entre vous pour vous démolir dans un article en cas de trahison ! Ce planning doit rester parfaitement secret à tous ceux qui ne sont pas dans cette pièce. Je ne pouvais pas faire autrement que de vous en parler, il y a tellement d’événements prévus que j'ai besoin d'aide pour être efficace.


Traduction : vous êtes une bande d'incapables et de boulets mais à mon plus grand regret j'ai trop besoin de vous pour me permettre de vous éjecter de ce projet "d'anticipation journalistique".


- La confiance règne, maugréa Lysandre assez bas pour que Peggy ne puisse pas l'entendre.


Le garçon aux yeux vairons faisait partie des membres de notre club du journal du lycée. Lui qui avait toujours l'air calme semblait prêt à lui faire avaler son magnétophone. En effet, tout comme Rosalya, Melody et moi-même, il avait du mal à cacher son agacement devant le don que notre chère rédactrice en chef avait de nous faire comprendre que nous étions une bande de bras-cassés. 

Peggy nous avait réunis dans la salle 14 (merci, Armin, pour ta précision) pour nous distribuer un tableau classant, entre-autres, tous les événements confidentiels que notre lycée comptait organiser. Son talent de fouineuse invétérée lui avait permis de récolter tout un tas d'informations concernant les cinq prochains mois.


- J'aurais besoin que chacun d'entre vous se consacre à une ou plusieurs de ces tâches, et c'est pour ça que j'ai...

- Moi, je veux bien m'occuper de récolter des informations pour le voyage de février ! la coupa Iris en levant la main très haut.


La directrice avait seulement évoqué le projet, mais Peggy avait réussi à en faire une certitude : il y aurait un voyage scolaire pour notre classe. Personne n'en connaissait encore la destination, ni les conditions, et encore moins le programme.

Peggy ne répondit pas à cette intervention. Elle ordonna le tas de feuilles face à elle et se leva de la chaise rembourrée qu'elle occupait. Chaise qui, dans un lycée normalement organisé, aurait été occupée par le fessier d'un professeur et non par le sien.


- Je me suis chargée de la distribution des rôles, expliqua-t-elle en nous distribuant les fiches. Désolée si ça en déçoit certains, mais votre profil journalistique correspond rarement aux sujets que vous aimeriez traiter. Certains ont une plume plutôt correcte, d'autres devraient passer un test d’illettrisme.

- Et encourageante, en plus, soupirai-je en faisant passer une feuille à Rosalya. 


Voyons voir ça... La feuille avait pour entête "Distribution des tâches de l'anticipation journalistique de Novembre - Avril". Peggy avait créé des binômes qui allaient se charger des tâches du tableau qu'elle nous avait distribué plus tôt.


Je survolai à peine des yeux les missions confiées aux autres, pour découvrir, tout en bas du polycopié, que Rosa et moi devions toutes les deux créer un blog de mode sur la plateforme "BoldPress". Hein ?


- Olalalala c'est génial ! s'écria Rosalya à la seconde où j'avais fini de lire. T'as vu ça, Aurore ? Un BLOG MODE ! Je commence à vraiment apprécier ce club de journalisme !


Elle tapait dans ses mains, survoltée comme une pile électrique. Son enthousiasme contrastait largement avec le reste de la classe ; la plupart des autres élèves n'avaient pas l'air ravi.


- J'aime pas du tout cette idée de fouiner dans la vie personnelle des élèves, déclara Lysandre, cette rubrique "Gossip" fait beaucoup trop magazine people.

- Moi, j'aime beaucoup ! s'exclama Capucine qui se frottait déjà les mains à l'idée de colporter tout un tas de ragots sur ses chers camarades. 

- Les lecteurs veulent des potins, des choses qui concernent les gens qu'ils connaissent, rétorqua Peggy à l'intention du garçon aux yeux vairons. Cette rubrique est l'une des plus appréciées et c'est tout à fait hors-de-ques-tion qu'elle dispar...

- Sauf qu'on est dans un lycée, pas dans l'Incroyable Famille Kardashian.


C'était Pierre Barma qui venait de la couper. Ce grand brun aux joues creusées et à la mâchoire carrée ressemblait à s'y méprendre à Ezra Miller ; la première fois que je l'avais vu (évidemment je l'avais rencontré en le percutant parce que je pensais à autre chose qu'à où je mettais mes pieds) je m'étais frotté les yeux à plusieurs reprises pour m'assurer que ce n'était pas l'acteur d'Afterschool que j'avais face à moi. C'était aussi l'un des garçons les plus populaires du lycée ; il avait représenté une véritable menace pour Nathaniel lors des élections des délégués. Son père était un PDG, ou un grand avocat, ou un diplomate... Enfin bref, il était très riche et finançait beaucoup des projets du lycée. On lui devait très probablement 90% des activités listées dans le tableau que notre rédactrice en chef nous avait donné en début de réunion.

