A Galaxy Railways Story : Reiko

Chapitre 55 : Éphémères - partie 2

6493 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 01/06/2024 17:30

Chap 55 : Éphémères - partie 2


Un silence de mort régnait dans la “control room”.

Un silence similaire à celui d’un cimetière au beau milieu de la nuit.

Un silence capable d’effrayer les spectres eux-mêmes.

Bruce s’avachit dans son fauteuil, en état de choc avancé. 

Terrassé par l’anxiété.


- Est-ce qu’elle… Est-ce qu’elle est… ?, bégaya Louise.

- Elle est en vie, affirma Manabu en pénétrant brusquement dans le wagon.


Le sniper releva le menton, les traits durcis par l’inquiétude et la colère.


- Je l’espère pour toi, gronda-t-il en articulant chaque mot avec soin. Je l’espère sincèrement.

- Elle s’est éjectée avant…

- Tu l’as vue ? De tes propres yeux ?

- Non mais…

- Alors boucle-la, Yuuki, lâcha Bruce, hargneux.

 

Bien qu’il n’en laissât rien paraître, il était terrifié.

Non… Terrorisé.

Était-elle blessée ? Ou pire… Ou pire…

Confus, le Commandant se passa une main sur le visage.

Par où commencer ? L’astre était vaste et il fallait qu’il la rejoigne au plus vite. Sinon, comment expliquer à Sayuri que sa maman ne rentrerait pas à la maison ce soir ?

Non, ça c’était impossible. Elle avait survécu à l’éboulement d’un immeuble Tokyoïte, à un enlèvement et une séquestration par les humanoïdes, sans oublier l’effondrement de la forteresse de Promethium….

Ce n’était pas un simple crash qui aurait raison de sa femme.


- Louise ?

- Elle n’a pas d’émetteur. Mes radars ne détectent aucune signature de la SDF.

- Putain… Sécurisons les passagers et ensuite... Pas le choix, nous devrons inspecter chaque mètre carré de cette foutue planète, pesta-t-il.


Killian toussota pour attirer l’attention de ses équipiers.


- Pas nécessairement.


***


Les cils de Reiko papillonnèrent et un petit sourire se dessina sur ses lèvres.

Elle goûtait avec bonheur la caresse des doigts de Bruce au creux de son dos puis, difficilement, obligea ses paupières à se décoller.

Elle se retourna alors pour se blottir contre son conjoint et, lorsque sa vision s’éclaircit enfin, elle se retrouva nez à nez avec un gigantesque scolopendre.

Après un instant de flottement, elle poussa un hurlement d’horreur pur.

Elle bondit sur ses pieds, bien réveillée, trébucha sur une racine et s’étala à nouveau dans l’herbe grasse et humide.


- Où est-ce que…?


Elle avisa les alentours, une jungle dense parée d’une multitude de nuances de vert.

Sa mémoire l'assaillit ensuite, tel un raz-de-marée dévastateur.


- Manabu…, balbutia-t-elle en se prenant la tête entre les mains. Pourvu qu’il ait réussi à rejoindre Big1.


Elle leva le regard vers les nuages et nota que ceux-ci s’étaient teints d’une jolie couleur violacée.


- Depuis combien de temps je suis là ?, dit-elle en se mettant debout. J’ai du mal à croire que je suis indemne après mon atterrissage désastreux.


La pilote épousseta ses vêtements et fouilla vainement la verdure en quête de son casque.


- L’atmosphère est respirable donc ça devrait aller, mais maintenant qu’est-ce que… Qu’est-ce que je dois faire ? Évidemment, mon communicateur s’est perdu dans la bataille, hein ? Sinon, ça ne serait pas drôle.


Si le peloton Sirius était sorti vainqueur de ce combat, elle ne doutait pas une seconde que Bruce s’était lancé à sa recherche.


- J’espère qu’il n’a pas été trop dur avec Nabu… Comment les aider à me repérer ? 


La militaire s’étira et croisa les bras derrière son cou.


- Il m’a déjà donné la solution, non ? “Level 8 succeeded”.


****


- Ça fonctionnera ?, demanda le sniper, sarcastique.

- En théorie, répondit Killian.


Bruce se pencha au-dessus du stagiaire, de mauvaise humeur.


- Si tu veux sauver ta carrière à la SDF, tu as tout intérêt à ce que ça marche et à ce que ça marche vite.


Il se rejeta en arrière en reniflant.


- Si elle a ne serait-ce qu’un seul cheveu d’abîmé, je vous garantis qu’il n’existe aucun endroit dans cet univers où vous pourrez m’échapper, ajouta-t-il en fixant tour à tour Manabu et Killian. Tous les deux. Vu ?

