Le Coeur en Feu

Chapitre 8 : Balle perdue

2142 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/03/2024 11:13

Depuis la soirée en boîte TK et Carlos s’étaient revus plusieurs fois. Souvent pour faire l’amour. Le rez de chaussé de Carlos n’avait plus de secrets pour eux. Pourtant TK n’avait encore jamais vu la chambre de Carlos. Le policier aimait à penser que tant qu’il ne saurait pas où ils en étaient tous les deux c’étaient une façon pour lui de se protéger et de conserver encore une part de vie privée. 


Néanmoins plus les jours et les semaines passaient moins Carlos savait ce qu’il ressentait et comment il allait pouvoir se sortir de tout cela.


Malgré tout le positif qu’il retirait de sa « relation » avec TK, ne pas savoir l’épuisait. Toutes ses interrogations et ses incertitudes l’épuisait. Il ne savait pas comment s’en sortir mais ne pouvait pas non plus arrêter de voir TK c’était au-dessus de ses forces. Mais il sentait qu’il s’épuisait.



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De son côté TK n’arrivait pas à déterminer ce qu’il voulait vraiment. Il avait peur. Peur de s’ouvrir à nouveau. Peur de faire confiance. Pourtant auprès de Carlos et ce depuis leur première rencontre il avait confiance et se sentait serein. Il redoutait de devoir faire un choix. Il voyait que Carlos commençait à souffrir de cette situation, de ne pas savoir où ils allaient, de ne pas savoir s’ils étaient quelque chose tout simplement. 


Mais TK avait encore besoin de réfléchir. C’était trop tôt, il paniquait, il avait encore besoin de temps. Après l’épisode de sa demande au mariage au grand restaurant, il était paralysé par la peur de se voir à nouveau jeté comme il l’avait été et replonger. Il était totalement perdu mais il ne pouvait pas arrêter de voir Carlos, de lui envoyer des textos et de le relancer. Il avait besoin de sentir son odeur, de le toucher, de sentir ses mains et son regard sur lui. 


Et si cela se passait mal ? Est-ce qu’il replongerait ? Il ne pouvait pas replonger. Cette fois-ci il en était persuadé il en mourrait. 


Assis au bord de son lit à la caserne la tête entre les mains il essayait de trouver une réponse à ses interminables questions.


L’alarme retentit. Il était temps de se remettre au boulot. 



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Ce soir-là ils avaient eu une intervention très bizarre. Un homme atteint de démence était revenu dans son ancien maison pensant toujours y vivre. La famille qui y vivait c’était enfermé dans une chambre et l’homme faisait un malaise cardiaque. 


TK défonça la porte au bélier. 


Au moment où la porte cédait un claquement sourd se fit entendre. TK ne compris pas immédiatement ce qui lui arrivait. Et puis la douleur lui transperça la clavicule, puis l’épaule. C’était comme si quelqu’un lui lacérait toute l’épaule. 


Il tomba en arrière alors que quelqu’un hurlait son prénom. Mais qu’est ce qui lui arrivait ? 


De l’extérieur en embarquant le couple Carlos avait entendu le coup de feu. Un seul. Et TK était à l’intérieur ! Il se retourna vers la maison alors que le sang semblait vider son corps. 


Quelqu’un hurlait le prénom du pompier. 


Il entra rapidement dans la maison, arme au poing pour comprendre ce qui se passait. Toute l’équipe était affairée autour de celui qu’il reconnut avec horreur comme étant TK. Son cœur et son corps subirent comme un choc, une décharge. 


Dans la chambre deux secouristes géraient le malaise cardiaque et le petit garçon qui avait tiré par accident. La capitaine des urgentistes et le capitaine Strand ainsi que le reste de l’équipe étaient focalisés sur TK qui commençait à se vider de son sang sur le sol du couloir. 


Ils le chargèrent sur un brancard et le sortirent de la maison. Sa tension dégringolait. Carlos suivait l’intervention de loin totalement tétanisé et paralysé par la peur de voir mourir TK. 


