A Galaxy Railways Story : Reiko

Chapitre 60 : Détournement - partie 4

6865 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 12/07/2024 18:29

Chap 60 : Détournement - partie 4


- C’est à n’y rien comprendre.


Les mâchoires serrées, Bruce rengaina son cosmo-dragoon.


- Je sais, Lawrence.

- On a retourné la moindre parcelle de cette fichue planète et ils sont tout bonnement introuvables. C’est comme s’ils s’étaient volatilisés.

- Même les souterrains n’ont rien donné, intervint Noboru Wakita. Les humanoïdes-cultivateurs n’ont rien vu et rien entendu.

- La carcasse du 414 est pourtant bel et bien là, rétorqua le Commandant du Peloton Sirius. Et quatre de ses passagers sont actuellement à bord de Big1.

- On peut toujours faire une requête aux autorités d’Agrica pour solliciter une analyse de la puce-mémoire des hommes robots. 


Le Commandant de la section Mizar secoua négativement la tête.


- Cela va à l’encontre du règlement inter-galactique qui garantit à chaque État l’intégrité de son peuple et le respect de ses droits. 

- Foutu règlement, s’agaça Bruce. On a cinquante-six voyageurs perdus dans le labyrinthe qu’est Agrica et vous me dites qu’on n’a aucun autre recours ?


Le poing de Lawrence percuta la carlingue de l’Hiryu.


- Ne crois pas être le seul que ça révolte. 


Noboru Wakita s’adossa contre le train, la mine sombre. 


- Vous avez des rescapés, rentrez sur Destiny. Nous allons poursuivre les recherches ici, pas vrai Guy ?

- Faisons ainsi.


Bruce se frotta le visage, exténué.


- Bien, on maintient le contact, accepta-t-il en se retirant, le bras levé.


Tandis qu’il s’approchait de Big1, il avisa une silhouette, nonchalamment assise sur le fronton de la locomotive. 


- Hum ?


Les jambes pendues dans le vide, la jeune femme le salua avec un large sourire. Sa longue chevelure blonde ondulait au gré de la brise et les pressions de sa veste n’étaient pas fermées, dévoilant un crop-top blanc décolleté, qui n’était absolument pas conforme au dress-code de la Compagnie. 

“La fille qui m’a dragué à la soirée d’inauguration de la gare de Râ-Metal. Manquait plus que ça.”


- Shina Schmidt ?

- Riina, rectifia-t-elle en bondissant au sol avec grâce. Je suis contente que vous vous souveniez de moi.

- Okay, ravi de t’avoir revue, mentit-il afin de se débarrasser d’elle au plus vite.


Il contourna l’artilleuse et, alors qu’il s’apprêtait à pénétrer dans le train, cette dernière l’interpella d’une voix douce et contrite.


- Peut-on discuter une minute ?

- Discuter ?, marmonna-t-il. Désolé, j’ai pas le temps pour ça. Et, au vu des ennuis que tu m’as causés avec Reiko, je préfère encore passer mon tour.


Elle s’avança d’une démarche assurée, presque féline.


- Comme je te l’ai déjà clairement signifié, je ne suis pas intéressé, lâcha-t-il entre ses dents.

- Ça va de soi... Justement, je voulais m’excuser pour ce malentendu, dit-elle en s’inclinant avec un rire cristallin. J’avais beaucoup trop bu et j’ai oublié mes manières.

- Si je me souviens bien, ton unité était de service ce soir-là, non ?

- Noboru m’a sermonnée, ne vous en faites pas pour ça. J'espérais que vous pourriez me pardonner ma maladresse.Je souhaiterais également faire amende honorable auprès de votre compagne si vous le permettez.

- Ça ira, ce n’est pas nécessaire. Il n’y a rien à pardonner.


Riina porta ses mains à sa poitrine, visiblement soulagée.


- Je vous remercie, Commandant Speed.

- Ouais. Ne bois plus durant les heures de travail.

- Oui, monsieur ! Ça m'a servi de leçon, je vous le promets, expliqua-t-elle en s’écartant pour lui céder le passage.

- À bientôt.

- C’est ça.


Elle l’observa disparaître à l’intérieur du wagon et s’éloigna à pas lents, un léger sourire flottant sur ses lèvres.


- Votre genre, c’est les godiches naïves, hein ?, lança-t-elle aux étoiles en agitant indolemment sa queue de cheval dorée. Quelle terrible faute de goût !


***


Bruce traversa au pas de course toute une série de voitures désertes avant d’arriver au niveau des dortoirs. Une lumière tamisée s’échappait du seuil de l’un des compartiments et, instinctivement, il fit pivoter le panneau en bois


- Irrécupérable…


Agenouillée au pied d’une banquette-lit, Reiko dormait, le front appuyé sur le matelas. Quant au frère et à la sœur qu’elle avait secourus sur Agrica, ils ronflaient à poings fermés, lovés l’un contre l’autre.


- Elle ne peut pas s’empêcher… De recueillir tous les animaux errants et de s’en occuper.

