A Galaxy Railways Story : Reiko

Chapitre 72 : Endgame

6763 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 25/11/2024 20:37

Chap 72 : Endgame


- Ils sont une dizaine, chuchota l’Officier navigateur de Big1. Le quatrième couloir à gauche, comme l’a indiqué Jean. Ils ne m’ont pas vu.


Reiko acquiesça en serrant le poing.


- On est en mesure de se les faire, proposa-t-elle sur le même ton.

- Notre équipe en sous-effectif ne comprend que trois militaires confirmés et un cadet, maugréa David. Et je te rappelle que t’es bien amochée, sans oublier que tes compétences en tirs sont à la hauteur de tes talents de séductrice.

- Parce que tu te prends pour un casanova ? Et, pour ta gouverne, je me suis améliorée, ingénieur de cabane de jardin. 


Un adolescent à la peau mate et aux yeux dorés s’approcha alors, suivi d’une quinzaine d’hommes dans la fleur de l’âge.


- Nous sommes en état d’en découdre, patronne.

- Patronne ?, grommela David. C’est moi qui commande ici.

- Avec vous, c’est certain que nous aurons l’avantage du nombre, argua Reiko.

- On veut descendre ce type de son piédestal, pas vrai les gars ?


Un grognement collectif répondit à l’injonction du garçon.


- Ils sont en droit de se battre pour gagner leur liberté.

- Après ton discours de tout à l’heure, Koko, difficile en effet de les arrêter, intervint Killian.

- Ils prennent leur destin en main. Je respecte cela, ajouta Merryl.


La pilote jeta un regard circulaire aux alentours, détaillant la centaine d’individus attroupée dans un silence de mort derrière les agents de la Space Defence Force. La plupart provenaient du royaume d’Ysphani mais quelques-uns avaient été capturés dans les campagnes arides reculées d’Edelweiss. Tous étaient censés être vendus comme pièces de rechange énergétique aux humanoïdes de la planète Andromède. Des familles entières, enfants inclus, sacrifiés sur l’autel de la mécanisation.

Et cela, Reiko Speed ne pouvait le tolérer.

“L’expression sur leurs visages… Celle de ceux qui ont traversé les enfers et qui en sont revenus. Je l’ai vue tellement de fois. Sans doute la même que j’arborais lorsqu’Harlock m’a trouvée.”


- Pourquoi c’est toi qui leur as parlé en fait ?, reprit David. C’est moi votre chef. 

- Comme l’a dit la patronne, nous sommes les artisans de notre propre liberté.


Reiko hocha lentement la tête.


- Malik a raison. Qui sommes-nous pour les empêcher d’agir ? Et puis, c’était le plan quand on les a délivrés, non ?

- T’es sûre que tu souhaites pas prendre la succession de ton père ?, l’interrogea Louise en secouant sa chevelure. T’as tout d’une rebelle.

- Je…


La jeune femme tressaillit.

“Elle n’a pas tort. Visiblement, je suis incapable de lutter contre ma nature profonde.”


- David, quels sont tes ordres ?, le questionna-t-elle en tâchant de chasser ses pensées moroses. Mais n’oublie pas que de ta décision dépend le sort de Bruce et de Manabu… Le temps leur est compté.


*** 


- En avant ! Chargez !


La section de la SDF en tête de file, la coalition prit d’assaut l’artillerie du château d’Edelweiss.

Une attaque éclair aussi rapide que mortelle qui ne laissa aucune chance aux soldats qui montaient paresseusement la garde. 


- Restez près de moi, patronne. Je vous protège.

- T’inquiète pas pour ça, Malik.


Reiko faucha les pieds d’un homme qui percuta violemment le sol et qu’elle réduisit à l’inconscience en lui cognant le crâne. 


- J’ai peut-être un bras en moins mais je suis loin d’être démunie. Les entraînements avec Bruce, ça forge le caractère.

- Attention !


Sans chercher à comprendre ce qu’il se passait, la militaire se baissa et fit volte-face dans une envolée de cheveux bruns.

Elle remarqua alors le soudard qui s’était extrait de la mêlée et qui s’apprêtait à les canarder en espérant faire une pierre deux coups.


- Fais chi… Oh.


Le jeune ysphanien, qui s’était auto-attribué le rôle de protecteur de Reiko, sauta littéralement par-dessus cette dernière et propulsa une barre en métal en plein milieu du faciès de leur assaillant, qui s’écroula sans réaliser ce qu’il lui était arrivé. 


- Bien joué, Malik, le félicita-t-elle en se relevant, admirative.

- Je fais partie des braves qui défendent le village contre les brigands, se rengorgea-t-il. 


Autour d’eux, la bataille était déjà en train de prendre fin. La poignée de gardes avait aisément été maîtrisée par les anciens prisonniers de Walemborought sans qu’il n’y ait de perte à déplorer de leur côté. Les guerriers présents, guidés par David, s’engouffrèrent dans la salle contenant un arsenal à la pointe de la technologie et, moins de dix minutes plus tard, les habitants de Wilane furent tous armés jusqu’aux dents.


