Le Coeur en Feu

Chapitre 21 : Une déflagration inattendue

2090 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/05/2024 17:51

-Quoi ? articula avec peine TK alors qu’une boule se formait dans sa gorge et que le sang lui cognait aux tempes. 

-J’ai acheté l’appartement, repris Carlos sans se départir de son sourire. 

-Tu as quoi ?! s’écria le secouriste tentant de comprendre ce que le policier avait pu faire. 

-J’ai acheté l’appartement, répéta Carlos. Pour nous deux. 

-Mais comment ça tu l’as acheté ?

-Ben j’ai fait une offre à la proprio qui l’a accepté et j’ai signé le compromis il y a quelques jours. Je voulais te faire la surprise. Je…


Carlos s’arrêta de parler au milieu de sa phrase voyant l’état dans lequel se trouvait TK après l’annonce de la nouvelle. Le policier sentait que le vent était en train de tourner et que l’un de ses légendaire coup de poker allait lui exploser au visage. 


-Mais…mais…balbutia TK en se passant une main sur le visage, comment…comment t’as pu faire un truc pareil ?

-Je…

-On s’était mis d’accord Carlos ! On s’était mis d’accord ! 

-Oui mais…

-Je t’ai dit que je ne voulais pas acheter ! Quel mot dans cette phrase tu n’as pas compris ! 

-Je…

-Et tu l’as fait dans mon dos ! Comment tu as pu faire ça ?! 

-TK…essaya le policier en tentant de prendre sa main. 

-Non ! s’écria ce dernier en se dégageant violemment. Tu as fait ça dans mon dos ! Comment tu as pu ?! 

-Je voulais te faire plaisir. Je…

-Mais c’est pas faire plaisir ça ! Tu m’as menti ! Tu as fait les choses dans ton coin sans m’en parler ! On est censés être une équipe, des partenaires tu te rappelles ?! éructa le secouriste hors de lui alors que plus rien ne fonctionnait dans son esprit. 


Carlos ne disait plus un mot face à la colère de TK. Il s’était attendu à de la surprise mais certainement pas à cela. 


La vérité c’était que, bien que, Carlos comprenait la fatigue et la colère des derniers mois de son compagnon il n’avait pourtant pas saisi la détresse de son partenaire et l’état dans lequel il glissait depuis plusieurs mois. TK avait besoin de stabilité pour s’épanouir, être heureux et rester sobre. Or, depuis le mois de mai tout s’effondrait autour de lui et plus rien n’avait de sens.


-Comment tu as pu faire un truc pareil, répéta TK. Tu veux toujours avoir le contrôle sur tout alors qu’on s’était mis d’accord ! Tu m’as mis de côté en décidant ce que toi tu voulais ! Comment tu as pu faire un truc pareil !  Je n’en reviens pas de m’être autant trompé ! Je pensais qu’on avançait dans la même direction toi et moi mais tu fais ton chemin tout seul en fait ! Je suis quoi pour toi ?!


Carlos ouvrit la bouche sans avoir le temps de répondre. 


-Et c’est quoi la suite ? Tu vas me contrôler comme tu l’as fait pour l’appart ?! Tu vas vouloir tout diriger dans notre, dans ma vie et faire comme toi tu veux ! Mais c’est pas possible ça Carlos ! C’est de la manipulation et du mensonge ! Avec tout ce que tu sais de ma vie comment tu as pu me faire un coup pareil ! Tu peux pas avoir le contrôle sur tout comme ça ! C’est pas possible ! Je ne suis pas un toutou bien dressé ou une oeuvre de charité à revendiquer ! 


Carlos blêmit aux derniers mots du secouriste. 


-Je croyais qu’on avançait dans la même direction, répéta TK presque dans un murmure. 


Le sang quitta le visage de Carlos et sa bouche s’assécha. 


-TK…dit-il la voix blanche. 

-Toi et moi on n’avance pas dans la même direction…

-TK…fais pas ça…murmura Carlos comprenant tout à coup ce que son partenaire était en train de faire. 

-On n’avance pas dans la même direction, répéta le secouriste pour lui-même en essayant de se convaincre, je peux plus faire ça…

-TK…répéta Carlos dans une supplique les larmes aux yeux. 

-Je peux plus…je crois…je crois qu’il vaut mieux qu’on arrête…murmura TK sans pouvoir regarder Carlos. 

-TK je t’en supplie…


Mais sans un regard en arrière, TK quitta la pièce et le loft en fermant la porte. Carlos, la bouche entrouverte, resta figé au milieu de l’appartement ne comprenant pas tout de suite que TK venait de le quitter. 


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Le policier resta figé, violenté par le vide soudain que venait de laisser TK. Il venait de le quitter. Comme ça. Ici. Dans ce loft qui aurait dû être leur chez eux. Dans l’appartement qu’ils recherchaient depuis des mois suite à l’incendie qui avait ravagé leur vie. 


Il resta tout seul pendant plusieurs minutes alors que les larmes se mirent soudain à couler sans qu’il ne puisse rien contrôler. TK l’avait quitté. Il l’abandonnait. Il les abandonnait. Carlos dans leur…son appartement vide ressentit tout à coup lui aussi un vide. Un vide intérieur. 


Son cœur se brisa en milles morceaux. 


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En quittant l’immeuble TK n’arrivait pas à croire ce qu’il venait de se produire. D’une part que Carlos ait pu acheter cet appartement sans lui en parler et d’autre part qu’il venait de mettre fin à leur histoire. Il y a encore quelques heures il dormait dans ses bras et tout à coup tout était juste terminé. En une déflagration il avait réduit sa vie à néant. 