- Je t’ai entendu, grommela la pilote en soulevant difficilement ses paupières.

- Hé, chaton… Alors, cette blessure ?, demanda-t-il en l’aidant à se relever.

- Ça tire un peu… Et je te rappelle que si Harlock ne ramassait pas tous ces “animaux errants”, je serais probablement morte.

- Ouais, c’est pas ce que je voulais dire. 

- Mais bien sûr…


Elle s’étira en grimaçant, l’abdomen endolori.


- Comment vont-ils ?

- Étonnamment bien pour une fratrie qui a vécu pareille épreuve.


Le Commandant la guida tendrement vers la porte tout en actionnant l’interrupteur. 


- Et les voyageurs ?

- Ils se sont évanouis dans la nature. Mizar et Cepheus vont continuer les investigations.

- Et nous ?

- On rentre au bercail. 


Reiko dodelina de la tête.


- Mmm, okay.

- Si tu ne te rebelles pas, c’est qu’il est grand temps pour toi d’aller te reposer.

- Je me reposerai à la maison. 

- On va se passer de toi pour le retour.

- C’est bon, je suis d’attaque.

- Reiko, c’est un ordre, va…

- C’est bon, je te dis ! Je ne suis pas en sucre, s’irrita-t-elle en repoussant sèchement le bras de son mari et en se dirigeant obstinément vers la “control room”. 


Interdit, celui-ci la regarda vider les lieux. Il n’était pas dans les habitudes de son épouse de s’emporter de la sorte, surtout dans le cadre d’une mission. Depuis la naissance de Sayuri, elle s’efforçait de suivre méticuleusement le règlement du Galaxy Railways et de ne plus déroger aux directives, même lorsque celles-ci la contrariaient.

Et, si Bruce avait brièvement craint que conjuguer vie privée et vie professionnelle ne s’avère être une mauvaise décision, son couple s’en était relativement bien sorti puisqu’il respectait scrupuleusement les limites qu’il s’était imposées. 

Jusqu’à présent.

Le sniper soupira avant de lui emboîter le pas.

“Elle est éprouvée par sa rencontre avec les zombies et je ne parle même pas de son état psychique actuel. Heureusement qu’elle a appris à faire la part des choses sinon ça aurait pu virer à la catastrophe.”

Le vantail du wagon de commandement coulissa et le jeune homme s’engouffra à l’intérieur.


- On met les voiles ?, le questionna David. 

- Exact. Les autres prennent le relais.

- Cap sur Destiny !, se réjouit l’ingénieur.


Le Commandant coula une œillade vers sa belle, qui gardait résolument les yeux rivés sur son écran.

“Elle est en colère… Au moins, elle a dépassé le stade de l’affliction et du chagrin. Pas besoin d’être aussi perspicace que Julia pour deviner ce qui l’horripile à ce point.

Entre la bataille du champ de maïs, la traque de longue haleine des possédés et les événements de ces derniers mois, n’importe qui craquerait. Elle a sans doute l’impression d’être le jouet du Destin. Il nous ballotte dans tous les sens cet enfoiré. Qui peut lui en vouloir de se rebiffer contre la fatalité ?”


- Elle a retrouvé un tant soit peu de combativité, c’est déjà ça, murmura-t-il dans sa barbe. 

- Comment vont les gosses ?

- Ils font de leur mieux, comme nous tous, Nabu.


Un silence pesant s’installa dans la voiture, que Killian rompit en toussotant. 


- Qu’est-ce qu’ils vont devenir ? Ils n’ont pas de famille. 

- Ils n’ont plus de parent, nuance. Il leur reste une tante par alliance chez laquelle ils logent pendant les vacances.

- Comment sais-tu tout ça ?

- Je me suis intéressée à eux.

- En tout cas, le petit il s’intéresse à toi, se gaussa le cadet. 

- Imbécile.


Bruce s’affala dans son fauteuil en se renfrognant, mécontent de la tournure que prenait la conversation.


- Il a le béguin, c’est évident !, insista Killian. 

- Ce n’est qu’un môme désemparé, arrête de te moquer de lui.

- Oh, si on ne peut même plus plaisanter !

- Ça suffit, Black, le morigéna Manabu.

- Il a raison, renchérit Louise. S’amuser des sentiments d’un tiers et en particulier d’un enfant, c’est pas joli, joli.

- Oh, c’est bon ! Vous êtes pas drôles.


La suite du trajet en direction de Destiny se déroula dans une atmosphère morose, qui n’améliora l’humeur ni des uns, ni des autres. Au grand dam de chacun, il s’écoula plusieurs heures avant que le train n’entre en contact avec les rails dans un crissement strident.

La nuit touchait alors à sa fin et le soleil se levait, astre flamboyant inondant la planète de ses rayons bienfaiteurs.

Le peloton Sirius acheva les vérifications de rigueur des systèmes et, lessivé, quitta Big1 en traînant les pieds. Il avait été décidé que Taka et Nita demeureraient sous la garde bienveillante de Yûki jusqu’à ce que leur tante, qui avait été prévenue par le Quartier Général, vienne les chercher. 