- Les combinaisons de la SDF sont constituées d’un alliage spécial, explicita la nouvelle recrue de l’unité Sirius. Un alliage qui mêle des fibres de tissus ultra-robustes et des métaux comme l’acier inoxydable ou l’aluminium, aux propriétés multiples ; isolation phonique, ductilité, résistance accrue aux chocs, au feu…

- En bref ?, le coupa le Commandant.

- En bref, en re-calibrant les détecteurs du train sur la fréquence de résonance exacte de ce composant, nous serons en mesure de localiser la din… Pilote.


Les pupilles de Bruce se voilèrent et il lutta de toutes ses forces pour ne pas déverser sa fureur sur le cadet.


- Et on ne risque pas d’être parasité par tous les fichus cailloux de cette planète ?

- Non car, naturellement, aucune pierre n’associe ces métaux.

- Bien. On en a encore pour longtemps ?

- Deux heures.


Le sniper grogna.


- C’est trop long.


Il se tourna vers sa section, maussade mais résolu.


- Manabu, affrète un Space Eagle, on y va. David, je te transmets le commandement. Ne fais pas n’importe quoi.

- Bruce, le peloton Cepheus va débarquer d’une minute à l’autre !

- Le navire pirate a coulé, si je peux dire ça ainsi, et les voyageurs de Procyon ont été confiés aux bons soins de Louise et de Yûki. Fort heureusement, il n’y a pas de blessé. Big1 n’est peut-être pas en état de rentrer sur Destiny mais, dans l'immédiat, aucune menace ne m’empêche de partir sauf si tu ne te sens pas capable d’assumer cette responsabilité.

- Ce n’est pas ça…

- Parfait. Continue les réparations ici et surveille celui-là, dit-il en désignant Killian du menton.

- Compte sur moi, accepta-t-il en soupirant.

- On maintient le contact.


La porte claqua derrière le binôme masculin.

L’ingénieur se gratta le cuir chevelu, blasé.


- Quand t’en auras fini avec les radars, toi et moi, on retapera la machinerie. On parie que ce sera terminé avant l’arrivée de Lawrence ?


***


Reiko dérapa dans les fougères, hors d’haleine, tandis qu’une horde de cliquetis retentissait sur ses talons. 

Paniquée, elle déboucha dans une clairière au milieu de laquelle se dressait un arbre titanesque aux branches tombantes à la longueur démesurée.

À court d’idées, elle puisa dans ses ultimes ressources et se rua vers celui-ci. Elle empoigna le tronc et se hissa au sommet quelques secondes avant qu’un tsunami noir et grouillant ne déferle en dessous-d’elle.

Écoeurée, elle observa les scarabées à la carapace brillante et visqueuse, munis d’antennes et de mandibules.


- C’est quoi ce pays ? Et ces insectes géants ?


Elle frissonna de dégoût en s’adossant dans un renfoncement du chêne centenaire. Fille de la ville, elle n’était pas habituée aux bêtes de la campagne et encore moins aux bêtes mutantes.

De plus, d’après ses estimations, cela faisait une bonne heure qu’elle errait en essayant de gagner les falaises contre lesquelles son appareil s’était crashé.

Cependant, elle devait bien avouer que son sens de l’orientation lui faisait défaut, sans compter les bestioles répugnantes qu’elle tentait désespérément d’éviter. En résumé, elle n’avait fait que s’égarer davantage dans cette jungle inhospitalière.


- C’était pas le plan… “Prends de la hauteur et tu verras loin.”


Elle se recroquevilla et enfouit son nez entre ses genoux.


- C’est trop dur, marmonna-t-elle. J’suis fatiguée. 


L’image de sa famille s’imposa dans son esprit et elle renversa sa nuque en arrière, se perdant dans la contemplation de l’épais feuillage qui masquait le ciel.


- Ouais, Yuyu. Maman veut te prouver qu’elle est forte, alors elle n’a pas pas le droit de lâcher l’affaire, hein ? 


Préoccupée, elle suivit distraitement les sillons creusés dans le bois avec la pulpe de son index.


- Papa est sur le coup, mais il faut que je l’aide un peu, tu ne crois pas ? Il se fait sûrement un sang d’encre et passe donc très probablement ses nerfs sur tout le monde. Les pauvres. 


Elle déplia ses jambes du mieux possible et massa ses mollets endoloris.


- Je parle toute seule comme une folle. Ouais… Folle je l’ai été lorsque je m’en suis prise à Killian. J’ai vraiment craqué. Il ne méritait pas ça pour son premier jour. Je m’excuserai quand je le reverrai. Enfin… Si Bruce l’a épargné. Sinon… Bah, j’apporterai des fleurs sur sa tombe.


Reiko souffla bruyamment par les narines et entreprit une désescalade acrobatique.


