Le nouveau role de TK
Chapitre 2 : Le secouriste reprend le dessus
1892 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour il y a environ 1 mois
Plus tard…
Près de la table où étaient déposées les boissons, T.K. se servait un verre de punch sans alcool. Il regardait Carlos danser avec Jonah dans les bras. Cette vision le touchait.
— T’as une belle famille, lança Eddie en s’approchant.
— Merci, dit-il en regardant toujours les siens.
— Ton fils est mignon, ajouta Eddie.
— En fait… c’est pas mon fils, expliqua T.K. C’est mon frère. On a la même mère. Elle est morte quand Jonah était bébé, et son père est en tôle. Il voulait l’envoyer dans un pensionnat en Suède. J’ai pas pu m’y résoudre. Je pouvais pas le laisser seul, partir loin de sa famille.
— Et Carlos ?
— Au début, il était pas prêt… mais regarde-les. Il l’aime. Je le sais.
— Vous avez pris la meilleure décision pour lui, répondit doucement Eddie.
— C’est encore compliqué pour lui, reprit T.K. Il est petit. Parfois il m’appelle papa, d’autres fois grand frère…
Eddie sourit.
— Je le laisse faire… Il a déjà suffisamment de traumatismes pour son âge.
Eddie hocha lentement la tête, touché.
— Tu sais, mon fils a vécu des trucs durs, lui aussi. Et parfois, j’me demande si j’suis à la hauteur.
T.K. tourna la tête vers lui, surpris par la confidence.
— C’est pas facile, être un homme pour un petit qu’a besoin d’un repère. T’as peur de mal faire. T’as peur de pas en faire assez. Ou trop.
— Ou de t’oublier toi-même, ajouta T.K., la gorge un peu serrée.
Eddie esquissa un sourire.
— Mais quand je le vois heureux… quand je l’entends rire… j’me dis que même si c’est pas parfait, c’est peut-être suffisant.
Ils restèrent un moment en silence, à regarder Jonah et Carlos tourner au rythme de la musique, le petit éclatant de rire en levant les bras.
— Et puis t’es pas seul, continua Eddie. T’as Carlos. T’as ton père et toute la bande de la 126.
T.K. esquissa un sourire reconnaissant.
— Merci, mec.
Eddie lui donna une petite tape sur l’épaule, puis s’éloigna vers la table des desserts, sans rien ajouter. T.K. resta là un instant, seul avec ses pensées et son verre de punch, le cœur un peu plus léger.
Plus tard, Carlos approcha, essoufflé mais rayonnant, Jonah endormi contre son épaule.
— Il est K.O. Le gâteau, les danses, les blagues de Buck… c’était trop pour lui.
T.K. caressa doucement les cheveux de l’enfant.
— Il est bien, avec toi.
Carlos baissa les yeux sur Jonah, puis les releva vers T.K.
— Avec nous.
T.K. hocha la tête, les yeux brillants. Il posa une main sur la joue de Carlos et l’embrassa tendrement.
— Merci d’être resté.
Carlos sourit doucement.
— Merci de m’avoir laissé entrer.
Jonah soupira et releva péniblement la tête.
— Tu veux aller faire dodo dans le lit que papa avait quand il travaillait ici ? demanda T.K.
Jonah fit oui de la tête et se recoucha le nez dans le cou de Carlos.
Carlos sourit en coin, ajustant Jonah contre lui.
Ils marchèrent lentement dans le couloir à demi-éclairé, le silence ponctué seulement par les pas feutrés et la respiration paisible de Jonah. Arrivés dans la petite pièce à l’écart, T.K. tira doucement les couvertures et aida Carlos à déposer l’enfant.
Jonah grogna un peu, tourna sur le côté et attrapa l’oreiller comme un doudou improvisé. Carlos le borda avec une tendresse silencieuse pendant que T.K. éteignait la lumière.
Quand ils ressortirent dans le couloir, T.K. s’arrêta et se tourna vers Carlos et l’embrassa.
Le soleil déclinait sur la caserne, jetant une lumière dorée à travers les grandes baies vitrées. L’agitation s’était calmée : Buck roupillait sur un canapé, Marjan mangeait une quatrième part de gâteau en douce, et Paul et Judd débattaient avec énergie sur le meilleur modèle de camion des vingt dernières années.
Sur un banc devant la caserne, T.K. était assis, les coudes sur les genoux, regardant le ciel se teinter d’orangé. Owen s’approcha en silence et s’assit à côté de lui, tenant deux tasses de café fumant. Il en tendit une à son fils.
— T’as l’air ailleurs.
— Juste… plein, répondit T.K. Trop d’émotions pour une seule journée.
Owen hocha la tête en silence.
— Jonah t’adore, dit-il après un moment.
T.K. sourit.
— Il m’use. Il me fait rire. Il me rend fou. Mais ouais… moi aussi, je l’adore.
Un silence confortable s’installa entre eux.
— Tu t’en sors bien, continua Owen. Mieux que moi, à ton âge.
— C’est pas un concours, répliqua doucement T.K., sans animosité.
— Peut-être pas… mais si c’en était un, tu gagnerais.
T.K. tourna lentement la tête vers lui.
— T’es sérieux, là ?
Owen hocha la tête, un petit sourire au coin des lèvres.
— Je suis fier de toi, T.K. T’as traversé l’enfer, et t’es encore là. T’as construit quelque chose de solide. Une famille. Un foyer. T’es devenu un homme bien.
T.K. sentit une boule se former dans sa gorge. Il baissa les yeux sur son café.
