Le Coeur en Feu
Après son intégration dans l’équipe des secouristes TK avait su s’adapter malgré l’accueil peu chaleureux de Nancy. De nouveau c’est Carlos qui fit comprendre la situation à TK en lui faisant réaliser que d’une part elle avait perdu son coéquipier avec qui elle travaillait et que d’autre part la petite bande de 126e n’avait jamais vraiment intégré Nancy et Tim lors de leurs apéros ou de leurs petites réunions en règle générale.
TK avait donc su trouver les mots et les bons gestes pour faire en sorte que leur coopération se passe correctement. Et avec le temps ils s’étaient apprivoisés l’un l’autre et commençait à former un vrai duo.
Plus le temps passait et plus TK était convaincu de la décision qu’il avait prise.
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TK n’arrivait pas à comprendre comment ils avaient pu se mettre dans un tel pétrin.
Pourtant, cette dernière intervention en fin de garde aurait dû être simplissime ; une femme enceinte qui avait perdu les eaux dans un parking et qui ne retrouvait plus sa voiture.
Finalement deux cinglés avec des armes et un homme à moitié mort dans une camionnette marron s’étaient révélés être la véritable intervention. En regardant Tommy préparer le torse de l’un des trois malfrats pour une intervention au beau milieu de la cuisine du restaurant de son mari TK se demandait vraiment comment ils avaient pu se retrouver dans une telle galère. Et en danger de mort de surcroit ! La femme blonde semblait au bord de l’implosion prête à commettre l’irréparable. L’homme brun semblait plus calme mais TK s’en méfiait davantage pourtant. Il fallait toujours se méfier de la personne la plus calme dans une pièce.
TK avait senti son portable – qu’il avait eu l’intelligence de mettre en mode silencieux - vibrer à trois reprises. Carlos devait sérieusement commencer à se demander ce qu’il trafiquait alors qu’il aurait dû terminer sa garde depuis un bon moment.
Carlos…songea-t-il.
Il fallait faire quelque chose et prévenir quelqu’un, trouver un moyen. Malgré les deux armes braquées sur eux TK savait qu’il était urgent de trouver quelque chose à faire pour se sortir de ce pétrin.
En allant chercher le vaporisateur pour Tommy, TK avait aperçu le bouton rouge d’alerte incendie qui enverrait immédiatement une alerte au central. Il fallait qu’il s’en approche. Le duo semblant être focalisé sur les gestes de Tommy et Nancy, TK commença à doucement reculer. Personne ne semblait le voir bouger. Il fallait absolument qu’il appuie sur ce bouton. Dans sa poche son portable vibra une quatrième fois. Il cligna des yeux. C’était quitte ou double. S’il parvenait à atteindre le bouton il prenait aussi le risque de se faire descendre.
Malheureusement pour lui l’homme avait perçu son mouvement. Il se dirigea vers lui d’un pas rapide alors que TK était de dos.
TK y était presque. Il étendit le bras. Avec un peu chance et la surprise les filles pourraient désarmer les deux malfrats.
L’homme brun leva le bras et percuta le crane de TK avec la crosse de son arme de poing.
TK sentit un violent choc à la tête et sans comprendre ce qui lui arrivait il s’évanouit sur le coup.
-TK ! s’exclama Nancy en voulant s’approcher.
L’homme la braqua de nouveau immédiatement.
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Assis au comptoir de sa cuisine Carlos attendait des nouvelles de TK. En vain.
Après deux coups de téléphone et deux textos il n’avait toujours aucunes nouvelles. Pourtant ils devaient dîner ensemble. Carlos commençait à s’inquiéter après plus d’une heure et demie sans nouvelles. Le policier avait un bon instinct en toute circonstances et quelque chose lui disait, lui intimait qu’il y avait un problème dans cette absence de manifestation de son partenaire. Quelque chose clochait il en était convaincu.
Après être passé par la caserne, il se rendit chez Owen et Gwyneth. Ses soupçons se confirmèrent lorsque dans la voiture le capitaine Strand lui annonça que ni la caserne ni le central n’avaient de nouvelles. Son inquiétude s’amplifia lorsque Grace leur annonça qu’il était impossible de tracer l’ambulance de la 126e partie pourtant depuis plus d’une heure en intervention. Carlos commençait à sentir une sourde angoisse le gagner. Pourtant il devait absolument garder la tête froide pour pouvoir prendre la situation dans sa globalité et non pas seulement vis-à-vis de TK. Partant de ce postulat Tommy et Nancy avaient également disparues.