- Voilà qui retourne la situation, lâcha Reiko en apercevant Merryl qui avait opté pour une batte en métal cloutée.


“Drôle de princesse…”

L’ingénieur de Big1, aidé par Louise, tentait de mettre de l’ordre dans ce groupe disparate, sans réellement y parvenir.


- Koko, l’apostropha Killian en s’avançant.


Le cadet n’avait pas participé à l’offensive, volontairement tenu à l’écart par ses coéquipiers à cause de son manque d’expérience en matière de combat rapproché.

L’Officier navigateur avait bien essayé de convaincre Reiko de demeurer auprès de Killian, mais il s’était heurté à un mur et avait finalement renoncé à lui faire entendre raison. 


- Ouais, on y va, dit-elle en serrant la crosse du cosmo-gun entre ses doigts, anxieuse.


“Pourvu que Bruce et Manabu soient indemnes. Pourvu… Pourvu qu’il ne soit pas trop tard.”


- Patronne ?

- Mon époux et mon partenaire ont couvert nos arrières. Ils sont livrés à eux même dans les souterrains. Nous allons leur porter secours.

- Je viens avec vous. Et eux aussi, affirma-t-il en désignant une dizaine de ses compagnons.


La pilote secoua négativement la tête.

“Il y a beaucoup plus de femmes et d’enfants que prévu. On ne peut pas les embarquer dans cette souricière. On se débrouillera autrement.”


- Nous ne voulons pas vous impliquer, emmenez vos familles et fichez le camp d’ici pendant qu’ils sont occupés ailleurs.


Malik eut un sourire mauvais. 


- Nous ne sommes plus des proies. Plus maintenant. C’est au tour d’Allison de trembler.


Son gourdin-taser avec option rayons lasers, nonchalamment posé sur son épaule, Merryl se fraya un chemin dans la foule.


-  J’ai une solution à vous soumettre si vous le permettez.


*** 


L'équipe de sauvetage, composée de l’unité Sirius et d’une petite quinzaine d’hommes du hameau natal de Malik, se dirigeait résolument vers les catacombes, armes au poing.

Le gros de la troupe, mené par Merryl et quelques combattants vétérans parmi les villageois, avait quant à lui pris la direction des étages supérieurs afin de s’emparer de la salle du trône et d’éventuellement capturer Allison Walemborought.

“- Moi aussi j’en ai assez de vivre dans la crainte. Il est temps que je reprenne possession de ces lieux. Et puis, ces gens auront de meilleures chances de survie là-haut où la sécurité est moindre. Et, dans le pire des cas, nous nous barricaderons en attendant vos SPG.”, avait prétexté la princesse en émettant toutefois une requête à la SDF.  “Je vous en prie, ramenez Ivan Zarnitsky avec vous. J’ai peur qu’il ne soit assassiné si Allison venait à se rendre compte que la situation lui échappe.”

Reiko avait donc juré qu’ils feraient leur possible. Elle avait également tenté de persuader Malik de rester avec ses semblables. Injonction qu’il avait catégoriquement refusé. 

“- Nous avons une dette et bien l’intention de l'honorer.”, avait-il rétorqué.


- Quelle tête de mule, tu fais, l’interpella la pilote.

- Ça te va bien de dire ça, se moqua David.

- Tsss, tais-toi. 


Tandis que ce groupe éclectique progressait diligemment mais discrètement à travers le sous-sol, un stress presque palpable s’installa parmi ses membres.

Reiko, en particulier, avait l’impression que de la glace liquide coulait dans ses veines. 

“Ils sont doués. Tous les deux. Ils s’en sont forcément sortis, hein ?”

Elle resserra sa prise autour du cosmo-gun réquisitionné dans l’artillerie du palais. 

“Tu me détestes peut-être mais moi… Moi… Je t’aime passionnément.”


- C’est ici, annonça-t-elle en montrant du menton une volée de marches éclairée par la lumière des torches.

- On descend ?, demanda Louise.

- On descend prudemment, rectifia David. Et si ça dégénère, on fait demi-tour. 

- Bien reçu, accepta Reiko sans conviction.


Ils s’engagèrent dans les escaliers sur la pointe des pieds, les canons de leurs pistolets et de leurs fusils braqués droit devant eux.


- On va les retrouver, déclara Malik avec aplomb.

- Oui, le contraire est inenvisageable. Je ne peux pas imaginer…


Des bruits de pas pressés résonnèrent en contrebas et, guerriers de Wilane comme agents de la Space Defence Force, se préparèrent à une bataille imminente. 


- À mon signal, intima l’ingénieur en levant le bras en l’air.


Tous se raidirent, prêts à vendre chèrement leur peau.

Cependant, alors que les phalanges des uns et des autres se crispaient sur la détente, une tête brune et échevelée surgit dans l’ombre du colimaçon.

