Le Coeur en Feu

Chapitre 9 : Aurores boréales

5734 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 01/03/2024 23:02

Et le miracle se produit. 


TK s’était réveillé sous le regard de son père et d’une jolie blonde aux yeux bleus. La nouvelle copine de son père. TK ne se rappelait plus des derniers évènements et de ce qui lui était arrivé.


Toute la caserne vint le voir et lui souhaiter un bon retour parmi les vivants. 


Lorsque Carlos apprit la nouvelle il était en plein service. En apprenant son réveil c’était comme si un poids quittait son cœur et son corps. Il avait pleuré de soulagement à l’abri du regard de ses collègues évacuant la peur qui lui étrennait le cœur ces derniers jours. Mais la peur avait laissé la place à la panique. Est-ce qu’il devait se rendre au chevet de TK maintenant que ce dernier était réveillé ? 

Il était terrifié à l’idée de se faire rejeter.


Il doutait. 



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Dans les jours qui suivirent le réveil de TK c’est finalement Paul qui cracha le morceau à son collègue. 


-TK ? 

-Mmmh, répondit le jeune Strand alors qu’il dégustait un dessert indescriptible mais pourtant délicieux pour un réveillé du coma. 

-Tu sais Carlos ? 

-Eh ben quoi Carlos ?

-Il est venu te voir…plusieurs fois…répondit Paul.

-Paul ! s’exclama Marjane.

-Quoi ? Fallait bien que quelqu’un lui dise.

-Mais ce n’était pas à toi de le faire, repris-t-elle plus doucement. 

-Ah bon ? s’étonna TK. 

-Comme si tu en doutais…

-Mais…quand…

-Tous les jours, répondit Paul, à chaque fin de service. Ça lui ait arrivé de passer la nuit-là…


TK ouvrit la bouche sans savoir quoi répondre. En réalité son esprit était tellement embrumé par son accident, le coma et le reste qu’il ne savait pas quoi faire de cette information. Malgré tout il sentit une petite chaleur se répandre autour de son cœur. 


Alors pourquoi n’était-il plus là depuis son réveil ?



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Tournant comme un lion en cage depuis des jours Carlos avait fini par céder et envoyé un message à TK pour l’inviter à boire un thé glacé une après-midi de semaine. 


Il était arrivé tôt, stressé, les mains moites. Mais il avait choisi un café cosy, à l’ombre des arbres ; un endroit qu’il connaissait ce qui l’avait quelque peu rassuré. Toutefois pas suffisamment pour se sentir pleinement à l’aise. 


En voyant TK arriver dans sa chemisette blanche, il l’avait trouvé amaigri mais toujours aussi souriant. Et toujours aussi beau. Carlos sentit ses battements de cœur accélérer. Il lui faisait définitivement plus d’effet qu’il ne voulait bien l’admettre. 


TK le salua en l’embrassant sur la joue. Carlos ferma les yeux à ce contact. 


Le début de la conversation consista pour TK à faire le bilan des dernières semaines et raconter au policier sa convalescence. 


Mais très vite, le mexicain compris que TK meublait la conversation. 


-Le bubble tea a beau avoir mauvaise presse parce qu’il n’a aucune valeur nutritionnelle mais la plupart des gens éludent trop rapidement l’aspect ludique. Donc le tapioca on dirait des boules de morve mais de délicieuses petites boules de morve, s’exclama TK en rigolant.


Carlos eut un rire. 


-Quoi ?

-Tu peux retarder l’échéance mais t’y coupera pas, répondit Carlos.


TK rit. 


-Là c’est le thé. Avant y’a eu Billie Eilish, le temps de jeu des Dallas Cowboys, et le traitement injuste du film Benjamin Button.

-Faut dire que Brad est magique et même quand il joue un bébé. Alors…

-Tu vas esquiver la conversation combien de temps ? demanda Carlos redevenant sérieux.

-Comment ça ?

-Tu le sais alors fais pas semblant…

-Tu veux parler…de nous ? hésita TK.