-TK ? TK tu m’entends ? demanda Michelle alors que le pompier semblait ouvrir les yeux. 


TK ne distinguait que peu de choses hormis la douleur, des corps et des visages flous. Pourtant à droite de Michel cette silhouette en bleue nuit, des cheveux noirs…est ce que c’était… ? 

Carlos…


TK sombra alors qu’il lui semblait que deux grands yeux bruns le fixaient. 


Montée dans l’ambulance Michelle lança un regard inquiet à son ami qui avait le visage dévasté. 



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Carlos aurait voulu le suivre mais il n’en fit rien. En voyant partir l’ambulance il eût la sensation qu’on lui arrachait le cœur. 


Sa coéquipière vit que le départ du pompier en ambulance avait atteint son collègue. Il n’était plus en état de travailler ou de ramener le couple à l’arrière de leur voiture de patrouille. 


-Carlos…lui dit-elle doucement.

-Hein ? Oui j’arrive.

-Non Carlos va à l’hôpital. Vas-y. T’es pas en état là…

-Non, non ça va j’irais après qu’on ait ramené ces gens. Je dois finir mon service. 

-Carlos…

-Je t’assure que ça va. 



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Carlos termina sa garde dans le brouillard. Il agissait mécaniquement comme un automate. Tout son esprit était tourné vers TK. Paul l’informait par WhatsApp de la situation. TK était rentré au bloc. Il n’avait pas d’autres informations pour le moment. 



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Lorsqu’à 1h du matin l’équipe de nuit le remplaçait enfin ; il n’avait qu’une idée en tête se rendre à l’hôpital d’Austin auprès de TK. 


Mais étais-ce vraiment sa place ? Avait-il le droit de se rendre à son chevet ? Qu’en penserais TK ? Tous ses amis et sa famille seraient présents. Avait-il le droit de se rendre là-bas ? N’était-il pas seulement qu’une relation et plus si affinités ? 


Pourtant il ressentait le besoin vital de s’y rendre. Il avait besoin de savoir comment allait TK. Il devait le voir. Il aviserait ensuite. 


Après une douche rapide et la promesse de tenir sa coéquipière au courant Carlos fila au volant de la Camaro vers l’hôpital Memorial d’Austin. Il filait sur les routes, dans les rues, en apnée. 


Lorsqu’il arriva à l’étage des chambres toute l’équipe de la 126e était présente. Tout le monde le regarda arriver sans être étonné le moins du monde de sa présence. Les seules personnes qui ne se rendaient pas compte qu’ils étaient faits pour être ensemble c’était les deux principaux concernés : Carlos et TK. 


Carlos se dirigea vers la chambre. Il ne savait toujours pas s’il avait le droit d’être présent. Le père de TK ; le Capitaine Strand était au chevet de son fils lui murmurant des paroles que seul le jeune pompier pouvait entendre. 


Owen se tourna vers Carlos. 


-Agent Reyes, le salua le Capitaine des pompiers, vous voulez lui parler un peu ?

-Je ne voudrais pas déranger, répondit Carlos. 

-Vous ne dérangez pas. Ça lui ferait plaisir. J’en suis certain, termina-t-il en lui donnant une tape sur l’épaule et la nuque en sortant de la chambre.


Carlos vint s’asseoir auprès de TK sur la chaise occupée précédemment par son père. Les larmes aux yeux il regarda celui qui lui faisait perdre la tête depuis des semaines et lui faisait également certainement chavirer le cœur. 


Les yeux clos il semblait dormir. Il avait le visage apaisé. Seuls les bips incessants des machines qui l’entouraient et la canule nasale d’oxygène positionnée sur son visage venaient tromper la réalité.


Carlos regarda autour de lui. Un calme plat régnait dans cette chambre. Un calme pourtant terrifiant. 


