♠ ♦ Alice in Wonderland ♥ ♣
Chapitre 4 : ♠ ♦ La porte de l'imaginaire ♥ ♣
872 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 13/01/2017 18:35
C'est avec difficulté que j'ouvre les yeux. Je suis couchée sur un sol en carrelage noir et blanc semblable à un échiquier, mes cheveux en bataille devant mon visage, affaiblie par la puissance de la chute. Je respire avec difficulté, et tente de me relever en m'appuyant sur mes avants-bras, à quatre pattes. Une fois complètement assise, j'arrange ma mèche, nettoie ma robe nerveusement et observe la pièce circulaire dans laquelle je me trouve. Les murs sont recouverts de miroirs intrigants, mais aussi d'horloges déréglées indiquant toutes des heures différentes, certaines ayant même les aiguilles qui tournent dans le mauvais sens. Aussi, une petite table ronde en verre trône au centre de la salle. Mais le plus curieux dans tout ça, c'est le nombre incalculable de portes qui m'entourent !
« Kuro ?! Tu es là ?! »
Je n'obtiens aucune réponse. Seule dans cette pièce aux multiples issues, je déduis très rapidement qu'il a emprunté l'une de ces portes pour fuir. Déterminée, je me lève brusquement et accours vers la première porte. Je tente de l'ouvrir, mais elle est verrouillée. Je serre les poings et me retourne brusquement vers la petite table. Je m'en approche et remarque qu'une petite clef d'or y est déposée. Je la saisis et retourne vers la porte que j'ai préalablement essayé d'ouvrir. Mais la clef n'est pas adaptée à la serrure. Je décide de répéter l'expérience avec chacune des portes, jusqu'à trouver celle qui s'ouvrira. Mais après avoir fait le tour complet de la pièce, j'arrive à la conclusion que toutes sont verrouillées, et ce par une autre clef. À bout de nerf, j'envoie valser un vieux rideau poussiéreux qui était accroché entre deux portes. Je pose avec hargne mon poing contre la tapisserie rouge abîmée et appuie ma tête dessus, baissant les yeux. Et c'est en regardant au bas du mur que je remarque une minuscule porte, digne d'une maison de poupée. Surprise, je m'assoie sur les genoux et l'observe de plus près. Du bout des doigts, je tente d'ouvrir délicatement la petite poignée à l'aide de la clef, et c'est un succès ! Seulement, je me rends immédiatement à l'évidence : je suis beaucoup trop grande pour passer.
D'une mine boudeuse, laissant la porte miniature ouverte, je me dirige une nouvelle fois vers la table et me rend compte qu'un petit flacon rectangulaire y est apparu. Accrochée au bouchon, une petite étiquette est marquée de la phrase « Bois-moi ».
Je la prends dans ma main en quittant la petite clef d'or. Après avoir examiné quelques secondes la mystérieuse fiole, je retire le bouchon et bois plusieurs gorgées. Le goût de cette boisson est étrange et légèrement écœurant. Un parfait mélange entre la cerise, la menthe et le caramel au beurre salé. Mais alors que je réfléchie aux ingrédients qui pourraient être présents dans cette boisson, je rapetisse ! Je ne plaisante pas ! Je me retrouve soudainement à la taille d'une souris, la table ayant l'air d'être un bâtiment à coté de moi. Je me retourne vers la porte que j'ai laissé ouverte, peu rassurée d'être si petite, mais tout-de-même satisfaite de pouvoir enfin quitter cette pièce.
À peine suis-je sortie de la salle que la porte se referme derrière moi. Je sursaute et me tourne brusquement, la regardant en essayant de reprendre mon souffle. Pour je ne sais quelle raison, je baisse les yeux et aperçois un petit écrin sur le sol. À l'intérieur se trouve un gâteau coloré qui me semble très appétissant. Je le prends entre mes doigts et le regarde de plus près. Sur son nappage saupoudré de petites étoiles en sucres, la phrase « Mange-moi » est notée en coulis de chocolat. Pour vous dire la vérité, même si j'étais plutôt réticente avec la boisson, je ne le suis pas le moins du monde avec cette sucrerie qui semble extrêmement délicieuse. Je mords une part à pleines dents, et je confirme, ce gâteau possède un goût exquis. Et... à la différence de la boisson, il m'a fait grandir ! Comme le bout que j'ai croqué pour goûter était assez petit, j'ai en fait retrouvé ma taille normale. Heureusement que je n'ai pas eu les yeux plus gros que le ventre et que je n'ai pas entièrement fini la part ! Bon, assez discuté ! Je descend un escalier de pierres en regardant autour de moi, bouche bée : les marches me conduisent à un sentier de terre, entouré de fleurs parlantes multicolores, de champignons géants et d'insectes ayant l'apparence...de jouets pour enfants. Ma chute était sûrement plus violente que prévu, étant donnée que je suis en train de dormir : je suis ici, je le crois bien, dans l'univers qui hante mes rêves. Je le nomme secrètement depuis toujours le Pays des Merveilles.