Le Coeur en Feu

Chapitre 14 : Intégration et jeton

3340 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 20/03/2024 17:05

Carlos approfondit leur baiser, serrant TK contre lui. Il lui faisait confiance et ses dernières paroles l’avait réconforté. Peut-être TK avait il raison ; ses parents finiraient peut-être par accepter sa condition et l’homme qui partage sa vie. Mais pour le moment il voulait seulement oublier ses parents, profiter de l’instant et se dévouer totalement à son partenaire. 


De sa bouche il se déplaça vers sa nuque et embrassa doucement la peau qui dépassait du sweat shirt à capuche. Les doigts dans les mèches noires TK ferma les yeux. Chaque caresse, chaque baiser, chaque contact était, depuis qu’il connaissait Carlos, un véritable enchantement qui lui faisait perdre pied et lui retournait l’esprit. Il se sentait partir, il perdait la raison. Ce qui était étrange pour lui c’est que ces sensations étaient apparues dès leur premier ébat. Il y avait tout de suite eu quelque chose de différent avec Carlos. Alors certes TK était tombé amoureux mais malgré tout, quelque chose dans sa manière de l’embrasser et de le toucher avait dès le départ provoqué des sensations différentes chez TK. Carlos était différent. Incontestablement. 


Carlos fit lentement glisser le long du corps de TK son sweat-shirt fin bleu marine. TK en frissonna du bas de son dos à la racine de ses cheveux. Les poils de ses avant-bras se hérissèrent alors qu’il reprenait la bouche de son compagnon. Puis à son tour il fit glisser le t-shirt gris de sport de Carlos découvrant sa peau naturellement hâlée. Le contact de sa peau contre la sienne accéléra le rythme cardiaque du pompier. Il se colla à nouveau contre lui. 


En inspirant, sa bouche toujours contre la sienne Carlos glissa ses mains le long de son dos jusqu’à ses omoplates. Les mains grandes ouvertes il voulait toucher chaque parcelle de peau le long de sa colonne. Il ne lassait pas de ce corps qu’il avait certainement aimé dès leur premier ébat. Il glissa ses mains à la base de sa nuque et descendit lentement sa main droite le long de son torse jusqu’à la ceinture de son pantalon. 


Très vite leurs vêtements disparurent de leurs corps et ils se retrouvèrent nus l’un contre l’autre sur le fauteuil en cuir noir de Carlos. TK se serra davantage contre la peau de son partenaire. Il aurait voulu se fondre en lui et ne faire plus qu’un. Sous les baisers et les caresses de Carlos il allait certainement perdre pied. 


Alors qu’ils ne faisaient plus qu’un, front contre front, TK commença à bouger en appui sur les épaules de Carlos. Le pompier sentit l’électricité se répandre dans tout son corps et ses joues s’enflammer.  C’était si fort. Ils étaient seuls au monde ; dans leur univers crée par leurs deux corps, leurs respirations. Carlos le serra davantage contre lui en reprenant sa bouche dans un baiser haletant. A ce rythme TK allait perdre connaissance. 


Carlos ne ressentait jamais davantage TK qu’à ces moments. C’était comme si chaque cellule de son corps était connectée à lui ; chaque souffle, chaque soupir, chaque battement de cœur. Carlos ouvrit les yeux alors que son compagnon rejetait la tête en arrière la bouche entrouverte. Il l’observa quelques secondes. Il avait un homme merveilleux entre les bras. Il mesure sa chance. Il voulait graver cette image dans son esprit ; son visage, son corps sur le sien, sa peau qui luisait légèrement. TK redressa la tête en ouvrant légèrement les yeux. Un sourire étira ses lèvres en voyant son policier l’observer. Carlos descendit ses mains dans le bas de son dos.


TK et Carlos atteignirent le nirvana ensemble, la vision brouillée comme si leurs enveloppes corporelles s’éparpillaient autour d’eux. La bouche entrouverte son front contre celui de Carlos, TK tentait de reprendre son souffle. Le policier s’appuya de nouveau contre le dossier du fauteuil entraînant son partenaire avec lui. TK se laissa aller et nicha son visage au creux de son cou se laissant complètement enfermer dans les bras de Carlos. Le policier était devenu son monde, la totalité de son existence, sa maison. Dans ses bras il était en sécurité, il était chez lui. 


-Je t’aime tu sais, murmura Carlos en lui caressant doucement les cheveux. 

-Je sais, répondit TK en se redressant. Il faisait doucement le tour de sa bouche du bout des doigts. 


Son monde, sa maison. 


