Le Coeur en Feu
Chapitre 6 : Fléchettes contre flingue
3096 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 01/03/2024 10:40
TK attendit une bonne partie de la journée le sms de Carlos pour aller boire leur verre.
Malgré l’envie qui le travaillait de le retrouver, l’ambiance au travail avec Judd était toujours extrêmement tendue. Ils ne se parlaient plus et se regardaient en chiens de faïence depuis l’intervention au silo prêt à se sauter à la gorge au moindre regard de travers. C’était surtout une question d’égos et aucun des deux pompiers ne voulait lâcher de terrain à l’autre. Ils se détestaient cordialement sous la surveillance et le regard réprobateur de Paul.
TK vit donc arriver la fin de service avec soulagement. Comme plusieurs soirs dans la semaine la 126e se rendit au bar du coin pour aller décompresser. Au grand dam de TK, voyant Judd s’installer, lui aussi, à une table plus loin avec sa femme Grace. Carlos n’était visiblement pas encore arrivé.
TK se commanda une limonade au citron vert toujours en regardant Judd de travers. Carlos arriva 10 minutes plus tard.
-Salut, s’exclama le jeune policier avec un large sourire.
-Salut, répondit TK.
-Je suis en retard ? Tu m’attends depuis longtemps ?
-Non, non t’inquiètes.
Carlos vit immédiatement que quelque chose contrariait le fils du Capitaine.
Il ne lui répondait que par monosyllabes. Après avoir commandé une bière, ils se rabattirent sur les fléchettes. Carlos se demanda finalement s’il allait passer une bonne soirée au vu de l’attitude de TK. Face à ses questions TK finit par lui expliquer l’intervention au silo et la bagarre qui avait suivie avec Judd.
-Non mais t’y crois ? Ce sale péquenot a osé venir me traiter de fils à papa, s’exclama TK en tirant violemment sur les fléchettes plantées dans la cible. Il se prend pour qui au juste ?
-J’en sais rien…répondit Carlos blasé, tirant à son tour sur la cible.
Entre sa soirée avec Michelle où elle n’avait parlé que d’Iris et maintenant TK qui ne parlait que de Judd ; Carlos avait la sensation que tout le monde ne lui parlait que de leurs problèmes sans chercher à l’écouter ou même se préoccuper de sa présence. C’était fou ! Est-ce que sa vie ne se résumerais qu’à ça ? Écoutez les autres ? Il en avait marre.
-Comment il peut croire que travailler à Manhattan c’est facile ?
-Je sais pas…
-J’ai déjà secouru un laveur de vitres du 44e étage du Chrysler Building, s’écria TK.
-Très impressionnant, répondit Carlos avec ironie.
Le policier se demanda si TK se rendait compte de son attitude ? D’une part dans l’histoire avec Judd et d’autre part avec lui.
-Je sais mais ce cow-boy n’a pas l’air de s’en rendre compte !
-Si j’étais du genre à douter de moi, je pourrais potentiellement mal prendre qu’après avoir eu le courage de t’inviter tu passes la soirée à disserter sur un autre gars, répliqua Carlos qui commençait à perdre patience.
Il était à deux doigts de vider cul sec sa bouteille de bière et rentrer chez lui. Il commençait à se demander la raison pour laquelle il avait invité le pompier.
-J’y peux rien, je suis sur les nerfs.
-J’avais remarqué ! Il a touché un point sensible, répondit Carlos.
-Qu’est-ce que je suis censé comprendre ?
-Rien. Mais je vois bien que t’as pas l’habitude qu’on te parle comme ça, répliqua Carlos en le regardant dans les yeux.
-Tu penses qu’il a raison ? demanda TK radoucit.
-Et toi ?
-T’es au courant que j’ai une fléchette ?
-Et moi j’ai un flingue…
-C’est excitant…répondit TK en le regardant dans les yeux retrouvant le sourire.
La réplique de Carlos et le regard qu’il lui lançait fit oublier Judd à TK et sa colère. Il se passa la langue sur la lèvre inférieure. Il avait très envie de l’embrasser, là tout de suite en plein milieu du bar. Mais tous ses collègues étaient aussi présents.
Tout en le regardant Carlos suivait le cheminement de ses pensées, pensant en réalité exactement à la même chose.