- Je raconte des conneries… Allez, j’y retourne. Dans mes souvenirs, les montagnes étaient au nord et je me suis déportée vers l’ouest. Quoique… J’en suis pas sûre. C’est pas facile de se repérer dans cet océan de verdure. Peut-être que n’importe quel lieu en altitude conviendrait. Je dois aussi réfléchir à la manière de leur signaler ma position. Peut-être…


Un cri aigu interrompit le fil de ses songes et elle se tétanisa. Le cœur battant la chamade, elle tendit l’oreille, à l’affût du moindre son.

“Qu’est-ce que… ? On dirait… On dirait bien…”

Elle n’eut pas à patienter longtemps car une seconde plainte vint rapidement troubler le calme apparent de la forêt.


- C’est… C’est…


La jeune femme retira la sécurité de son holster et attrapa fébrilement son arme de service, qui avait été épargnée par l’atterrissage mouvementé. Puis, sans tergiverser davantage, se précipita en direction des broussailles desquelles provenaient les clameurs inquiétantes.


*** 


Bruce jeta un œil à travers la vitre du cockpit et ce qu’il vit ne le réconforta pas.

Loin de là.


- Yuuki, l’épave est là. Pose-toi.


Le chasseur était en miettes et complètement calciné. Il n’en restait rien d’autre qu’un tas de métal rouillé et fumant.

Agité et angoissé, le Commandant de l’unité Sirius sauta hors de l’habitacle avant que Manabu n’ait éteint les moteurs.

Il s’écrasa durement au sol et se releva presque aussitôt, se dirigeant à grandes enjambées vers ce qui fut le Space Eagle de sa compagne.

Des bouffées de chaleur avaient fait grimper sa température corporelle de plusieurs degrés et il avait la sensation qu’une cloche tintait à l’intérieur de son crâne. Sa vision n’était pas aussi nette que de coutume et ses mâchoires étaient si verrouillées qu’il en avait mal aux dents.

Un réseau de veines bleues s’était dessiné sur son épiderme diaphane, qui se teintait de vert au niveau des pommettes.

La dernière fois qu’il avait été aussi ravagé par le stress, c’était lorsque la sirène avait failli écorcher son épouse devant ses yeux.

Et, aujourd’hui encore…

Il asséna des coups de pieds rageux dans les décombres, désireux de s’assurer qu’elle n’était pas ensevelie dessous.


- Bruce, elle n’est pas là, j’en suis certain, argua l’artilleur d’une voix blanche.

- Mets-la en veilleuse.


Le Commandant souleva une large plaque en ahanant sous l’effort et la balança sur le côté. Elle heurta la terre dans un bruit mat tandis qu’il replongeait les mains dans le tas de ferrailles. 

“Si je la découvrais là, inerte, brûlée vive… J’en mourrais. Et si mon cœur ne s’arrêtait pas de lui-même, le cosmo-dragoon en viendrait à bout.”

Lorsqu’il accéda enfin aux restes du cockpit, il s’agenouilla, haletant.


- Le siège n’est plus là. Elle a réussi à s’éjecter, déclara Manabu avec un soulagement non dissimulé.

- Merci, kami-sama. Merci, murmura-t-il en reprenant l’expression employée habituellement par sa chère et tendre.

- Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?


Bruce se mit debout en titubant.

Pendant quelques instants, il avait bien cru que la malédiction qu’il pensait avoir enterrée l’avait rattrapé.

L’épisode de la caverne l’avait fait douter et il avait craint qu’il ne constitue les prémices d’un malheur encore plus terrible.


- On va la récupérer.

- C’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin…

- Elle ne doit pas être très loin et, si ce crétin de stagiaire ne parvient pas à la localiser, on n’aura pas d’autre choix que de ratisser ce coin.


L’artilleur, qui se sentait coupable de la tournure qu'avaient prise les événements, acquiesça.


- Je te suis.


***


Reiko écarta les plantes qui lui masquaient la vue et déboula tel un ouragan devant une rivière qui coulait indolemment au milieu de la jungle. 

Elle freina des quatre fers dans les galets en étendant sa jambe droite et en repliant son genou gauche. Puis, elle hoqueta de surprise en apercevant une scène pour le moins déroutante.

Une femme ratatinée, à la peau mate et à la chevelure argentée tressée, vêtue d’une étoffe s’apparentant à du lin, faisait face à une sorte de mante religieuse géante.


- Quel cauchemar cette chose, maugréa-t-elle.


Malgré toute la répugnance que ce monstre lui inspirait, elle pointa son pistolet en avant.


- À cette distance, même moi je ne devrais pas le rater.


Elle prit une bouffée d’oxygène, porta deux doigts à sa bouche et émit un sifflement strident.


- Hé toi ! Viens donc t’en prendre à quelqu’un de ta taille ! Enfin… Euh… Qui atteint ton nombril ! Ou plutôt la moitié de ton abdomen poisseux et dégueu !


La diversion sembla fonctionner puisque l’insecte mutant se détourna de sa proie et riva ses globes oculaires rougeoyants sur la pilote.


- Oh la vache… Oh la vache !, s’affola-t-elle. C’est ignoble !