Remontés dans la chambre de Carlos ; ils se glissèrent sous la couette. Le policier ne tarda pas à ceinturer TK par la taille s’allongeant de nouveau sur son corps. TK prit son visage entre ses mains alors que Carlos déposait de nouveau sa bouche sur la sienne. 


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Quelque temps plus tard la 126 était intervenue auprès de deux frères au milieu d’un champ de mines posées par un allumé du coin. 


TK était revenu complètement euphorique de cette mission. 


Oh bien sûr ils s’étaient mis, lui et son père, en danger de mort mais le risque avait été calculé en amont. A tout le moins en apparence ; un pas de côté et ils auraient terminés en charpie. Mais l’intervention de TK en tant que pompier et secouriste l’avait rendu euphorique. Il n’avait pas connu un shot d’adrénaline aussi puissant en intervention depuis longtemps et il avait adoré ça. La dimension secourisme lui plaisait beaucoup à New-York mais il avait dû renoncer à cet aspect en arrivant au Texas revenant aux fondamentaux du métier. 


Pour autant cette mission lui avait fait ressentir et rappelé des sensations en intervention qui lui avaient manqué. C’est donc ce jour-là qu’une idée germa dans son esprit.


Idée qu’il avait hâte de partager avec Carlos. 


Depuis l’épisode des parents leurs liens s’étaient énormément resserrés, leur couple s’était renforcé. TK passait quasiment toutes ses nuits chez Carlos. Pour autant, et d’importance, ils ne vivaient pas encore ensemble. TK prenait son temps au regard du dernier fiasco avec Alex ; il ne voulait pas qu’un emménagement hâtif brise ce bonheur tout neuf. Et son bonheur était parfait ; ils parlaient de tout, s’entendaient sur énormément de sujets, ils partageaient des valeurs communes et sur le plan physique c’était extraordinaire. TK n’avait jamais connu une telle communion avec aucun de ses anciens partenaires. 


Chaque jour était un bonheur simple mais immense. TK n’avait jamais connu une telle stabilité dans sa vie et il savait que Carlos y était pour beaucoup. Ils allaient danser ensemble au Rain où ils passaient des heures à s’embrasser au milieu de la piste comme deux adolescents qui se découvraient, ils regardaient leurs émissions dans le canapé de Carlos dans les bras l’un de l’autre, ils faisaient leurs courses ensemble au marché, ils allaient dans les parcs, les musées, au restaurant. Ils allaient au cinéma où TK suppliait Carlos de prendre du pop-corn avec lui et Carlos finissait indubitablement par craquer. Pendant ces séances, dans l’obscurité de la salle TK finissait toujours par se glisser contre lui sa tête sur son épaule. Dans ces moment-là Carlos se sentait l’homme le plus chanceux du monde. Ils discutaient de tous les sujets possibles et imaginables parfois pendant des heures. Lorsque Carlos cuisinait TK le regardait toujours faire avec des yeux amoureux en piquant souvent des morceaux dans les plats ou les saladiers. 


Carlos se réveillait toujours le premier et prenait systématiquement le temps, chaque matin où TK était là, de le réveiller en douceur puis d’embrasser son front, ses paupières, sa bouche, sa nuque. Et TK se réveillait toujours dans un étirement dans les bras de Carlos. Quand il ouvrait les yeux c’était comme s’il le redécouvrait pour la première fois et Carlos avait la sensation d’être le centre du monde. Souvent ils allaient courir ensemble le matin et peu à peu TK avait adopté la routine quotidienne de Carlos. 


Régulièrement Carlos rejoignait le pompier le midi pour déjeuner avec lui et il avait très vite intégré la petite bande. 


Et puis ils passaient des heures à profiter du corps de l’autre. C’était une soif intarissable. Quand les mots ne suffisaient plus ils avaient besoin de se connecter avec leurs corps dans leur propre langage. Ils s’aimaient ; profondément et plus que de raison. Ils étaient dans leur bulle.


TK était fou amoureux de Carlos. Tout le monde le voyait. Le pompier n’avait jamais été aussi stable physiquement, émotionnellement, psychologiquement ; il s’était installé avec bonheur dans son quotidien. 


Owen n’avait jamais vu son fils aussi heureux et pour la première fois il se prit à espérer que le pire était désormais derrière eux et que TK pouvait enfin être heureux comme il le méritait. Son respect pour Carlos était immense depuis son entrée dans la vie de TK ; il l’appréciait énormément et remerciait chaque jour le ciel de sa présence auprès de son fils. 


-Hey babe, fit Carlos en voyant TK rentrer et refermer la porte derrière lui. 

-Hey mon cœur. 


Carlos était au comptoir en train de découper des poivrons. TK s’approcha de lui en souriant. 