Manabu, qui était talonné de près par Reiko, foula le quai en baillant.


- Mais qu’est-ce que… ?, s’exclama-t-il en se figeant, surpris.


La pilote, dont les réflexes avaient été émoussés par cette journée harassante, n’eut pas la présence d’esprit de changer de trajectoire et se cogna contre son ami.


- Qu’est-ce que tu fous, Yuuki ?


Elle massa son nez meurtri et se détourna, exaspérée. Puis, à son tour, elle se pétrifia en avisant la silhouette qui se tenait droite sur les pavés. 


- Salut Koko.


Cette dernière se frotta les yeux pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas.


- Mamoru ?


Le Commandant du Yamato s’approcha avec un demi-sourire, un duvet niché au creux de ses bras, duquel s’échappait de discrets ronflements.


- Je me suis permis de récupérer cette princesse à la crèche quand j’ai su que votre mission avait eu un léger contretemps.


***


Aussi sûrement que des chaînes en acier, des dizaines de mains retenaient Reiko pour l’empêcher de se débattre. Chevilles, cuisses ou nuque… Aucune partie de son corps n’était épargnée et pourtant, bien qu’entravée, elle luttât de toutes ses forces pour se libérer. Finalement, ses efforts payèrent car elle parvint à arracher son poignet droit de l’emprise de ses geôliers. 


- Laissez-moi… Laissez-moi tranquille !, s’énerva-t-elle en assénant un poing dans le vide.


L’obscurité était dense et une brume épaisse recouvrait les environs, troublant la vision de la pilote. Elle extraya ensuite son mollet gauche en émettant un hurlement guttural. 


- Allez tous vous faire foutre !


Puis, aussi vite que cela avait commencé, le brouillard reflua et ses assaillants s’éloignèrent. La militaire tomba à genoux, essoufflée.


- J’en ai marre… J’en ai assez que l’on me fasse tourner en bourrique 


Elle se releva en grinçant des dents. Une ride de contrariété barrait ses tempes et elle tremblait. Non pas de peur, comme lors de ses précédents cauchemars, mais de fureur. Une voix caverneuse monta alors des entrailles de la terre et Reiko, saisie par l’effroi, s’immobilisa, haletante.


- Depuis quand le bétail se révolte-t-il ?

- Le bétail ?


Reiko fit un pas en avant, furibonde.


- Ça fait un moment que je vous sens… Autour de moi.


La voix ne répondit pas, ce qui ne fit que redoubler le ressentiment de la jeune femme.


- Vous me surveillez le jour et vous hantez mes nuits. Je vous entends mais je ne vous vois jamais.


Elle poussa un ricanement hargneux.


- Quel comportement de couard… Pourquoi est-ce que vous vous cachez dans le noir ?, interrogea-t-elle l’entité en écartant un bras, provocatrice.

- Ne sois pas si pressée de découvrir mon identité.

- Entrez donc… Dans la lumière ! 

- Ainsi soit-il.


Un rayonnement rougeoyant et intense éblouit Reiko. Ses cils papillonnèrent tandis que, devant ses cornées, dansaient des lueurs orangées. Lorsqu’elles se dissipèrent enfin, elle s’aperçut qu’elle nageait au cœur de la mer d’étoiles, dans laquelle se dressait une nébuleuse percée d’un œil turquoise et éclatant en son centre.

Puis, elle fut projetée à toute vitesse vers celui-ci et, moins d’une fraction de seconde plus tard, se tint debout face à un immense portail soutenu par de titanesques colonnes en pierres.


- Le serment de sang doit être honoré.


Elle se boucha les oreilles alors que la voix s'amplifiait, lui vrillant les tympans.


- Le serment de sang doit être honoré !

- Aaaah !


**


Reiko s’éveilla en sueur et s’assit dans son lit, épuisée.


- Fait chier… J’ai envie de vomir.


Elle enfouit son visage entre les draps, mentalement fourbue.


- J’ai pas flippé comme une gamine cette fois… Quelle piètre victoire.


Elle jeta la couette sur le côté et se dirigea vers la porte en vacillant. Depuis Mars, elle ne se reconnaissait plus, oscillant tantôt entre le dégoût d’elle-même, le désespoir et la haine. La zombification des passagers du 414 avait clairement été la goutte d’eau faisant déborder le vase de ses émotions. 


- Foutues voix, foutues élucubrations…


Elle n’essayait même plus de mettre de l’ordre dans ses idées puisque rien n’avait le moindre sens. Elle avait la sensation de s’être attelée à un puzzle dont il manquait la moitié des pièces. De ce fait, s’acharner à l’assembler n’était rien d’autre qu’une tâche vaine qui lui donnait des nœuds au cerveau. 


- Quelle que soit cette chose qui m’en veut, humanoïde ou non, elle dévoilera bientôt son jeu. Rien ne sert de courir, tout vient à point à qui sait attendre.


Elle s’essuya le front d’un revers de manche.


