♠ ♦ Alice in Wonderland ♥ ♣

Chapitre 27 : ♠ ♦ L'âme des Rebelz jamais ne mourra ♥ ♣

3703 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 29/01/2017 15:19

Suis-je morte ? Cette soi-disant lumière blanche, que tous ceux ayant frôlé la mort prétendent avoir aperçue, je ne l'ai pas vu. Et curieusement, j'ai entendu le cri terrifié de la foule, ainsi que le rire mauvais de Kotaro Red. Je n'ai même pas senti la moindre douleur.

Un son métallique retentit, me procurant un mal de tête bref. « C'est quoi ce bordel?! »

C'est la voix de Togano Heartace ! J'ouvre grand mes yeux, en respirant brusquement, ayant gardé mon souffle coupé l'espace d'un instant. Je me relève tout aussi brutalement, oubliant quelques secondes que je ne suis pas seule, et passe une main tremblante sur ma nuque. Aucune égratignure. Mais, attendez... mes menottes sont cassées, puisque j'ai pu me toucher la nuque ! Je regarde mes poignets en sursautant : mes mains sont toujours menottées... mais la chaînette est complètement brisée. Au bout d'un léger temps, je me mets debout, et parviens à tourner la tête pour regarder les autres Rebelz. Ils observent tous leurs poignets, stupéfaits, leurs liens étant également cassés. Edge me lance un regard étonné, du genre « Qu'est-ce-que c'est que ce machin ?! », alors que Marshall lâche un ricanement empli de folie... mais la bonne folie... SA folie à lui. L esquisse un sourire, geste si rare de sa part, que mon cœur en est immédiatement réchauffé. Hiruma me regarde fixement, la bouche légérement entrouverte sous le choc, ce qui fait adorablement sortir ses canines pointues. Une petite lueur malicieuse se lit dans ses yeux émeraude, alors qu'il disparaît.

En faisant valser mes longs cheveux bruns, je me tourne vers Togano. Ses petits yeux noirs sont écarquillés et rivés vers le sol. Curieuse, je baisse la tête, et ce que je vois est des plus ahurissants : la hache est brisée en mille morceaux à ses pieds ! Même les grenats, les topazes et les onyx sont fissurés, et l'or semble terni. Le Valet de Cœur aux lunettes de soleils teintées orange tient toujours fermement le manche, abasourdi, et les mains toutes tremblantes. Comme nous, il doit sûrement se demander quel miracle vient de se produire.

Enfin, quand je dis ''miracle'', je parle bien sûr pour les Rebelz. Car pour Kotaro, c'est bien plus qu'un échec, c'est une malédiction, comme si le ciel s'abattait sur ses épaules. Le Roi de Cœur s'est tout d'abord levé d'un bond, alors que l'assemblée a immédiatement cessé de faire le moindre bruit sous la surprise, puis est mollement retombé sur son somptueux siège, conscient que l'âme des Rebelz ne mourra jamais.

Je n'ai vraiment pas compris ce qu'il s'est passé. Ce que je sais, c'est que j'ai évité la Mort et que, d'une manière où d'une autre, j'ai sauvé les autre Rebelz.




Presque malgré moi, je lâche un rire satisfait et un peu fou : les Rebelz ont enfoncé un poignard en plein cœur du Royaume ennemi ! Nous sommes comme invincibles ! La foule est toujours silencieuse, tremblante et choquée. Soudain, Hiruma apparaît devant moi, leur faisant face, un sourire diabolique illuminant son visage. Enfin, ce sourire ! Il m'avait tant manqué ! Le visage satanique de notre Chat du Cheshire effraie les majordomes et autres lèche-culs de Kotaro, qui s'en vont en courant, que ce soit pour protéger le château ou leurs propres vies. Les autres habitants du Wonderland et les esclaves forcés, ceux qui priaient tout-à-l'heure pour nous, retournent également chez eux ou à leurs postes. À la différence, eux ne sont pas terrifiés par le regard machiavélique d'Hiruma et la soif de vengeance des Rebelz, mais contents de notre survie, s'en allant le sourire aux lèvres. Certains font même notre geste de rébellion en courant, ce qui m'a profondément touché.