-Quand je t’ai vu dans ce lit d’hôpital sans savoir si tu sortirais du coma un jour j’ai ressenti des trucs très forts. C’est dingue quand on sait que je sais à peine qui tu es. Je suis un peu perdu j’avoue. On est quoi nous ? Est-ce qu’on est…est ce qu’il y a un « nous » ? demanda Carlos la peur au ventre. 

-Pour être honnête j’en ai aucune idée Carlos, répondit TK. 


En entendant ses mots quelque chose en Carlos se brisa.


-T’en as aucune idée. Ok…si tu le dis…répondit-il en baissant les yeux. 

-Toi t’es perdu ? Je sais même plus qui je suis vraiment d’accord ? Je ne sais pas si j’ai envie de cette vie-là, si j’ai fait le bon choix de carrière ou si je veux rester au Texas…il faut que je réponde à ces questions avant de pouvoir…

-Avant de pouvoir répondre aux miennes. J’ai compris, termina Carlos. 


Il avait sa réponse. Le débat était clos. Carlos déglutit alors qu’un poids s’abattait sur ses épaules. Il aurait dû le savoir. Il avait été bête.


-Je suis désolé. Tu dois te dire que je suis très égoïste. 

-Non. Je me dis que t’es plutôt raisonnable à vrai dire, répondit le policer en sortant sa carte de crédit pour couper court à leur « rendez-vous ». Il fallait qu’il parte avant d’exploser ou de s’effondrer c’était au choix. 


-Non, non, non c’est moi… essaya TK souhaitant récupérer l’addition.


C’était le moins qu’il puisse faire après ce qu’il venait de dire à Carlos. 


-Non s’il te plaît. Arrête. A t’entendre t’auras bientôt plus de boulot…répondit Carlos avec une pointe de méchanceté. 

-Je te sens déprimé.

-Non ça va, affirma Carlos sans y croire une seconde. Ça marche pas, ça marche pas. C’est pas non plus la fin de monde, finit-il avec un faux sourire un goût amer dans la bouche. 


Carlos mentait. En disant ses mots il avait l’impression d’avaler du verre pilé. Mais il devait maintenir l’illusion. Pourtant à l’intérieur de lui c’était comme si tout s’effondrait et disparaissait. Ça faisait mal. Très mal. Jusqu’au bout il y avait cru. Espéré.


TK sentait bien que sa réponse avait blessé Carlos. Mais il devait faire étape, par étape. Ne pas se précipiter. Et puis rien ne disait qu’ils n’allaient pas se revoir. Il avait seulement besoin de temps.


Sauf que Carlos de son côté avait donné tout ce qu’il pouvait. Il comprenait que TK avait besoin de souffler mais il avait atteint ses limites. Il fallait qu’il arrête les frais et se préserver lui aussi. Il n’avait plus rien à donner.


C’est à ce moment que le TPE du café se mis à faire des siennes en disjonctant dans les mains de Carlos. 


Et en quelques secondes c’est tout le carrefour qui se transforma en scène de chaos. 



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L’autobus qui avait percuté le camion et qui s’était retourné avait été investi par TK qui tentait par tous les moyens de sauver la conductrice se mettant lui-même en danger. Carlos de son côté enrageait de ne pouvoir aller aider le pompier mais il devait maîtriser et gérer le chaos qui régnait sur le carrefour. Entre les curieux, les blessés, les inquiets et ceux qui tentaient par tous les moyens de traverser le carrefour au risque de trop s’approcher de l’autobus ; Carlos devait gérer la pagaille en regardant TK s’affairer, entrer et sortir du car. 


Carlos vit pourtant ses collègues et la 126e arriver avec soulagement. La scène était surréaliste et devenait ingérable. 


Lorsqu’il vit Owen sortir TK de l’ambulance il était détrempé, à bout de souffle, un cercle rouge s’agrandissait de plus en plus sur le côté gauche de sa poitrine. Carlos compris qu’il avait fait sauter ses sutures. 