Elle secoua la tête et se ressaisit.


- Cachez-vous ! Allez !, intima-t-elle à la grand-mère, qui tenait serré contre elle une créature colorée que Reiko vit à peine.


La vieille dame parut comprendre car elle se faufila entre les feuillages et disparut dans les profondeurs de la forêt.


- Bien. Je stabilise mon bras. J’aligne ma visée. Je cale ma respiration.


Le prédateur fondit sur la militaire à toute vitesse. Cette dernière ne bougea pas et lorsque le faciès antennifère se retrouva dans sa ligne de mire, elle shoota.

La mante religieuse se raidit avant de basculer sur le côté et de chuter dans le cours d’eau.


- Je l’ai touchée ! Je l’ai touchée ! Et avec un seul tir en plus ! Ah j’aurais aimé que Bruce puisse voir ça !


Elle virevolta sur elle-même, euphorique.

Votre auteure tient toutefois à vous faire remarquer que même un aveugle aurait mis dans le mille avec un écart aussi insignifiant. Mais nous ne gâcherons pas le plaisir de Reiko, alors applaudissez je vous prie !


- C’est qui la meilleure ?, s’enthousiasma-t-elle en détachant chaque syllabe.


Puis, quand sa joie fut retombée et que le cadavre de la bestiole se fut enfoncé dans les eaux placides, elle avisa un visage sombre qui poignait à travers les branches d’un saule.

La pilote rengaina son cosmo-gun et tendit les mains, paumes vers le haut.


- Je ne vous ferai pas de mal, madame, dit-elle en souriant.


Après une minute d’hésitation, la femme se décida à s’extraire de son abri.

Reiko fronça les sourcils, médusée, en reconnaissant ce qui était posé sur son épaule.


- Tiens donc… ?


*** 


Bruce et Manabu se frayaient un chemin à coup de serpe au sein de cette nature luxuriante dans laquelle des oiseaux multicolores chantaient, perchés dans les arbres. Des serpents aux écailles luisantes rampaient dans les ronces mais ces derniers, timorés, s’enfilaient dans des trous creusés dans la terre meuble dès qu’ils entrevoyaient les intrus.

Cependant, ce qui retint particulièrement l’attention de l’artilleur fut tout autre chose.


- Pourquoi les insectes sont-ils si énormes ?, s’écria-t-il, interloqué.


Le sniper ne répondit pas, notant tout juste le mille-pattes de trois mètres de long qui s’enroulait autour d’un tronc.

Toutes ses pensées étaient tournées vers une seule et unique personne.

Elle l’appelaient si vivement qu’il n’aurait pas été étonné qu’elle les entende.

Il comprenait le sentiment qui avait étreint son épouse alors qu’il s’était évaporé dans cette caverne marécageuse, qu’il était monté à bord du train fantôme ou quand il avait été mortellement blessé lors de la bataille de la station.

Une terreur vertigineuse et indescriptible.

La même qu’il avait ressentie lorsqu’il avait dû mener une expédition dans la base humanoïde pour la tirer des griffes de la reine Râ Andromeda Promethium.

La même qu’il avait ressentie lorsque la sirène s’apprêtait à l’exécuter ou quand elle s’était échappée avec Tetsuro.

La même qu’il avait ressentie sur la planète Emeraude, Améthyste, Hal’wasa et sur tant d’autres encore.


- Je vais passer ma vie à me faire du souci pour toi… Et pour Sayuri, chuchota-t-il.

- Bruce ?

- T’occupe, le rembarra-t-il, sèchement.


Le Commandant ôta un branchage qui gênait son passage et se baissa pour esquiver une mouche aussi grosse qu’un chat.


- Bruce ! Aide-moi !


Les deux hommes se pétrifièrent.

Le son était faible, diffus, difficile à situer. Venait-il de l’est ? Ou de l’ouest ?


- Rei..

- Chaton !, tonitrua le sniper. Où es-tu ?

- J’ai mal… Pourquoi y-a-t’il autant de sang ?


Celui de Bruce se glaça et son rythme cardiaque s’accéléra.

Il avait l’impression que la voix se répercutait en un écho infini ou alors qu’elle rebondissait comme une balle en caoutchouc.


- Ma chérie, signale-moi ta position je t’en prie !

- J’ai peur… Je n’ai pas envie de mourir…


Tel un cheval fou, il se rua en avant, piétinant la végétation et arrachant les lianes qui entravaient sa route.


- Attends… Attends !

- Pas le temps… Pas le temps pour ça !, ânonna-t-il, dévasté par l’anxiété.


***


- Shiara ?

- Shi’hara ! 

- Shi’hara ?

- Hum ! 


La pilote pointa du doigt sa poitrine et articula distinctement.


- Ré-I-Ko.

- Reiko ?

- Oui, Reiko !


