Alien : La dérive du Fortune

Chapitre 5 : A travers la tempête

3563 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 3 mois

— Capitaine?!

Le cœur de Foster battait à tout rompre alors que les voix des survivantes se mêlaient à la tempête. Elle entendait la terreur s’évanouir le temps de ces retrouvailles. Le soulagement de savoir qu’elles étaient moins seules, surtout. Mais Foster restait sur le qui-vive parce que si Corday avait pu s’en tirer, alors la chose a tout aussi bien pu la suivre.

— Corday, tu es certaine que le monstre t’a pas prise en chasse?

— Je n’en sais rien. J’ai réussi à la semer dans les couloirs de la pyramide. J’ai pu redescendre par le puits central et emprunter une passerelle qui m’a ramené en bas des marches. Où est Cobb ? Corman, il est avec toi? 

— Non, capitaine. Il… Il n’est plus là.

Foster serra les poings, ses ongles s’enfonçant dans la paume de ses mains. Elle savait ce qu’elle devait dire, mais elle hésitait encore, comme si prononcer ces mots rendait la situation encore plus réelle.

— Il est mort, précisa Foster, à bout de prévenance. Il est mort, alors je veux que vous reveniez toutes les deux.

— Foster, tu en es sûre ? Tu l’as vu mourir ?

Foster sentait que pour sa capitaine, la mort de Cobb allait au-delà de la perte d’un ami. Elle sentait qu’en elle se brisait une couche de plus dans le bouclier de ses responsabilités. Mais il y avait en arrière-plan un défi à sa raison. Une volonté farouche de prouver que la mort de Cobb était impossible.

— Capitaine, j’ai à peine eu le temps de détourner le regard une seconde que Cobb avait disparu de la carte. Le monstre l’a emporté dans le puits. Après ce qui est arrivé à McClare, il faut se rendre à l’évidence. Cobb est mort. J’en suis sûre.

— Capitaine, Foster a raison. On s’en va , intervint calmement Corman qui sentait bien le désarroi de Corday.

Mais Corday ne semblait pas prête à écouter.

— Et bien, ce monstre, je l’emmerde ! Corman, continue, moi, je pars chercher Cobb !

— Capitaine, revenez ! cria Corman, désespérée. Foster, je ne peux pas la lâcher encore une fois.

— Non, Corman, rebrousse chemin ! supplia Foster. Corday, je t’en prie, tu dois partir ! Tu n’as aucune chance de le ramener. Reviens !

Ce fut rapide et Foster ne s’en aperçut que du coin de l'œil, mais quelque chose était apparu dans le dos de Corman. La caméra changea brusquement de cadrage quand un fracas fit bondir Foster. L’image se couvrit de neige magnétique. On n’y voyait plus rien. Alors un hurlement déchirant vrilla les tympans de Foster. Impossible d’identifier la voix, mais quelqu’un venait d’être blessé. Très gravement. Plusieurs coups résonnèrent. Des coups portés au scaphandre de l’émettrice. 

— OH MON DIEU ! cria soudain Corday.

Foster sursauta dans son siège, ses yeux écarquillés par la panique.

— Corday ! hurla Corman à la radio, ses cordes vocales déchirées par la terreur. Corday, aidez-moi !

— J’arrive ! repousse-les ! lui répliqua Corday.

À un puissant hurlement aux notes aiguës et racleuses succéda un second, plus en retrait. Ce chaos sonore fit saturer les haut-parleurs et traversa le corps de Foster comme une vague glacée. À travers ces rugissements, les supplications désordonnées de Corman étaient arrachées à son micro par intermittence.

— Non, non, non, non, non! Noooon! Arrêtez ! lâchez-moi bordel !

Les sons qui suivirent étaient d’une macabre clarté évocatrice. Des grondements atroces, un tissu qui se craque, des déchirures pulpeuses d’une chair mise en pièces, les gémissements de plus en plus faibles de Corman, un feulement bref puis un craquement mou et humide qui la fit taire. S’ensuivirent des pas précipités au milieu d’un horrible concert de raclements et de heurts, comme si le corps de Corman était traîné, ballotté et cogné en tous sens jusqu’à ce qu’un ultime crachat strident mette fin à la transmission.

