[Nathaniel] Premier amour...
Les cours étaient enfin terminés ! Je souffrais miles morts, mes jambes étaient pleines de crampes et mes pieds remplis d’ampoules. Je frappais à la porte de la salle des profs. Demandais à parler à Mr Faraize, puis une fois les documents remplis et la liste des affaires nécessaires en main, je prenais péniblement la direction de la sortie.
Il pleut ! Et pas qu’un peu en plus, on a l’impression que des torrents d’eau dévalent le long des vitres. Accablée de fatigue, je m’assoie et retire mes chaussures pour soulager mes pieds meurtris. Je n’ai ni manteau, ni parapluie. Me voilà bien, ça m’apprendra à toujours l’oublier à la maison. Mais il faisait encore tellement beau ce matin qu’on aurait difficilement pu imaginer un tel déluge le soir. Pour couronner le tout, la plupart des élèves ont déjà quittés le lycée le temps que je m’occupe de toute ma paperasse et que Monsieur Faraize me fasse un topo sur l’activité du club. Epuisée, je rapprochais mes genoux de mon corps, enveloppais mes jambes de mes bras et appuyait ma tête sur l’ensemble. Je m’endormais sans m’en rendre compte…
Un coup dans les cotes me réveille en sursaut !
-Debout Blanche-neige ! Mais je devrais peut-être t’appeler la belle au bois dormant ?
Pas lui ! Castiel me regarde de haut, un sourire narquois au bord des lèvres. Je prends appuis sur le mur pour me relever péniblement lorsqu’une violente crampe au mollet me fait tomber le c*l par terre. Et là s’en est trop, la fatigue et la douleur plus mon tourmenteur à côté de moi pour assister à ma déconfiture me font éclater en sanglot.
-Pourquoi tu ne me laisse pas tranquille ? Je fais tout ce que tu me demandes, je passe des heures à rédiger tes devoirs en plus des miens, alors pourquoi tu viens m’embêter maintenant, t’as rien d’autre à faire ? JE TE DETESTE !
Le beau gosse semble déstabilisé, il ne s’attendait pas à ce que je lui parle sur ce ton j’imagine, en même temps, il faut dire que je ne suis pas du genre à élever la voie, je suis plutôt soumise en général…
-Laisse-la tranquille !
Une voie pleine de tension, je tourne la tête pour voir un Nathaniel sortit de nulle part et au regard haineux s’interposer entre moi et Castiel. Je savais que tout les deux ne s’entendaient pas, mais j’ignorais que ça pouvait être à ce point.
-Qu’est-ce qui se passe ici ? Vous avez vu l’heure jeune gens ? Vous devriez tous être déjà rentrés chez vous !
La directrice, une sorte de marshmallow à chignon, venait de sortir de son bureau, surement dérangée par mon éclat de voie de tout à l’heure.Castiel jette un regard à la directrice, puis fixe un court instant celui de Nathaniel avant de glisser vers moi. Je peux voir dans ses yeux qu’il n’en a pas terminé avec moi. Son regard m’a fait froid dans le dos.
-Tout va bien Madame la Directrice. Je terminais quelques dossiers et Alezia m’attendait dans le couloir. Vous savez comme Castiel peut parfois être bruyant. Je vais raccompagner Mademoiselle Alezia chez elle maintenant.
Je me relevais tant bien que mal.
-Vous êtes sure que tout ce passe bien Mademoiselle Alezia ? Je peux appeler votre mère si besoin est. Vous voulez peut-être passer dans mon bureau pour discuter de ce qu’il vient de se passer ?
La directrice semblait vraiment inquiète à mon sujet mais je ne voulais surtout pas créer d’ennuis et encore moins alarmer ma mère avec ce qui c’est passé.
-Je vous assure que tout vas bien Madame, j’ai juste quelques ampoules au talon. Nathaniel va me raccompagner chez moi, je lui fais confiance.
Je glissais un rapide coup d’œil à Nathaniel qui semblait intrigué par la conversation. Les sous-entendus ne lui ont certainement pas échappés… La directrice finie par retourner dans son bureau et Nathaniel se tourne alors vers moi.
-Tu m’explique ce qu’il te voulait ?
-Rien, je me suis juste passé les nerfs dessus c’est tout….
Je baisse la tête, honteuse de lui mentir alors qu’il me voulait juste m’aider mais je ne veux pas l’impliquer dans cette histoire. Il se retourne alors et attrape son parapluie à l’entrée puis se met dos à moi, légèrement accroupi.