- Le chaos, rien que ça. Quelle ambition étouffante.


Lorsqu’elle arriva dans la cuisine, elle écarquilla les yeux en remarquant Mamoru qui buvait un café, attablé à côté de Bruce. Confortablement installée dans sa chaise haute, Sayuri babillait joyeusement en s’amusant avec une compote, dont elle s’était servie pour repeindre la nappe, le carrelage et le pull du Commandant de l’unité Sirius. 

“C’est vrai qu’il a dormi ici.”

La veille au soir, trop fatiguée pour poser des questions, elle ne s’était pas hasardée à en apprendre davantage sur les raisons de la venue impromptue de Mamoru. Cependant, elle devait bien avouer que celle-ci était des plus suspectes.

Elle s’avança dans la pièce et se laissa tomber sur une chaise, maussade.


- Salut, chaton. Ça y'est tu as émergé ?

- Hum.


La pilote glissa un regard méfiant vers son ami, qui tentait par tous les moyens de faire ingurgiter son petit déjeuner à la fillette.


- Ohasa ! Ohasa !, l’interpella Sayuri en tendant les bras.


Reiko se mordit les lèvres. Il va sans dire qu’il ne lui paraissait pas légitime de recevoir autant d’amour de la part de l’enfant qu’elle avait perdu au milieu d’une foule menaçante et potentiellement dangereuse. 

Non, elle ne méritait définitivement pas ces marques d’affection.


- Pourquoi t’es là ?


Les deux hommes échangèrent une œillade de connivence qui confirma à Reiko que ses soupçons étaient sûrement fondés.


- J’étais de passage dans le coin.

- Sans le Yamato ? Sans Hirumi et sans Susumu ?

- Visite diplomatique.


Bruce approuva avec un discret hochement de tête qui ulcéra Reiko. 

“Ils se sont mis d’accord pour me débiter n’importe quoi.”


- La vérité, articula-t-elle froidement. Pas d’embrouille.

- J’ai été convié par la Compagnie à une série de réunions concernant la sécurité des trains circulant dans la Voie La…

- Mamoru !, s’exaspéra-t-elle.

- Un croissant ?, proposa Bruce.

- Non. J’ai pas faim. Qui t’a prévenu ? Pas celui-là, c’est sûr, dit-elle en désignant son époux.


Le Commandant du Yamato se dandina sur son siège, mal à l’aise. Il n’était pas dans ses habitudes de raconter des mensonges et encore moins à ses proches mais, comme il en avait convenu avec le sniper, il était préférable de dissimuler une partie de l’histoire à Reiko.


- La réunion débute à quatorze heures, tu pourras le vérifier. Je voulais profiter de cette occasion pour m’assurer que vous alliez tous bien depuis votre séjour sur Mars. 

- Tu veux dire… Depuis que j’ai failli à mon rôle de mère en permettant à mon bébé de divaguer sur une planète inconnue ?


Bruce remua les narines, agacé. 


- Ne dramatise pas. On en a déjà discuté, ce n’est pas…

- Je vais bien, répondit-elle en froissant la nappe entre ses phalanges. J’ai pas besoin que tu joues les nounous, que ce soit pour moi ou pour Sayuri. Je ne veux ni de ta compassion, ni de ta sollicitude.

- Ce n’est pas…

- Et si vous me laissiez un peu respirer ?

- Reiko !, tonna son mari. Ça suffit les gamineries, tu ne crois pas ?

- Speed !, intervint Mamoru, conscient que la situation allait dégénérer d’une minute à l’autre.

- Les gamineries ? Aarg ! Ben voyons ! C’est l’hôpital qui se fout de la charité. Au lieu de me le dire en face, vous magouillez dans mon dos pour me surveiller sous prétexte que je suis incapable de m’occuper de Yuyu ! Osez nier ! Question gamineries vous êtes plutôt bien placés aussi !

- Hein ? Non, ce n’est pas ça !, se récria le Commandant Kodaï. Tu te trompes !

- Reiko ! Bordel, calme-toi ! Tu interprètes tout de travers !

- Je pense pas, non !

- Hé, où tu vas ?

- Prendre l’air !


Le battant claqua derrière la jeune femme.


- Elle est en pyjama. 

- Ouais, soupira Bruce, elle s’en rendra compte bien assez tôt. 


Sayuri se mit à pleurer et Mamoru l’ôta de son assise pour la bercer.


- C’est plus grave que ce qu’Harlock m’a dit. Elle est littéralement dévorée par la culpabilité.

- Hum et moi je suis complètement impuissant. Elle se déteste, ne mange que pour survivre et, pour peu qu’elle ne soit pas au fond du trou, son humeur est massacrante. 

- Qu’est-ce qu’on peut faire ?

- Je l’ignore, Kodaï. Le pirate a préconisé de ne pas la retirer des futures opérations mais, au vu de ce qu’il s’est passé sur Agrica, je n’aurai bientôt pas d’autre choix que de la mettre au repos forcé. Je suis terrifié à l’idée qu’elle se blesse encore ou qu’elle prenne des risques inconsidérés.