Outre cela, Pierre prenait un plaisir sadique à contredire Peggy sur tout et n'importe quoi, ce qui la rendait toujours complètement hystérique.


- Le journalisme, c'est comme ça ! couina-t-elle en tapant sur le pupitre de Nora Galvanier, qui sursauta au milieu de sa somnolence. Si t'es pas d'accord, adresse-toi à Nathaniel pour changer d'option !

- Comme s'il n'avait que ça à faire... marmonna Melody en jouant avec l'une des mèches de ses longs cheveux bruns.


Peggy passa le reste de la réunion à ignorer les plaintes de tous les membres du club, et elle décida de manifester de l'intérêt pour les seules personnes qui avaient l'air assez satisfaites de sa distribution des tâches : Rosalya et moi.


- Les filles, vous étiez parfaites pour ce rôle, nous dit-elle en aparté. Ne déconnez pas, il pourrait apporter au lycée une toute nouvelle image, quelque chose de neuf et de beaucoup plus attractif.

- Ne t'en fais pas ! assura Rosalya d'une voix émue. On ne te décevra pas, promis !



La sonnerie retentit, marquant le début de mon cours de littérature. Tout le monde sortit sauf Lysandre et moi. Peggy nous avait retenus.


- Je crois que quand ça sonne ça veut dire qu'on doit QUITTER la salle, m'exaspérai-je en posant mon sac au sol.

- Je voulais éviter que les autres ne le sachent parce qu'ils sont trop bavards à mon goût, m'ignora-t-elle, c'est pour ça que ce n'est pas dans le tableau que je vous ai donné. Le lycée va accueillir des étudiants étrangers ! La directrice ne voulait pas trop que ça s'ébruite pour l'instant, mais c'est mission impossible quand je suis dans les parages.


Et c'est pour cette raison que les gens font un silence de mort à chaque fois que tu entres dans une pièce, Peggy.


- Un martiniquais, un suédois et un australien vont arriver dans deux semaines avec le Rotary club. Ils sont censés rester en France jusqu'à la fin de l'année et ils participeront à la course d'orientation et à toutes les autres activités que le lycée prévoit, expliqua Peggy. Enfin, c'est encore un peu flou parce que j'ai entendu dire que l'un d'entre eux arrivait sans aucun club d'échange, il changerait carrément de pays pour une durée indéterminée. Peut-être qu'il va rester ici pour toujours, j'en sais rien.


La nature trop obstinée et la perpétuelle condescendance de notre rédactrice en chef mises à part, le club de journalisme avait du bon : il n'y avait pas de meilleure manière de tout savoir avant tout le monde, au lycée. Je connaissais le Rotary club ; Dawn, avant de se mettre à me détester, m'avait raconté son année à Amsterdam avec cette organisation. Le placement des étudiants dans les villes du pays choisi était aléatoire. Les étrangers auraient aussi bien pu tomber à Paris qu'à Nogent-le-Rotrou, et j'avais hâte de voir leur tête quand ils arriveraient dans le mini-bled paumé de Sweet Amoris qui n'apparaissait sur aucune carte (vous comprenez pourquoi je n'arrive jamais à connaître la météo à l'avance).


- A vous de vérifier cette rumeur. Vous avez le meilleur niveau parmi ce groupe de boulets, donc je compte sur vous pour apprendre tout ce qu'il faut sur ce projet et écrire un article qui sera mis à l'honneur dans le prochain exemplaire du journal du lycée. Et je veux SURTOUT que vous sautiez sur ces trois garçons dès leur arriver pour écrire ensemble un super article sur eux.

- Les pauvres... soupira Lysandre. Enfin, si tu veux ton article, tu l'auras. Sauf qu'il est hors de question que j'écrive un truc pareil.


Les yeux de Peggy s'arrondirent, puis elle fronça méchamment les sourcils.


- Pourquoi ?! s'insurgea-t-elle. Je te demande pas de révéler à tout le lycée les pires secrets de ces garçons, seulement de parler un peu d'eux ! De leur personnalité, de leurs passe-temps, de leurs relations avec les autres élèves, de leur situation famil...