Louise émit un cri aigu et se rua en avant et Reiko obligea ses équipiers les plus proches à baisser leurs armes. 


- Yuu… Yuuki-kun !, se récria l’Officière radar en l’étreignant de toutes ses forces. Tu n’es pas blessé ? Quel soulagement !

- Je… Je vais bien Louise, bégaya celui-ci en s’empourprant.


La respiration de la pilote se bloqua et elle franchit les marches au ralenti, le cœur battant la chamade.

Puis, ce qu’elle désirait le plus au monde se produisit enfin lorsque la mine ténébreuse de Bruce apparut à son tour.


- Anata…


Ce dernier se figea, interloqué en avisant sa chère et tendre ainsi que le bataillon armé qui la talonnait.

Alors qu’il s’apprêtait à leur demander pourquoi personne ne s’était donné la peine d’obéir à ses ordres, il eut tout juste le temps d’ouvrir les bras pour contenir son épouse qui se jeta à son cou. 


- Reiko…

- J’étais terrifiée que tu ne reviennes pas… J’ai eu peur, balbutia-t-elle.


“Bienvenue au club.”, songea-t-il en refermant son étreinte autour de la frêle silhouette de sa conjointe. 

“Dorénavant, tu sais ce que j’éprouve chaque fois que tu cours au devant du danger.”


- Je t’avais promis que je vous rejoindrais, répondit-il cependant. Toute cette équipée c’était pour venir nous récupérer ?, lança-t-il en coulant un regard noir vers David.

- Désolé vieux, on n’a pas pu suivre le plan initial. Il y a eu des… Imprévus.

- C’est ce que je constate. Bon, tirons-nous d’ici, les soldats ne sont pas loin. Toi, dit-il en s’adressant à Malik. File moi ton fusil, le mien est déchargé.


À regrets, il repoussa ensuite doucement Reiko. Il lui était difficile de maintenir sa casquette de Commandant quand il sentait les tremblements qui agitaient les épaules de la femme qu’il aimait éperduement. Néanmoins, pour le bien de tous, il s’efforça de conserver une expression indéchiffrable.


- Je suis entier mais on n’est pas encore sortis de ce bourbier. On doit bouger, okay ?


Reiko acquiesça en s’écartant de son mari.


- Trouvons un endroit relativement à l’abri pour discuter de la suite, ordonna-t-il. 


***


- D’accord, donc vous avez été enlevés dans le pays voisin par Watembarrow, exact ?

- C’est ça, convint un homme âgé d’une quarantaine d’années du nom de Rolof.

- Et maintenant, qu’allez-vous faire ?

- Reprendre ce qui nous a été volé et nous venger, clama Malik en abattant son poing contre une paroi froide et humide. N’est-ce-pas, patronne ?


Bruce haussa un sourcil intrigué.


- Patronne ?


“S’il apprend que je les ai incités à se révolter, il va me renvoyer sans sommation.”, s’inquiéta Reiko.


- C’est rien, t’en fais pas, intervint-elle précipitamment.

- Vraiment ?, s’enquit le sniper, suspicieux.

- Ce n’est pas rien, s’offusqua Malik. L’espoir, ce n’est jamais rien.


La jeune femme fit les gros yeux à l’adolescent sans que celui-ci ne saisisse le message. 


- Nous avons choisi de nous battre pour la liber…

- Et si nous profitions de l’effet de surprise ?, l’interrompit-elle afin d’éviter que Bruce n’en entende plus.


Le Commandant, qui n’était pourtant pas dupe de ce manège, se garda de tout commentaire… Même s’il n’en pensait pas moins.

“Toujours aussi fidèle à elle-même… Bon, après ce que je lui ai dit, pas étonnant qu’elle craigne ma réaction. Je suis un ours mal léché… Si sinistre que j’effraie tout le monde, ma compagne y compris. Et je parie qu’elle se remet en question, comme à son habitude.”


- L’effet de surprise ?, répéta-t-il. 

- Hum, c’est pas une mauvaise idée ça, abonda David. Il ne s’y attendra pas c’est sûr.

- Ce fumier a peut-être été cueilli par Merryl et les autres mais dans le doute…, continua Reiko.

- Ils imaginent que l’on va s’enfuir mais en fait on ne s’enfuirait pas du tout.

- Ouais, Nabu. On les attrape avant qu’ils ne nous attrapent. Et on oblige Allison à libérer Ivan Zarnitsky.

- La meilleure défense c’est l’attaque, argua Killian.

- Et s’ils ont déjà maille à partir avec vos compatriotes, on pourrait les prendre en tenaille, proposa Louise en tapant du poing au creux de sa main.

- Qu’en dis-tu Bruce ?, l’interrogea David. Les SPG vont débarquer sous peu et tous les accès sont bloqués. Forcer le passage ce serait du suicide. Tu le sais aussi bien que moi, pour survivre il faut rester en mouvement. 


Un coup d'œil dans le cellier dans lequel ils s’étaient entassés convainquit Reiko que sa stratégie n’était pas dénuée d’intérêt.

