♠ ♦ Alice in Wonderland ♥ ♣

Chapitre 3 : ♠ ♦ Suis le Lapin Blanc ♥ ♣

1267 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 11/01/2017 15:23

Je cours à toute allure jusqu'à en perdre haleine. Je suis déjà essoufflée, mais mon envie de voir ce lapin de plus près est si intense que je ne peux pas m'arrêter. Dans ma course effrénée, dans laquelle ma mission première est d'éviter les branches tortueuses des arbres, les fleurs délicates et les petits arbustes, je me rends compte que... je me suis perdue ! Me voici dans la forêt qui se trouve derrière Cloverjack's House, mais j'y suis en plein centre, complètement paumée dans la nature.

Tout en courant, je me retourne pour vérifier si je peux encore apercevoir l'internat, mais ce n'est pas le cas. Comme je ne regarde pas où je mets les pieds, je m'embronche à une racine d'arbre, mais me rattrape vivement à une puissante branche de ce dernier. Ce n'est pas le moment de me casser la gueule, je dois retrouver ce mystérieux lapin portant un gilet rouge !

Je le vois, loin devant moi, détaler à fond et s'enfoncer dans une sombre clairière.

« Je vais le coincer ! », je pense en accélérant le pas, le rejoignant dans cette impasse de verdure, à l'ombre des regards et dans l'obscurité de la forêt.




Je me retrouve face à lui. Le petit animal remue son museau tout rose puis se nettoie vigoureusement le front de ses minuscules pattes fragiles. Il se trouve au bord d'un immense terrier. Mais quand je vous dis immense, je ne plaisante pas. Je pense qu'un cheval pourrait facilement y entrer. Ce que je ne comprend pas c'est pourquoi un si minuscule lapin aurait besoin d'un si grand habitat...

Je m'approche doucement, mais le bruit d'une brindille sur laquelle j'ai accidentellement marché a apeuré le lapin qui se retourne vers moi, tout tremblant. Je tend lentement ma main vers lui, la peur dans ses grands yeux rouges ayant brisé mon cœur l'espace de quelques secondes. Il se dresse sur ses pattes arrières, sort une nouvelle fois sa montre à gousset de sa poche, et tapote trois fois le cadran. Soudain, il est entouré d'un tourbillon magique et étincelant, qui m'éblouit et me laisse dans l'incompréhension la plus totale. Je pense être en train de rêver et me pince le bras pour me le confirmer... Mais je suis bel et bien réveillée, et viens donc de me faire mal pour rien. La lumière entourant l'animal étant trop éblouissante à mon goût, je cache mes yeux derrière mon bras en les fermant férocement.

Au bout d'un certain temps, je me rend compte qu'il n'y a plus de lumière. J'ouvre les yeux.




Le lapin blanc a disparu ! Un jeune homme d'environ mon âge me fait face. Attendez... Je crois bien qu'il s'agit du lapin... qui s'est métamorphosé... en humain ! Comment est-ce possible ?

Il est debout, bien droit, et me regarde intensément de ses beaux yeux rouges munis de longs cils. Il possède des lèvres pulpeuses et des cheveux mi-longs en bataille d'un brun éclatant, dans lesquels ses longues oreilles blanches sont toujours présentes, ornées de nombreux piercings argentés. Ses somptueux vêtements sont d'un riche blanc immaculé, auquel s'ajoute un gris argenté magnifique et un délicieux rouge sanglant. Sa montre d'or étant toujours entre ses mains, il la range dans sa poche en prenant soin de laisser la petite cordelette noire brillante dépasser. Puis, il place ses bras derrière sa tête et me sourit timidement. « C'est bien toi ! », hurle-t-il en clignant plusieurs fois des yeux, agitant ainsi ses adorables cils.

Comme si je ne l'avais pas entendu, je demande à mi-voix : « Qui es-tu ? »

Il semble tristement surpris de ma question mais y répond tout-de-même.

« Je m'appelle Bunny Kuroki, mais tu peux me surnommer Kuro* . »

Il se gratte la nuque puis se rapproche de moi avec un sourire attendrissant aux lèvres. Il me murmure : « Aller, suis-moi ! Nous devons faire vite ! »

Il se saisit de ma main et se retourne, marchant en direction de l'étrange terrier. Je prend son bras de mon autre main et le tire légèrement vers moi pour le faire reculer, mais la différence de gabarits se fait ressentir dans mon geste faible. À vrai dire, il doit bien faire une tête de plus que moi. Il me regarde d'un air étonné en penchant sa tête sur le coté, ses oreilles se pliant tristement. Je m'exclame en ôtant ma main de la sienne :

« Mais, je n'ai pas envie de venir avec toi... »

La vérité n'est pas que je ne veux pas le suivre. C'est juste que ce terrier est, à vu d’œil, extrêmement profond, et j'ai une immense peur du vide à cause du rêve que je fais chaque nuit. Il écarquille ses yeux, puis baisse la tête et les oreilles, d'un air tellement déçu que je m'en veux un peu. Il s'approche du trou et susurre :

« Je comprend... Tu nous as sûrement oublié... Ce n'est rien... Bon, je vais m'en aller, sinon je vais être en retard encore une fois... Et c'est bien la dernière chose que je veux. »

Sur ces mots, il regarde une énième fois sa montre, la range de nouveau et murmure :

« Au revoir Alice. »

Et il saute dans le terrier.




Une petite minute ! Il a bien dit « Alice », je n'ai pas rêvé ?! Ce lapin blanc humain (et quelle phrase étrange) connaît mon prénom ! Attirée par la curiosité, je m'assieds sur les genoux au bord du terrier et me penche légèrement, pour voir si Kuro y est. Mais c'est trop profond et sombre pour l'apercevoir. Je crie : « Kuro ?! » mais seul l'écho me répond.

Mais, étrangement, je sens une présence derrière moi. Je relève doucement les yeux, déglutis avec difficulté, et lorsque je me retourne, Kuro est là, debout derrière moi. Mais, comment a-t-il ?!...

Je n'ai même pas le temps de me poser la question qu'il me pousse violemment dans le terrier.

Je hurle tout le long de ma chute libre, effrayée, et fermant les yeux sous la peur. Lorsque je les ouvre de nouveau, je suis toujours en train de tomber, et aperçois des centaines d'objets autour de moi, tels que des horloges, des cartes, des fauteuils, des livres et même un piano ! Qu'est-ce-que cela fout dans un terrier à lapin, je me le demande !

Et en parlant de lapin, je remarque Kuro en train de cavaler à toute vitesse sur les parois du terrier, sa montre et sa veste blanche flottant dans le vent, tout comme ses cheveux sombres et ses oreilles claires. Je suis complètement épouvantée par ce qu'il m'arrive, ne comprenant rien et surtout, craignant à mort l’atterrissage.

Dans sa course folle, Kuro me lance en me souriant et en effectuant une sorte de salut miliaire avec ses deux doigts contre sa tempe : « J'suis à la bourre ! On se retrouve en bas ! »

Et il disparaît en courant, comme un éclair à peine visible, alors que ma chute semble ne plus avoir de fin...




* Kuro : Jeu de contraste car il est le lapin blanc et que Kuro signifie « noir » en Japonais. 


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