- Ça va à l'encontre de mes principes de fouiner dans la vie des gens, la coupa-t-il avec calme. Et je pense pas que la directrice apprécierait que notre journal donne du lycée une image qui pourrait se résumer au terme "ragot". Je veux bien te pondre quelque chose sur le Rotary, mais je n'écrirai rien à propos de ces garçon, si ce n'est leurs prénoms.


Il me regarda un moment, puis il ramassa son sac et s’éclipsa en vitesse. 

Je me sentais un peu bête, là. On aurait dit qu'il s'attendait à ce que je réagisse comme lui ou que je commette un acte héroïque. Résultat, j'étais plantée devant le bureau d'une Peggy complètement retournée et qui semblait avoir perdu beaucoup de l'assurance qu'elle montrait tantôt.


- "Ça va à l'encontre de mes principes"... grimaça-t-elle après quelques secondes passées à fixer la porte par laquelle Lysandre était sorti. Pfff... N-Non mais... quel rabat-joie, celui là. 


Quel personnage, surtout. Son discours m'avait fait sourire ; en plus d'avoir un style vestimentaire décalé, Lysandre se démarquait des autres par ses valeurs humaines assez singulières pour un lycéen de 17 ans. Il avait atterri dans le club du Journal du lycée à cause du bordel que le changement d'option général avait causé. Il avait, certes, des qualités rédactionnelles remarquables, mais Lysandre était là à son insu et ça se voyait. L'obliger à jouer les fouines était comme mettre un poisson hors de l'eau.

Peggy se rappela soudainement ma présence, puis ses yeux s'illuminèrent en rencontrant les miens, apeurés.


- Mais toi, tu vas l'écrire, l'article sur les trois pèlerins, hein ?! me lança-t-elle en me prenant carrément les mains.


Je ne savais pas vraiment si c'était un ordre ou une question.


- Heu... je veux bien ouais, répondis-je en haussant les épaules. Mais ne t'attend pas à un papier extraordinaire, je vais parler un peu avec eux et si je vois qu'ils sont contre le fait de se faire trop remarquer, j'écrirais rien. Je refuse de les traumatiser dès leur arrivée en colportant des rumeurs débiles sur eux où je-ne-sais-quoi, tu le sais très bien.

- Tsssss... y'en a pas un pour rattraper l'autre, maugréa la rédactrice en chef. J'imagine que j'ai pas le choix, j'ai beaucoup trop de trucs à faire pour l'écrire moi-même, et t'es la deuxième rédactrice la moins catastrophique de ce groupe. La meilleure étant, bien sûr : moi.

- Waouh. Merci, fis-je, sarcastique.


Je m'apprêtais à quitter enfin la salle, quand la voix de Peggy retentit dans mon dos. Elle semblait avoir retrouvé d'un coup toute son assurance.


- Au fait, tu diras à Armin et Alexy que je me suis sentie très insultée, l'autre soir. S'ils voulaient à ce point m'échapper, ils auraient pu trouver plus étoffé qu'une pauvre histoire de chips au paprika, je pense que je vaux mieux quand même."


Je ne pus réprimer un pouffement de rire.



***



"Ne t'inquiète pas, elle est complètement overbookée, rassurai-je Alex. Et puis, sans vouloir te vexer, tout le monde s'en fout de votre histoire de grand-mère bizarre.

- Je saaaais, fit-il en gribouillant un smiley sur un coin de son pupitre. Mais elle serait quand-même capable d'écrire un truc là-dessus ! Peggy est vraiment très douée pour ce qui est de trouver un sujet quand elle n'a rien à se mettre sous la dent. Elle a déjà pondu un papier qui parlait de la cravate de Nathaniel, et le pire c'est que ça a fait un carton.


J'aurais voulu lui dire que notre chère rédactrice en chef était loin de manquer de sujets d'écriture, et ce pour un bout de temps, mais celle-ci aurait fini par découvrir que je l'avais trahie. Je n'osais même pas imaginer l'article auquel j'aurais eu droit dans ce cas là ; "Aurore Kruger et ses chaussettes Bob l'Eponge", "Aurore Kruger, mais qui est donc Ruben ?", "Aurore Kruger, la descendante d'un nazi sadique dépeceur de tziganes".

Enfin, il était inutile qu'Alexy s'en fasse pour notre "secret", ça ne servait à rien. Peggy le ninja savait déjà tout là-dessus, qu'est-ce qu'il pouvait y changer ? 