-Il est impressionnant, dit-il à Owen en regardant TK rejoindre l’ambulance où se trouvait déjà Michelle.  

-C’est mon fils, répondit le Capitaine des pompiers avec un sourire. 


Carlos avait comme un air de déjà-vu. 



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Carlos s’approcha de l’ambulance sans cesser de regarder TK. A nouveau, il s’était inquiété pour lui. A croire que le pompier ne savait que se mettre en danger. 


TK était à bout de souffle, détrempé. Michelle lui positionna le masque à oxygène sur le visage. 


-Ne découpe pas ma chemise, s’écria-t-il en la voyant s’approcher avec des ciseaux.

-TK je dois regarder tes points et te placer l’ECG, répondit Michelle. 


Carlos retint un petit rire en écoutant la protestation du pompier pour sa chemise. 


-Non mais d’accord mais je sais comment la récupérer. La découpe pas s’il te plaît. Je vais l’enlever t’inquiètes.

-Mais…commença Michelle. 


En vain. TK avait déjà commencé à se déshabiller en grimaçant. 


-Tu vas encore plus abîmer tes points TK ! C’est pas raisonnable. 


Carlos ria franchement en le voyant prendre davantage soin de sa chemise que de son épaule. TK le regarda avec ses yeux rieurs. Carlos trouva son regard changé. Quelque chose avait changé. Il avait l’impression d’être regardé différemment.


-Si, si regarde c’est bon. Et une épaule ça se recoud. 


Michelle soupira en levant les yeux au ciel.


-Nancy tu veux bien placer l’ECG s’il te plaît ? 

-Tout de suite Cap’



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A son retour de l’hôpital la caserne était déserte. L’équipe avait dû être appelée sur un autre sinistre. TK s’assit sur un banc au rez-de-chaussée songeur. 


Le sauvetage de la conductrice avait été comme un déclic. C’était fou ; parfois il suffisait d’une intervention pour changer une vie. Il sortit son portable de sa poche. 


De : TK Strand : Salut, tu me rejoins à la caserne ?

De : Carlos Reyes : …en train d’écrire… 

De : TK Strand : S’il te plaît…

De : Carlos Reyes : Je sais pas TK…

De : TK Strand : J’ai besoin de te voir. S’il te plaît.


De l’autre côté de la ville Carlos soupira. Il savait qu’il craquerait avant même de prendre sa décision. 


De : TK Strand : S’il te plaît Carlos j’ai vraiment besoin de te voir. 


Carlos fût touché par les derniers mots. 


De : Carlos Reyes : Ok j’arrive. 


TK ferma les yeux en serrant son téléphone contre lui. Il avait fait son choix. En sortant de cet autocar, après avoir sauvé cette conductrice et en voyant Carlos depuis l’ambulance c’était désormais une évidence. TK savait. 


Après avoir fait son speech à toute l’équipe de la 126e pour son grand retour, TK était soulagé. 


Son père le prit dans ses bras, fier de lui mais également rassuré de le voir à nouveau intégrer l’équipe. Owen aimait par-dessus tout travailler et partir en intervention avec son fils. Si ce dernier avait voulu tout arrêter il aurait respecté son choix. Malgré tout cela aurait été un crève-cœur.  


-Combien de décisions de vie tu as pris aujourd’hui ? s’exclama Owen en voyant Carlos entrer dans la caserne. 

-Chaque chose en son temps, répondit TK en souriant. 


Il quitta son père et se dirigea vers Carlos. 


TK prit Carlos dans ses bras alors que le policier l’embrassait dans le cou en le serrant à son tour contre lui. Ça aussi c’était nouveau songea Carlos. Le nez dans son cou il respira son odeur. Il s’était vraiment inquiété pour lui. Le voir de nouveau en danger en étant impuissant lui avait mis la peur au ventre. 


-Tu vas bien ? demanda doucement Carlos sans le lâcher. 

-Ouais, soupira TK. On va faire un tour ?