La jeune femme mima un train, un combat spatial et acheva par un avion se heurtant à une montagne, dans l’espoir de faire comprendre à son interlocutrice ce qu’il lui était arrivé.

Contre toute attente, celle-ci parut saisir dans les grandes lignes ce que Reiko tentait maladroitement de lui expliquer.


- Et lui ?, demanda-t-elle en désignant le petit être ailé qui ne quittait pas Shi’hara.

- Tô.

- Tô ?

- Quia !


“Quia”, signifiant probablement “oui”, Reiko opina du chef.

Après la mort de la mante religieuse, elle avait découvert que la vieille dame s’était fait attaquer par celle-ci car elle avait essayé, au péril de sa vie, de protéger un papillon d’une quarantaine de centimètres aux ailes orange, roses et rouges, que la créature avait choisi en guise de dîner.


- C’est ton animal de compagnie ?

- Kotaro shi, s’exclama-t-elle en levant les bras au ciel.

- Une sorte de prière ? Oh, un… Insecte sacré ?, l’interrogea-t-elle en joignant ses paumes et en fermant les yeux.

- Quia !

- Hum, j’espère vraiment qu’on n’est pas en train de parler d’un truc qui n’a aucun rapport.


Reiko n’avait aucune idée de l’endroit où la grand-mère l’emmenait mais, faute de mieux, s’était résignée à la suivre. 

La température dans cette forêt tropicale était si étouffante que la combinaison cosmo ne suffisait plus pour réguler sa transpiration. Elle tressa rapidement ses cheveux bruns, devenus poisseux, et essuya la sueur qui gouttait de son front. 


- C’est encore…? Oh !


Elles débouchèrent à l’orée d’une vaste clairière au centre de laquelle un village avait été bâti. Une vingtaine de maisons de forme circulaire, coiffées de toits composés d’un savant nattage de lianes souples et de feuilles séchées, étaient construites dans un amalgame de bois et d’argile.

Des enfants couraient, riaient et se chamaillaient, avant de se figer en découvrant les deux femmes. Puis, ils se cachèrent, effrayés par l’accoutrement étrange de Reiko.

Des hommes, alertés par les cris des uns et des autres, sortirent des huttes et s’avancèrent vers la pilote, menaçants.

Celle-ci, recula, inquiète, prête à s’enfuir à toutes jambes.

Shi’hara se plaça alors devant elle et se mit à débiter un flot de paroles continu, au fur et à mesure duquel les autochtones semblèrent se tranquilliser. 

L’un d’entre eux, qui paraissait être le chef du village, se détacha du groupe pour s’approcher de la militaire. Cette dernière fit un second pas en arrière, méfiante. 


- Koroni. Koroni, Reiko.

- Je…


L’homme s’inclina, imité par le reste de sa tribu. La grand-mère sourit ensuite de toutes ses dents et entraîna sa nouvelle amie dans son sillage.


- Reiko-ni !

- Obaa-san, je ne suis pas sûre que ce soit…


*** 


- Mon amour ! Où es-tu ?, s’égosilla le sniper.

- Bruce ! Elle n’est pas là ! On a ratissé les environs un millier de fois. On a rêvé !

- Non, c’était elle, j’en suis certain !, rétorqua-t-il, paniqué, en écartant des fougères proches.

- C’était peut-être une espèce de perroquet ou… 

- Tu te fous de moi ? Quand bien même c’était un piaf, il l’a forcément entendue prononcer ces mots !


Bruce, qui ahanait comme un bœuf, se contraignit à l’immobilité.

Il s’agissait clairement de sa voix.

“Elle a sûrement été blessée lors de son atterrissage en catastrophe et, en ce moment même, elle doit être terrifiée.”

Elle l’attendait et lui… Il était tout bonnement incapable de la retrouver et de lui venir en aide.

Il se sentait impuissant. 

Désespérément impuissant et désarmé.

Paralysé par la peur, il ne savait plus où donner de la tête.


- Si… Si jamais… Si jamais…

- Bruce…


C’est alors que leurs émetteurs bipèrent et, tremblant, le Commandant enfonça le bouton du microphone intégré dans son casque.


“- Ici Killian Black, vous me recevez ?”

- Oui, répondit Manabu. Qu’y a-t-il ?

“- L’analyse est terminée et nous avons un résultat. Je vous ai fait parvenir les coordonnées de la signature sur vos montres connectées.”


Fébrile, Bruce se hâta de déployer un hologramme.


“- La cible est mouvante et se situe à cinq kilomètres de votre position actuelle.”

- La cible ? Tu veux dire ma femme ?, grogna-t-il, mentalement harassé.

“- Euh oui, désolé, je parlais de madame Speed.”


Le sniper prit une profonde inspiration.

“Si elle bouge, c’est que son état n’est peut-être pas aussi grave que je le crains.”


- Bon travail. On se met en route. La section Cepheus est déjà là ?