Incapable de se rendre chez son père avec le risque de le croiser il prit un taxi et se rendit chez la seule personne qu’il souhaitait voir en cet instant. 


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En rentrant de ses courses, la secouriste Nancy eu la surprise de voir son collègue TK assis par terre dans le couloir non loin de sa porte d’entrée. Assis à même le sol les genoux remontés contre sa poitrine, les mains et le menton sur ces derniers il semblait avoir pleuré. 


-TK ? fit la secouriste étonnée les bras chargés de paquets krafts marrons. 


Ce dernier releva les yeux emplis de larmes vers elle. 


-TK qu’est ce qui se passe ? Pourquoi tu es là ? demanda-t-elle soudain inquiète face à son regard. 

-Carlos et moi c’est fini, répondit-il d’une voix rauque. 

-Quoi ? 


TK éclata de nouveau en sanglots le visage dans les mains. 


Nancy posa précipitamment ses courses sur le sol du couloir, et à genoux face au secouriste, le prit dans ses bras. 


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Après leur rupture, TK ne retourna pas chez son père et Nancy se chargea d’aller lui récupérer des affaires pour l’héberger quelques temps. Il resta alité plusieurs jours sans manger, ni parler. 


Nancy s’inquiéta très rapidement pour la sobriété de son ami et prévint Tommy de la situation. 


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De son côté, la situation pour Carlos, n’était pas mieux non plus. Étant propriétaire d’un nouvel appartement il fit très vite déménager toutes ses affaires de la maison d’Owen dans son nouveau logement et dormi à même le sol les premiers jours en attendant d’acheter des meubles. 


TK ne répondait plus à aucun de ses messages ou de ses appels et il ne le croisait plus en intervention. 


Le premier soir, après leur rupture Carlos se saoula dans leur appartement et dormi à même le sol épuisé. 

Le deuxième jour, le policier incapable de travailler passa sa journée à pleurer assis par terre dos contre le mur du living. Il remit tout son existence en question. 

Le troisième jour, le mexicain se saoula à nouveau et fût ramené à son nouvel appartement par sa partenaire prévenue par un autre collègue présent au bar. 

Le quatrième jour, le policier décida de se rendre dans un magasin d’ameublement. Avec une barbe de trois jours, les yeux cernés de noir et sa dernière gueule de bois dans le sang il était méconnaissable. Carlos choisit ses meubles avec une douleur indescriptible. Ce moment aurait dû se passer avec TK et non pas seul, quitté comme un malpropre et le cœur en miettes. Après avoir choisi ses nouveaux meubles et signé le bordereau de livraison et chargé sa voiture des quelques éléments suffisamment petits pour y rentrer, Carlos sortit du magasin. Il croisa alors Paul qui fût choqué de le voir dans un tel état. Ne pouvant se cacher plus longtemps Carlos invita le pompier à son nouvel appartement pour une bière et vida son sac. 


Tandis que TK était épaulé par Nancy et Tommy, Carlos était épaulé par Paul. 


Le cinquième jour, Carlos aménagea et agença tout l’appartement encore une fois tout seul. Il monta le lit, les éléments de la cuisine et le reste des meubles dans un profond désarroi. Tout son corps le faisait souffrir et son cœur semblait comme avoir été piétiné par un cheval. 

Le soir du sixième jour, assis sur le nouveau tapis de son salon, le dos à son canapé, des larmes silencieuses coulant le long de ses joues, un genou remonté contre lui, il faisait tourner sa bière entre ses doigts. 


Comment avait-il pu en arriver là ?


Carlos était brisé. TK avait piétiné tout ce qu’ils avaient sans vergogne. Carlos avait le cœur brisé et avait perdu toute confiance en TK et en lui-même. Il se sentait trahi. Il se sentait vidé. Carlos avait perdu sa moitié, son meilleur ami, son confident, l’amour de sa vie. La douleur était indescriptible.


Dans les semaines et les mois qui suivirent il se tua à la tâche, enchainant gardes sur gardes, ne rentrant que pour s’écrouler de fatigue. 


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De son côté, TK, épaulé par Nancy et Tommy ne replongea pas dans la drogue que par miracle. Après son mutisme il reprit le travail enfermé dans ses démons, se détachant peu à peu de la 126e et de son père. Surveillé en permanence par Nancy et Tommy il ne put jamais aller dans un point de deal pour s’acheter de l’oxycodone et définitivement sombrer. 


Ses partenaires le sauvèrent de la mort. Mais cette nouvelle séparation était terrible. Personne ne savait pour quelle raison exacte le secouriste et le policier s’étaient séparés et l’ex pompier se refusait à leur expliquer. Il s’était lui aussi senti trahi par Carlos mais sentait aussi que quelque chose clochait dans son raisonnement. 


Carlos lui manquait en permanence. Il se réveillait plusieurs fois par nuit enfermés dans des cauchemars terribles et indescriptibles. Une migraine permanente l’épuisait. Son travail, dans lequel il se jetait à corps perdu, était la seule chose qui lui restait. Il s’enfonçait dans une mélancolie et une dépression profonde qui inquiétaient Tommy et Nancy. 


TK perdit plusieurs kilos et ses yeux étaient en permanence cernés de noir. Il avait tout perdu et sa culpabilité ne faisait que croître alors que les semaines et les mois défilaient. 


TK et Carlos survivaient comme ils pouvaient ; l’un sans l’autre ils n’étaient plus que la moitié de quelque chose. Ils erraient dans leurs vies respectives comme des âmes en peine. 


Alors que les mois s’étiraient et se trainaient jusqu’en janvier ; une tempête s’abattit sur la ville d’Austin ralentissant considérablement la vie de ses riverains.

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