-Qu’est-ce que tu fais ? Lui demandais-je perplexe….
-Je te raccompagne chez toi. Grimpe, je vois bien que tu ne peux pas poser un pied devant l’autre…
Un peu gênée, je m’accroche à son cou et le laisse glisser ses bras sous mes jambes pour me porter plus facilement. Je tiens le parapluie pour nous protéger le plus possible du déluge.Bercée par le mouvement, apaisée par la chaleur de son corps, je finie par me coller à lui et glisser mon nez le long de son cou pour respirer son parfum. L’eau qui coule le long de mon dos m’indiffère, je me sens extrêmement bien, comme à ma place en quelque sorte….
-Nath ?
-Mmh ?
-Merci…
Le reste du chemin me parait affreusement court. Il me dépose devant la porte de la maison et j’allais lui dire au revoir quand celle-ci s’ouvrit en grand :
-Alezia ! Dieu soit loué tu vas bien ! La directrice vient de m’appeler, j’allais partir à ta recherche !
Ma mère sort comme une boule de furie hystérique et me sert dans ses bras.
-Mais tu es trempée ! Entre tout de suite à l’intérieur te sécher tu vas attraper froid !
Elle fait une volte-face spectaculaire en voyant enfin Nathaniel.
-Qui tu es toi !
-Maman, tu me fais honte ! Je te présente Nathaniel, il m’a raccompagné à la maison parce que je n’arrivais plus à marcher avec mes chaussures à talon. (Il était temps que j’intervienne, on dirait une tigresse en furie !)
Le pauvre Nathaniel n’a pas le temps de dire un mot que ma mère l’a déjà propulsé à l’intérieur puis fermé la porte.
-Tu as raison ma chérie je manque à tout mes devoirs. Accompagne ton ami au salon, j’ai fait un bon feu de cheminé, ça vous fera du bien à tout les deux. Je reviens tout de suite.
Et la voilà repartie à toute vitesse en direction de la salle de bain. Je me tourne vers Nathaniel, un sourire contrit sur le visage puis je hausse les épaules avant de lui demander de me suivre au salon.
-Quand ma mère est comme ça, le mieux à faire est de se taire et d’obéir comme un bon petit soldat !
Nathaniel ressemble à un chaton trempé, il en a même l’expression tant mon ouragan de mère a dû le surprendre. Je ne peux pas m’empêcher de pouffer de rire.
-Tu devrais voir ta tête !
Il semble enfin retrouver sa maitrise de soi légendaire et fait de nouveau bonne figure quand ma mère revient en coup de vent dans le salon pour nous jeter au visage des serviettes de toilettes sèches avant de repartir aussi sec.
-Je monte dans ma chambre pour me changer, je reviens tout de suite.
Je montais les escaliers aussi vite que mes ampoules me le permettait, enfilais vite fait un t-shirt à manche longue et un jean et redescendais en quatrième vitesse. Ma mère tendait à Nathaniel un t-shirt et un pantalon de jogging de mon père puis lui indiquait où trouver la salle de bain lorsque je retournais dans le salon. Alors que Nathaniel partait vers la salle de bain, ma mère me fis signe de m’assoir dans le fauteuil pour qu’elle puisse soigner mes ampoules.
-Raconte moi ce qu’il s’est passée Alezia, j’étais folle d’inquiétude quand ta directrice m’a appelée.
-Ce n’était rien du tout Maman, j’avais oublié mon parapluie à la maison et je m’étais endormie dans un coin parce que j’étais trop fatiguée d’avoir porté des talons toute la journée. Castiel m’a réveillée et j’ai passée ma mauvaise humeur sur lui. Nathaniel et la directrice sont intervenus parce que Castiel a une mauvaise réputation mais il ne m’a pas fait de mal, je t’assure Maman, je vais bien.
Ma mère finissait de soigner mes pieds quand Nathaniel revint de la salle de bain. Les affaires de mon père étaient trop grandes pour lui mais au moins était-il sec. Il s’assit dos à la cheminé, semblant profiter de la douce chaleur du feu. Ma mère partit dans la cuisine, nous promettant un bon chocolat chaud et des petits gâteaux à son retour. Je descendais de mon fauteuil et m’assis à côté de lui. La chaleur du feu de cheminé était agréable mais son épaule contre la mienne l’était encore plus. Je ne savais pas quoi dire et lui non plus visiblement.Lorsque ma mère revint, un plateau rempli de petits gâteaux encore fumants et de bols de chocolats chaud, Nathaniel eu le droit à un interrogatoire en bon et dû forme. Peu à peu, la discussion se fit plus naturellement pour être au final tout à fait agréable. Nous avons passés ensemble un très bon moment le temps que les affaires de Nathaniel sèchent dans le sèche-linge.