En baissant à nouveau les yeux sur TK Carlos paniqua. Ils n’avaient pas eu assez de temps. Carlos n’avait pas eu assez de temps pour exprimer ce qu’il pensait, ressentait. Et il voulait de ce précieux temps, il en avait besoin. Carlos s’inquiétait et s’interrogeait depuis des jours. Mais qu’étaient ces quelques jours face à la terrible vérité que TK n’allait peut-être jamais se réveiller ? Il avait été idiot. TK n’était pas en sucre, il aurait dû lui parler. 

Carlos voulait encore du temps. Peu importe qu’il devienne son petit ami ou non il avait encore besoin de TK. Entendre sa voix, discuter avec lui, sentir son odeur. 


C’est là qu’elles apparurent. Ses larmes. Carlos pleurait rarement voir de manière tout à fait exceptionnelle. Ces dernières vraies larmes remontaient à des années. 


Mais là face à TK si vulnérable et paraissant si fragile dans sa robe d’hôpital trop grande au milieu de tous ses appareils émettant d’insupportables bips incessants Carlos était terrifié et ne pouvait retenir ses larmes. Il en avait encore besoin de temps, il avait des choses à lui dire et il voulait savoir qui il était, connaître sa vie, ses espoirs et ses espérances. 


En voyant que Carlos s’était mis silencieusement à pleurer Marjane détourna le regard, bouleversée par ce qu’elle voyait mais également convaincue qu’elle devait les laisser seuls. 


Carlos approcha ses mains de TK sans savoir s’il en avait le droit. Il posa sa main gauche sur son biceps et sa main droite prit la direction de ses cheveux et de son front. Il pleurait silencieusement et murmurait une prière muette en lui caressant le visage et le front. 


Pour tous les amis de TK présents ce fût un crève-cœur de voir le policier ainsi. Tout le monde l’appréciait, c’était un homme bien. De plus, il semblait avoir – sans le vouloir – une influence très positive sur TK. Ils leur semblaient que TK avait changé, était plus apaisé et moins fermé sur lui-même depuis qu’il avait rencontré Carlos. Ils avaient l’air d’être faits pour être ensemble même s’ils ne semblaient pas encore le savoir. 


Carlos était dévasté. Il se sentait impuissant et le policier détestait ce sentiment. Il aimait avoir le contrôle, sa vie était réglée comme une horloge. Pourtant depuis l’arrivée de TK c’était comme si le chaos s’était invité bousculant ses habitudes et ses certitudes. Et cette nuit-là il se trouvait dans une situation incontrôlable. Il n’avait aucun moyen d’influer sur ce qui arrivait à TK, il n’avait aucun pouvoir et c’était terrible. 


Les émotions et les pensées se bousculaient dans son esprit. Il était totalement perdu. Sa seule certitude ? Il se refusait à croire que l’homme dans ce lit puisse mourir et disparaître de sa vie en vidant son existence de sa présence. 



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Dans les jours qui suivirent alors que TK ne se réveillait toujours pas, Carlos le veilla tous les jours et toutes les nuits dès que sa garde se terminait. 


Depuis quelques jours sa vie ne se résumait plus qu’à la caserne et l’hôpital. Il s’endormait régulièrement sur les chaises dans l’espace face à la chambre de TK. Il s’asseyait toujours face à la porte d’entrée ouverte. Souvent Owen ou les collègues de la caserne le retrouvait, le soir ou au petit matin, endormi sur ces chaises les bras croisés attendant un miracle ; le réveil de TK. Il ne pensait qu’à une chose et ne rêvait que d’une chose : voir les yeux rieurs de TK se poser à nouveau sur lui. 


Owen était touché par la présence quotidienne de Carlos au chevet de son fils. Il était un peu moins seul même si les autres pompiers de la caserne se relayaient ; avec Carlos c’était différent. Il sentait que ce jeune homme était très attaché à son fils. Il trouvait touchant la façon dont le policier se rendait quotidiennement auprès de TK sans oubli. 


Tous attendaient. Un miracle. Le réveil de TK. 



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