Chasser plutôt qu’être chassée.

Évidemment, cette philosophie n’était pas étrangère à son enfance d’errance dans les rues de Tokyo mais, au-delà de son vécu, il n’existait pas pléthore de solutions pour qu’ils passent la nuit.

Bruce soupira et se leva de la caisse sur laquelle il s'était assis.


- La rigueur et la discipline sont nécessaires pour réussir une opération de cette envergure, vous croyez en être capables ? Dans le cas contraire, nous courons tous à notre perte.


En guise de réponse, le sniper obtint des hochements de tête et des regards farouches.


- Bien, voilà comment nous allons procéder.


***


Le stratagème de Bruce était simple. 

“Aussi silencieux qu’un poisson rouge, aussi invisibles qu’un caméléon, aussi furtifs qu’un léopard.”

En bref, il était hors de question que la troupe dont il s’était attribué le commandement ne déferle dans les couloirs en hurlant à tue-tête.

“Une offensive rapide, discrète et efficace sans fioriture. Une ombre létale dont les soudards n’entrapercevraient l'origine qu'une demi-seconde avant de rendre leur dernier souffle.”


- On les zigouille au fur et à mesure sans s’attarder. Notre objectif c’est la salle du trône. On devrait la repérer sans difficulté. Vu ?


Et, contre toute attente, l’alliance entre la SDF et les habitants de Wilane s’illustra brillamment à ce jeu du chat et de la souris. Killian, Malik et Manabu en particulier prirent un malin plaisir à tourmenter les soldats d’Edelweiss. Le premier en fournissant des indications précises sur les alentours avec la tablette que l’artilleur lui avait rendu, le second en jouant le rôle d’éclaireur et le troisième en distribuant allègrement uppercuts et coups de pieds circulaires.

Reiko, qui aurait désiré se joindre à cette joyeuse équipée, dut se contenter de demeurer en sécurité à l’arrière centre de la formation puisque Bruce lui avait catégoriquement interdit de participer ou même de bouger une oreille. Impuissante, elle observa donc ses amis faire le ménage dans les corridors sans apporter sa pierre à l’édifice. 

Malik, en dépit de ses quatorze honorables bougies, avait également été épinglé par le sniper et contraint de tenir compagnie à la pilote.


- Il ne sait pas ce qu’il perd en refusant d’utiliser ses meilleurs éléments, ronchonna l’adolescent.

- Je lui ai causé suffisamment de soucis comme ça, avoua la jeune femme, morose.

- C’est donc lui votre mari ? Il n’a pas l’air commode.

- C’est parce qu’il ne l’est pas, murmura-t-elle.

- Mmmh…


Malik se gratta le cuir chevelu, ébouriffant davantage ses boucles noires.


- Comment vous êtes-vous blessée ?

- C’est une longue histoire. Disons qu’Allison nous a bien bernés.

- Ce tyran… Il a déporté tellement de gens dans ma région. Il mériterait la peine de mort.


Reiko ne répondit pas bien qu’elle partageât volontiers l’avis de son acolyte.

“Cet enfoiré paiera pour ces crimes, par la lame ou par le jugement.”

Menée par Bruce, l’escouade de guerriers hétéroclites poursuivait sa progression implacable, matant toute résistance sur son passage.


- Où sont passés les autres ? Mes camarades…

- Je l’ignore, ils doivent être dans le coin. Du moins, je l’espère.


Le Commandant dressa le poing, intimant par ce signe à ses hommes de s’arrêter. 


- Qu’est-ce que… ?, commença Reiko en plissant les paupières, surprise.


Killian se coula alors à la hauteur de son supérieur et agita la tablette sous le nez de ce dernier.


- C’est probablement ici. Une immense salle avec des cercles… Sûrement des colonnes. Ça correspond à la description que nous avait faite la princesse. 

- Parfait.

- Mais pas de trace du groupe de Merryl, intervint Manabu. Ils se seraient réfugiés ailleurs ?

- Il n’y a qu’une seule façon de le savoir. Vous tous ! Pas d’imprudence et aucune initiative personnelle, c’est clair ?

- Bien reçu !


Bruce détailla la troupe improvisée se tenant derrière lui et qui, étonnamment, lui obéissait au doigt et à l'œil sans tergiverser. 

“Je suppose que l’autorité sur cette planète n’est pas contestable sous peine de sanctions sévères. Si seulement mon propre peloton pouvait se montrer aussi discipliné…”, songea-t-il en remarquant Reiko qui le fixait avec intensité. 

“Et toi… T’es celle qui me donne le plus de cheveux blancs dans le lot. Je t’aime mais je ne te louperai pas sois en sûre.”


- On y va, dit-il en tendant le bras et en ouvrant le poing. 


A pas de loups, membres de la Space Defence Force comme ressortissants des royaumes de l’est et de l’ouest se glissèrent dans le couloir.