-T’as fini ta bière ? finit par demander TK.
-Et toi ta limonade ?
TK eût un rire. Carlos avait beaucoup d’humour et le lui avait démontré à plusieurs reprises.
Le pompier termina son verre d’un trait. Facile ce n’était que de l’eau gazeuse. Carlos en fit autant en terminant sa Lonestar encore pleine aux deux tiers. Le breuvage lui piqua le nez. Carlos suivit TK à l’extérieur du bar.
TK plaqua le policier contre la portière conducteur de la Camaro bleue nuit les mains sur sa nuque. Carlos agrippa les passants du jean de TK et le rapprocha davantage de lui approfondissant leur baiser. Heureusement la Camaro n’était pas face à l’entrée mais à moitié dissimulée dans l’obscurité. Carlos n’était pas un adepte des effusions en public. Non pas qu’il ne s’assumait pas mais il gardait toujours une certaine réserve malgré son coming-out à 17 ans. Il ne se cachait pas non plus, mais aimait bien garder ses penchants chez lui.
Pourtant ce soir-là en sortant du bar, TK l’avait plaqué contre sa voiture avec ferveur et passion.
En réalité, Carlos était incapable de résister à TK ; c’était comme un feu qui le brûlait de l’intérieur. Ironique pour un amant pompier…pensa-t-il en souriant contre ses lèvres.
TK descendit ses mains le long de sa nuque puis de son torse avant de passer les doigts sous le tissu de son t-shirt entre sa ceinture et la ligne du nombril. Carlos frissonna. Il fallait qu’ils bougent de ce parking. Hors de question pour Carlos de faire ça ici sur les sièges arrière de la Camaro.
-Tu viens chez moi ? demanda-t-il à TK en essayant de reprendre son souffle.
-Trop loin, murmura le pompier sans cesser de l’embrasser. Viens chez moi.
-Si tu veux.
-Faut que je te dise…j’habite avec mon père…
-Ah ? répondit Carlos en éloignant son visage du sien.
-Non mais t’inquiètes il a ouvert une bouteille de tequila avec la Capitaine des secouristes on en a pour un moment.
-Je vois, répondit le mexicain en riant.
Il quitta ses lèvres à regret avant de grimper dans la Camaro et démarrer en dérapant sur les gravillons du parking.
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Arrivés chez TK, ce dernier le plaqua contre la porte d’entrée après l’avoir refermée derrière eux. TK embrassa son partenaire avec plus d’avidité en s’accrochant à sa nuque. Il en voulait toujours plus ; c’était sans fin. Il était affamé. L’attente de la journée et sa colère avaient exacerbé son désir.
Il embarqua Carlos avec lui sans cesser de l’embrasser vers les escaliers menant à l’étage.
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A moitié allongés dans les escaliers, Carlos entre ses jambes, TK lui retira sa veste puis son t-shirt bordeaux qui tomba dans les escaliers blancs. A son tour le policier fit glisser le polo de son amant au-dessus de sa tête. Le silence de la maison ne fût que brisé par leurs soupirs, leurs gémissements et le frigo qui se mettait en marche dans la cuisine dans un doux ronronnement.
TK fit voler ses baskets par-dessus la rambarde. Il défit la ceinture de Carlos qui alla rejoindre les sneakers. Il déboutonna son jean.
A moitié nu TK se releva des escaliers pour entrainer Carlos dans sa chambre sa main dans la sienne.
Il poussa Carlos plus doucement au bord de son lit. TK fit glisser son jean le long de ses jambes et vint s’asseoir à califourchon sur ses cuisses. Carlos plaqua ses mains en bas de ses reins collant son torse au sien.
Ils étaient moins dans la précipitation que l’autre après-midi. Ils profitaient davantage du corps de l’autre. Aucune garde, ni aucun service ne les attendaient avant demain en fin de matinée. Ils avaient tout leur temps.
TK ne se lassait pas de l’embrasser. Il songea qu’il pourrait exercer cette activité pendant des heures.
Carlos attrapa TK par les hanches et l’allongea doucement sur le lit sous son propre corps. Il fit lentement descendre son jean le long de ses jambes sans que TK ne le quitte des yeux. Il remonta tout le long de son corps par de tendre baisers. TK ferma les yeux les doigts dans les boucles brunes.