-Ok, répondit Carlos. 


Alors qu’ils quittaient la caserne le soir tombait.  TK avait demandé à Carlos un coin tranquille. 


Le policier l’avait alors emmené un peu en dehors de la ville où se trouvait une grande plaine où les familles venaient régulièrement pique-niquer et jouer avec leurs enfants le week-end. 


Tout le long du trajet TK demeura silencieux avec un sourire aux lèvres. Carlos s’en étonna car TK avait insisté pour le voir. Il était intrigué de ce silence soudain. 



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Allongés l’un à côté de l’autre sur le capot et le pare-brise de la Camaro ils regardaient le ciel qui s’était lardé de superbes rayons verts exceptionnels et très rares. Des aurores boréales générées par la tempête solaire et l’orage électromagnétique. Une vraie merveille. 

Carlos s’interrogeait de plus en plus de ce silence qui commençait sérieusement à le déstabiliser. 


-Tu penses à quoi ? finit-il par demander voyant que son partenaire n’ouvrait toujours pas la bouche.

-Je me disais que…on formait plutôt une bonne équipe, répondit TK le plus sereinement du monde. 


A ces mots Carlos sentit une douce chaleur l’envahir. Il s’était attendu à tout sauf à ça. Surtout après les mots de TK l’après-midi même. Il tourna la tête vers le pompier et sourit. 


-Tu le penses sérieusement ?


TK tourna à son tour la tête vers Carlos en souriant. Depuis sa sortie de l’autocar il savait. Il savait que c’était le bon choix. Il avait enfin réussi à accorder son cœur et son esprit. En sortant du bus et en voyant Carlos cela avait été comme une évidence. Tout était devenu clair. Limpide. Il voulait le policier pour lui tout seul et non plus seulement pour prendre du bon temps. Il voulait être avec lui tous les jours, se réveiller avec lui, parler de tout et de rien et tout connaître de sa vie. Le connaître tout entier et partager chaque moment. Il ne voulait plus perdre une minute de plus. La vie était trop courte. 


-J’en ai bien l’impression, répondit doucement TK en le regardant dans les yeux. 


Sans cesser de le regarder, ils sortit la main de la poche de son sweat-shirt gris et prit celle de Carlos dans la sienne, entrelaçant ses doigts aux siens. Carlos le regarda quelques secondes en souriant et replongea son regard dans les aurores boréales. Il était apaisé, serein. Après tout ce chaos il était à sa place. Ils étaient tous les deux à leur place.


TK regarda pendant quelques minutes les rayons verts danser sur le visage de son nouveau petit-ami songeant qu’il ne pensait pas, il y a encore quelques semaines, avoir la chance d’en être de nouveau là. 


Se sentant toujours observé, Carlos tourna son visage vers TK. 


TK glissa alors sa main sur la nuque du policier alors que ce dernier l’enlaçait contre lui. Ce premier « nouveau » baiser eût une saveur toute particulière pour les deux hommes. C’était comme s’ils se redécouvraient pour la première fois une seconde fois. 


Carlos rapprocha un peu plus le pompier de lui ; ses bras entourant sa taille. TK engloba son visage de ses mains puis glissa ses doigts dans les boucles brunes sans lâcher ses lèvres.  C’était un baiser profond, d’une douceur incroyable ; chacun disant à l’autre ce qu’il ne formulait pas avec des mots. Carlos emprisonnait entre ses lèvres celles de TK. 


Les yeux clos, TK se rêvait à vivre ce baiser et cette nouvelle relation pendant les 100 prochaines années. Sans cesser de l’embrasser il caressait doucement sa joue. Carlos soupira sous la caresse resserrant son étreinte. 


Après leur rendez-vous de l’après-midi Carlos n’aurait jamais cru que leur situation allait changer aussi rapidement. Son cœur était prêt à exploser. Son corps à fleur de peau, ressentait toutes les sensations que lui provoquait leur baiser. Il comprit qu’il aimait plus que tout embrasser TK. Ses lèvres avaient un goût sucré, unique à TK. 