- Pas de doute, on est au bon endroit, grommela Killian tandis que Bruce le renvoyait à l’arrière de la formation auprès de Malik et de Reiko.


Face à eux se tenait une porte en bois massif à double battant, parée d'arabesques argentés, mesurant près de trois mètres de haut, sur laquelle de lourds anneaux en métaux précieux avaient été apposés, permettant aux visiteurs de manifester leur présence.

Sans perdre de temps, le sniper déploya plusieurs hommes pour pousser les panneaux pendant que le reste des soldats s’embusquait de part et d’autre de ceux-ci.


- Maintenant !


Alors qu’une lumière dorée inondait le corridor, la pilote eut un tic nerveux à la commissure de ses lèvres.


- Dites, pourquoi l’entrée n’est pas gardée ?

- Hein ?, balbutia Killian, désabusé. L’entrée ? Bonne question. C’est vrai, pourquoi…

- Bruce !, le héla la jeune femme, attends une sec…


“Trop tard.”


Le bataillon avec le Commandant de la section Sirius à sa tête, s’était déjà engouffré à l’intérieur.


- Hé ! Koko !


Une sueur froide ruissela dans le dos de la militaire à l’instant où elle pénétrait à son tour dans la salle du trône.

“C’était trop facile. Même si on part du principe qu’ils nous cherchaient dans les souterrains… Ils étaient trop peu nombreux, trop désorganisés… C’est comme si on voulait délibérément…”


- … Nous attirer ici !


Reiko marqua un arrêt, temporairement éblouie par les rayons du soleil qui baignaient les lieux par de monumentales baies vitrées derrière lesquelles poignait une aurore majestueuse orangée, rose et jaune.

La pièce, aussi large qu’un terrain de football, était entièrement immaculée. Sa voûte se constituait quant à elle d’arches d’ornementation florale dont les colonnes évoquaient la tige gracile de fleurs que la pilote identifia aisément comme étant des edelweiss. Du lierre, des fougères et des centaines d’autres plantes avaient également été sculptées sur les murs.

“C’est magnifique. On se croirait dans un jardin taillé dans la pierre.”

Enfin, installée au pied des gigantesques ouvertures percées dans la roche, une estrade surmontée d’un trône, dominait la salle. 

Et, sur celui-ci, se tenait un aristocrate nonchalant à la chevelure blonde démesurée.


- Je ne vous l’ai pas souhaitée correctement tout à l’heure, je vous prie donc de m’en excuser. 


Allison se leva et écarta les bras avec solennité, pendant qu’une cinquantaine de soudards braquaient leurs armes sur les nouveaux venus.


- Bienvenue dans mon Royaume ! J’espère que votre séjour y sera des plus agréables.


Puis il posa la pointe de ses orteils sur le crâne de l’homme qui se tenait devant lui, agenouillé, bâillonné et enchaîné. 

Ivan Zarnitsky, méconnaissable avec ses vêtements déchirés et son œil gauche ensanglanté.

“Le salopard, il a échafaudé un piège à la hauteur de sa perfidie.”, se désespéra Reiko.


- Nous possédons pléthore de sites touristiques qui valent le détour, à commencer par les cascades d’Hilyaris mais aussi les volcans de la chaîne Huahuru. Des expériences uniques vous seront proposées tout au long de votre voyage…


Il pivota sur lui-même dans une envolée de kimono écarlate.


- La visite des anciennes forges, la dégustation d’un thé aux racines de nioclan dans nos sources chaudes. Des vacances dans la plus pure tradition d’Edelweiss sans vol de retour possible, c'est-à-dire sans omettre… 


Un sourire torve se dessina sur le visage de porcelaine d’Allison Walemborought.


- Un supplice en bonne et due forme sur la potence, conclut-il en observant la cour du château en contrebas. Qui veut tester en premier ? Lui peut-être ?, les interrogea-t-il en assénant un coup de talon brutal dans les côtes d’Ivan Zarnitsky, qui retint un gémissement. Alors ? Ne soyez donc pas timide ! Roméo, Juliette, vous ne voulez pas découvrir la fin de votre histoire ?


Il poursuivit son affreux monologue sur le même ton théâtral.


- Spoiler alert mes amis, elle est délicieusement tragique.


*** 


“C’est le pire scénario envisageable. Il a un otage. Est-ce que les techniques que j’ai apprises seront d’une quelconque utilité avec un type aussi vicieux que lui ? Probablement que non, mais a-t-on seulement une autre option ?”

Reiko balaya l’immense pièce du regard.

“Et toujours pas de signe de Merryl et des ysphaniens… Pourvu qu’ils n’aient pas été exterminés par les sbires d’Allison.”

Comme s’il avait lu dans leurs pensées, Walemborought reprit la parole sans bouder son plaisir de s’entendre soliloquer.


- L’embuscade tendue par les civils et par ma charmante sœur la traîtresse s’est révélée être un échec. Quelle calamité me direz-vous ! Enfin… Surtout pour vous. Je salue cette jolie, quoique vaine, tentative ! Et vous voilà tous réunis pour le feu d’artifice final ! Le prodigieux “happy ending” ! Une conclusion des plus…


“Non… Non… Merryl…”, s’alarma Reiko. 