- Je vois.


Mamoru se leva et s’adossa contre la cuisinière, songeur.


- Harlock a eu raison de me téléphoner. On ne sera pas trop de deux pour l’aider à se dépêtrer de ce mauvais pas.

- Même si j’apprécierais que le vieux bandit ne se mêle pas de tout, pour une fois, je ne te contredirai pas.


***


- Encore !


La salle s’illumina temporairement et Reiko plissa les paupières, partiellement éblouie.

Puis, elle avisa les alentours et remarqua qu’elle était à bord de Big1, devant son poste de combat. 


- Okay, pas ma spécialité mais pourquoi pas.


Depuis plusieurs heures maintenant, elle pratiquait des entraînements, tous plus éreintants les uns que les autres. 

Avez-vous déjà fait ce rêve où vous partez de chez vous en pyjama-chaussons et que vous vous en apercevez une fois à l’école ou sur votre lieu de travail ?

Notre héroïne l’a vécu ce matin-là et a réalisé son erreur alors qu’elle filait dans le grand hall, cheveux dressés sur le crâne. 

Par fierté, elle choisit de ne pas faire demi-tour et, après une douche rapide, avait enfilé un uniforme propre et s’était dirigée vers les hangars de simulation. 

Dès lors, elle s’acharnait sur cette activité malgré l’épuisement qui la guettait.


- Big1, system check.


Elle pianota sur la console, concentrée à l’extrème, jusqu’à ce que celle-ci ne s’éteigne et qu’il ne reste plus qu’un écran noir.


- Panne généralisée, comme c’est original.


Une alarme résonna dans la “control room” et elle quitta son fauteuil en maugréant.


- Allez, démarrage en mode manuel.


Elle parcourut les voitures à pas vifs et atteignit la salle des machines en effectuant un dérapage en règle. Avec l’adresse que seule confère l’expérience, elle accéda au panneau de contrôle du train et commença à entrer ses codes.


- System check, stand by.


Big1 fut alors violemment secoué et Reiko émit un cri aigu tandis qu’elle basculait en arrière. Elle s’étala au sol et grimaça de douleur avant de se relever en jurant.


- Ça me saoule !

“ - Attaque en cours ! Nous sommes pris sous le feu de deux aéronefs de taille moyenne !”

- Aaah !


La pilote rebroussa chemin et prit la direction des hangars de lancement. Elle clopina vers un Space Eagle qui, en réalité, n’était constitué que d’un cockpit. Cependant, l’illusion était parfaite et elle approcha un escabeau afin de se hisser à l’intérieur de l’habitacle. Elle actionna les multiples fonctionnalités du chasseur et termina en activant son communicateur. 


- Requiers autorisation de décollage.

“- Accordée.”


Elle s’envola ensuite dans un espace intergalactique plus vrai que nature. Que ce soit par le biais de ses radars ou à l'œil nu, elle ne tarda pas à repérer les vaisseaux que l’intelligence artificielle lui avait signalés. 


- J’avais besoin de me défouler, ça tombe bien !


Elle monta en chandelle et, sans chercher à analyser précisément la situation, ouvrit les hostilités. Des faisceaux brûlants jaillirent de ses canons et percutèrent l’un des aéronefs. Reiko le dépassa à pleine vitesse et se retourna avec sa manœuvre favorite, l’immelman. 


- Place au coup de grâce.


Alors qu’elle s’apprêtait à achever son adversaire, une déflagration la fit s’écraser brutalement contre le tableau de bord. Sonnée, il lui fallut une dizaine de secondes pour retrouver ses esprits. 


- T’es débile, y’en avait deux…


Les différents interrupteurs et voyants clignotaient en continu et des arcs électriques traversaient le cockpit, infligeant des décharges sporadiques à la militaire. Cette dernière attrapa le manche directionnel et pesta en constatant qu’il était bloqué ou cassé. 


- Non… Non…


Une seconde explosion sur le flanc tribord catapulta le Space Eagle dans les airs comme s’il n’était rien d’autre qu’une vulgaire quille. 


- Je dois me sortir de là… 


Elle n’en eut malheureusement pas l’opportunité car le premier vaisseau s’était ressaisi et lui faisait face.


- Game over, se résigna-t-elle en s’allongeant dans son siège, à l’instant où des rayons lasers fusaient droit sur elle.


***


- Qu’est-ce qu’on fait, on intervient ?, s’impatienta Mamoru en faisant les cent pas dans la cabine d’observation.

- Elle est juste dans les vapes à cause du choc simulé de la collision. Elle va se réveiller.

- T’es pas inquiet ?

- Ça fait une heure que je regarde ma précieuse femme s’affaiblir et noyer sa douleur dans des exercices peu productifs. Alors, à ton avis, imbécile ?

- Alors, on intervient, décida le Commandant du Yamato en se ruant vers la porte. Je ne vais pas attendre les bras ballants que mon amie se tue au travail.