Carlos s’allongea de nouveau sur le corps de TK, ses jambes emmêlées aux siennes. Ses bras de chaque côté de son visage, TK glissa ses mains le long du dos de son partenaire alors que ce dernier glissait tendrement vers sa gorge.
Et TK s’abandonna complètement.
Il voulait tout oublier dans ces bras ; sa vie, son prénom, l’époque, les addictions, Alex, la caserne. Tout oublier pour quelques heures et confier son corps et son âme à un autre.
Il avait confiance en Carlos, il ne risquait rien. Le pompier ne savait pas comment mais il savait qu’il pouvait complètement lâcher prise dans les bras de Carlos. Il n’avait pas eu un tel lâcher prise depuis des années. En réalité il ne se rappelait même plus à quand remontait un tel abandon sans drogues, sans manipulations ni mensonges.
Il soupira alors que les mains de Carlos prenaient le temps de caresser chaque centimètre de son corps le faisant frissonner un peu plus à chaque mouvement.
Au moment de ne faire plus qu’un avec TK, Carlos ralentit encore le rythme, voulant profiter de chaque seconde avec le pompier. Ce dernier avait les joues en feu et les cheveux en bataille.
Pendant quelques secondes un rayon de la lune traversa les rideaux et éclaira son visage totalement abandonné, la bouche entrouverte faisant briller sa médaille autour du cou sur la peau claire de son torse. Carlos ne pût que le contempler pendant quelques secondes.
Il le trouvait magnifique.
A cet instant précis Carlos sût qu’il était vraiment en danger et que dans cette liaison il allait risquer beaucoup plus qu’il ne l’imaginait au départ. Il était totalement pris au piège et ne pouvait que succomber entraînant sa raison et ses émotions dans sa chute.
Carlos reprit violemment sa bouche alors qu’il allait plus avant. TK ne put réprimer un gémissement contre ses lèvres.
Une main au-dessus de la tête, TK sentit les doigts de Carlos s’entrelacer aux siens avec force alors qu’il commençait de longs et lents mouvements.
TK se serra davantage contre son corps. Il voulait se fondre en lui, perdre la notion de son propre corps et totalement s’oublier dans les bras de l’homme qui le serrait contre lui.
C’était fou, un déluge de sensation et d’émotions. Chaque cellule, chaque centimètre de son corps le brûlai, lui provoquant une délicieuse douleur.
Le front de Carlos contre le sien, il était en apnée. Un délicieux souffle coupé. Carlos dégageait une aura indéchiffrable.
TK atteignit une autre dimension la bouche ouverte contre la main de Carlos. C’était perdre pied, ne plus toucher le sol, une sorte d’expérience d’une autre dimension. TK avait quitté son corps pour ne faire qu’un avec son amant.
Puis la pression redescendit. Quand TK rouvrit les yeux, un regard brun profond le fixait. C’était totalement renversant.
Doucement de ses doigts machinalement il fit le tour des lèvres qui lui faisait face. Carlos ferma les yeux sous la caresse alors qu’un frisson lui parcourait tout le corps.
Sans pouvoir détacher son regard des yeux de Carlos, TK se demandait ce qui était en train de lui arriver.
Qu’est ce qui se passe ? songea-t-il alors que son pouls s’accélérait mais que le calme se distillait dans ses veines.
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TK en ouvrant les yeux le lendemain matin était parfaitement reposé. Il n’avait pas aussi bien dormi depuis des années.
Et c’est là qu’il sentit le corps chaud contre lui un bras enroulé de sa taille. Une respiration douce et régulière. Une délicieuse odeur mêlée de sucre et de parfum pour homme aux senteurs boisées.
Merde…
Ils s’étaient endormis.
TK écarquilla les yeux alors que son pouls s’accélérait. Qu’est-ce qu’il fabriquait ? Il recherchait du sans lendemain ! Ses bonnes résolutions semblaient mal embarquées. Dans son sommeil Carlos resserra son étreinte contre lui calmant immédiatement le rythme cardiaque de TK. Et en même temps…
Le pompier pouvait bien profiter quelques secondes d’un tel réveil non ? Il se blottit un peu plus contre le mexicain qui resserra ses bras autour de lui.