Arrivés dans le parking souterrain il n’y avait aucune trace des 3 secouristes. Arrivé au dernier niveau Carlos s’apaisa quelque peu pensant que peut être alors qu’ils les cherchaient ces derniers étaient finalement sur le retour. Mais quant à l’aide de sa lampe torche Carlos trouva sur le sol en béton le jeton de sobriété de TK il sut qu’il était arrivé quelque chose.
-Il nous signifie sa présence, s’écria justement Owen en voyant ce que tenait Carlos.
Le policier savait que ce qu’il sentait dans ses tripes était son instinct qui lui confirmait que quelque chose s’était produit.
A la vue de la camionnette marron l’angoisse de Carlos amplifia.
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Carlos et le capitaine de la 126e se précipitèrent au restaurant de Charles Vega après le recoupement d’informations que Carlos avait effectué. Lorsqu’ils pénétrèrent tous les deux dans la salle arme au poing, les évènements se déroulèrent en quelques secondes sans que ni l’un ni l’autre ne comprennent vraiment. Owen tira sur le malfrat au crâne rasé l’empêchant ainsi de tirer à bout portant sur Tommy. Pour la femme Nancy et TK avaient déjà fait le job en la désarmant.
Carlos scanna rapidement la pièce des yeux avant de repérer son partenaire appuyé sur une table tanguant dangereusement, une large bande de gaze lui barrant le front.
-TK ! s’exclama le policier en courant vers lui alors que le sang lui montait à la tête.
-Oh mon cœur, mon cœur ! s’exclama à son tour TK alors que deux bras puissants l’enserrait.
C’était fini. Cette histoire de dingue était terminée pensa TK en sentant les bras de son partenaire se refermer sur lui. TK avait très mal à la tête et sentait le vertige le gagner.
Carlos soutint son partenaire du mieux qu’il put sentant le corps de TK s’alourdir contre lui. Il avait semble-t-il reçu un violent coup à la tête. L’angoisse cognait contre les tempes de Carlos alors qu’il sentait TK fébrile contre lui.
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Dans l’ambulance qui les conduisaient aux urgences Carlos ne lâchait pas la main de TK alors que ce dernier une main sur la tête maintenait toujours l’épaisse couche de gaze posée par Tommy en premier recours. Les lumières dansaient devant ses yeux. Il avait la sensation d’être sur un bateau, saoul. Il commençait à voir des mouches synonymes d’un bon traumatisme crânien. Sa nuque le tirait et il avait mal dans la mâchoire. Il avait envie de dormir mais il savait qu’il ne fallait surtout pas s’endormir et la main de Carlos autour de la sienne l’aidait à le maintenir éveillé.
Carlos de son côté ne le quittait pas des yeux le voyant lutter contre la somnolence. Il avait eu peur pour lui et une sourde angoisse lui enserrait encore la gorge. Il repensait également à la petite conversation qu’il avait eu avec son père.
« -Tu ne vas pas avec ton petit ami ?
-Tu le savais ?
-Oui depuis le marché. J’attends des présentations en bonne et due forme. »
Carlos eut un léger sourire. TK avait raison rien n’était immuable.
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Même s’il adorait ses parents et qu’il savait qu’ils avaient eu peur pour lui TK avait besoin de se retrouver seul avec Carlos. Et ses deux parents n’avaient pas l’air de vouloir quitter sa chambre d’hôpital. Entre son père qui voulait lui donner ses huiles essentielles et sa mère qui voulait le faire manger de la soupe ils n’avaient l’air aucunement décidés. Pour preuve ils recommençaient gentiment à se chamailler.
-Vous ne devez pas y aller ? Tu as un avion à prendre ? finit par s’exclamer TK en regardant sa mère avec un sourire espiègle.
Derrière eux Carlos retint un rire.
-Bon…répondit Gwyneth en reposant la cuillère et la soupe sur la table de nuit à côté du lit de TK.
Après une dernière étreinte et la promesse à sa mère d’être prudent et de la tenir au courant de sa convalescence TK reporta son regard sur son partenaire qui n’avait pas bougé de sa chaise.
-Enfin seuls, murmura TK une fois ses parents partit.
Carlos eut un léger sourire. Il rapprocha sa chaise du lit de son compagnon. Il prit sa main dans la sienne et commença doucement à embrasser le dos de sa main et ses doigts les yeux clos.
-Ça va ? demanda doucement TK.