Je soupirai. Personne ne pouvait échapper à ses techniques mafieuses d'investigation.


- Plus que trois petits quarts d'heure, tressailli-je après avoir discrètement regardé l'heure sur mon téléphone.


Alexy me regarda avec un sourire. 


- Onze fois, dit-il.

- Onze fois ?

- Onze fois que tu regardes l'heure. Tu as si hâte que ça d'être à notre dîner de famille ?

- Hein ?.. Ah ! Non, pas du tout. Votre grand-mère me fait déjà peur en fait. J'ai juste hyper faim, expliquai-je. Je vendrais mon âme pour un...

- Un donut, on sait, me coupa Armin en ne relevant même pas les yeux de sa PSP. 


Il était assis devant moi, jouant sous son pupitre pour que la prof de littérature ne le voit pas.


- Au fait, Lara Croft, t'avais pas dit que tu n'as pas encore les clés de chez ta tante ? me demanda le geek après un moment.

- Heu... si.

- Et elle rentre à quelle heure aujourd'hui ?

- Ben, vu qu'on est mercredi... pas avant 21h. Pourquoi ?


Armin mit son jeu sur pause, puis il fit volte-face.


- Tu comptes entrer par la fenêtre, pour partir te changer comme tu me l'avais dit ? 


Et merde. 


- Bon ! souffla Alexy. Espérons que la vue de grand-mère soit trop faible pour voir tous tes tatouages !

- Armin, c'est ici que ça se passe ! piailla la prof.


Le geek eut un petit rictus devant mon air dépassé, puis il nous offrit son dos.


- J'ai beaucoup trop de tatouages pour qu'elle les loupe, chuchotai-je à Alexy. Même en étant myope comme une taupe, elle distinguera au moins des tâches noires sur ma peau.

- Et elle pensera que je sors avec un dalmatien, fit-t-il en mettant ses mains derrière sa tête. M'enfin, je pense qu'elle me préférerait zoophile plutôt que gay."



***



"Tu es libre quand ?! On DOIT s'organiser ! J'ai noté toute une page d'idées d'articles ! On devra choisir une tenue, l'accessoiriser, trouver une mise en scène pour les photos et... Oh ! Mon petit-ami Leigh a un super reflex Pentax qu'il nous prêtera volontiers ! Quand est-ce qu'on se voit pour la première séance ? Aurore ?! AURORE ?!!!

- Miss Kerr-Wilden, could you please leave your classmate alone and STOP shouting during my class ?! la réprimanda notre prof d'anglais.

- Em... sorry, répondit Rosalya avec un accent parfait.


Elle se calma un peu, mais elle avait toujours les yeux aussi pétillants. J'avais fixé le point face à moi, à savoir une dalle abîmée du sol de notre classe, pendant tout le temps durant lequel Rosa m'assaillait de questions. Je pensais à Dawn, Ruben, au plan foireux des jumeaux, et je me disais que j'avais sacrément faim...


- Désolée, lui murmurai-je.


Je lui notai mon numéro sur un bout de papier que je lui tendis.


- Tiens, comme ça on se mettra au courant de nos plages communes de temps libre.

- Super ! palpita-t-elle. J'ai tellement d'idées, si tu savais !


Je lui répondis par un sourire amusé. Rosalya était comme un enfant dans un magasin de jouet, et je l'enviais. Difficile à croire mais j'étais dans le même état qu'elle, sauf que j'avais beaucoup trop de choses en tête pour que cela se voit. Mon anxiété gommait mon excitation et me donnait un air encore plus perché et absent que d'habitude.

Derrière moi, quelqu'un me tapota l'épaule.


- Tiens, me chuchota Lysandre en me transmettant un papier.


Je suis désolé pour tout à l'heure, je ne vais évidemment pas te laisser écrire cet article seule. J'ai cru comprendre que jouer les semeuses de zizanie n'est pas vraiment ton truc, alors je propose que nous tâchions de faire de notre mieux pour écrire un article convainquant tout en n'altérant pas la vie privée de ces trois nouveaux élèves, que ça plaise ou non à Peggy, qu'en dis-tu ?


Lors de la première séance du club de journalisme, j'avais voulu mettre les points sur les "i" avec Peggy en ce qui concernait les ragots que le journal colportait souvent ; je l'avais prise à part pour lui signifier que je refusais d'être responsable, directement ou pas, de l'émission de rumeurs sur qui que ce soit. Lysandre avait dû nous entendre.