“ - Ils évacuent l’express Procyon”, l’informa David. “Dès qu’ils auront fini, Lawrence dépêchera des hommes pour vous prêter main forte. Quant aux réparations d’urgence de Big1, elles sont presque achevées.”

- Bien reçu.


Manabu, qui détaillait scrupuleusement le plan projeté par la montre, interpella son supérieur.


- J’ai l’impression qu’elle se rapproche de nous.

- C’est une bonne chose. Allez, on lève le camp.


Ils se remirent en marche et, tel un rouleau-compresseur, Bruce leur ouvrait une voie à travers la verdure foisonnante.

À cet instant précis, il fallait être fou pour délibérément s’interposer entre le Commandant de l’unité Sirius et son objectif.


- J’arrive ma chérie, lui promit-il à voix basse.


*** 


Reiko avala une troisième bouchée d’une sorte de pain feuilleté aux fruits secs.


- C’est délicieux, les félicita-t-elle avec un pouce en l’air.


Les enfants parurent comprendre le message et se précipitèrent à l’intérieur des cahutes, desquelles ils ramenèrent plusieurs paniers en osier remplis de victuailles.


- Takeo, Reiko !

- Kotesa, Reiko ! 

- Reiko, tichitich ! 

- Doucement, les freina-t-elle en tendant les bras en avant. Je ne vais pas pouvoir en manger autant.


Installés sur des bancs à proximité, les indigènes semblaient s’être rassérénés et observaient la pilote, assise en tailleur sur la terre battue, engloutir l’équivalent de trois ou quatre portions pour adultes.


- Ohéta ?, la questionna une fillette, intriguée.

- Ce truc ?, demanda-t-elle en agitant son auto-mail. C’est une prothèse mécanique.

- Oh ! Lopadehi !


Le membre robotisé de Reiko se révéla être l’attraction de la journée et toute la communauté défila pour tâter le métal. Et, alors qu’elle terminait son repas en vidant un gobelet de jus de fruits, le chef de la tribu prit place à ses côtés. La jeune femme estima son âge entre cent et cent-dix ans au vu des rides qui striaient sa peau.


- Kario.

- Kario ?


L’ancien traça des signes dans la poussière que Reiko suivit attentivement du regard.


- Kario, répéta-t-il en pointant son œuvre.

- Oh… Oui, mon Space Eagle ! Space Eagle !

- Spéceigueule ?

- Mon chasseur. Et ça, c’est la falaise sur laquelle il s’est écrasé, hein ? Vous avez assisté au crash, pas vrai ?

- Kroji. 

- Il faut que je rejoigne ma section, argua-t-elle en esquissant des bonhommes bâtons autour d’une locomotive. Ça, c’est Big1. Et eux… Le peloton Sirius.

- Sirius ?

- Oui ! Ils sont probablement à ma recherche.


Elle entoura l’éminence rocheuse, la relia au train et apposa une main contre sa poitrine.


- Moi. Moi, je dois aller ici. Vous pouvez m’y emmener ? Il faut qu’ils me voient depuis l’espace, expliqua-t-elle en levant son index vers les nuages.

- Quia.

- Moi et la montagne, d’accord ? On pourrait faire un feu pour qu’ils me repèrent ?, continua-t-elle en dessinant des flammes et de la fumée.


Le vieil homme acquiesça.


- Quia.


*** 


- Bruce, ralentis !


Le sniper garda le silence. Non pas qu’il désirât foncièrement ignorer Manabu mais, entièrement focalisé sur sa mission, il ne l’écoutait pas.

“Deux kilomètres cinq… Deux kilomètres quatre…”


- A-t-on halluciné tout à l’heure ?, marmonna-t-il. Si c’était elle… Et si elle était gravement mutilée… Elle n’aurait pas pu avancer autant et si vite.


Il tentait difficilement de se convaincre que sa compagne était saine et sauve. Néanmoins, tant qu’elle demeurait invisible à ses yeux, il lui était impossible de redescendre en pression.


- Elle se… Déplace ! Toujours dans notre direction ! 

- Hum. On accélère, ordonna le Commandant en arrachant les lianes qui avaient l’audace d’entraver son chemin.

- Mais… Mais…


Bruce enjamba une chenille de près de quarante centimètres de large, sans se formaliser de son gabarit.

“Deux kilomètres trois… Deux kilomètres, hein ?”

Bien qu’il soit totalement concentré sur son objectif, il les perçut distinctement.

Des sanglots douloureux.

Indubitablement féminins. 

Il se figea, tous ses sens aux aguets. 


- Chaton ! Chaton, c’est toi ?

- Otto… Otto-san…

- Putain, cette fois j’en suis sûr.

- Hé ! Ne cours pas ! Attends-moi !


Tel un sportif aguerri, Bruce sautait par-dessus les obstacles, évitait agilement les mouches géantes qui le parasitaient et comblait en quatrième vitesse la distance qui le séparait de son épouse. 


