Alien : La dérive du Fortune

Chapitre 4 : Quelque chose dans les murs

3765 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour il y a 3 mois

D’un coup, Foster sentit sa poitrine se comprimer. L’angoisse avait pris une telle place qu’elle avait l’impression que ses poumons implosaient de manière exponentielle. Elle déglutit avec difficulté puis, tâtonna sur le panneau de commande avant de réussir à rouvrir la communication radio.

— Cobb… Cobb? Je crois que tu n’es pas seul dans cette salle. Enfin, je crois qu’il y a… Qu’il y a quelque chose avec toi.

Le silence dans le cockpit devint presque assourdissant alors que Foster attendait une réponse de Cobb. Son regard était rivé sur l’écran sur lequel l’image de cette étrange queue osseuse continuait de hanter l’espace vide. Les secondes s’étiraient, et la tension grimpait en elle comme une marée montante. Puis, elle réalisa qu’elle n’avait plus prêté attention à la radio depuis un moment. Elle ne diffusait plus qu’un léger bruit blanc.

— Cobb… Tu m’entends ? tenta-t-elle à nouveau, la gorge nouée et sa respiration ayant perdu toute coordination.

Le poste de commande émit un bip léger pour signaler la fin du téléchargement des derniers fichiers. Foster se précipita sur le clavier. Elle serra ses poings plusieurs fois d'affilée pour faire craquer ses jointures avant de réussir à retrouver l’usage de ses doigts crispés. Premier fichier. Il n’y avait rien à part du grain. Suivante. C’était flou, sombre. Encore deux. Sur l’avant-dernière, Foster ne distinguait rien avec clarté. Juste des formes imprécises étalées en une même ondulation perdue dans un flou directionnel. Elle ne comprenait pas ce qu’il fallait voir, mais elle paniquait parce qu’elle avait une idée bien ancrée en tête. Agitée par le stress, elle fit défiler à nouveau les trois images une à une, comme pour les animer d’avant en arrière. Puis, elle s’arrêta. Sous ses yeux, quelque chose commençait à se révéler. Mais elle ne savait pas comment confirmer l’hypothèse qui prenait forme dans sa conscience. Peut-être que l'ordinateur de bord pourrait l’aider.

— MAMAN? J’aurais besoin que tu me fasses un nettoyage et une correction de courbe des niveaux sur l’image du moniteur de Cobb.

— Traitement en cours. annonça la voix sans vie de MAMAN.

 Ligne après ligne, pixel par pixel, le balayage de la photographie dévoilait des volumes, des courbes puis, petit à petit, apparurent des couleurs, quand bien même la retouche saturait l’image de grain. Déjà, Foster devinait de quoi il s’agissait, mais elle n’en n’était pas encore certaine. Et pourtant le mot rangées envahissait son esprit en ébullition. Oui, plusieurs rangées. MAMAN opéra une dernière correction des couleurs claires.


Voilà!


Foster avait raison. Malgré le fait que tout soit flou, et ce même si Cobb avait très probablement capturé cette image dans la panique, ce qui apparaissait ne laissait que très peu de place au doute. Au milieu d’une grande masse noire qui occupait tout le cadre, on pouvait voir des dents. Des dents brillantes, chromées longues et acérées. Une mâchoire grande ouverte.

Foster sentit la terreur envahir chaque fibre de son être. Sa lutte contre la panique avait perdu la bataille. Son cœur n’en pouvait plus. 

— MAMAN, est-ce que tu peux capter les signes vitaux de Cobb ?

La voix froide et indifférente de l’IA répondit :

— Réception du signal impossible.

— Putain, mais recommence ! Trouve une autre manière de communiquer avec lui! soit créative, merde !

Foster avait les yeux fixés sur les dents à l’écran. Ces foutues dents. 