Il voulait que cette étreinte jamais ne finisse. Depuis que Carlos avait rencontré le pompier il avait l’impression qu’il l’avait toujours connu. C’était une évidence et encore plus désormais. 


Toute la vie de Carlos avait changé lorsque TK y était entré. Sa propre perception de lui-même avait également changée. Il n’avait pas besoin de se réparer, tout était normal, il était normal. Cette pensée lui fit monter les larmes aux yeux. Ce constat qu’il avait fait de pouvoir fréquenter un homme qu’il appréciait – et commençait à aimer sans doute – le bouleversa. C’était la première fois de sa vie qu’il l’acceptait. Il en avait le droit, c’était normal, il était normal. 


Dans les bras de Carlos, TK revivait et commençait à réparer ses long derniers mois. Il respirait de nouveau, il quittait enfin cet endroit sombre. Il revivait. En embrassant Carlos ce soir-là, son corps doucement appuyé contre le sien c’était comme si son esprit et son âme retrouvaient des couleurs qu’il pensait avoir perdues depuis sa première injection de médicaments. 


TK se réparait, il redevenait lui-même. 


Il avait tellement eu tort de croire qu’il ne pouvait, ni ne souhaitait avoir davantage qu’une relation sans lendemains après sa rencontre avec le policier. 


Dans les bras de Carlos ce soir-là, il était en paix et en sécurité. Il pouvait vivre de nouveau, recommencer une existence. Vivre tout simplement. Une pensée tellement étrangère à TK et sa vie depuis des années qu’il sentait lui aussi des larmes border le bord de ses paupières. 


Leur baiser leur fit oublier toutes ces dernières semaines, toutes leurs interrogations et leurs incertitudes. Ils ne faisaient plus qu’un. 

TK relâcha ses lèvres, le front contre le sien, les mains sur sa nuque, les yeux clos, il respirait lentement profitant de chaque seconde ne souhaitant qu’une chose ; que jamais cela ne cesse. L’air nouveau qui entrait dans ses poumons était à l’image de ce que l’arrivée de Carlos avait produite dans sa vie : une résurrection. 


Carlos son front contre le sien, les yeux ouverts, il regardait TK apaisé. Il pouvait presque distinguer toutes ses pensées derrière ses yeux clos. Il remonta sa main sur son visage et caressa sa nuque, ses cheveux, son front, la ligne de sa mâchoire, ses paupières closes, la forme de ses lèvres. Il en avait le droit. Il avait le droit d’ouvrir son cœur à cet homme et lui confier son âme. Il en avait le droit. Il pouvait être lui-même.



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Ce soir-là, les deux amants rendus dans la maison de Carlos, n’arrivaient pas à cesser de s’embrasser ; les mains de TK sur les hanches de Carlos, les mains du policier autour du visage du pompier. 


Carlos prit sa main dans la sienne et lui fit monter les marches suspendues à sa suite. Ce soir-là Carlos le fit entrer dans sa chambre.  TK eût conscience de l’importance de ce geste. Il n’avait jamais vu cette pièce de la maison avant. 


Carlos reprit sa bouche en serrant TK contre lui. Il s’assit au bout de son lit king size. Le policier le serra contre lui avant de déposer de petits baisers sur son ventre au-dessus de son nombril en relevant son pull gris. Les doigts dans ses cheveux TK frissonna. Puis il retira son sweat-shirt et fit glisser au-dessus de sa tête le polo de Carlos. 


Carlos le fixait du regard. 


Appuyé sur ses épaules, TK se pencha pour reprendre ses lèvres. Il voulait que cette nuit dure une éternité. Il s’assit sur les jambes repliées de Carlos entourant son corps de ses jambes. Le policier tomba lentement en arrière TK dans ses bras. 


Il roula sur lui en faisant passer une de ses mains au-dessus de sa tête. Il alla perdre sa bouche dans sa nuque son torse contre le sien. TK s’abandonnait totalement à lui. Il était désormais tout à lui et personne d’autre. Sa joue dans la main gauche de Carlos TK soupira. 