- Otto-san… Yuyu…

- Reiko !

- Bruce ?

- Je suis là !


Il se stoppa, haletant.

Personne. 

Pourquoi… N’y avait-il personne ?

Elle était nécessairement là… Elle l’avait appelé ! 

“Je n’ai pas rêvé, c’était réel. Réel.”

Manabu débarqua alors, hors d’haleine.


- Où est-elle ? La voix était proche. Vraiment très… Aaaaaaah ! 

- Yuuki !


L’artilleur venait de disparaître dans un ravin, dissimulé sous un tas de branches qui avait cédé sous son poids.

Le Commandant, qui avait la sensation de nager en plein cauchemar, eut le réflexe de happer le poignet de son partenaire avant qu’il ne soit avalé par les tréfonds de la planète. La gravité fut cependant la plus forte et il chuta à son tour. Vaille que vaille, il empoigna des racines qui serpentaient au sol, pour ne pas basculer lui aussi à l’intérieur de ce puits sans fond.


- Bor… Bordel !, jura-t-il en bandant ses muscles.

- Bruce !

- C’est bon, je gère. Je vais… Nous remonter.


Les jambes pendues dans le vide, Manabu essayait vainement de trouver une prise à laquelle se raccrocher. Toutefois, les parois lisses ne lui octroyaient guère de prises.


- Tu ne pourras pas…!

- La… Ferme ! Je ne laisserai pas…


Le sniper se pinça les lèvres, les traits du visage tirés par l’effort.


- Je ne laisserai pas… Un autre de mes équipiers mourir !


***


- J’ai l’impression d’être en sortie scolaire, s’amusa Reiko.


Le chef du village leur ménageait un passage à travers les fourrés pendant que la pilote progressait en admirant le paysage de carte postale qui s’étendait autour d’elle.

Mais, le plus spectaculaire, ce n’était ni les arbres gigantesques ni le fracas des torrents… C’était le lépidoptère aussi large que deux voitures qui suivait son maître à la trace. 


- Nous on a des chats, des chiens et eux ils ont… Des papillons domestiques.


Les ailes de celui-ci étaient splendides. Saphir, turquoise, cyan… 

Une palette aux nuances bleutées teintait ces membres délicats et chacun de leurs battements déclenchait un tourbillon qui emmêlait la chevelure de la militaire.


- Subarashi desu ! 

 

Ses antennes bougeaient gracieusement sur son crâne noir velu et Reiko dodelina de la tête pour l’imiter.


- Vole, vole, vole !, chantonna-t-elle, à demi-mots.


Après une conversation complexe avec le grand-père qui, mais elle n’en était pas certaine, se prénommait Yotaro, le duo s’était mis en marche en direction du piton rocheux le plus haut des environs, que les habitants du coin désignaient par le terme “Okishikishi”.


- Okishikishi, quia ?

- Quia, Reiko nina.

- Au moins, on est raccord sur la destination, murmura-t-elle.


Ils cheminèrent une bonne demi-heure sous un soleil de plomb durant lequel le monarque ne les quitta pas d’une semelle.


- Yotaro ?


Son guide s’était pétrifié tandis que le papillon planait au-dessus de lui en effectuant des cercles concentriques.

C’est alors qu’elle remarqua les éclats de voix.

Sans réfléchir, elle dégaina son cosmo-gun et en deux enjambées, se plaça devant l’ancien.


- Vous restez ici. On ne sait jamais, dit-elle en lui montrant ses pieds avec insistance, Quia ?

- Quia.

- Hum.


Puis, elle se faufila au milieu de la végétation, arme au poing. Son cœur tambourinait dans sa poitrine et des veines saillaient sur son front sous l’effet de la tension.

Aussi discrètement que possible, elle se dirigea vers la source du vacarme.


- Faites que ce soit la SDF, faites que ce soit la SDF, chuchota-t-elle entre ses dents.


*** 


- Bruce.

- Non.

- Bruce…

- T’es bouché, Yuuki ? J’ai dit non !


Manabu eut un maigre sourire.


- Tu ne pourras pas nous sauver tous les deux. Je ne veux pas t’entraîner dans la mort.


Le sniper serra les mâchoires, rassemblant les miettes éparses de son énergie.

Il y a fort longtemps, il s’était juré d’empêcher la Faucheuse de lui enlever qui que ce soit d’autre.

Alors, il n’abandonnerait pas.

Il refusait que l’un de ses partenaires sombre à nouveau dans le néant.

Même si, pour cela, il devait saluer ce vieux Pluton plus tôt que prévu.

“Je suis désolé mon amour, tu vas devoir continuer ta route sans moi, mais je sais… Je sais que tu y parviendras. Tu le feras pour Sayuri. Et le bandit te soutiendra. Tu ne seras pas seule dans cette épreuve.”