— Je me suis souvent demandé ce que tu pensais de moi. Si t’étais fier ou juste… inquiet.
— Les deux, admit Owen. Mais ce soir, en te regardant avec Jonah et Carlos… j’me suis dit : "il n’a plus besoin de moi pour être debout."
T.K. leva les yeux, brillants de larmes non versées.
— Peut-être pas pour être debout… mais j’ai encore besoin que tu sois là, papa.
Owen posa une main sur l’épaule de son fils.
— J’suis là. Aussi longtemps que tu voudras de moi.
Ils restèrent là, à regarder les dernières lueurs du jour s’effacer, dans un silence rempli de tout ce qui n’avait pas besoin d’être dit.
Marjan apparu soudain, un verre à la main.
- On porte un dernier toast, vous venez, dit-elle.
- On arrive, lanca TK.
Puis Marjan fit un drole de son et un liquide coula d’entre ses jambes. TK la regarda, incrédule. Elle semblait paniqué.
- TK, je crois que j’ai perdu les eaux
TK lui prit le bras pour l’empêcher de tomber.
- Je vais chercher Tommy, lanca Owen.
- Non, elle vient de partie avec les jumelles, expliqua Marjan. Mais, va me cherche Jo.
TK la guida vers l’ambulance garé dans la caserne. Nancy arriva au pas de course, suivi de prêt pas Jo, le mari de Marjan. Nancy sortie le brancart.
- TK, tu veux prendre ses constantes, lui dit-elle.
T.K. reprit ses esprits. C’était comme si y n’avait jamais cesser d’être urgentiste. Il déposa son café, se pencha vers Marjan et lui parla d’une voix douce mais ferme.
— OK, Marjan. Respire avec moi, d’accord ? Tu vas bien, le bébé va bien. Je vais te prendre tes constantes, et on va faire ça ensemble.
Il attrapa le brassard dans le kit médical de l’ambulance pendant que Nancy s’occupait de caler Marjan sur le brancard, une main sur son épaule.
Jo, blême, tenait la main de sa femme sans savoir s’il devait pleurer ou vomir.
— Jo, regarde-moi, dit T.K. en s’activant. Tu vas rester avec elle. Lui parler. Lui dire que tout va bien se passer. Parce que ça va bien se passer.
Il mesura la tension, pris le pouls, vérifia la respiration.
— Tension un peu haute, mais stable. Elle est réactive, le rythme est bon, annonça-t-il à Nancy.
- Je suis au téléphone avec l’Hopital, lanca Grace. Il son avertie que vous arriver.
— Parfait. On embarque et on part, lanca Nancy.
Mais, Marjan refusa de lacher la main de TK.
— C’est trop tôt ! C’est trop tôt, T.K. !
— Tu es à 36 semaines, rappela doucement Nancy. Le bébé va très bien à ce stade. On va s’occuper de toi. Et tu vas le rencontrer très bientôt.
Marjan inspira profondément, les yeux pleins de larmes. Jo la couvrait de baisers tremblants sur le front.
- Reste, lanca Majan en serrant encore plus fort la main de TK.
TK jeta un bref regard à Carlos qui lui fit signe d’y aller de la tête.
T.K. prit un instant pour regarder son équipe — sa famille — autour de lui. Dans l’agitation, il y avait une harmonie parfaite : chacun à sa place, à l’écoute, présent.
Il grimpa dans l’ambulance, plaça un moniteur, caressa brièvement l’épaule de Marjan.
— On y va.
La sirène se mit à hurler, et l’ambulance s’éloigna dans la nuit tombante, emportant avec elle une promesse de vie nouvelle.
Le lendemain matin, la lumière blafarde des néons rendait l’hôpital encore plus silencieux qu’il ne l’était réellement. T.K. était affalé sur une chaise trop rigide dans la salle d’attente, les yeux cernés, une couverture de secours enroulée autour de ses épaules. Il n’avait pas fermé l’œil de la nuit.
Il se leva d’un bond quand il vit une silhouette familière entrer : Judd, suivi de Grace, Charlie à moitié endormie dans ses bras.
— On t’a apporté du café, dit Grace avec douceur en lui tendant un gobelet fumant.
— Merci… souffla T.K., en jetant un regard vers la porte des salles de travail. Toujours pas de nouvelles. Jo est avec elle.
D’autres arrivèrent à la file : Nancy, Matéo, Paul, Tommy et Owen. Marjan comptait pour chacun d’eux, comme une sœur, une amie, un roc.
Puis la porte vitrée s’ouvrit sur Carlos, tenant Jonah contre lui. Le petit garçon avait les cheveux ébouriffés et les paupières encore gonflées de sommeil. Dès qu’il vit T.K., il tendit les bras.
— Papa…
T.K. le serra fort contre lui.
Carlos posa une main sur l’épaule de T.K., un regard tendre et fatigué.
— Tu veux qu’on échange ? Je peux rester ici si tu veux dormir un peu dans la voiture.
— Non… j’veux être là quand ça arrive.
Il regarda autour de lui, touché par la présence de toute la caserne. Ils s’étaient tous déplacés. Ils avaient tous veillé. C’était ça, leur famille choisie.
Soudain, la porte s’ouvrit et Jo apparut, les yeux rougis mais illuminés d’un sourire.
— Elle est là. Et Marjan va bien. Épuisée, mais elle va bien.
Un soupir de soulagement collectif parcourut la pièce. Nancy essuya une larme discrète. Judd serra sa femme. T.K. se passa une main sur le visage, ému, et baissa les yeux vers Jonah.