Ils firent lentement glisser le jean de l’un et l’autre allongés sur le lit de Carlos. 


Alors que la fièvre s’emparait d’eux TK ne voulait plus faire qu’un avec son amant policier.  Les yeux clos il haletait en ressentant chaque caresse et chaque baiser en ayant une conscience absolue de leurs corps.


Entre ses jambes, Carlos serra TK davantage contre lui alors qu’ils ne faisaient plus qu’un. Il voulait prendre son temps, profiter de ce moment suspendu entre les bras de TK. Alors qu’il commençait à bouger lentement, TK repris ses lèvres entourant sa nuque de ses bras. Carlos inspira fortement au contact de sa bouche. 


Carlos fit voir une pluie d’étoiles à TK, le souffle coupé, il perdait la raison. Il n’arrivait plus à réfléchir. Il n’arrivait plus vraiment à sentir son corps et ne ressentait que les émotions de Carlos. 


Ce dernier s’effondra sur le torse de TK, les yeux clos, à bout de souffle. Il resta dans cette positon plusieurs minutes sa tête reposant sur la poitrine de TK prenant soin d’éviter sa clavicule gauche. 

Le pompier reprenait son souffle, Carlos dans ses bras, en lui caressant doucement les cheveux, passant et repassant dans les boucles noires. TK frissonna sous le corps de Carlos. 



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Le policier changea de position pour recouvrir TK de la couette. Une fois sous les draps il reprit immédiatement son partenaire dans ses bras. TK emmêla ses jambes aux siennes. Il ne voulait pas qu’une seule parcelle de son corps ne soit séparée de Carlos. Le policier faisait aller et venir sa main le long de la colonne du jeune pompier. 


-TK ? murmura Carlos rompant le silence. 

-Mmmh…soupira le pompier. 

-Je peux te poser une question ? 

-Oui, dis-moi…

-Pourquoi le dîner t’as autant énervé ? Qu’est-ce que j’avais fait de mal ?


TK ouvrit les yeux. Se reculant de la poitrine de Carlos il serra son oreiller contre lui en lui faisant face. 


-Tu n’as rien fait de mal, répondit doucement TK. 

-Mais…repris Carlos en passant une main dans ses cheveux. 

-J’étais perdu. Je venais de rompre et…


Sur cette dernière phrase la voix de TK se brisa. 


-Tu n’es pas obligé de me raconter si tu n’en as pas envie, murmura Carlos voyant bien que se dévoiler était difficile pour le jeune pompier. 

-Ça va… 


TK prit une grande inspiration, quelque peu apaisé par la caresse régulière de Carlos sur sa nuque. 


-En fait le soir où il m’a largué, j’avais prévu de le demander en mariage. J’avais réservé dans un grand restaurant chic, j’avais prévenu mon père le matin même. Il faisait beau, c’était une journée parfaite. C’est ce jour-là qu’on a sauvé le laveur de vitres au 40 e étage du Chrysler Building. 


En entendant que TK avait prévu de faire sa demande en mariage Carlos compris l’ampleur de tout ce qui c’était passé lors du dîner et le double sens qu’avait interprété le pompier des paroles de Carlos. 


-J’avais acheté une bague et tout, repris TK avec un rire qui brisa le cœur de Carlos. J’étais en train de faire ma demande quand il m’a coupé la parole pour me dire qu’il aimait quelqu’un d’autre. Depuis des mois. Un coach sportif qui s’appelle « Mitchell », continua TK avec un nouveau rire. 


TK déglutit alors qu’il poursuivait son récit. C’était difficile pour lui de raconter tout ça d’autant qu’il arrivait à la partie la plus difficile. Qu’allait en penser Carlos ?