- Quelqu’un peut me rendre service et expliquer à cette gonzesse que je suis épuisé de l’écouter discourir dans le vide ?


Le Seigneur de l'ouest s’immobilisa avec un rictus condescendant.


- Oh, Roméo, je vois que… 

- Non mais boucle là en vrai. Juste ferme ta gueule ou je te garantis qu’aucun son n’en sortira plus.

- Anata… 

- Reste en dehors de ça Reiko. C’est entre moi et cette grande ballerine. Je n’ai pas dormi depuis vingt-quatre heures à cause de ce salopard donc je vais en finir avec lui ici et maintenant.

- Oh une forte tête, n’est-ce pas ? La trempe de ce Commandant me fait frissonner. Mais dommage pour lui, je n’apprécie guère que l’on me manque de respect…


Le souverain prit une profonde inspiration avant de souffler deux mots.

Deux mots qui s’abattirent comme une sentence sur l’assemblée et plus particulièrement sur l’épouse de Bruce.


- Tuez-le.

- Non !, s’affola Reiko en se précipitant vers le sniper.


Celui-ci eut un ricanement de défi tandis qu’il mettait le tyran du pays de l’ouest en joue.


- Si je tombe, vous aussi. Je n’ai jamais raté ma cible, aujourd’hui ne fera pas exception.


La pilote se planta à côté de son mari, après avoir habilement esquivé Killian, Malik et enfin Manabu qui avaient essayé d’entraver sa course.


- Va-t-en, chaton, cracha-t-il. Pour une fois, obéis.


Les soldats d’Edelweiss tergiversaient sur la conduite à tenir, de crainte que les menaces de Bruce ne soient mises à exécution.


- Yuuki ! Emmène-la !

- Non ! Ne me touche pas !, se rebella Reiko alors que son collègue la tirait en arrière.

- Oh ! Quel mélodrame ! Bravo !, se réjouit Allison Walemborought en applaudissant à tout rompre. Toutefois, toute pièce a un clap de fin, non ? Comme vous l’avez si élégamment formulé, il est nécessaire de mettre un terme à notre représentation !

- Je refuse…!, s’étouffa-t-elle. On rentre tous les deux !


“La situation nous a complètement échappé. Et c’est ma faute. Si ces gens meurent… Si Bruce… C’est ma…”


- Manabu ! Qu’est-ce que tu fous ? Black, tu dégages aussi et tu embarques le gosse avec toi. Tous les autres à mon signal ! Bouge pas blondie ou tu seras la première à rencontrer ce vieux Pluton !, s’époumona-t-il.


“Gagner du temps. Je dois gagner du temps…”, se répétait le Commandant du peloton Sirius comme un leitmotiv. “Je dois gagner du temps et trouver un moyen de sauver tout le monde. C’est ma responsabilité… Mais si la Mort est au bout du chemin, elle n’aura pas ma femme, je le jure.”


- Anata ! Je ne vais nulle part sans toi ! Anata !, hurla Reiko en sanglotant.

- Quelle scène dramatique ! Oh, j’en ai les poils qui se hérissent ! Des larmes dans du sang ! Du sang dans des larmes ! Livrez-vous corps et âme pour ce chef-d'œuvre dont je suis l’éminent dramaturge !

- Je vais le buter, gronda Bruce, hors de lui.


Contre son gré, Reiko fut happée par les efforts conjoints de ses partenaires et de l’adolescent d’Ysphani. Se débattant comme un beau diable, elle n’avait aucune intention de quitter la personne qui lui était la plus précieuse dans cet univers. 

À cet instant précis, peu lui importaient Sayuri, Harlock et Tadashi. 

Elle ne voyait que son époux qui se dressait tel le fer de lance des peuples libres de Wilane.


- Comment réagira Juliette lorsque Roméo rendra son dernier soupir à ses pieds ? J’ai hâte de le savoir ! Va-t-elle s’enfoncer un poignard dans le cœur ou, si nous prenons un point de vue plus moderne, retourner son pistolet contre elle ? Quelle formidable perspective !

- Fils de pute, répondit le Commandant, en traduisant l’idée générale de son escouade.


C’est alors que, jaillissant de partout et de nulle part à la fois, retentit le son cristallin d’un rire féminin.


- Je suis fatiguée de ce monologue. 


Un chuintement feutré répercuta son écho sur les parois de la salle du trône et une flèche traversa le front d’Allison de part en part.


- Si tu n’adorais pas autant le son de ta propre voix, peut-être aurais-tu remarqué que tu étais cerné. Je reconnais qu’accéder aux coursives de l’étage ne se fit pas sans perte mais tu as commis l’erreur de me sous-estimer.


Arc en main, Merryl apparut sur un balcon dissimulé par de la vigne grimpante.