Je le regardai par dessus mon épaule, et je hochai la tête pour lui témoigner mon approbation. Il me répondit par un sourire qui fit plisser ses yeux vairons.


- Miss Kruger, it's your turn !


Entendre la prof prononcer nom me fit sursauter. 


- Heu, what ? hésitai-je, en état d'incompréhension totale.

- Your essay ! You got to read it to us. Don't tell me you haven't done it otherwise you'll be busy next saturday afternoon, if you know what I mean.

- Ex-excuse me ?


Pourquoi elle parlait aussi rapidement ? C'était un Chipmunk ?


- Have you done your essay, Aurora ?!


Pourquoi j'avais l'impression qu'elle venait de m'appeler "mort aux rats" ? Et pourquoi étais-je aussi nulle en anglais ? Ce que Mme Phipps venait de dire n'avait pour moi pas plus de sens qu'une conversation entre Sims. Je décidai de hocher la tête en souriant, pour ne pas profilérer d'idiotie.


- Great ! répondit-elle en soufflant. Come to the board, now.

- Heu... now ? répétai-je.


La cloche sonna, et je laissai échapper un "Oui !" de soulagement qui me valut le regard suspicieux de ma prof.


- Je suppose que t'avais pas fait le travail qu'elle t'avait demandé de lire, me fit Castiel en passant près de moi. En même temps tu penses à moi la nuit, alors je comprends que t'aies pas le temps de travailler.


Je le menaçai de lui jeter ma trousse à la figure et il s'en alla en ricanant. Même lui avait compris ce que la prof avait dit. La langue de Shakespeare n'était vraiment pas ma tasse de thé.


- C'est l'heure de rencontrer la soeur-Thérèèèse !" s'écria Alexy en m'entraînant hors de la salle.



***



Sweet Amoris


Cette pancarte indiquait que nous quittions la ville.

Que... Comment ça ?!


"Attendez, fis-je en me redressant sur mon siège. Je suis déjà allée chez vous, et c'était à dix minutes à pied de chez Nathaniel, alors OU EST-CE QUE VOUS M'EMENEZ ?

- Oh, oh, oh, du calme la tatouée, fit Armin en changeant la station de radio.


Les jumeaux ayant un an de plus que moi à cause d'une entrée tardive à la maternelle, ils étaient majeurs et avaient leur permis. Ils n'avaient pas encore de voiture, non seulement à cause du prix mais surtout parce qu'ils étaient incapable d'en partager une : leurs goûts étaient diamétralement opposés, et rien que l'odeur du sapin parfumé faisait débat entre eux. 

Après des heures de négociation, ils avaient réussi à convaincre leur père de leur prêter sa Scénic III flambant neuve.

- C'est moi qui conduis, donc c'est moi qui choisis la musique ! S'exclama Alex en remettant la station d'avant.

- Ah ouais ? Et pourquoi c'est toi qui conduis, d'ailleurs, hein ?! s'insurgea son frère.

- Tu crois vraiment que c'est tes arguments bidons qui ont convaincu papa de nous prêter la voiture ? C'est grâce à MES talents, comme d'habitude. "Oh papa, je t'assure que j'empêcherai ce no-life empoté de renverser du soda sur les sièges".


Les jumeaux se chamaillèrent pendant une bonne plombe, et remettaient tour à tour la musique qu'ils voulaient : Gorillaz pour Armin, Bonnie Tyler pour Alexy


Gorillaz, Bonnie Tyler, Gorillaz, Bonnie Tyler, Gorillaz, Bonnie Tyler, Gorill...


- Arrêtez ! Hurlai-je. J'en peux plus, ma tête va exploser ! Mettez la 3 et arrêtez tout de suite vos conneries !


Les jumeaux se rappelèrent enfin ma présence et, étonnamment, m'obéirent. Ce fut donc Pretender des Foo Fighters qui gagna le combat.


- Et pitié, dites-moi où on va, répétai-je.

- On t'emmène dans des champs reculés de toute civilisation, dit Armin.

- Ouais, près d'une vieille ferme abandonné, ajouta son frère. Cet endroit c'est l'angle mort des satellites, impossible de se faire repérer.

- On a verrouillé les portières. Tu ne peux plus t'échapper, Kruger.

- Bande de débiles, fis-je en donnant un coup à l'épaule d'Armin.


Mon portable vibra, signalant que j'avais reçu un texto... Dawn ?!