- Pas une bonne stratégie, décréta une voix grave en posant une main aussi large qu’un battoir sur l’épaule de Mamoru, le freinant brusquement dans son élan. 


***


- Hé, la belle au bois dormant, la simu est finie depuis près de quinze minutes.


Reiko s’ébroua laborieusement. Puis, elle s’efforça de compter jusqu’à dix le temps que sa vision s’éclaircisse.


- Bruce ?

- Mauvaise pioche.


Elle balbutia, surprise, en reconnaissant le soldat qui la surplombait.


- Lawrence ?

- Allez, mets toi debout sinon tu vas prendre racine.


Bien qu’hébétée et chancelante, la pilote s’exécutât.


- Qu’est-ce que vous faites ici ? Vous ne devriez pas mener les investigations sur Agrica ?

- C’est ce qu’on a fait, mais elles se sont avérées infructueuses. Une enquête a été diligentée par la Direction pour déterminer ce qui est arrivé aux passagers. Ce n’est plus de notre ressort.

- Aucun ? Vous n’avez pu en secourir aucun ? 

- On ne peut pas tous les sauver malgré…

- Le feu sacré qui nous habite, je sais. Vous me l’avez déjà dit.


En s’aidant de la poigne solide du Commandant, elle grimpa les quelques marches les séparant de la salle de contrôle.


- À quoi tu joues, Speed ?

- Je vous demande pardon ?

- Tu veux tomber malade ? Après la mission mouvementée d’hier, tu devrais être au fond de ton lit ou, dans la moindre mesure, au repos en compagnie de ta fille et du bellâtre arrogant qui te sert de mari.

- Sauf votre respect, ce ne sont pas vos affaires.


Guy Lawrence s’immobilisa, les sourcils froncés.


- C’est ce qu’on verra, allez viens.

- Hé ! 


Faisant fi des protestations véhémentes de la jeune femme, il l’entraîna vers la cafétéria du Quartier Général, déserte à ce moment de la journée. 


- On ne t’a jamais appris que s’exercer l’estomac vide est une faute de débutant ? 

- Au moins, ça m’a évité de vomir sur votre uniforme immaculé.

- Je ne trouve pas ça drôle, Reiko. Assis.


Puisqu’il était vain de lutter contre cet homme, la militaire obéit.


- Qu’est-ce qui vous fait croire que je n’ai pas déjeuné ? 

- J’imagine que le fait que tu sois blanche comme un linge est un excellent indicateur, lâcha-t-il en déposant une corbeille de fruits, des verres remplis d’un liquide fumant et quelques viennoiseries sur la table.

- J’ai pas faim.


Le Commandant appuya ses coudes sur le bois élimé, visiblement contrarié.


- J’ai assisté à ta dernière simulation.

- Hum, grogna Reiko, mécontente de sa piètre prestation.

- C’était médiocre.

- Vous m’en direz tant.

- Tu ne devrais plus commettre pareilles bévues après deux ans de service. Que s’est-il passé ?

- Rien du tout.


Lawrence se rembrunit, peu satisfait de cette réfutation laconique. Il est inutile d’être madame Soleil pour deviner qu’il n’appréciait guère l’attitude insolente de sa subordonnée.


- Même si ta déchirure est sans gravité, il est trop tôt pour un tel entraînement. Yûki te l’a clairement expliqué, non ?

- Je désirais me changer les idées, tenta-t-elle de se justifier.

- Pourquoi ?


Reiko croisa les bras, maussade.


- En quoi ça vous intéresse ?

- Je ne le fais pas pour toi mais pour Sayuri. Je n’ai pas spécialement envie qu’elle voit sa maman creuser sa propre tombe.


La pilote se renfrogna, touchée par les termes qu’employait son supérieur, comme une cible pouvait l’être par les talents de tireur d’élite de Bruce. 


- Sauf votre respect, à nouveau, c’est pas votre problème.

- Puisque tu m’as confié le rôle de parrain de cette gamine, ça l’est devenu. Pourquoi essaies-tu de te faire du mal ? Ou de te punir ? Parce qu’entre tes exploits sur Agrica et ces simulations à répétition, il y a de quoi se poser des questions.


Les lèvres pincées, Reiko garda le silence.


- Tant que je n’aurai pas ma réponse, tes fesses resteront clouées à cette chaise, la prévint-il.

- Je suis pitoyable, c’est tout.

- Raconte.


Tel un robinet ouvert à la puissance maximale, les mots de la mère de famille coulèrent en un flot ininterrompu, jusqu’à ce qu’elle soit presque totalement exsangue. Elle conta leurs mésaventures avec la sirène ou encore le danger qu’ils avaient encouru sur la planète Éphémère et, sans omettre les battements ou les cauchemars qui la hantaient depuis lors, acheva son récit par la disparition de Sayuri sur Mars.


- Vous savez tout. Je suis indigne de la responsabilité que le destin m’a confiée et, en plus de ça, j’ai l’impression que quelque chose s’acharne sur les gens que j’aime.