Mais il finit par se redresser au bout de quelques minutes. Carlos soupira dans son sommeil sans se réveiller.
TK, en caleçon dans son lit, avec un autre homme qui n’était pas Alex regarda Carlos dormir pendant quelques minutes. Il avait envie de passer sa main dans les boucles brunes mais se retint au dernier moment. Il secoua la tête. Le réveil affichait 8 h du matin. Il avait encore plus de 3h avant sa garde. Il fallait qu’il se lève où il ne jurait plus de rien.
TK sortit doucement du lit en évitant de réveiller Carlos. Après tout lui aussi avait terminé tard et faisait de longues gardes. Il avait besoin de dormir. Et puis il ne pouvait pas le jeter par la fenêtre. Il se dirigea dans la salle de bain attenante à sa chambre en faisant coulisser la porte à galandages.
Une fois sous le ciel de douche TK se détendit un peu. Il devait mettre de l’ordre dans ses pensées et son esprit. Qu’est-ce qu’il voulait vraiment ?
Le jet d’eau de la douche réveilla Carlos qui met quelques secondes avant de comprendre où il se trouvait. Il se redressa immédiatement dans le lit paniqué.
Et merde…
Il s’était endormi ! TK avait pourtant été clair l’autre nuit. Il ne voulait pas d’une nouvelle relation. Carlos se devait de respecter cela. Assis en tailleur dans le lit la tête entre les mains Carlos était totalement perdu.
Les draps frais sentaient encore l’odeur de TK.
Il sentait bien que TK lui plaisait bien plus que dans le cadre d’une simple aventure sans lendemain. Mais le pompier avait été clair. Carlos ne pouvait pas lui en demander plus d’autant avec ce qu’il lui avait confié au poste. Il ne pouvait et ne devait sous aucun prétexte le pousser ou le forcer à faire quelque chose dont il n’avait pas envie. Sans vraiment s’en rendre compte Carlos commençait déjà à le protéger.
Il ne se rappelait plus trop comment il s’était endormi. Carlos se souvenait vaguement que TK avait dû s’endormir en premier et puis plus rien. Il se passa une main sur le visage.
Le policier se leva précipitamment et commença à chercher ses vêtements éparpillés sur la moquette blanche aux pieds du lit.
Au moment il boutonnait son jean TK sortit de la salle de bain en survêtement de la caserne et sweat-shirt violet, les cheveux en bataille, humides. Carlos aurait voulu à nouveau se jeter sur lui, enfouir son visage dans ses cheveux et respirer son odeur. Mais il ne devait pas. Il devait s’en aller.
-Je vais m’en aller. Désolé de m’être endormi, s’exclama Carlos en enfilant ses bottines en cuir.
-Non…c’est pas grave…
Étrangement TK avait envie de le retenir mais aucuns mots ne sortaient de sa bouche. Il mit ses mains dans les poches de son survêtement visiblement mal à l’aise.
-Euh…tu veux peut-être... euh un café ?...
-Non merci, je vais y aller. Je dois prendre mon service, mentit Carlos en mettant sa montre.
-Oh…ok…
TK se rappelait parfaitement que Carlos reprenait à la même heure que lui mais il se doutait que ce dernier aussi mal à l’aise que lui souhaitait partir. Après le soir du dîner TK avait bien précisé qu’il ne voulait pas d’une relation de couple. Il baissa les yeux alors qu’une pointe de déception lui enserra le cœur.
Carlos sortit de sa chambre en récupérant sa veste au pied de la porte. TK sortit à sa suite. Owen comatait endormi sur le canapé blanc du salon. TK ne s’était même pas rendu compte que son père était rentré.
Carlos descendit discrètement les marches et ouvrit la porte une fois dans l’entrée. Il se retourna vers TK. La bouche ouverte il semblait vouloir lui dire quelque chose mais ne trouva pas ses mots. A nouveau TK ressentait l’envie de le retenir.
Carlos quitta finalement la maison noire sans un mot. TK referma doucement la porte derrière lui et s’adossa contre elle.
-TK c’est toi ? s’exclama Owen en se redressant d’un seul coup dans le canapé les cheveux en pétard et la voix pâteuse.