- Je vais te propulser là-haut. Prépare-toi.

- Non, je sais à quoi tu penses et je ne veux pas… Tu as un foyer, des responsabilités. Et puis, après tout, c’est aussi à cause de moi si on en est là.


Le fils de Kanna délia ses doigts, alors qu’un tic nerveux agitait ses sourcils.


- Dis à ma mère que je l’aime, d’accord ? Et à Louise…

- Non ! Ne sois pas stupide !


En dépit de toute sa volonté, le poignet de son partenaire glissa entre ses phalanges et Bruce sut que la rupture était proche.

“Oh non, ça recommence… Ça recommence !”


- Ne fais pas ça ! Je t’en prie !, le supplia-t-il, paniqué.

- Ne te blâme pas, tu n’es pas la Mort. Ce n’est pas de ta faute. C’est comme ça, c’est tout.

- Yuuki !, hurla-t-il, désespéré, au moment où son sang-froid de tireur d’élite volait en éclat.

- Au revoir, Bruce.


Un petit toussotement interrompit cette scène dramatique, digne d’un blockbuster cinématographique.


- Quand je ne suis pas là, vous faites absolument n’importe quoi !

- Reiko ?, hoqueta le sniper.


La main de sa femme se referma sur son avant-bras et elle le tira en arrière de toutes ses forces.


- Nabu, tiens bon !

- Je…


Malgré ses tentatives pour raffermir son emprise autour des gants de son coéquipier, l’artilleur lâcha prise en poussant un cri bref mais perçant.


- Yuuki !

- Manabu !


Celui-ci crut sa dernière heure arrivée… Jusqu’à ce qu’il heurte un tapis duveteux et moelleux.


- C’est quoi… C’est quoi…, bégaya-t-il, sous le choc.


Alors que le jeune homme testait la navigation à dos de papillon, Reiko saisissait son mari sous les aisselles et achevait de le hisser en sécurité.


- C’était moins une !


Pantelant et déboussolé, Bruce s’assit dans l’herbe. Son regard allait et venait entre son épouse et le lépidoptère bleu qui traçait des zigzags dans les airs.


- On est vivants ?


La chaleur de Reiko contre son torse fut une réponse suffisamment éloquente pour le convaincre qu’ils avaient tous survécu. Il caressa ses cheveux, confus mais soulagé.


- Tu n’es pas… Blessée ?, l’interrogea-t-il en soulevant son menton, préoccupé.

- Non ! Rien du tout ! J’ai atterri sur un matelas de feuilles qui a amorti ma chute. Et lui, ajouta-t-elle en pointant le vieil homme, c’est Yotaro le… Euh maître du grand monarque. Il allait m’aider à faire un feu depuis le sommet d’une montagne pour que vous puissiez nous localiser.

- Mais je t’ai… Mais je t’ai entendue… Tu m’as appelée au secours, non ?

- Appelé… Au secours ?, répéta-t-elle, sidérée. Non, pas du tout. Nous venons du village. Je ne suis jamais passée par ici. Le parachute m’a conduite plus à l’ouest.

- Je… Je vois.  C’est pas important.

- Hein ?

- Je suis heureux que tu ailles bien, conclut-il en nichant son nez au creux de sa nuque.


Le ciel lui avait rendu sa raison de vivre et, pour l’instant, c’était tout ce qui comptait.

“Merci Kami-sama, bouddha ou qui que tu sois, toi qui règnes sur ce foutu univers. Merci de veiller sur ma très précieuse famille et sur cet imbécile de Yuuki, aussi.”


- Moi aussi, avoua-elle en humant son odeur sucrée, mélange de résineux, de métal et d'agrumes.


Elle lui effleura tendrement la joue, se noyant dans l’azur de ses iris, avant de déposer un baiser sur sa bouche.


- Je t’aime. Ne me refais plus une frayeur pareille !

- Qu’est-ce que je devrais dire ?, ronchonna-t-il. J’ai failli faire une crise cardiaque doublée d’une syncope. 

- Et pourtant, c’est moi qui t’ai secouru, se vanta-t-elle.

- Ouais, n’abuse pas tr…

- Est-ce que quelqu’un peut me faire descendre de ce machin ?, les apostropha Manabu, un brin affolé. J’ai pas eu de formation de pilotage d'insectes volants, je vous signale !

- On le laisse là ?, proposa Bruce, mutin.

- Excellente idée, approuva Reiko en pouffant. Une punition adaptée. À défaut de savoir manœuvrer un Space Eagle, il s’en sortira peut-être avec un papillon.

- Pas sûr.

- Hé ! Hé ! Je plaisante pas !


Bruce s’allongea dans les fougères tandis que Yotaro et Reiko éclataient d’un rire communicatif.


- Quelle journée… C’est trop tard pour rendre ma casquette de Commandant ? Ton pote l’indien ne serait pas intéressé par le poste ?

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