Lawrence, qui avait écouté sans la couper une seule fois, s’octroya un instant de réflexion avant de prendre la parole. 


- Quelles sont les qualités d’un bon agent de la Space Defence Force ?

- Les qualités ?, répéta Reiko, sans comprendre où le Commandant voulait en venir.

- Oui.


Elle remua la cuillère dans la tasse de café qui refroidissait sous son nez.


- La ténacité ?

- Mais encore ?

- Un esprit analytique ?

- Et…?

- L’empathie ? La capacité à bosser en équipe ? À suivre les ordres ? L’adaptabilité ? La gestion du stress ? Pourquoi vous me demandez ça ?


Face au mutisme de son interlocuteur, elle se creusa davantage les méninges.


- La qualité la plus remarquable à mes yeux… Ce serait…


Elle prit une profonde inspiration.


- La résilience.

- Comment la définis-tu ?

- C’est l’aptitude à surmonter les chocs traumatiques et à vivre en dépit de toutes les épreuves que la vie nous inflige… Okay, j’ai saisi, ne vous fatiguez pas.

- À vivre ou à accomplir son devoir. Tout ce qui ne tue pas rend plus fort. Ici, il n’y a pas de place pour la faiblesse. Ça, dit-il en dessinant un cercle autour de Reiko, est-ce l’exemple que tu souhaites montrer à ta fille ?

- Non, marmonna la militaire. Évidemment que non. 

- Et s’affamer ? Ça te paraît être une solution à tes problèmes ? 

- Il semblerait que non.


Reiko soupira et s’empara d’une pomme dans laquelle elle croqua à pleine dents. Son ventre criait famine et elle la dévora en quelques secondes à peine. 


- Pour ce qui est de tes tracas actuels, je crains de ne pas être d’un grand secours. Tant que l’enquête sur Agrica ne sera pas close, en tout cas. Les réponses à tes inquiétudes te parviendront en temps voulu, inutile de te noyer dans des conjectures inextricables.

- Sur ça, on est d’accord.

- Quant à Sayuri, tous les parents font des erreurs. Si tu as tiré un enseignement de celle-ci, vos liens familiaux se renforceront, c’est certain.

- Le Commandant… Le Commandant Murase m’a déjà dit une chose similaire… Il y a longtemps, lorsque j’avais été suspendue.

- Dans ce cas, dorénavant, souviens-t’en.

- Je ne l’oublierai pas, promit-elle.

- Apprends à être indulgente envers toi-même, sinon tu risques de te consumer comme une bougie. À présent, rentre chez toi. Ton foyer t’attend, non ?

- Vous n’avez pas tort. Ce matin, j’ai vraiment abusé. Ils essayaient probablement de me remonter le moral et moi…


Elle se mordit la muqueuse de la joue.


- J’ai réagi de manière excessive.


Elle s’inclina avant d’attraper un pain au chocolat.


- Merci de m’avoir consacré du temps.

- À ton service, déclara Lawrence avec un sourire en coin.


La jeune femme s’éloigna d’un pas résolu, une énergie nouvelle circulant dans ses veines, tandis que le Commandant portait un verre de jus de fruits à ses lèvres.


- Prenez-en de la graine, les jeunots. C’est ainsi que l’unité Cepheus résout les problèmes. Méthode efficace et incisive.


***


- Je suis une idiote. Non, pas une idiote : la reine des idiotes. Comment Bruce peut-il supporter pareille larve au quotidien ? Je ne leur ai même pas laissé une chance de s’exprimer. Une vraie furie ! Focalisée sur mes petits soucis, je suis incapable de voir plus loin que le bout de mon nez ! Aaaarg !


Reiko traversait le hall central en courant, pressée d’arriver chez elle. Maintenant qu’elle réussissait à mieux s’ancrer dans la réalité, elle prenait conscience que sa plaie la tiraillait et qu’elle avait fait preuve d’imprudence en malmenant ainsi son corps pendant plusieurs mois.


- Je dois perdre cette sale habitude de cesser de m’alimenter à la moindre difficulté. Ou au contraire de manger de façon déraisonnable. Je suis désolée d’être si faible, Sayuri.


Elle serra les poings à s’en faire blanchir les phalanges.


- Mais je vais m’améliorer. Je vais tout faire pour m’améliorer et être à la hauteur.


Parée de ces belles résolutions, elle s’apprêtait à quitter le Quartier Général lorsqu’une voix familière la héla.


- Kokooooo !

- Nita ?, dit-elle en se retournant vivement, avec une envolée de chevelure brune emmêlée.


Elle eut tout juste le temps d’ouvrir les bras avant que la jeune fille ne s’y réfugie. Taka, accompagné d’une dame d’un âge avancé, s’approcha à son tour en se grattant le menton.


- Hé, on te cherchait. Notre train ne va pas tarder à décoller.

- Oh, je vois. J’espère que votre voyage se déroulera sans encombre cette fois. Non, j’en suis persuadée.

- Bah… S’il y a un incident, je suis en mesure de gérer la situation. 