- Mon bien cher frère, susurra-t-elle quand il s'écroula, foudroyé par la mort, privé de la possibilité d’offrir une ultime tirade à son auditoire.


L’héritière des Walemborought se pencha vers les soldats qui la scrutaient, hagards, ne sachant plus de quel côté pointer leurs fusils.


- Mes amis ici présents, annonça-t-elle en désignant les anciens prisonniers qui se dévoilèrent alors aux quatre coins de la pièce, ont souhaité abattre ce tyran de manière traditionnelle. Mais, soyez rassurés, je dispose de tout un arsenal pour déclencher un feu de joie qui siéra à merveille à notre drapeau. Des volontaires ?


Après un moment de flottement, les armes tintèrent contre la pierre, à la grande satisfaction du bataillon Speed, qui laissa exploser son enthousiasme.


- À la victoire ! Vive la princesse !


Les cris s’amplifiaient et Reiko, à bout de forces, glissa au sol. 

“C’est réellement… Réellement fini ?”, s’interrogea-t-elle, interloquée. “Il n’a pas été… Tué ? Bruce… Respire encore ?”

Un sifflement familier interrompit cependant prématurément la célébration collective et les chants entonnés ici et là. Un silence médusé s’installa face au monstre de fer et de métal qui avait surgi derrière les baies vitrées.


- Les Space Panzer Grenader, déclara Killian.


***


Les événements qui suivirent l’arrivée de l’unité du Commandant Johansson et du mythique 666, se déroulèrent si rapidement que Reiko n’eut pas le temps de réaliser ce qu’il se passait.

Bruce lui avait à peine permis de s’assurer de l’état de santé d’Ivan Zarnitsky avant de la jeter dans le train blindé, en prenant soin de la séparer de Manabu. Craignait-il une énième initiative impulsive ? Elle n’aurait pu le certifier. 

Elle avait somnolé pendant près de cinq ou sept heures, enfermée dans le wagon cafétéria, attendant d’être convoquée par les Commandants.

“Je n’ai même pas pu saluer comme il se doit Malik et les autres. Que vont-ils devenir ? Et Merryl ? Sans compter qu’Ivan Zarnitsky paraissait méchamment amoché. J’espère aussi que Manabu et Killian ne seront pas punis. Oui, il faut absolument que j’explique à Bruce qu’ils ne sont…”

L’attrait des oreillers étant des plus persuasifs, la pilote perdit le fil de ses réflexions et sombra à nouveau dans un profond sommeil.

Dérivant dans l’espace intersidéral, elle regardait, intriguée, la terre rougeoyante qui se rapprochait. Toutefois, tandis que le sol grossissait sous ses pieds, un frisson terrible parcourut sa peau.

Un frisson de peur irrépressible.

Des murmures envahirent l’atmosphère et Reiko sut qu’elle ne devait pas être ici.


- Otto-san me l’a interdit, gémit-elle.

- Hé chaton…


Bruce s’agenouilla devant le sofa en étouffant un bâillement.

Il n’aspirait plus qu’à se reposer, totalement exténué par cette mission. 

Pourtant, il semblait qu’il ne soit pas en droit de souffler ne serait-ce qu’un instant, sollicité comme il l’était par le Quartier Général, Johansson et les dirigeants de Wilane.


- Je n’aime pas… Je n’aime pas cet endroit.


Les oreilles de la jeune femme vrombissaient à mesure que la cacophonie des voix s’insinuait dans son esprit. 

“Il y a quelque chose de malveillant… Qui me guette dans l’obscurité.”

Encadrée par des colonnes titanesque se dressait une porte massive recouverte de hiéroglyphes et de runes antiques.


- Bientôt… Le sceau sera bientôt brisé. Le serment de sang s’est affaibli. La lignée des Sakuramachi nous appartient.


“Noo.”

Reiko se réveilla en sursaut, les vêtements trempés par la sueur.

Après quelques secondes de battement, elle avisa son compagnon qui la détaillait avec attention.


- Ana… Ta ?, baragouina-t-elle, encore embrumée par ses cauchemars.

- Ouais. Viens là.


“Juste un peu de répit avec elle. Rien qu’un moment.”


- Écoute, il faut qu’on discute de…

- Idiote, lâcha-t-il en la serrant contre lui. C’était quoi ce plan que tu m’as fait ?

- Je… En fait… Killian et Manabu ne sont pas responsables de ce carnage, c’était mon idée. Ne les sanctionne pas, je…

- Je ne parle pas de ça mais de ta lettre d’adieu débile, grosse nouille. Putain, t’en as pas marre de me faire des trucs pareils ?


Reiko se figea, se remémorant péniblement le contenu du message qu’elle avait laissé à l’intention de Bruce dans l’interstice du cadre photo. 

“D’un point de vue plus personnel, sache que je me conformerai à ta volonté.”


- T’as toujours pas saisi que je me fous bien des autres ? Si je t’ai épousée, c’est pas pour me tirer à la première difficulté.