-Ça m’a détruit. La manière de faire surtout. Il était distant depuis des mois mais j’ai eu beau le cuisiner j’ai jamais su ce qu’il avait. Maintenant je sais, poursuivit le pompier avec un rire amer. Maintenant je sais qu’il me trompait et me mentait depuis des mois. 


TK marqua une pause dans son récit. Il avait besoin de faire une pause. Carlos attendait qu’il poursuive en le regardant de façon bienveillante et sans l’interrompre. 


-J’avais placé tellement d’attentes dans cette relation. Je me suis senti trahi. Et surtout je me suis dit que tout était de ma faute. Toute ma vie tournait autour de lui. En faisant ce qu’il a fait je n’avais plus rien, j’avais plus de vie, plus de but, continua TK en chuchotant. Donc ce soir-là en rentrant du restaurant j’ai fait ce qui était le plus naturel pour moi pour oublier.  Je suis allé dans un point de deal proche de mon appart et j’ai acheté de l’oxycodone. 


TK reprit sa respiration.


-Ça faisait des années que je n’avais pas replongé. J’ai honte honnêtement. Et je suis en colère. En colère, parce que j’ai gâché ma sobriété pour une personne qui n’en valait pas la peine. Et j’ai du tout recommencer à zéro. Des années de sobriété. J’ai failli mourir ce jour-là. Si mon père n’était pas venu me chercher après que je n’ai pas pris mon service j’aurais fait une overdose ce jour-là et je serais mort tout simplement.  


-Est-ce que tu cherchais à…commença Carlos. 

-Est-ce que j’ai voulu me suicider ? répondit TK. Je ne crois pas. Mais je me pose encore la question. Je n’en suis pas absolument certain. Je pense que mon père n’en est pas totalement convaincu non plus. J’en sais rien pour être honnête mais je préfère dire que non…


Carlos était choqué par le récit de TK. Il ne portait aucun jugement bien au contraire. Mais il était touché par l’honnêteté dont avait fait preuve le pompier à son égard. Cette histoire lui brisa le cœur. Dans un même temps il fût aussi impressionné de la force de résilience que TK avait pu avoir en recommençant totalement sa vie à Austin. Il était totalement reparti de zéro. 


Peu de gens pouvait accomplir un tel acte. Mais Carlos comprenait totalement les réactions de TK ; ne pas vouloir s’attacher, ne pas vouloir replonger dans une nouvelle relation, ne prendre aucun risque, se protéger finalement. 


-Tu vois, je n’étais pas en colère contre toi ou le dîner, reprit TK avec un faible sourire. Je ne savais juste pas où j’en étais. Je pouvais pas te laisser m’approcher Carlos. Je pouvais pas te le permettre. Pas après ma rupture avec Alex et mon overdose. J’en était incapable. Mais je veux que tu saches que ça m’a beaucoup touché tout ce que tu avais fait pour moi ce soir-là. Je suis pas sûr que je le méritais ou que je le mérite tout court mais bon…termina TK en baissant les yeux. 


-Pourquoi est-ce que tu dis ça ? demanda Carlos les sourcils froncés. 

-Quoi ? 

-Ne pas le mériter ?

-Parce que je le pense, affirma TK. 

-Tu sais que c’est faux n’est-ce pas ? répondit Carlos en prenant son menton entre ses doigts pour capter de nouveau son regard. Je suis sérieux TK, c’est faux. Tu te rends compte de ce que tu as réussi à faire ? Tu as quitté New-York, ton travail, toute ta vie et tu as tout reconstruit à Austin. 

-Après être retombé dans la drogue…c’est pas ce que j’appelle une réussite, répondit TK désabusé en se dégageant de la main de Carlos. 

-Tu as fait tout ça après ton overdose. Combien peuvent en dire autant ? Je suis admiratif TK. Vraiment. Et tu mérites tout ça. Tu mérites qu’on s’occupe de toi. Tu mérites qu’on te porte toute l’attention du monde. Tu mérites qu’on te fasse à dîner tous les soirs. Je te ferais à dîner tous les soirs et je te dirais tous les soirs que tu mérites tout ça, la vie, jusqu’à ce que tu en sois convaincu. Par contre tu ne méritais pas d’être traité comme il l’a fait. Tu mérites qu’on te respecte TK. 