En simultanée, et même si elle y prêtait peu attention, Foster entendait Corday courir du mieux qu’elle pouvait. La radio grésillait et le micro de son casque tressautait. Haletante et des larmes de rage dans la voix, elle poussa un hurlement de furie.

— Ils étaient deux. Ils s’y sont mis à deux avant de l'emporter sous le pont ! Ils m’auront pas, ces enfoirés ! Putain, ils m’auront pas.  

Foster sentit une sueur glacée couler le long de son échine. Elle n’avait pas eu le temps d’assimiler ce qui venait de se produire. Elle était extrêmement choquée par la mort terrible de Corman mais elle écoutait sa capitaine filer à toute vitesse vers le Fortune. Et elle ne pouvait rien faire d’autre qu’attendre. C’était son rôle. Attendre.

— Je vois le Fortune ! J’y suis presque ! cria Corday, coupant les pensées de la navigatrice.

Foster releva la tête et quitta son fauteuil. Elle se colla au pare-brise en trépignant de stress, guettant le moindre mouvement. Devant elle, en contrebas, se trouvait le pont qui menait à la silhouette lointaine de la pyramide, mais la tempête était si forte qu’un rideau de pluie et de silice l’empêchait de voir où se trouvait sa capitaine. Un éclair frappa le toit du monument, mais même la puissance de sa lumière ne permit pas à Foster de distinguer une ombre. Et l’orage reprit de plus belle, éclatant comme un soleil pendant deux maigres secondes qui permirent à Foster de voir la minuscule forme de Corday. Elle devait avoir parcouru une centaine de mètres depuis la pyramide. C’était lent, mais compte tenu des conditions et de sa combinaison, c’était pire qu’un marathon. Foster remarqua que le moniteur de Corday s’était allumé. Le Fortune captait à nouveau sa vidéo. Elle revint au panneau de contrôle pour suivre la progression de Corday. Sa caméra montrait qu’elle avançait sans s’arrêter. De là où elle était, elle distinguait avec suffisamment de précision les courbes du vaisseau et un peu mieux son cockpit. Sous peu, même perchée à 20 mètres du sol, derrière le verre noyé sous un torrent d’eau, Foster pourrait voir Corday filer sous ses pieds. Sa seule crainte était que les monstres reprennent leur chasse, voire que d'autres aient déjà pris le relais. Elle avait la responsabilité de la dernière survivante. Elle était sa priorité.

— Corday, je vais préparer ton arrivée. Regarde droit devant toi. Tu as déjà fait la moitié du chemin.

— Je cours, répondit Corday, essoufflée. Je ne les vois pas derrière moi. Ils étaient sortis de sous le pont.

— Maintiens ton attention sur le Fortune, s’il te plaît. Ta combinaison est déjà assez lourde pour que tu n’aies pas à te retourner toutes les deux secondes. Longe les piliers à ta gauche. Ça peut être risqué, mais s' ils reviennent, tu pourras tenter de te cacher. En attendant, je vais surveiller tes arrières.

— D’accord. On fait ça. On va y arriver, répondit Corday, haletante, mais déterminée à survivre.

Foster la voyait de mieux en mieux et ne la lâchait pas des yeux. Elle ne prit pas la peine de lever la tête pour s’adresser à l’IA.

— MAMAN, traque l’émetteur du capitaine Corday. Demande d’estimation : dans combien de temps le capitaine arrivera à l’élévateur du Fortune ?

— Signal détecté. En tenant compte des efforts fournis et de son rythme actuel, le capitaine Corday sera à l'élévateur dans approximativement deux minutes et trente secondes.

— Corday, MAMAN me dit que tu seras là dans deux minutes. Ca veut dire que tu es une putain de sprinteuse. Elle est en train d’enregistrer la course. Tu vas battre un record.

— Je vais... Je vais... Gagner… Une... Putain de coupe… Pour l’équipage… Sors le... Le champagne.