Debout sur le billot (sur lequel ma tête aurait dû être coupée), je contemple cette masse en panique, éclatant de rire de plus belle, accompagnée des quatre autres Rebelz. Même L rit, d'un ricanement léger et presque inaudible, mais appuyé de son étrange petit sourire en coin et d'un regard fixe perturbant. Alors que Marshall et Hiruma rient à gorges déployées, sous la démence, Edge se tourne vers Kotaro. Nous autres en faisons de même, en glissant nos pouces ou nos index sous notre menton le long de notre cou, nous foutant ouvertement de la gueule du Roi de Cœur. Nos rires espiègles et mauvais à son intention le rendent mal à l'aise. Il tique nerveusement, retroussant l'une de ses narines frénétiquement. Hiruma le montre insolemment du doigt, car les yeux marrons du Roi s'humidifient. Marshall, lui, désigne Togano du doigt après s'être allumé une cigarette, pour le ridiculiser et se moquer de sa lâche trahison. Edge, regardant le peu de gens qu'il reste dans la foule, retire son haut-de-forme avec un mouvement théâtral à la fois exagéré et sombre, et s'exclame : «Acclamez la vengeance des Rebelz ! », alors que L dit à tous les fidèles de Kotaro, par télépathie pour les effrayer : « Courez, ou vous serez les prochains... »

Hiruma, tout en volant près du balcon de Kotaro, me porte pour m'y conduire. Je me retrouve face au tyran qui, sous la peur, passe ses doigts crispés sous sa couronne, s'enfonçant dans son somptueux siège. Le voir si perdu et vulnérable me fait un bien fou ! Debout sur le rebord du balcon, nez-à-nez avec ce monstre, je relève doucement son menton vers moi du bout de mon ongle, et murmure cruellement à quelques centimètres de ses lèvres : « Tu ne nous auras pas, Kotaro. Mais nous, on te loupera pas ! ».

Il répond faiblement à mon regard méprisant plongé dans le sien, en serrant ses poings tremblants. Alors qu'Hiruma me repose au sol, près de l'estrade où nous attendaient les trois autres Rebelz en délire, Kotaro Red se lève pour nous regarder nous rebeller.

Il a la mâchoire contractée par la haine, une larme pleine de colère coulant sur sa joue en même temps qu'une goutte de sueur sur sa tempe. Togano, quant à lui, toujours sonné et dans l’incompréhension la plus totale, nous regarde effectuer un dernier geste du camp avant de nous barrer en cavalant, hurlant de joie et de folie, sous notre victoire.




« Elle est magnifique...» murmure Unsui en retirant sa casquette, regardant un mystérieux objet posé au sol, à quelques centimètres de lui et des autres. Kuro, assis à côté de lui, les bras toujours derrière la tête, agite nerveusement ses grandes oreilles, faisant tinter ses nombreux piercings, semblant plus inquiet que jamais. Jumonji, lui, regarde à travers une longue-vue depuis le balcon où ils sont installés, attendant impatiemment le retour des cinq Rebelz condamnés à mort. Ils espèrent tous les voir revenir vivants, grâce au plan de Blue. Assis dos à son jumeau, Agon retire aussi sa casquette et attache ses dreadlocks, en demandant à Blue : « Ça va marcher tu crois ? » Pour toute réponse, l'homme-chenille crache la fumée de son narguilé au-dessus de l'objet magique, et dit :

« Ça ne fait aucun doute. Ça ne va pas marcher : ça a déjà marché ! Nous nous sommes tous bien tenus éloignés de la montre. Donc ils ne vont pas tarder à arriver, tous ensemble. »

Ses mots apaisants prononcés d'un ton si assuré n'ont pas pour autant soulagé Kuro, qui craque ses doigts sous la pression, son regard rouge matant simplement le vide. Les Tweedle replacent leurs casquettes sur leurs têtes d'un geste synchronisé, tous deux angoissés d'attendre. Blue les regarde furtivement, avant de plonger de nouveau ses yeux vert pomme sur la nouvelle montre qu'il a fabriqué aussi vite qu'il a pu. Il a l'air sûr de lui. Sa langue pend à travers son sourire en coin. Jumonji, quant à lui, tapote la longue-vue d'argent ornée de perles du bout des doigts, avant d'esquisser un doux sourire. Faisant valser son long manteau-cape blanc, il murmure : « Ils sont à la frontière. Les cinq. Il se tourne vers Blue, avec un regard complice, sentant ses yeux s'embuer de larmes. Ils sont vivants. »




Kotaro est seul, debout au centre de l'estrade, juste devant le billot qu'il chérit tant. Il regarde la hache brisée quelques secondes, puis tourne vivement le regard, la vue de cet objet en mille morceaux lui donnant des vertiges d'épouvante. Il a perdu. Il n'arrive pas à y croire. Ses yeux chocolat se perdent dans l'espace circulaire où la foule était confinée il y a seulement quelques minutes, à présent vide : il est complètement seul. Plus personne, plus un seul sujet, plus aucun bruit. Seuls lui, son Valet, et sa solitude. Le Roi de Coeur est resté un moment à regarder tristement les Rebelz courir en direction de la frontière.