Il restait une photo à voir. À cette pensée, Foster sentait les traits de son visage se tirer. Elle avait l’impression que ses muscles faciaux pouvaient rompre à tout moment. Elle ouvrit le fichier. L’image était floue, agitée, mais sa lecture était très claire. On distinguait un cercle de lumière loin au-dessus de son point de vue. Cobb était en train d’être emporté dans le fond du puits. La chose qui l’avait enlevé avait un long bras maigre et sombre. En sachant que la caméra se trouvait à 25 centimètres à la droite du centre du casque, Foster put estimer que la chose avait sans le moindre doute défoncé la visière. Et qu’elle portait Cobb en le tenant d’une poigne ferme par la tête. Quelle horreur pensa Foster, Et quelle situation d’impuissance. Elle n’osait pas imaginer la terreur qu’avait vécu son ami. Si seulement elle avait compris plus tôt de quoi il s’agissait. Et là, elle comprit. Car même si, sous cet angle, on ne voyait pas le visage de la créature, Foster pouvait sans hésiter reconnaître une jambe nue accrochée à la paroi du puits. Il y avait aussi le bas d’un dos avec une taille très fine et des os très marqués, donc une colonne vertébrale qui se poursuivait en une très longue queue. C’était bien cela qui attendait, d’une patience reptilienne, sur la passerelle en hauteur. C’était cette chose qui avait été captée par les senseurs. Et elle avait enlevé Cobb.

— Réception du signal impossible.

Foster serra les dents, ses poings se crispant sur les accoudoirs du siège. Elle ajusta la formulation de sa question à l’ordinateur.

— MAMAN, les signes vitaux de Cobb se sont-ils arrêtés ou est-ce qu’on ne peut juste plus les capter ?

— Tant que l’émetteur de l'officier scientifique Cobb ne sera pas à distance raisonnable du Fortune, la réception du signal sera impossible , répéta MAMAN, imperturbable.

Foster, prise de panique, cherchait à reprendre le contrôle de sa motricité. Le cockpit exigu, déjà si oppressant, semblait se resserrer autour d’elle. Cobb avait disparu et Foster faisait tout son possible pour chasser de ses pensées la possibilité qu’il avait été tué. Et s'il était encore vivant ? Ça aussi, c’était possible. Et l’équipe ? Impossible de les prévenir. Et se rendre sur place serait stupide. Elle perdrait trop de temps alors qu’elle est plus utile ici. Bon sang, les autres aussi pourraient avoir affaire à la créature une fois qu'ils seraient revenus dans le hall.


Mais s'ils ne redescendaient pas à temps pour sauver Cobb?


Foster réagit juste après cette idée. Toujours sujette à la panique, elle avait néanmoins la ferme intention d’agir.

— MAMAN, je vais quitter le vaisseau et chercher l’équipe d’exploration.

L’IA répondit d’une morne indifférence glacée.

— Le protocole exige que le Fortune ait constamment un membre d’équipage capable de piloter à son bord. Ordre 105 du règlement de navigation spatiale de la compagnie.

Foster serra les dents, sa frustration rageait en elle comme une mer déchaînée.

— Je peux pas rester là à attendre comme une conne pendant que tout le monde crève !

— Vous tentez d’outrepasser l’Ordre 105 du règlement de navigation spatiale de la compagnie. Veuillez rester à votre poste. Je viens de sceller le cockpit.

Espèce de connasse, pensa Foster, tu crois que je ne sais pas comment sortir ? Avec une dextérité déconcertante, elle shunta la sécurité de la porte et déclencha le déverrouillage de la porte hydraulique qui siffla et disparut dans le plafond. Foster fit un premier pas en dehors de la salle, s’apprêtait à foncer au SAS de décompression puis se figea net.

Ses yeux s'étaient perdus dans le vague, elle transpirait à pleines eaux et ses doigts étaient serrés à s’en briser les os sur le cadre d’étanchéité de la porte. Elle avait tout d’un coup réalisé qu’elle ne pourrait rien faire. Que l'adrénaline ne suffirait pas à lui permettre de sauver Cobb toute seule. Peut-être même pas à poser un seul pied dehors. Il fallait qu’elle accepte d’être impuissante face à cette situation. Elle devait attendre que l’équipe soit joignable pour les avertir, les guider à travers la tempête vers le Fortune et veiller à ne rien laisser rentrer avec eux. C’était ce qu’elle avait de mieux à faire. Elle recula d’un pas, les épaules basses et les larmes aux yeux. Elle referma la porte qui coulissa et se verrouilla une fois descendue à ses pieds. Le sifflement du mécanisme hydraulique résonna dans ses oreilles comme une parole lointaine qui la rappelait à l’ordre. Les jambes de Foster flageolaient, mais elle faisait de son mieux pour se réapproprier l’usage conscient de son corps. Elle fouilla de ses doigts moites et grippés la poche de sa veste et en tira son paquet de cigarette. Elle s’en alluma une et s’adossa au bâti de la porte avant de se laisser glisser par terre. La fumée âcre qui coulait dans sa gorge la dégoûtait. Elle n’avait pas remarqué ça depuis bien longtemps. La clope mêlée à l’air recyclé par un système de ventilation vieux de quarante ans n’aidait en rien à atténuer l'arôme écœurant qui avait envahi sa bouche, mais au moins, dans son esprit, c’est comme si elle s’accordait une pause. Nocive pour ses poumons, mais bonne pour sa santé mentale. Elle en avait besoin.