— On n'en a pas, capitaine, tu le sais bien.

— Alors sors les bières… Et des clopes… Bordel ce que je veux me buter les alvéoles avec un paquet de clopes.

— Elles t’attendent déjà.

Il était évident que Corday faisait de son mieux pour avancer, mais elle était très affaiblie. Cependant, ce court échange léger au cœur de l’horreur démontrait qu’elle luttait pour ne pas perdre pied et qu’elle regagnait en force morale. Il était important de maintenir la flamme de cette force. Aussi infime fut-elle.

Foster ouvrait et resserrait frénétiquement les doigts de son poing gauche, tandis que l’autre main tremblait légèrement, appuyée sur le verre dégoulinant de condensation. Tout allait se jouer sur ces prochaines minutes. Les poumons de Foster pesaient une tonne dans sa poitrine, chaque respiration tirait les muscles de son dos. La coque du Fortune était cognée de plus belle tandis que la tempête allait en s'intensifiant. Elle hurlait sur le métal comme une bête affamée. 

Était-ce bien la tempête qui hurlait ? La question était très sérieuse. En gardant son sang froid, elle se rendit au moniteur de la caméra de Corday. En haut à droite de l’écran était affiché un plan zénithal sur un rayon de 150 mètres autour du vaisseau. Un point rouge marquait la progression de Corday mais il était impossible de voir si autre chose la suivait. Corday était bientôt arrivée.

— MAMAN, j’aimerais savoir si le capitaine Corday est poursuivie par une forme de vie inconnue. Est-ce que tu saurais la détecter ?

— La tempête gagne en intensité de manière exponentielle et projette de nombreux débris hétérogènes. Il m’est impossible d’identifier la forme de vie inconnue. Définissez la forme de vie inconnue.

— Mais putain, lança Foster enragée, c’est une forme de vie et elle est inconnue. Pas un humain ! Pas un animal répertorié ! Inconnue elle est la forme de vie. Ça te va ça? Tu veux que je te dise quoi de plus?!

— J’ignore quoi répondre à votre requête.

L’ordinateur venait de pousser les limites de la patience de Foster qui envoya mugs et ustensiles contre le haut-parleur le plus proche. Après lui avoir décoché un coup de poing qui le décrocha pour l’envoyer s’écraser au sol, elle le détruisit à coups de bottes, usant de toute sa haine pour réduire à néant cet appareil qui représentait le véritable objet de sa frustration. Elle n’émit pas un seul cri vengeur, mais contractait ses mâchoires à s’en fissurer l’émail des dents.

Un bip sonore, discret mais insistant, tira Foster de sa colère. Sur l’interface, elle vit une alerte de proximité. Corday était arrivée sous le vaisseau.

— Foster! Je suis accrochée au train d'atterrissage avant. Ouvre la trappe et descend l’élévateur. Le vent essaye de m’emporter alors fais vite.

Enfin une bonne nouvelle. Foster fit craquer sa nuque d’un mouvement brusque de la tête puis actionna la commande d’ouverture qui déployait la nacelle élévatrice. À nouveau, le stress gagnait Foster. Depuis le cockpit, elle ne pouvait rien faire d’autre qu’attendre l’alerte qui confirmerait la fin de ce processus laborieux. Plus énervant, la caméra orientée sur cette zone était recouverte de poussières. Quand on a de la chance … se dit Foster, en poussant un long soupir. L’objectif de la caméra du casque de Corday était brisé. Elle ne pouvait rien y voir non plus. Elle imaginait le calvaire de sa capitaine. Au pied du Fortune, Corday, silhouette à peine visible à travers la tempête contre laquelle elle luttait, avançait dans l’ombre du vaisseau. Ses pieds s’enfonçaient dans le sol rocailleux à chaque foulée. Elle titubait presque, comme si ses jambes menaçaient de céder sous la fatigue. À la radio, sa respiration rauque résonnait dans son casque, chaque pas semblant plus lourd que le précédent. Soudain, Foster entendit des bruits de heurts et de chocs très rapides. Corday poussait des petits cris de douleur.

— Corday! Il se passe quoi?