- C’est vrai, approuva Reiko, en happant contre elle le frère et la sœur.

- Tu remets ça, grogna l’adolescent, sans pour autant tenter de se défaire de l’emprise de cette dernière.

- Câlin collectif !, annonça Nita.

- Exact.


Taka examina Reiko, perplexe.


- T’as l’air… Différente. Plus en forme.

- C’est pas faux. J’ai bénéficié d’un remontage de bretelles en règle.

- Et c’est positif ça ?

- Plutôt, jeune padawan.


Elle libéra les deux enfants à contrecœur.


- Madame, avez-vous un papier et un stylo ?

- Oui… Peut-être bien.


La tante de Taka et de Nita fouilla dans son sac et en tira un bloc-notes sur lequel la pilote griffona quelques mots.


- On reste en contact. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, appelez-moi. Je suis Reiko Speed, Peloton Sirius de la SDF.

- Je sais, les petits m’ont beaucoup parlé de vous, lui signifia la femme avec amabilité.

- Je ne suis pas pe…

- D’accord. Je ne vais pas vous retarder davantage. Prenez-soin de vous, conclut-elle en ébouriffant les cheveux de ses protégés.

- Au revoir Koko !, s’exclama joyeusement Nita. À bientôt !


Reiko tourna les talons et, alors qu’elle effleurait la poignée, fut apostrophée par le jeune garçon.


- Tu as réfléchi à ma proposition ?

- Ta… Proposition ?, l’interrogea-t-elle en se figeant, interloquée.


Il y eut un silence et le garçon enfonça les mains dans ses poches, déçu.


- Non, rien. Laisse tomber. À plus, madame la bagarreuse.

- À la revoyure, monsieur le fugueur !


Taka la contempla tandis qu’elle descendait la volée de marches menant à l’avenue principale de la ville.


- Je ne suis pas du genre à lâcher l’affaire non plus. Boucle d’or n’a qu’à bien se tenir.


*** 


Immobile devant la porte de son appartement, la militaire hésitait à entrer.

“Bruce et Mamoru sont-ils en colère ? Ils auraient tous les droits de l’être.”

Des bribes de paroles lui parvenaient de l’autre côté du panneau mais elle n’arrivait pas à déterminer si elles étaient de bons ou de mauvais augures. 


- Quand faut y’aller…


Elle frappa doucement contre le battant avant de l’entrouvrir et de glisser son visage dans l’interstice.


- Tadaima kaerimashita*, lança-t-elle timidement.


Toujours installés dans la cuisine, Mamoru Bruce et Sayuri étaient plongés dans un atelier “crêpe party” des plus productifs si Reiko en jugeait par la montagne de galettes qui s’étaient accumulées dans une assiette, ainsi que les litres de pâte qui recouvraient le sol et les trois compères.


- Okaeri, koneko*. C’est l’odeur qui t’a attirée ?

- Ça se pourrait, répondit-elle en ôtant ses chaussures et en s’avançant dans l’entrée.

- Pile à l’heure pour la dégustation !, se réjouit Mamoru en ingurgitant une crêpe dégoulinante de chocolat.

- Écoutez, je suis désolée… J’ai…


Bruce reserra le tablier noué à sa taille et étala une louche de liquide farineux sur la crêpière.


- T’en fais pas, on peut tous se réveiller du pied gauche.

- Toi plus souvent que les autres, le tacla Kodaï.

- Tais-toi, Capitaine de rafiot au garage.

- C’est méchant, ça !, se plaignit-il en scrutant la pile de galettes.

- Pour Reiko, ordonna le sniper en lui tapant sur les doigts avec la louche. 

- Héééé.


La pilote prit place autour de la table, le cœur un peu plus léger. 


- T’as égaré ton pyj-pyj en route ?, la morigéna son époux en lui servant une ration de douceurs sucrées.

- Ah euh… Oui.

- C’est pas grave, je préfère quand tu dors nue de toute manière, même si j’aurais payé cher pour voir la tête de nos collègues lorsqu’ils t’ont vue débarquer dans cet accoutrement…


Mamoru asséna le tranchant de sa main sur la nuque de Bruce, en prenant un air horrifié.


- Un peu de tenue devant Sayuri !

- Refais ça et les gâteaux c’est fini pour toi.

- Koko, il me maltraite !


Celle-ci eut un petit rire qui ne tarda pas à se transformer en un gigantesque fou rire. Des larmes coulaient le long de ses joues et elle se tenait le ventre, le souffle court.

Les deux hommes partagèrent une œillade étonnée et la tension qui pesait sur leurs épaules s’amenuisa.

“Guy Lawrence… Ce type est vraiment un sorcier. Qu’est-ce qu’il a bien pu lui raconter ?”, songèrent-ils, dubitatifs.


- Viens voir maman, Yuyu. Je suis navrée d’avoir mis si longtemps à rentrer à la maison, dit-elle en embrassant la fillette sur le front.

- Okaa-san !


* Je suis rentrée.

* Bienvenue, chaton.

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