Maintenant, il serre férocement les poings, étant finalement parvenu à chasser sa tristesse. En ce moment-même, il n'éprouve que de la colère, ses larmes étant pleines de rage, et non de peine. Togano, timidement, s'approche de Kotaro et murmure doucement, en tachant d'avoir toujours l'air fort : « Et maintenant, Votre Majesté ? »

Kotaro se retourne vers lui avec hargne, lui fout un brutal coup de pied dans la joue, et s'exclame en lâchant un rire violent et psychotique, alors que Togano s'écroule à genoux : « Et maintenant ?! Tss... Il lâche un rire nerveux en retenant ses larmes. Puis il lance avec haine en saisissant Togano par le col, avec un mauvais sourire aux lèvres. La guerre est déclarée ! » Faisant valser sa cape, le jeune tyran s'éloigne, laissant Togano seul. Ce dernier, attristé, baisse la tête en massant sa joue endolorie, regardant tristement le manche de la hache resté entre ses puissantes mains. Avec dégoût et tristesse, il le lâche au sol, et essuie ses larmes avant qu'elles ne coulent. Après avoir replacé ses lunettes correctement sur son nez, il serre les poings pour se ressaisir, et suit Kotaro à l'intérieur du château.




Les deux grandes portes du magnifique et imposant Château de Pique s'ouvrent à nous. Tous les cinq, nous sommes essoufflés d'avoir détalé si vite, mais si heureux que nous ressentons à peine la fatigue de notre course effrénée. Jumonji White nous fait face. Ça me fait bizarre, d'avoir tant entendu parler de lui, ce Roi de Pique loyal et bienveillant, et de finalement me retrouver face à lui. Alors que je suis focalisée sur sa sublime couronne légèrement penchée sur le côté (et encore plus majestueuse que celle de Kotaro à mon goût), mais surtout sur l’impressionnante cicatrice en forme de croix qui barre sa joue, le souverain aux cheveux blond platine serre chaque Rebelz survivant dans ses bras avec émotion. Marshall lui ébouriffe les cheveux, L lui tapote le dos mollement, Hiruma frotte sa joue à son épaule et Edge embrasse sa joue balafrée en lâchant un rire espiègle. Les voir si joyeux me fait sourire : les retrouvailles font toujours un bien fou.

« J'ai eu tellement peur, les gars ! Je suis si soulagé de vous voir vivants. » s'exclame Jumonji, essuyant les petites larmes qui perlent au coin de ses yeux. Soudain, il pose son regard noisette vers moi, et semble bouche bée. Poliment, j'effectue une petite référence en tenant les pans de ma robe, susurrant un petit : « Bonjour, Votre Altesse. »

Pour toute réponse, Jumonji s'approche de moi, relève délicatement mon menton vers lui, et me serre dans ses bras. Il chuchote : « Je sais que tu ne te souviens pas de moi. Mais, bordel, ce que tu m'as manqué, Alice. Il recule un instant de notre étreinte et me contemple avec un air ému, en prenant mes mains. Tu as grandi, tu es si belle. »

Surprise, et rougissant certainement un peu, j'esquisse un léger sourire timide.

Lâchant une de mes mains, il garde l'autre dans la sienne, me conduisant à l'intérieur du château, faisant comprendre aux quatre autres de le suivre d'un signe de tête amical. Il dit :

« C'est en partie grâce à toi, Alice, que je suis arrivé jusqu'ici. C'est grâce à vous tous, mais tu ne t'en rappelles sûrement pas. Et il est grand temps que tu t'en souviennes ! Une fois dans le vestibule, il lâche ma main et nous sourit. Allez retrouver les autres. Une fois que vous serez tous prêts, je confectionnerai la Potion de Mémoire. »