— J’ai lâché prise et le vent m’a poussée et m’a fait rouler comme un ballon. Bordel, je déguste. Je me suis cramponnée à un rocher pour le moment. Je vois la nacelle. Tant pis si elle touche pas le sol. Elle est assez basse pour que je saute dedans.

— D’accord. Bon, tu te rates pas.

— Allez, deux petits mètres et… Ça y est ! Je grimpe dedans. Relève-la tout de suite.

— Okay, je coupe la descente et je la fais remonter à bord.

Corday serait avec elle sous peu. Corday avait réussi. Foster ne craqua pas. Pas maintenant. Son cœur battait à tout rompre alors qu’elle visualisait mentalement chaque étape de ce qui se déroulait en ce moment dans le ventre du Fortune : l’élévateur arrivait au sas de décompression. Il se refermait après le retour de la plate-forme avec Corday, étalée au sol. Éreintée mais à l'abri. Foster priait, quelle que soit l’entité imaginaire qui pourrait l’entendre, pour que tout se déroule sans encombre. Tapant sur le clavier du panneau de contrôle, Foster fit apparaître les images des caméras intérieures. Elle agrandit la fenêtre de la vidéo du sas de décompression. La nacelle venait d’accomplir sa mission, Corday allongée sur le flanc, sa combinaison noire de crasse et sa visière obstruée par une boue toute aussi sombre. Mais elle était là. En vie. La pièce s’illumina de rouge pendant que l’oxygène s’y déversait dans de douces volutes de vapeur. Sur le sol, Corday était prise de petits spasmes. Foster entendait ses sanglots. Elle pouvait se figurer à quel point sa capitaine était brisée par ce qu’elle venait de traverser. Foster courba son dos endolori par toute la tension accumulée au cours de cette dernière heure. Ses mains tremblaient de moins en moins. L’angoisse s’atténuait en même temps. Mais un barrage de tristesse et d'exaltation céda, et la navigatrice déversa un torrent de larmes.

— Corday. Tu es là. Tu es avec moi. Tu l’as fait, bordel.

Il y eut un silence, suivi d'un souffle lourd et rauque venant des haut-parleurs. Corday fut prise d’une quinte de toux se racla la gorge. Elle s’assit contre un siège du sas, tourna la tête vers la caméra. Elle tenta de répondre, mais ses mots semblaient pris dans un étau d’émotions qu’elle n’arrivait pas à relâcher. Après deux essais infructueux pour articuler ses mots, elle parvint à les prononcer d’une voix fatiguée.

— Je suis là, Foster. Je suis pas blessée. J’ai rien de cassé. Et j’ai fait mon sport pour l’année.

Même pour une boutade, sa voix tremblait, à peine audible. Ses mains se crispèrent sur ses genoux. Elle ôta ses gants. Ses doigts blanchissant sous la pression. Elle avait échappé à l’enfer. La peur suintait encore de chacun de ses gestes, de chacune de ses respirations.

— Foster. Merci de m’avoir tirée de là .

— Je n’ai fait que mon travail, capitaine, répondit Foster d’une voix faible et peu assurée.

 La gratitude de Corday, bien que sincère, lui rappelait amèrement ses camarades disparus.

Mon travail? Tu parles! J’ai servi à de la merde, ouais , pensa-t-elle.

— Je te le revaudrai, ma grande. Tu as assuré. Toi, tu n’as rien à te reprocher.

Ce dernier point pinça le cœur de Foster.

— Il est hors de question que toi, tu te sentes coupable. C’était imprévisible. Dès le début, rien n’était prévisible. Avec l’équipe, tu as suivi les protocoles, tu as pris les décisions qui s’imposaient quand il le fallait.

— C’était le premier contact avec une forme de vie extraterrestre intelligente et ça a été un massacre. Parce que j’ai abandonné Cobb, laissé mourir McClare, j’ai laissé tomber Corman… Par mon imprudence, je les ai menés à la mort.