Le pompier fût bouleversé par le soliloque du policier. Par ses mots Carlos lui signifiait qu’il le prenait comme il était et peu importait son passé ou ses erreurs, il le prenait tout entier avec ses forces et ses faiblesses. 


Les larmes lui montèrent aux yeux. Il n’avait jamais rencontré une personne comme Carlos ; une personne d’une telle bonté et d’une telle générosité. Jusqu’à ce jour TK n’avait jamais cru qu’une telle personne puisse exister. 


-TK, repris Carlos bouleversé à son tour par l’effet qu’avait provoqué ses paroles, regarde-moi.


Son partenaire releva les yeux alors qu’il n’arrivait plus à dissimuler ses larmes en se mordant la lèvre inférieure. 


-Tu le mérites vraiment. Tu mérites tout ça. Je te jure de ne jamais te faire souffrir comme tu as pu souffrir par le passé. Je t’aiderais. Je ne connais pas tout ça et je ne sais pas comment faire mais je t’aiderais. Tu pourras compter sur moi, termina Carlos. 


Les larmes de TK coulaient désormais sans discontinuer. Le prenant par la nuque Carlos posa ses lèvres sur les siennes. Englobant son visage de ses deux mains il voulait lui transmettre toute la force possible pour affronter son avenir. 


-Carlos…repris TK rompant leur échange. 

-Quoi ?

-Le vivaneau…il était comment ?


Carlos éclata de rire. 


-Je l’ai pas mangé, je suis partit me coucher après que tu sois parti. 

-Pardon, répondit TK en baissant à nouveau les yeux. 

-Oh non, je jetterais à la poubelle tous les vivaneaux du monde pour revivre les choses exactement comme nous les avons vécues ces dernières semaines. 


TK savait Carlos sincère. Il l’avait toujours été depuis leur première rencontre. Il se sentait tellement en sécurité avec le policier. Il se sentait à sa place. Entier. TK trop heureux de sa nouvelle situation plongea à nouveau sur ses lèvres allongeant son corps sur le sien alors que Carlos l’entourait de ses bras. 



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Le lendemain matin alors que les rayons du soleil perçaient à travers les rideaux de la chambre Carlos, TK s’éveilla doucement, le corps de son partenaire contre le sien, enfermé dans les bras du policier. Il n’avait jamais aussi bien dormi de toute sa vie ; pour la première fois il n’avait pas fait de cauchemars, il n’avait pas mal à la tête ni aucune courbature, il était parfaitement bien.  Il passait machinalement ses doigts sur l’avant-bras de Carlos. 


Puis TK se tourna vers Carlos en essayant de ne pas le réveiller. Ce dernier grogna pourtant dans son sommeil. TK s’appliqua à dessiner les contours de son visage sans cesser de le regarder.


-Bonjour, marmonna Carlos la voix ensommeillée. 

-Salut, répondit TK avec un sourire à 10 000 watts qui éblouit presque le mexicain alors qu’il tendait bien que mal d’ouvrir les yeux. Tu bosses aujourd’hui ? 

-Non, marmonna-t-il, pas avant ce soir. Mais je dois me lever pour aller courir. 


Depuis ses 15 ans Carlos courait chaque matin entre 15 et 20 km. Il n’avait jamais raté ce rendez-vous qu’il respectait religieusement. Il adorait courir ; cela le mettait en forme pour la journée et lui permettait de se vider l’esprit. Carlos s’adonnait à de nombreux sports mais la course était certainement son activité favorite. 

-Tu veux pas rester au lit ? demanda TK ronronnant. 


Carlos sentit que ce jour-là aller courir allait être très compliqué. 


-5 minutes, marmonna-t-il en resserrant son étreinte autour de TK ses lèvres contre son front et son nez dans les mèches du jeune pompier. 

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