Nous raccompagnâmes Nathaniel à la porte, lorsque celle-ci se refermait sur lui, ma mère se tournait vers moi, me serrait dans ses bras et me dit :
-Il est très bien ce jeune homme, tu devrais lui dire de repasser un jour pour le dîner, ça me ferait plaisir. Tu peux inviter d’autres amies à venir à la maison, ça nous ferait du bien à toutes les deux…
Je fis semblant de ne pas voir les larmes dans ses yeux et lui répondait :
-D’accord Man, j’inviterais d’autres amis si tu veux.
Je la serrais dans mes bras puis montait dans ma chambre pour me reposer, complètement épuisée par cette journée riche en émotion. Le réveil sonne j’ai l’impression qu’une fanfare répète dans ma boite crânienne… Je l’éteins et me rendors…. Un bruit de gros tambour me sort de ma torpeur, puis une lumière intense m’éblouie.
-Debout ma chérie, tu vas être en retard !
-Mmmmm…
Je m’assoie péniblement et cache mes yeux de mes mains pour atténuer la souffrance provoquée par la lumière. Mes muscles sont raidis et je frissonne.
-Tu n’as pas l’air bien ma chérie, tu veux que j’appelle le médecin.
- Mouis, mais ferme le rideau avant s’il te plait….
Je me rallonge dans le lit et remonte la couverture pour faire cesser les tremblements. Je plonge de nouveau dans un sommeil profond. Le médecin me fait sortir de ma torpeur, m’examine, puis décrète une bonne grippe. Je capte quelques mots de la discussion avec ma mère dans ma torpeur.
-….de nombreuses marques….très faible….
-…au courant…. harcèlements au lycée….
-…suivi psychologique ? Je connais un bon…..
-…merci….
-….appelez-moi si….
-…. A bientôt docteur….
La porte d’entrée claque puis mes yeux se referment de nouveau. La porte de ma chambre s’ouvre doucement, une odeur de potage emplie la pièce.
-Ma chérie, Alezia ! Réveille toi ma puce, il faut que tu mange un peu et que tu prennes tes médicaments.
-Mmmmmhh….
J’émerge avec difficulté et laisse ma mère m’aider à m’assoir.
-Le médecin dit que ce n’est qu’une grosse grippe, probablement ta panne de parapluie d’hier. Je suis passée à la pharmacie prendre ce qu’il te fallait. Mais mange un peu avant d’accord ?
-J’ai pas faim Man, je veux juste dormir…
-Il faut que tu manges, mon ange, le docteur a dit que ton corps est encore trop fragile après ce qu’il s’est passé, tu dois reprendre des forces. Je resterais là jusqu’à ce que tu finisses ta soupe !
-D’accord Man….
J’avale le bol de soupe, mes médicament et retourne hiberner sous ma couette.
-Repose-toi mon ange, je suis là si tu as besoin de quoi que ce soit tu m’appelles.
Elle referme la porte en douceur pour une fois. Je vécu les jours suivant comme à travers un brouillard, la fièvre me faisant parfois délirer, je me réveillais en sursaut, les joues inondées de larmes, ou bien je restais des heures à dormir sans rêves, plongée dans une léthargie qui inquiétait ma mère. Et puis comme elle était arrivée, la grippe repartie aussi vite.Je me réveillais un matin avec un simple mot de gorge et la goutte au nez, avec dans le ventre un ogre qui réclamais sa pitance. Je sortais de mon lit, la vision un peu floue et la démarche incertaine, puis me dirigeais dans la salle de bain pour me laver de l’odeur de sueur et de maladie qui imprégnait ma peau. En sortant de l’eau je me sentais beaucoup mieux. Un regard lancé dans la glace alors que je m’habillais expliquais ma sensation de faiblesse : je n’avais que la peau sur les os, j’avais bien du perdre au moins 5 kilos !
Je finissais tant bien que mal de m’habiller puis je descendais prudemment dans la cuisine. Ma mère eu un sursaut en me voyant, elle ne m’avait pas entendue me lever.
