Le nouveau role de TK
T.K. entra dans la caserne. Cela faisait un moment qu’il n’y avait pas mis les pieds — depuis le départ de son père pour New York et la cérémonie qui avait marqué la promotion de Judd au grade de capitaine.
À ses côtés, Carlos le suivait du regard, attentif. Il sentait que plusieurs souvenirs refaisaient surface.
T.K. serra un peu plus fort la petite main de Jonah, leur fils, qui sautillait d’impatience en découvrant les décorations suspendues et les camions de pompiers étincelants.
— Wow, Judd a mis le paquet, dit-il en se tournant vers Carlos.
La caserne avait été décorée pour l’occasion. Aujourd’hui, on rendait hommage à tous les pompiers qui avaient combattu les incendies de forêt cinq ans plus tôt.
— T.K. !
C’était Judd, qui venait les accueillir avec un large sourire.
— Tu t’es donné, lança T.K. en regardant autour.
— Fallait bien ça, répondit Judd.
Soudain, une main lui effleura le coude. C’était Marjan, toujours aussi radieuse — même enceinte jusqu’aux oreilles.
— Ça va ? demanda-t-elle.
— Oui. Et toi ?
Tout le reste de l’équipe s’était rassemblé autour d’eux : Tommy Vega, Matéo, Nancy, Paul. Une vraie réunion de famille.
Puis, T.K. entendit son nom lancé depuis l’entrée. Il se retourna et aperçut Hen, Buck et Eddie qui s’approchaient. Ils étaient venus de Californie pour l’événement — eux aussi avaient combattu les flammes à leurs côtés cette fameuse journée. Owen et Hen avaient d’ailleurs bien failli y laisser leur peau.
— Hey ! Vous êtes venus ! lança T.K., visiblement ému.
— On n’aurait raté ça pour rien au monde, répondit Buck en souriant.
Il se tourna vers Marjan.
— Bonjour, Tigresse du feu.
— Ces temps-ci, j’ai plutôt l’air d’un bourdon du feu, répliqua Marjan en riant.
— On a entendu dire que t’étais plus urgentiste, dit Eddie à T.K.
— Ouais. J’ai choisi de me concentrer sur ma famille, répondit T.K. en baissant les yeux vers Jonah.
Mais il se figea. Il ne tenait plus la main du petit.
— Jonah ? appela-t-il.
Il se tourna vers Carlos, qui discutait un peu plus loin avec Paul.
— Carlos, t’as vu Jonah ?
Le regard de Carlos se transforma aussitôt. Panique.
— Non, il était avec toi… Non ?
T.K. sentit son cœur se serrer. Il jeta un œil aux grandes portes ouvertes de la caserne. Son esprit s’emballa, imaginant le pire.
— On va le retrouver, le rassura Marjan.
— Il a quel âge ? demanda Hen.
— Trois ans, répondit T.K., la voix tremblante.
Tous se mirent à fouiller les lieux. La tension montait… jusqu’à ce que Matéo pointe une des fenêtres du deuxième étage.
— T.K., regarde !
Derrière la vitre, Jonah les observait, leur faisant signe de la main.
T.K. et Carlos se précipitèrent à l’étage. En le retrouvant, T.K. s’agenouilla aussitôt devant son fils.
— Mon cœur, on te cherchait partout, souffla-t-il, soulagé.
— Tu dois rester près d’un papa, dit doucement Carlos en le prenant dans ses bras. C’est important, mon amour.
— Je voulais voir grand-père, expliqua Jonah en pointant derrière lui.
— Grand-père est à New York, tu sais bien, répondit T.K.
— Non, il est là, insista Jonah.
Et alors, dans l’embrasure de la porte, Owen apparut, le sourire éclatant.
— Papa ? souffla T.K., incrédule.
— J’allais pas rater ça, lança Owen en ouvrant les bras.
Jonah ne se fit pas prier et bondit dans ceux de son grand-père.
Ils descendirent rejoindre les autres en bas. La bande semblait heureuse de revoir Owen. Lui sautillait sur place en tenant Jonah.
— T’as grandi, toi, dit Owen en le soulevant au-dessus de sa tête. T’es presque prêt pour l’académie des pompiers.
— Non ! Moi, j’veux être chef pompier, comme toi !
Tout le monde éclata de rire.
— Ambitieux, ton fils, lança Judd à T.K.
T.K. esquissa un sourire, mais ses yeux restèrent fixés sur son père. Il s’approcha, lentement.
— Tu aurais pu me prévenir…
— Je sais. J’voulais faire une surprise. Et puis… tu me connais. Le timing, c’est jamais trop mon truc.
Ils se regardèrent quelques secondes, et Carlos posa doucement une main dans le dos de T.K., comme pour lui dire : C’est bon, lâche prise.
T.K. soupira et ouvrit les bras.
— Tu m’as manqué, dit-il d’une voix étouffée contre son épaule.
— Toi aussi, fils. Chaque jour.
— Bon, on va pas pleurer tout de suite hein ! coupa Buck avec un clin d’œil. On vient à peine d’arriver, et j’ai pas encore goûté au gâteau.
— Oui ! Gâteau ! lança Jonah en se tortillant pour se libérer de la poigne de son grand-père.
Owen le déposa au sol et il partit à la course vers la cuisine. Mais, se rappelant ce que lui avait dit son père, il s’arrêta, fit volte-face, attrapa la main de Carlos et le tira pour avoir une pointe de gâteau. Ce qui fit rire tout le monde.
— Dis… il a déjà un tonton attitré ? demanda Marjan en se tournant vers T.K.
— Pourquoi ? rigola-t-il.
— Parce que moi, je réclame le titre de marraine badass.
— Euh, non, moi ! protesta Nancy.
— Vous êtes sérieux ? s’étonna T.K. Vous vous battez pour parrainer notre fils comme si c’était une compétition ?
— Ben, évidemment, répondit Matéo. Ce gamin est déjà une légende. Fils de flic et de pompier/urgentiste ? C’est l’enfant le plus cool de tout Austin.
T.K. leva les yeux au ciel, mais son cœur était léger.
Judd leva alors les bras pour capter l’attention de tout le monde.
— Bon, la bande. J’voudrais qu’on lève nos verres, même si c’est du jus d’orange pour certains — il jeta un clin d’œil à Marjan et T.K. — pour se souvenir.
Tout le monde se rapprocha, un verre à la main, tandis que Tommy distribuait quelques assiettes et que Paul aidait Jonah à couper un gros morceau de gâteau avec des pépites colorées dessus.
— Y’a cinq ans, on a traversé l’enfer ensemble, reprit Judd. Et aujourd’hui, on est encore là. Ensemble. Certains ont pris d’autres routes… y’en a même qui ont changé de métier ou de ville — il regarda Owen, puis T.K. — mais cette équipe-là, elle reste gravée ici — il posa une main sur son cœur.
— À la famille qu’on choisit, dit doucement Tommy, en levant son verre.