— Quelle imprudence ? Dans notre situation, comment on aurait pu faire différemment ? C’était sur le contrat. Explorer ce genre de découverte si on tombait dessus. Obtenir l’exclusivité et des primes. On y a tous vu une occasion d’en finir avec ce boulot. Et puis rien n’était censé pouvoir survivre sur cet astéroïde. Ce qui est arrivé, c'est quelque chose qui nous a surpris et dépassé. Alors prendre la fuite et revenir en vie, c’était ça la chose à faire. Rien d’autre.

— À ma place, tu aurais pris la bonne décision .

— Quelle décision ?

— Tu nous aurais convaincus de ne pas nous poser ici.

Foster sentit un profond sentiment de défaite et d’humiliation dans cette réponse. Foster en avait honte, mais Corday avait peut-être raison. Elle aurait ordonné de continuer leur chemin vers la Terre, signalé la présence de l’objet à la compagnie, mais aurait aussi laissé d’autres mourir à leur place. Aussi préparés auraient-ils pu être. Elle prit un temps de réflexion.

— On peut toujours empêcher que ça se reproduise.

— Genre, on n’en parle à personne ?

— Oui. Et nos amis ont été victimes d’un accident du travail. Leurs primes seront versées à leurs familles. Cobb sortirait sa fille de son bidonville en lui offrant une maison. Corman offrirait des études à ses nièces, leur assurant un bel avenir. McClare… lui, je sais pas.

— Sa femme pourrait récupérer sa ferme.

Foster prit quelques secondes pour intégrer l’information. Elle avait toujours cru que McClare ne s’était jamais confié à personne.

— C’était donc ça, le mystère de McClare. Il avait une ferme.

— Non, son ex-femme avait une ferme. Qu’il a perdu en pariant sur les mauvaises courses. Du coup, il a perdu sa femme .

— Voilà pourquoi il est parti bosser dans l’espace. Une dette.

— C’est ça. Ou bien pour tenir son cul aussi loin que possible de la botte d’une fermière en pétard.

Foster laissa échapper un petit rire en entendant Corday tenter de plaisanter. Puis, elles se laissèrent aller à rire aux éclats. C’était plutôt agréable, mais ça ne faisait pas oublier le malaise ambiant et le lourd fardeau qui pesait sur leurs épaules. 

— Et toi, Foster, ta prime aurait pu aider qui ? Parce que moi, personne.

Foster était soulagée que Corday mentionne sa condition avant qu’elle ne pose la question. Elle n’aurait pas osé le faire. Mais elle-même n’avait pas mieux à répondre et le fait qu’elles soient les deux survivantes à n’avoir personne à qui léguer quoi que ce soit rendait la mort de leurs trois amis d’autant plus amère. Du moins, Foster aurait pu avoir quelqu’un à aider. Elle devait penser à autre chose qu’à sa mère et se concentrer sur l’instant présent.

L’atmosphère dans le cockpit l’était tout autant. Une menace continuait de planer avec ces créatures dehors. En un sens, c’était une bonne raison de ne pas répondre. Il fallait partir. Tirons-nous de là tout de suite , se dit-elle.

— Capitaine. Essaie de regagner le pont, qu’on puisse mettre les voiles.

— Deux minutes, s’il te plaît. Laisse moi juste deux minutes. J’en ai besoin.  

Était-ce raisonnable ? Si ça se trouvait, ça ne l’était pas. Mais après de tels événements, elle pouvait peut-être lui accorder le temps de retrouver l’usage de ses moyens. Cependant, rien ne lui interdisait de lancer les moteurs, histoire de faire cracher toutes les saletés qu’ont dû accumuler les propulseurs. Après une vérification de tous les systèmes, Foster fut ravie de constater que le décollage était assuré. Elles allaient pouvoir décoller. En attendant, elle sortit la dernière cigarette de son paquet. Elle l’alluma et en tira de grandes bouffées. Peu importe le goût, peu importe que la fumée lui brûlait la gorge. C’était sa pause.

— Ah merde ! Lança-t-elle, quand une braise tomba sur sa cuisse.

Elle chercha le petit morceau incandescent qu’elle écrasa vite fait bien fait avec ses doigts.


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