Elle espérait que les autres la recontacteraient dans la seconde. Elle essaya de trouver une façon adéquate de formuler ce qui s’était produit, mais rien ne lui venait. Elle ne trouvait que des phrases confuses qui la feraient passer pour folle, même dans ce contexte.

Soudain, un bruit sourd résonna. Il venait de l’extérieur du vaisseau. Foster se figea. Quelque chose frappait lourdement la coque du Fortune. En tenant compte de ce qu’elle savait, Foster se redressa et retourna à son fauteuil.

— MAMAN, qu’est-ce que c’est que ce bruit ?

— Définissez le bruit, s’il vous plaît.

Foster roula des yeux, agacée par l’automatisme stupide de l’IA.

— Peux-tu identifier ce qui cogne contre la coque du vaisseau ?

— La tempête projette de nombreux débris hétérogènes. Il m’est impossible d’identifier une source précise.

— Est-ce que tu peux me dire ce qu’il en est de l’intégrité de la coque ?

— La coque du Fortune ne présente aucune anomalie, aucun dégât, de possibles bosses et éraflures. Aucun danger n’est à signaler. Toute imperfection structurelle due aux conditions de travail devra être signalée à la fin de votre mission afin d’en avertir les assurances.

Foster rêvait depuis longtemps que MAMAN soit une vraie personne pour qu’elle puisse la mettre KO d’un seul coup de poing dans le nez. Elle aurait pu s’accrocher à cette agréable pensée si deux nouveaux coups n’avaient pas résonné plus loin. Foster déglutit, un frisson glacial parcourant son dos. Les coups se répétèrent plus assourdis que les précédents avant de s’arrêter. Outre la météo en furie dehors, tout redevint calme.

— C’est pas un vaisseau. C’est une putain de maison hantée, murmura-t-elle pour elle-même.

La radio grésilla brièvement, émit un lugubre bruit blanc et la voix désespérée de Corman retentit.

— Foster ! Foster, tu m’entends ?

Foster n’y croyait plus. Elle aurait pu se sentir rassurée mais la tension qu’exprimait Corman était annonciatrice d’une situation critique.

— Corman ! je t’entends. Qu'est-ce qui se passe ?

Il y eut un long crépitement puis Foster crut entendre Corman lâcher un juron. Puis sa voix se brouilla à nouveau. Foster perdit patience.

— Bordel de merde ! MAMAN, débrouille-toi comme tu peux, mais arrange-moi cette foutue réception radio!

— Veuillez reformuler votre demande, je vous prie.

Bon sang, si la bonne tenue de ce vaisseau ne dépendait pas autant de cette intelligence artificielle, Foster lui aurait déjà foutu le feu. Elle prit une grande inspiration et prit les commandes de la réorientation des antennes du Fortune. À l’aveugle, elle les orienta du mieux possible vers la pyramide, puis les fit pivoter en tous sens jusqu’à ce que le bruit blanc s’atténue dans les haut-parleurs, indiquant que le signal radio passait mieux. Un bourdonnement retentit, devint d’un coup plus strident, puis le haut-parleur émit le son très humain d’une personne à bout de souffle.

— Foster, s’il te plait! dis-moi que tu es là!

— Je t’entends très bien, Corman ! Dis-moi où tu es et ce qui se passe.

À l’autre bout de la radio, Corman toussait et respirait avec difficulté. Il y avait des frottements de tissus et des petits bruits de choc contre une surface solide. Elle était en train de courir, peut-être, en tout cas, elle se déplaçait avec toute l’énergie qu’elle pouvait encore mobiliser. Et par-dessus tout, elle était dévorée par la terreur.