Agon et Unsui se sont littéralement jetés sur nous, serrant chaque nouvel arrivant entre leurs quatre bras puissants. Lorsque c'est mon tour, Unsui m'a amicalement câliné avec un petit sourire rassuré, alors qu'Agon murmure un « Je t'attendais, ma belle » quelque peu enjôleur, en plaçant ses paumes sur mes hanches pour me taquiner. Je tape affectueusement son épaule, et frotte gentiment le dos de son jumeau. Leurs yeux gris emplis de soulagement me touchent beaucoup : je pensais que nous, les cinq condamnés à la guillotine, étions les plus terrifiés. Mais ce n'est pas le cas. Les autres Rebelz étaient encore plus effrayés à l'idée de ne plus jamais nous revoir franchir les portes du Château de Pique. Malgré l'air impassible d'Unsui et le tempérament séducteur d'Agon, je ressens la peur qu'ils ont éprouvée, même si ils tentent de la dissimuler derrière leurs attitudes opposées. M'éloignant légèrement d'eux avec un sourire, j’aperçois Kuro au fond de la pièce, en retrait, presque caché derrière un mur, tout tremblant. Hiruma apparaît près de moi et me murmure à travers son sourire carnassier : « Aller, va le voir, il attend que ça. »

Lentement d'abord, puis de plus en plus vivement, j'accours vers Kuro et lui saute au cou, me blottissant contre lui les larmes aux yeux. Lui aussi est presque en train de pleurer, et me serre très fort contre son cœur. Je recule légèrement pour passer une main dans ses cheveux, alors qu'il caresse ma joue, avant d'appuyer doucement son front contre le mien. Il chuchote tendrement : « Alice, ma frangine, j'ai eu si peur de te perdre... 

-Et moi j'ai eu si peur de ne plus jamais revoir ton sourire, frangin, je réponds toute émue, essuyant une larme fugitive coulant sur ma joue alors que lui ravale fièrement les siennes. »

Comme je l'attendais, il esquisse un grand sourire, mettant en valeur ses jolies lèvres pulpeuses et ses dents aussi blanches que ses oreilles de lapin, remuant ces dernières joyeusement. Je remarque cependant avec peine que le coin de ses lèvres est toujours un peu entaillé, à cause des nombreux coups que ce connard de Kotaro lui a infligés pendant notre semaine au Royaume de Coeur. Je pose mon pouce sur la plaie en veillant à ne pas lui faire mal et murmure : « Putain, il t'a pas loupé...

-Je sais, répond-il en baissant ses yeux rouges, mais c'est rien, t'inquiète.

-Justement, c'est ça que je devais faire ! S'écrie Jumonji en arrivant vers nous, sa longue cape immaculée traînant derrière lui. »

Le jeune monarque s'avance vers Kuro, et passe lentement sa main devant la lèvre de ce dernier, d'un geste ample et doux. Lorsqu'il la retire, à ma grande surprise, l'entaille a complètement disparu. Alors que j'écarquille mes yeux en remuant plusieurs fois mes longs cils sous l’incompréhension, Jumonji lâche un léger rire sympathique et sort de sa poche sa montre magique, qu'il me présente d'une voix claire :

« Moi aussi je possède un pouvoir. Il s'agit de la Guérison. Comme tu as pu le voir, il me permet de soigner les moindres blessures d'un simple geste de main au-dessus de la douleur ou de la plaie. Je peux même remettre sur pied une personne venant de se faire tirer dessus. Mais seulement si elle est encore vivante. Si elle a succombé, c'est malheureusement trop tard, et même mon pouvoir ne peut rien n'y faire... Je ne ressuscite pas les morts, je ne fais que guérir les maux physiques. Il dit ensuite sur un ton plus enfantin. Mais le Roi de Cœur n'est pas au courant de l’existence de ma montre. Entre Rebelz, le secret est bien gardé. »

Tout en écoutant attentivement ses paroles, j'observe sa montre à gousset, décorée de motifs damiers, mais également de petites perles, de diamants et d'onyx taillés en forme de piques, incrustés sur le clapet. Elle est tout simplement magnifique. Jumonji continue :

« D'ailleurs, je sens que tu es blessée... »

Se plaçant derrière moi, il passe sa main près de mon dos. Et, curieusement, je ne ressens plus aucune douleur, vis-à-vis de cette atroce ceinture de fer qui a monstrueusement serré mes reins au cachot. Il soigne également ma lèvre ouverte à cause du coup de pied que Kotaro m'a donné avant mon arrestation. Me sentant enfin complètement bien, je remercie Jumonji au moins trois fois, avant d'étreindre de nouveau Kuro qui tend les bras vers moi, visiblement apaisé que je sois à ses côtés et guérie de toute éventuelle douleur.