-Qu’est-ce que tu as fait ? fit Carlos plongé dans sa découpe. 

-Mais j’ai encore rien dit, s’exclama TK avec un rire. 


Carlos le connaissait par cœur. 


-Je le sens d’ici. 

-Hum…

-Alors ? insista le policier. 

-Je pense sérieusement à intégrer l’équipe des secouristes de la caserne, répondit TK. 

-Ah bon ? s’étonna Carlos suspendant son geste et en relevant les yeux vers son partenaire. 

-Oui. 


TK s’évertua pendant les minutes qui suivirent à lui raconter l’intervention de l’après-midi même. Carlos faillit s’étouffer en entendant son intervention sur le champ de mines au mépris de toute sécurité. TK tenta de lui assurer que lui et son père avaient agi en connaissance de cause. Carlos n’en crût pas un mot. Quand ce n’était pas les problèmes qui tombaient sur TK c’était lui qui s’y plongeait volontairement. Carlos poussa un soupir. Il était incorrigible.


-Tu penses que c’est une mauvaise idée ? demanda TK. 

-Non pas du tout, répondit Carlos. Mais pourquoi ce changement ?

-A New-York, j’avais la double casquette, j’avais été formé aux gestes de secourisme et aux situations d’urgences médicales et depuis que nous sommes arrivés à Austin c’est vrai que ça me manque. 

-Tu ne m’en avais jamais parlé, répondit doucement le policier.

-C’est vrai, s’exclama TK en se grattant la tête, mais comme le cas ne s’était encore jamais présenté je n’y avais pas tellement pensé. Et puis j’étais trop accaparé par quelqu’un ces derniers mois, s’exclama le pompier en passant les bras autour du cou de son partenaire avec un sourire.


Il déposa un léger baiser sur ses lèvres. 


-Ah bon ? répondit innocemment Carlos avec un sourire. 


TK secoua la tête de haut en bas sans se départir de son sourire. Carlos lâcha ses ustensiles et s’essuya les mains avec un torchon. Une main sur sa taille, il rapprocha TK de lui en le bloquant contre le comptoir une jambe entre les siennes. Il engloba son visage et déposa ses lèvres sur les siennes alors que son compagnon glissait ses mains sur ses hanches. Carlos glissa une main dans ses cheveux et approfondit leur baiser. TK sentit son cœur s’emballer. Quand le policier l’embrassait ainsi c’était comme s’il était le centre du monde. Il se sentait fondre et brûler de l’intérieur. Il plaqua ses mains dans le bas du dos de son compagnon et le rapprocha davantage de son corps. Les mains du pompier ne tardèrent pas à glisser sous le t-shirt de son partenaire.


Le dîner était loin d’être prêt. 


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Quand TK se réveilla ce matin-là il savait qu’il s’agissait d’une journée particulière. Très particulière. Aujourd’hui il était à nouveau sobre depuis un an. 


Un an était passé depuis cette fameuse soirée à New-York où Alex l’avait quitté sans ménagement. Un an depuis qu’il avait replongé. Dans le parcours d’une personne en situation d’addiction qui souhaite se sevrer un an était une date importante. Lors de la réunion de ce soir il recevrait son jeton de sobriété ; jalon symbole des étapes franchies ces derniers mois. Assis dans le lit de Carlos adossé contre la tête de lit il savait qu’il s’agissait d’un jour important et pas seulement pour lui. Son père aussi connaissait toute l’importance de cette date. 


A côté de lui Carlos dormait encore alors que TK s’était réveillé aux aurores comme par réflexe. 

Il regarda l’homme qui se trouvait à ses côtés ; à plat ventre, les cheveux en bataille, le visage tourné vers lui, les bras sous son oreiller, il respirait doucement. TK savait aussi que Carlos y avait été pour beaucoup dans sa résistance à la rechute. 


Pour se sevrer il ne suffisait pas seulement d’être motivé et de vouloir s’en sortir. Il fallait aussi être extrêmement bien entouré et TK en avait parfaitement conscience. Parfois, dans un processus de sevrage, vivre de grands changements et ressentir de grandes émotions comme tomber amoureux pouvaient justement causer une rechute. Être heureux n’était pas une garantie de sobriété. Au contraire. La plupart des gens pensaient que les rechutes n’étaient provoquées que par des évènements traumatiques, des dépressions… Or, les évènements heureux pouvaient également y être à l’origine. 