-Tu aurais dû rester au lit Alezia ! Ce n’est pas raisonnable de te lever dans ton état !
-Je pense que j’ai assez dormie comme ça Man, j’ai raté combien de jour d’école ? Lui demandais-je en m’asseyant à table, attaquant un pain au chocolat qui trainait au milieu.
-Presque deux semaines….
-DEUX SEMAINES !!!! Mais c’est pas possible ! J’ai pas pût dormir autant ! Je vais avoir un mal fou à rattraper mon retard !
-Le médecin dit qu’il te faudra encore au moins une semaine de repos pour reprendre des forces avant de retourner au lycée. Quand au retard, ne t’inquiètes pas, Nathaniel est passé tout les jours pour déposer une copie des cours manqués ainsi que des devoirs à faire. Si je ne me trompe pas, il t’a même fait des fiches résumées pour que tu puisses reprendre plus facilement.
Je reste assise à table, encore sous le choc. Deux semaines !
-Je vais changer tes draps et aérer la pièce puisque tu es levée, me dit ma mère en posant devant mon nez un bol de chocolat chaud, des tartines beurrés, un verre de jus d’orange et mes médicaments. Je commence par avaler les médicaments pour être tranquille puis attaque de bon cœur mon repas, mais au bout de quelques bouchées, mon estomac refuse d’en avaler plus.
-il fallait s’y attendre, me dit ma mère en revenant dans la cuisine, tu n’as presque rien mangé pendant tout ce temps, il faut laisser à ton organisme le temps de se réhabituer à manger.
En quittant la table, la tête me tourne, ma mère m’aide à monter les marches qui mènent à ma chambre. Assise dans mon lit je lisais les notes laissées par Nathaniel, il a une écriture très fine et déliée, qu’on peut lire avec plaisir. Je fermais les yeux et me retrouvais un instant juchée sur son dos, je pouvais presque sentir l’odeur de son parfum. Je m’endormais plongée dans mon souvenir, les feuilles glissèrent de mes doigts et s’éparpillèrent sur le lit. Je rêvais de lui mais n’arrivais pas à en suivre la trame. Lorsque j’ouvrais les yeux, il était assis sur le lit à côté de moi, en train de ramasser les feuilles et je me demandais un instant si je ne continuais pas de rêver.
-Nathaniel ? Que... Qu’est-ce que tu fais ici ? Lui demandais-je tout en me redressant dans le lit, un peu gênée qu’il me voit toute ébouriffée et les yeux bouffis de sommeil.
-Ta mère m’a dit que tu te sentais mieux et que pouvais monter te voir. Mais si ça te dérange, je peux t’attendre en bas si tu préfère.
Je lui agrippais le bras et le retenais près de moi alors qu’il faisait mine de se lever.
-Non, reste, ça me fait plaisir de te voir. Merci de me les avoir amenées.
Dis-je en lui montrant les feuilles qui restaient éparpillées. Il tendit la main vers mon visage et remis une boucle de cheveux derrière mon oreille.
-A moi aussi ça me fait plaisir de te voir, j’étais inquiet pour toi.
J’avais l’impression que des ailes avaient poussée sur mon cœur et que celui-ci essayait de se sauver par ma cage thoracique.
-Si tu le veux bien, je repasserais demain dans l’après midi, je t’aiderais pour les cours que tu as ratés, ta mère m’a déjà donnée son autorisation.
-Je …Bien sure… Mais et le lycée ? Tu n’auras pas de problèmes si tu sèche les cours ?
J’étais complètement paumée !
-Nous serons samedi demain Al, il n’y a aucun problèmes, d’ailleurs, à écouter ta mère, je devrais rester toute la journée !
Pendant un instant, mon visage se décomposa ! Mais bon dieu ! De quoi avaient-ils bien pût parler ma mère et lui pendant que j’étais dans les pommes !
-Al ? Tu vas bien ? Tu es toute pale !
Il se tend vers moi et pose sa main sur mon front, cherchant quelque signe de fièvre sans doute. Rassuré, il laisse glissé sa main sur ma joue, tends l’autre pour me prendre le visage en coupe et me dépose un baiser sur le front.
-Repose-toi Al, je repasserais demain.
Bouche bée, je le regarde poser les feuilles sur ma table de chevet puis sortir de ma chambre sans un mot de plus. Persuadée qu’il ne s’agissait que d’un rêve plus bizarre que les autres, je me rendors d’un sommeil profond et réparateur.