Je déverrouillai l'écran de sécurité de l'objet pour me rendre compte qu'il s'agissait d'un numéro que je ne connaissais pas. J'ouvris quand même le message, et la première ligne me fit me crisper.



Ruben Montepagano. Signe astro : Capricorne. Âge : 20 ans dans à peine trois mois.

A passé son bac ES à l'âge de 14 ans, mention TB.

Licence de science politique obtenue à 17 ans alors qu'il n'allait en cours que pour contredire les profs et n'amenait même pas un stylo avec lui. Depuis, il consacre beaucoup de son temps à son salon de tatouage, ainsi qu'à de nombreux voyages partout dans le monde puisque monsieur est millionnaire voire milliardaire (ah oui, j'avais oublié de le préciser).

Intellectuel, poète, écrivain, musicien, photographe, acteur, mannequin, couturier, réalisateur. Ton ami est un vrai couteau-suisse, la tatouée.

En plus du fric qu'il a déjà grâce à l'entreprise de son père + des placements boursiers de dingue, il gagne encore plus de sous grâce à son blog, très connu outre-Atlantique, où il publiait quotidiennement des articles politiques satiriques et engagés qui lui ont déjà valu plusieurs menaces de censure.

Sa spécialité : la provocation. Il publiera bientôt une série de photos pas très catholiques ayant pour thème la France d'Ancien Régime, où sera mise en scène son modèle vedette : une certaine Dawn qui est encore plus tatouée que toi et qui ne semble pas beaucoup apprécier la sensation des vêtements sur sa peau (et, putain, elle est roulée comme une vraie déesse, j'exige que tu me la présentes).



- Aurore ? Aurore ?!

- H-hein ? 

- T'as eu un de ces bug ! Ça fait dix fois que je t'appelle. J'te disais qu'on va chez notre tante, c'est à dix minutes de la ville, expliqua Armin qui s'était tourné pour me faire face.

- Et c'est aussi là-bas que notre petite mise en scène va se dérouler, ajouta Alexy.

- A-ah.


Ce fut tout ce qui parvint à sortir de ma bouche.

Résumons : Castiel avait 1. obtenu mon numéro, 2. trouvé le nom de famille tout sauf commun de Ruben, 3. fait assez de recherches pour en savoir plus sur ce dernier, 4. découvert l'existence de Dawn, et 5. ...des photos "pas très catholiques" ?!

Armin m'avait interrompue dans la lecture du pavé. Il me regardait avec un air suspicieux, puis j'attendis qu'il me montre son dos pour continuer de lire.



Cette Dawn poste elle aussi sur le blog quand Ruben a des empêchements, donc il y a au minimum deux articles par semaine... sauf que ça fait trois semaines que rien n'a été écrit. 

Ruben a posté sur sa page Twitter : "En déplacement. Blog en pause pour une durée indéterminée."

Beaucoup de lecteurs ont demandé des explications et cherchaient à savoir ce que Dawn fichait, pourquoi elle ne pouvait pas le remplacer comme à son habitude. Aucune réponse. 

Dawn, elle, sur sa propre page Twitter, est complètement inactive depuis exactement deux semaines et trois jours. Son dernier Tweet date du début du mois : "Quel abruti, ma parole ! Il faut que je lui colle une puce de localisation GPS pour qu'il daigne arrêter de disparaître je-ne-sais-où sans prévenir qui que ce soit au préalable ?". Plus explicite, tu meurs.

Peut-être en sais-tu d'avantage que moi, chère planche-à-pain. En tout cas, cette Dawn m'intrigue beaucoup. Je risque de me renseigner sur elle aussi.

Castiel, le hanteur de tes nuits.



Quelle phrase de chute complètement à chier.

Je réalisais à peine ce que je venais de lire... je décidai que c'était mieux comme ça. 

Et si je ne pensais plus du tout à ça ? 

Inspiration, expiration. Aurore, tu vas mettre ton cerveau sur pause un petit moment.

J'éteignis mon téléphone pour que Castiel ne puisse pas m'envoyer le fruit de potentielles recherches supplémentaires. Je voulais me concentrer sur le moment présent, et ne plus penser qu'à ce que je faisais actuellement.


J'étais donc dans une bagnole avec les jumeaux, en route pour jouer le rôle de la petite copine de mon ami gay, j'avais encore la dalle et tout ce qui m'importait c'était d'ingurgiter quelque chose de comestible.


Alexy sembla lire dans mes pensées.


- Il nous reste des donuts dans le frigo."


Comment me rendre heureuse en huit mots.

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