— Je redescends les escaliers vers le hall. Ces foutues marches, putain, ces foutues marches ! J’en peux plus, Foster! J’en peux plus. Et j’étouffe dans cette combi.

— Corman, si tu m’entends bien et que je t’entends bien, ça veut dire que tu es presque à la sortie. Il faut que tu continues. 

— J’arrive bientôt dans le hall. Je vois la lumière verte en bas à droite. Merde, Foster… J’ai perdu Corday dans les couloirs à l’étage. Il a fallu que je fuis. Il faut que je fasse une pause, Foster. Faut que je fasse une pause.

Corman reniflait bruyamment entre deux respirations. Elle était en train de se retenir de pleurer. Foster n’osait imaginer ce que cela impliquait, mais ce dont elle était certaine, c’est que l’équipe avait dû rencontrer la bête qui avait emporté Cobb. Elle laissa à Corman le temps de se reprendre et de reprendre la parole.

— Et McClare… Mon Dieu, c'était horrible. Horrible. On avait exploré trois étages et tout était si calme. Puis j’ai marché sur une sorte de câble et il s’est mis à vibrer puis à se secouer dans tous les sens. Je me suis pris les pieds dedans et il s’est enroulé autour de ma cheville. J’avais l’impression d’avoir un intestin en métal qui me grimpait dessus. Il serrait de plus en plus fort et a commencé à me tirer vers la paroi. McClare s’est précipité pour me retenir. Puis Corday m’a maintenu au sol aussi fort que possible. McClare a sorti son couteau et a tranché le câble, puis ils m’ont libérée. Et là, j’ai vu la paroi qui remuait. Comme si elle respirait. Elle suintait et bavait et puis toute la surface s’est mise à grouiller. Des pistons, des conduits de ventilation, tout un tas de mécanismes qui se mettaient en branle. À les voir, on aurait dit qu’ils étaient vivants. Mais ensuite…

Corman hoqueta dans un râle et produisit un son de déglutition très marqué. Elle libéra sa gorge pour retrouver son souffle. Foster ne dit toujours rien et n’osa pas la couper. En fait, elle voulait tout entendre maintenant. Elle entendit Corman boire dans le distributeur d’eau de son casque avant de reprendre. Elle eut beau essayer de se préparer à poursuivre son récit, sa voix déraillait sans coordination.

 - Ensuite, McClare m’a vite remise debout. Et c’est là que cette chose a glissé hors du mur ! J’y voyais pas grand-chose mais je peux te jurer que le mur accouchait de cette bestiole. Elle y était encore enfoncée à moitié quand elle a choppé McClare. Elle l’a attrapé avec sa queue… Elle le lui a planté dans le dos comme un crochet.

Foster sentit son estomac se retourner. C’était la bête. Celle de la photo. Aucun doute. Corman avala sa salive avec difficulté avant de reprendre.

 - Elle a ramené McClare à elle, a plongé ses doigts dans sa blessure et l’a déchiré en deux. Net. Vif. Du ventre à l’épaule… Le pauvre, il a pas eu la force de pousser un seul hurlement. Et ce… cette saloperie ! Elle a continué de sortir de son trou comme un serpent. On aurait dit que ce qu’elle venait de faire c’était rien. Et puis avec Corday, on était choquées, alors on bougeait pas. Puis, elle s’est arrêtée comme si elle faisait enfin attention à nous. Je comprenais pas vraiment ce que je voyais, du coup, je peux pas te la décrire, je pouvais même pas voir ses yeux, mais je suis sûre - oh putain, oui - elle, elle regardait droit dans les miens. J’ai senti que j’étais la prochaine alors j’ai pas réfléchi et j’ai fui… Comme une foutue lâche, bordel.

La description des événements avait laissé Foster sans voix et elle était bien incapable de trouver les mots justes pour la convaincre de reprendre sa route vers le Fortune. Elle ne désirait qu’une seule chose, ramener son amie à bon port et prendre soin d’elle, la rassurer et l’éloigner au plus vite de cet enfer. 