Carlos releva la tête vers son compagnon les larmes aux yeux. Il avait eu extrêmement peur pour lui. Depuis qu’il l’avait retrouvé et qu’il l’avait vu dans cet état, chancelant contre cette table de restaurant, la peur ne le quittait plus et s’insinuait en lui. Une peur glaciale et insidieuse. Une peur qui le prenait au piège et le pétrifiait. Et s’il s’était fait tirer dessus ? Et si Carlos était arrivé trop tard ? Et s’il était mort ? Et si…
-Chéri…respire, murmura TK en caressant sa joue coupant le flot de ses pensées envahissantes.
Carlos lâcha un soupir le menton tremblant. C’était comme s’il était en apnée depuis qu’Owen lui avait dit que personne à la caserne n’avait eu de nouvelles de l’équipe des secouristes depuis leur départ.
-Je croyais qu’en intégrant l’équipe de secouristes cela t’éloignerait du danger, mais c’est pire, s’exclama finalement Carlos la voix rauque.
TK eut un petit rire.
-TK ? repris doucement le policier.
-Oui ?
-Est-ce que tu veux vivre avec moi et rencontrer mes parents ? demanda-t-il de but en blanc sans transition.
TK ouvrit la bouche sans savoir quoi répondre tant il fut désarçonné par cette demande soudaine.
-Quoi ? répondit-il finalement dans un large sourire et dans un rire.
-Est-ce que tu veux vivre avec moi et rencontrer mes parents ? répéta alors Carlos le plus sérieusement du monde.
-Euh…je…mais…
TK était bouleversé par la demande soudaine mais adorable de Carlos. Un large sourire lui fendait le visage alors qu’il ne trouvait plus ses mots.
Carlos n’avait pu se retenir davantage. Il ne pouvait plus. Cela aurait été renier ses sentiments. Pensant le perdre ce soir-là, il ne pouvait plus attendre. Il l’aimait comme un fou et voulait le voir rentrer chaque jour chez lui, se réveiller tous les matins avec cet homme qui le bousculait et lui faisait perdre la tête. Il ne voulait pas seulement être avec TK, il voulait le secouriste tous les jours dans sa vie. Chaque jour, à chaque instant, chaque minute.
-Oui ! Oui ! s’écria finalement TK tandis que Carlos ne l’avait pas quitté des yeux attendant patiemment sa réponse.
Le pompier secouriste se redressa dans son lit d’hôpital, vêtu de sa seule chemise d’hôpital et prit le visage de Carlos dans ses mains avant de déposer ses lèvres sur les siennes scellant son nouvel emménagement par leur baiser.
-Viens là, murmura-t-il à son compagnon en ouvrant les draps du lit et en s’allongeant sur le côté à l’autre extrémité du lit.
Carlos s’installa en face de lui et l’entoura de son bras. TK la main sur sa nuque le fixait des yeux. Leurs deux corps ainsi enlacés formaient un cercle ; leur monde, leur bulle.
TK caressait doucement les mèches de la nuque de Carlos sans cesser de le regarder.
-Tu es sûr de toi ? murmura-t-il doucement. Tu es sûr de vouloir m’avoir dans les pattes tous les jours ?
Au fil des mois leurs conversations chuchotées dans le lit allongés l’un en face de l’autre étaient devenues une habitude.
-Bien sûr, souffla Carlos. Je n’ai jamais été aussi sûr de moi.
-Et pour tes parents ? Comment ça se fait que tu aies changé d’avis ?
Carlos sourit en baissant les yeux.
-Mes parents sont parfaitement au courant que tu n’es pas mon collègue.
TK sourit mais eu tout de même une petite grimace en entendant à nouveau le terme de « collègue ».
-Comment ça ?
-Ils m’ont tout de suite grillé au marché. Mon père m’a demandé des présentations en bonne et due forme.
-Oh…murmura TK déçu que ces présentations n’étaient pas l’initiative de Carlos.
Il baissa les yeux.
-Mais j’ai écouté ce que tu m’as dit, repris Carlos voyant sa déception, et je voulais te présenter à mes parents. Je prévoyais de le faire. J’y pensais constamment depuis notre discussion. Je ne te présenterais plus jamais comme un collègue, un ami ou même mon personnal shopper, s’exclama le policier en prenant son menton entre ses doigts. Et de toute façon en te demandant d’emménager il était hors de question de ne pas vous présenter.
Est-ce que TK pouvait croire ce que lui disait Carlos ? Tout à coup une nouvelle pointe de peur le prit à la gorge.