La sobriété était un combat de tous les instants, une vigilance permanente. Même si avec le temps cette vigilance devenait plus facile on ne guérissait pas de la toxicomanie ; on apprenait et on s’habituait à vivre avec. La toxicomanie était une maladie à vie. La sobriété n’était finalement que s’habituer à vivre sans drogue ou sans alcool dans l’organisme et rester vigilant sur les possibilités d’être de nouveau tenté à y goûter. Si la sobriété était avant tout un combat personnel avec soi-même il ne pouvait se mener seul. Les réunions, l’entourage contribuaient donc à maintenir le cap. 


De TK Strand : « 1 an »

De Owen Strand : « Je suis fier de toi mon fils. »

 

TK serra son téléphone à ce message en souriant. 1 an. Un an où toute sa vie s’était métamorphosée. Tout était différent. Surtout Carlos qui partageait sa vie avait grandement contribué à ce changement. TK se demandait comment il avait pu hésiter si longtemps tandis qu’aujourd’hui Carlos était un pilier de son existence. C’était presque comme s’il ne se souvenait pas de sa vie d’avant lorsqu’il n’y était pas.  Avait-il été vraiment heureux avant Carlos ? 


TK se rallongea près de son partenaire, tourné vers lui, un bras replié sous la tête. Il glissa doucement ses doigts dans les mèches noires provoquant un léger soupir de son partenaire. TK sourit en scrutant son visage. Il était fou amoureux c’était certain et rien ne semblait pouvoir les séparer ou lui faire douter de ce qu’il ressentait jusque dans ses tripes. TK s’allongea contre lui en fermant les yeux, un bras enroulé autour de son corps. Carlos dans son sommeil se serra instinctivement contre lui. 


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Owen avait organisé une petite fête ce soir-là dans sa maison pour les un an de sobriété de TK. Toute la 126eétait présente. TK se savait extrêmement bien entouré pour les prochaines années. A ses côtés Carlos les yeux baissés était extrêmement fier de lui. 


-Et j’ai rencontré un être formidable, qui m’a redonné la confiance et m’a permis d’ouvrir mon cœur à nouveau, s’exclama TK en terminant son petit discours en regardant Carlos. 

Ce dernier eut un petit rire en baissant les yeux, rougissants légèrement, très touché par les paroles de son partenaire. Avec TK il avait appris à comprendre ce que signifiait la toxicomanie et la difficulté immense à laquelle le pompier faisait face chaque jour pour rester sobre et malgré tout continuer à maitriser son quotidien. 


La petite soirée battait son plein. Owen et Gwyn dissimulant tant bien que mal leur malaise causé par leur toute récente nouvelle séparation. 


Sur la terrasse TK prenait l’air assis sur la table de jardin en faisant tourner entre ses doigts son jeton de sobriété à la couleur dorée. Il fût bientôt rejoint par une présence qu’il connaissait par cœur. Il releva les yeux vers un homme aux yeux noirs à la beauté renversante qui le regardait avec intensité. 


-Salut toi, souffla Carlos sans le quitter des yeux.

-Salut, répondit doucement TK. 


Le pompier tira le policier par le t-shirt pour l’attirer à lui. Ses mains sur les hanches de son partenaire TK s’abandonna totalement dans ses deux yeux bruns qui le couvait du regard. Carlos prit son partenaire par la nuque en souriant légèrement. 


-Je suis fier de toi, murmura-t-il brisant le silence entre eux. Tu ne dois cette victoire qu’à toi même tu sais. 


TK sourit apaisé par ce regard. Ils étaient dans leur bulle. Il prit doucement ses lèvres. 


En débarrassant l’îlot Gwyn vit son fils et Carlos enlacés sur la terrasse. Un sentiment de fierté gonfla dans sa poitrine en voyant son fils si heureux. L’addiction de TK avait une place très particulière dans leur relation. Si Gwyn avait espéré pendant des années, voir son fils de nouveau en réussissant à dépasser ses démons ; elle se dit ce soir-là que peut être ce dernier avait enfin réussi. En récupérant TK dans des états impossibles à plusieurs reprises dans des squats pourris Gwyneth avait fini par vivre sa sobriété par procuration se méfiant du moindre évènement qui pouvait le perturber. Carlos allait-il être la clé du bonheur de TK et de son retour complet à la vie ? Gwyn allait-elle pouvoir le laisser s’envoler ? 


Gwyn se revoyait encore le déposer à sa dernière cure de désintoxication ; elle avait failli mourir ce jour-là en ayant la conviction d’avoir abandonné son fils. Elle aimait son fils plus que sa propre existence et aurait tout donné pour TK. Le voir ainsi heureux avec un garçon autrement plus respectueux que son dernier petit ami Gwyn eut la conviction que Carlos pouvait être la bonne personne. 


Elle l’espérait de tout cœur. 

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