— Je te crois, Corman. C’était une situation inattendue et un cauchemar. Personne ne t’en voudra. Tu as eu un réflexe de survie. Ça, tu pourras en parler plus tard, mais j’ai besoin que tu te relèves, maintenant. J’ai conscience que tu es au bout de tes forces, mais il faut que tu descendes et que tu rejoignes le Fortune.

 — Oui, oui. Je me lève. Je vais retrouver papi. Je le ramène avec moi.

Foster se surprit de ne pas avoir pensé à Cobb à cet instant. Trop horrifiée par le récit de Corman, elle se rendit compte que le choc allait être terrible pour son amie. Contre son gré, elle marqua un court silence que Corman ne comprît que trop bien. Les deux savaient alors et Corman s’affola. Foster écoutait son amie se débattre dans son scaphandre pour descendre à toute vitesse les dernières marches qui la menait au hall de la pyramide. Malgré le poids de sa combinaison, elle consommait tout ce qui lui restait de force pour courir une fois qu’elle atteignit le sol de la grande salle. Foster, impuissante, laissa à Corman le temps de réaliser. C'en était trop, et des larmes bouillantes coulaient sur ses joues irritées.

— Non, non, non, non, pitié. Pas lui. Foster, s’il te plait, dis-moi qu’il est en chemin vers le Fortune. Je t’en prie.

— Je suis désolée. La bête l’a emporté dans le puits. Je suis vraiment désolée. Le bug du senseur. C’était pas un bug.

— Tu l’avais vue , pleurait Corman, résignée. Elle était avec nous depuis qu’on a posé un pied ici. Tu l’avais vue et nous on a laissé Cobb… Papi… On a abandonné Papi.

Foster luttait contre elle-même pour ne pas craquer, mais la tristesse de Corman lui nouait le cœur. C’était un pur moment de régression émotionnelle où la douleur prenait le pas sur toute autre considération. Et Foster se sentait coupable d’avoir été protégée de ces horreurs, à l'abri dans la solide carlingue du Fortune. Elle devait se reprendre. Pour Corman, elle mit toute la tendresse qu'il y avait en elle dans sa voix.

— C’est arrivé et on ne peut rien y faire, finit-elle par dire, à mi-voix. Ce qu’on peut faire, c’est le pleurer ensemble et honorer sa mémoire. Mais pour ça, il faut que tu reviennes saine et sauve. Tu peux faire ça pour moi ? S’il te plaît. 

Foster attendit une réaction de la part de son amie. Elle espérait que la douceur encouragerait ses premiers pas vers la sortie de la pyramide. Le son provenant des haut-parleurs était incommodant et désagréable. Il s’incrustait dans la cacophonie générale de tout ce qui heurtait et mettait la solidité du pare-brise du Fortune à l’épreuve. La radio grésilla à nouveau. Mais à côté de ce bruit, Foster entendit Corman pousser un souffle de détermination.

— D’accord. Je me mets en route.

— C’... C’est bien. Rejoins-moi vite. Et je reste avec toi pendant tout le chemin. Oriente la caméra de ton casque derrière toi, s’il te plait. Quand tu arriveras au pont, je pourrai à nouveau recevoir le signal vidéo et je pourrai couvrir tes arrières.

— Bonne idée, je fais ça. Bon. Je m’apprête à sortir. Avec la tempête, j’ai du mal à savoir où tu es.

— Okay. Je te fais un signal lumineux.

Foster leva les bras vers les modules de commande supérieurs et alluma les phares avant et les programma pour qu’ils clignotent en continu. Corman poussa un petit rire de satisfaction perdu dans un reniflement.

— Bien. Maintenant je te vois. Je te préviens quand j’arrive au pied de l’élévateur.

Foster était tendue. Elle ne détachait pas son regard du moniteur de contrôle de Corman et attendait que le signal vidéo revienne. Il fallut seulement quelques secondes pour qu’apparaissent enfin les images. Elle voyait donc ce qui se trouvait derrière son amie qui s’éloignait à pas décidés de l’entrée de la pyramide. Peu à peu, la tempête en avala les détails et seule la lumière verte venue de l’intérieur traversait les éléments dispersés par les vents inarrêtables.

Soudain, la voix de Corday revint sur les ondes, haletante.

— Corman ? J’arrive dans le hall! Ne t’arrête pas de marcher et fonce retrouver Foster!


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