-Je te dit la vérité, lui assena justement Carlos. Je ne mentirais plus jamais à notre sujet. Je te le promets. Et tu sais quoi ? poursuivit Carlos, tu avais raison mon père n’avait pas l’air perturbé, rien ne reste figé éternellement.
TK se mit de nouveau à sourire aux paroles de son partenaire.
-Tu es sûr ? lui demanda-t-il.
-Oh oui, murmura Carlos.
TK posa doucement son front contre celui de Carlos en fermant les yeux.
-Tu veux vraiment que j’emménage ? repris TK en se détachant.
-Pourquoi je ne le voudrais pas ? répondit Carlos avec un sourire.
-Je sais pas…je…
-TK dis-moi…murmura Carlos face au trouble de son compagnon.
-Je sais pas…avec toutes mes histoires et mes manies…je veux pas envahir ton espace…après des années de relation je ne vivais toujours pas avec Alex…je me dit que quelque chose doit clocher chez moi…et si tu te rendais compte que j’étais pas si bien que ça ?
TK murmura ses dernières paroles, honteux de dire à voix haute ce qu’il pensait tout bas depuis des semaines.
-TK, répondit Carlos en soupirant en prenant son visage entre ses mains pour qu’il relève les yeux vers lui, je ne suis pas et ne serais jamais Alex. Jamais je ne te ferais ce qu’il t’a fait. Et pour tes histoires et tes manies, tu sais quoi ? C’est grâce à elles que je suis tombé amoureux de toi. Si tu n’avais pas vécu tout ce que tu as vécu, tu ne serais jamais venu à Austin et tu ne serais jamais devenu le TK que je connais. Tu es un homme généreux, gentil, sur qui je sais pouvoir compter, combatif, altruiste. Et tout ça fait que je t’aime et que je veux vivre avec toi aujourd’hui. Mais seulement si tu en as envie et que tu te sens prêt. Jamais je ne te forcerais à faire quelque chose que tu n’as pas envie de faire ou dont tu te sens incapable. Mais je veux, non j’aimerais, vraiment que tu envahisses mon espace tous les jours, matin et soir. C’est avec toi que je veux vivre, comme tu es et avec personne d’autre, termina Carlos dans un souffle.
TK avait les larmes aux yeux en entendant une telle déclaration. Jamais personne ne lui avait dit de telles choses. Personne ne lui avait autant fait confiance. Personne ne l’avait jamais autant accepté pour ce qu’il était et non pour ce que les autres voulaient qu’il soit. Personne ne l’avait jamais mis sur un tel pied d’égalité. A cet instant son cœur se gonfla d’amour. Il se promit à lui-même de ne jamais faire souffrir Carlos.
-Mais si je fais traîner des trucs ?
-Tu fais déjà traîner tes trucs, répondit Carlos déclenchant le rire de son compagnon, tu penses que je ne les vois pas. Mais je les vois.
-Et si je replonge ? demanda sombrement TK redevenant soudain sérieux.
-Alors je t’aiderais, je t’écouterais, j’essaierais de comprendre pourquoi cela arrive de nouveau, je te dirais tous les jours que je t’aime, que tu vas t’en sortir et que tu es quelqu’un de bien. Je ferais tout ça autant de fois qu’il le faudra parce que je t’aime. Qui serais-je pour t’abandonner au moment où tu aurais le plus besoin de moi ?
TK eut un rire alors que des larmes coulaient sur ses joues. Il ne savait plus s’il pleurait d’épuisement, de joie ou de douleur dû à son mal de tête. Toutes ses émotions étaient confuses. Sa seule certitude son amour pour l’homme qui lui faisait face.
-Tu ne changes pas ta réponse alors ? demanda Carlos.
TK secoua négativement la tête. La main sur sa nuque le secouriste prit doucement ses lèvres.
-Tu devrais dormir, murmura Carlos, tu as l’air épuisé.
TK attrapa son t-shirt.
-Je ne bouge pas d’ici, chuchota le policier, promis.
TK ferma les yeux en se blottissant contre lui. Il était littéralement éreinté. La journée avait été interminable. Des montagnes russes émotionnelles. Pourtant cette journée qui aurait pu virer au drame s’était terminée de manière inattendue et néanmoins exceptionnelle.
Contre Carlos, TK entendait sa respiration régulière et son cœur battre. Cela l’apaisait. Il se sentait somnoler. Son esprit commença à vagabonder. Au milieu de ses bras, de son odeur il se sentait le plus heureux des hommes. Il se sentait en sécurité. En paix. Enfin.