Blue Habashira fait soudainement son apparition dans la pièce. Il tient son narguilé d'une main et quelque chose dans l'autre, et un malicieux sourire éclaire son visage. Un sourire qui ferait comprendre à n'importe quel abrutit que c'est lui qui nous a sorti de cette merde. Il s'avance vers moi et personne d'autre, ce qui pousse tous les autres Rebelz, et même Jumonji à m'entourer avec curiosité.

« Qui es-tu, sous-merde ? Me demande-t-il d'un ton espiègle en fumant.

-Alice Wonderchess. Et non pas Blue, car Blue c'est toi, dis-je en lui faisant un clin d'œil. Plus sérieusement, je lui murmure. Quelque chose dans ton regard couvert d'eye-liner me fait comprendre que c'est grâce à toi que nous sommes en vie...

-En effet, enchaîne-il en posant son narguilé à ses pieds. Mais c'est aussi grâce à toi, Alice. Il place une montre qui m'était inconnue jusqu'à présent juste devant mes yeux. Une montre bleue, décorée de résille, de rubans noirs et de motifs damiers. Un ''A'' majuscule est gravé au centre du cadran. Je te présente ta propre montre magique, Alice. Je l'ai confectionné dés que Kuro et les Tweedle m'ont informé de votre exécution. »

Lentement, il la pose au creux de mes mains. Je me sens de suite plus forte, comme entourée d'une puissante aura. Mais je ne sais tout-de-même pas quel est mon pouvoir. Edge se penche derrière mon épaule pour regarder ma montre à gousset et lance :

« Putain, elle est trop belle ! C'est quoi son pouvoir, Blue ?

-J'allais l'expliquer, enfoiré, s'exclame Blue en ricanant. Alice, je t'ai offert deux pouvoirs, dont un très précieux. Le premier, tous les habitants du Wonderland le possède déjà : tu ne peux désormais plus vieillir tant que tu es au Pays des Merveilles. C'est-à-dire que même si les années défilent, tu auras toujours 16 ans, tout comme j'aurai toujours 20 ans et que L aura toujours 24 ans. C'est une nouvelle propriété de notre monde. »

La façon dont il a appuyé sur le mot ''nouvelle'' m'a quelque peu intriguée. Mais je le laisse continuer ses explications : «  Mais ton véritable pouvoir, c'est l'Immortalité. »

J'ai failli lâcher la montre à l'entente de cette phrase. Agon et Unsui se sont tournés vers Blue d'un geste de tête synchronisé. Kuro a hurlé « Heeein ? » alors que Edge a manqué de s'étouffer. Hiruma est bouche bée. L a ses yeux grand ouverts sous la surprise. Marshall a lâché un léger rire déjanté en cachant ses yeux avec sa main, la tête baissée. Et Jumonji a doucement susurré « Euh... quoi ? » en tournant un peu sa tête, comme si il avait besoin de rapprocher son oreille de Blue pour mieux comprendre.

« Vous avez bien entendu, s'écrie Blue en éclatant de rire. Il me désigne avec l'embout de son narguilé. Cette petite peste ne peut plus mourir. On lui tire dessus ? La balle sera déviée. On lui fait boire un poison mortel ? Elle l'avalera comme si il s'agissait d'un simple thé vert. Il marque un temps et continue avec une voix plus grave et basse, et un air démoniaque qui me plait beaucoup. On lui coupe la tête ? La hache se brise... »

Le machiavélisme de ce mage-délinquant s'est transmis de Rebelz en Rebelz, dessinant à chacun un sourire mauvais au coin de ses lèvres, certains lâchant même un ricanement dément. Je n'arrive pas à croire que je sois la propriétaire d'une montre au pouvoir si puissant, si influant et si... invulnérable, moi, la p'tite Alice ! Alors que je range le précieux objet dans mon bas rayé, à la place du pistolet doré de Marshall que je rends à ce dernier, Jumonji dit à tous les Rebelz en se plaçant en tête de file :

« Bon, allons dans la salle des Potions. Notre chère Alice a une mémoire à retrouver ! »


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