- Je suis désolée… 

- Prendre des risques aussi inconsidérés, poursuivit-il en lui caressant les cheveux. Tu veux me tuer, grogna-t-il.


La pilote se pinça les lèvres, anxieuse.


- Tu crois vraiment… Vraiment que… Que je suis… Parce que Louise a aussi sous-entendu que… Que je n’étais pas spécialement à ma place…

- J’étais énervé. C’est tout. Tu t’es battue pour décrocher ce poste et même si ton pilotage est parfois kamikaze, il n’en demeure pas moins efficace. Pour ce qui est de la cohésion d’équipe, je n’ai rien à dire non plus, si ce n’est que tu t’impliques trop émotionnellement. Ce que je te reproche, c’est ta tendance à oublier les règles qui régissent notre métier. La notion de hiérarchie, tu situes ?

- Mmmh… Tu vas avoir des problèmes à cause de moi ?

- Ce ne serait pas une première. 


“Si les hauts gradés décrètent que je suis inapte à tenir mon peloton, ça pourrait chauffer pour nous. Surtout s’ils évoquent encore sa mutation. Je ne suis pas certain d’avoir suffisamment d’arguments pour les contrer. Pas sûr que brandir le drapeau “blocus de la Voie Lactée par Warrius Zero” fonctionne à nouveau. Et si je les menace de démissionner… Ils seraient capables de donner le commandement à Yuuki. Enfin bref, inutile de l’inquiéter avec ça pour le moment.”


- Et Ivan ? Merryl ? Malik ?, le pressa-t-elle.

- Les lésions de Zarnitsky sont superficielles. Pour l’instant, il est rentré dans son pays avec Malik et le reste de leurs compatriotes. En ce qui concerne le royaume de l’ouest… J’ai vaguement cru comprendre qu’un gouvernement provisoire avait été instauré.

- Merryl va être intronisée ?

- Pas sûr que les habitants de ce bled souhaitent conserver une monarchie quand l’affaire du trafic d’être humains sera divulguée au grand public. 

- Hum…


La militaire se lova contre son mari, soulagée qu’il ne soit pas en colère après son escapade nocturne qui avait failli virer au massacre. 


- Mais, à la prochaine incartade, si tu désobéis ou si tu ne t’enfuis pas lorsque je te l’ordonne, je veillerai à ce qu’on t’affecte à l’administration jusqu’à ce que Sayuri atteigne la majorité. Et tu sais très bien que je ne plaisante pas. 

- D’a… D’accord.

- Même si je dois y passer. C’est clair ? Je refuse que ma fille grandisse sans mère.

- Je…

- Reiko, c’est une assurance que je veux, pas de fausse promesse.


Cette dernière détourna le regard en se grattant le poignet.

Elle n’appréciait guère de mentir à Bruce mais il n’y a avait aucune autre échappatoire puisqu’il lui demandait l’impossible.

“Abandonner quelqu’un que j’aime derrière moi ? Ça n’arrivera jamais. Il est tout ce que j’ai et j’échangerai ma vie un milliers de fois pour sauver la sienne.”


- Promis. Pour… Pour Sayuri.


“Dans tes rêves.”, pensa-t-elle en serrant le poing.

Il scruta son visage quelques instants avant d’acquiescer.


- Je saurai te le rappeler, conclut-il en l’embrassant sur le front. Et n’imagine pas que je t’épargnerai une punition à motif d’insubordination. Yuuki aussi.

- Et Killian ?

- Je ne tiens pas particulièrement à plomber sa carrière puisqu’il a avoué son implication mais je l’aurai à l'œil, sois en sûre.

- Merci…


En soupirant, le Commandant enfouit son nez au creux du cou de sa belle et glissa lentement ses doigts sur son bras fracturé.


- Tu devrais te soucier davantage de toi-même et un peu moins des autres. T’as mal ?

- Ça va. Ils ont refait le bandage et c’est pas aussi moche que prévu.

- Pourquoi ai-je choisi une femme si casse-cou, hein ?

- Parce que… T’as toujours vécu dangereusement ?, le taquina-t-elle.

- On va dire ça.


Il n’était pas dupe des mensonges de Reiko et se doutait que si elle s’était jetée dans la gueule du loup pour secourir des gens qu’elle ne connaissait pas, elle n’hésiterait pas à faire de même pour lui.

Et cela le terrifiait plus que tout au monde.

“Je ferai en sorte qu’une situation pareille ne se produise pas.”


- Je t’aime, bakana.

- Hé, c’est moi qui dit ça d’habitude, s’offusqua-t-elle.

- Toi et Yuuki, vous êtes les idiots les plus suicidaires de la Space Defence Force. Il n’y a aucun débat possible sur le sujet.

- Mais on a une bonne étoile au-dessus de la tête, répondit-elle sans nier cette évidence.


“Pour combien de temps ?”, songea le sniper.


- Au fait, tu marmonnais dans ton sommeil. Tu rêvais de quoi ?

- D’une effrayante réalité, anata.

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