A sens unique

Chapitre 3 : Faire semblant

Chapitre final

2329 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 29/08/2021 22:00

Partie III – Faire semblant

Mes sanglots ne se tarissent pas même après deux jours entiers à pleurer suite à cette soirée désastreuse. Alexeï est parti, et n’est pas près de revenir… S’il fait comme les autres fois, il ne reviendra pas avant deux ou trois ans… Mais, c’est la première fois qu’il me fait autant de mal… D’habitude, il disparait dans la nuit ou pendant mes entrainements, et je trouve l’appartement vide à mon retour. Mais cette fois-ci… il est parti en me laissant littéralement seul derrière lui. Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter d’être traité de la sorte ? Ne suis-je pas assez bien pour lui ? Pourquoi il ne m’aime pas de la même façon que moi je l’aime ?

Peu à peu, ma tristesse se transforme en ressentiment. Et je ne peux m’empêcher de ramasser toutes les affaires qu’il laisse derrière lui dans l’intention de les jeter. Je les empaquettent toutes, cependant, une fois qu’elles sont toutes devant moi… Je ne peux me résoudre à les balancer… Au contraire, je me saisis de l’un de ses t-shirts et je le porte jusqu’à mon visage pour l’enfouir dedans. Et, encore une fois, je me laisse envahir par les sanglots… Et à force de pleurer, j’ai un mal de tête si intense que je suis obligé d’aller me coucher. Je me couche dans mon lit, sans même prendre la peine de me couvrir avec une couette. Et tandis que je commence à être emporté dans les bras de Morphée, mon adorable petit Makka vient se blottir contre moi pour me réconforter.

-      Désolé, Makka… Susurre-je. Désolé de t’impliquer là-dedans…

Toutefois, mon adorable caniche se contente de me lécher le visage et de se coucher sur moi. Et c’est en serrant fort Makkachin contre moi que je finis enfin par m’assoupir.

Le lendemain, j’ouvre les yeux difficilement, car j’ai mon mal de tête qui refuse de partir. Et c’est encore exténué que je finis par me lever pour tenter d’aller avaler quelque chose pour la première fois depuis deux jours. Mais, rien ne passe. Aussi, je décide de me rendre dans la salle de bain pour prendre une douche, car je commence à sentir vraiment mauvais… Lorsque j’arrive dans la salle de bain, je m’arrête devant le miroir pour me dévisager. J’ai le visage pâle, des cernes immenses, les cheveux gras et les traits fatigués. Je ne ressemble plus à rien. Je ne suis plus que l’ombre de moi-même… Pour pallier tout ça, je me faufile sous la douche, et je nettoie toute cette crasse accumulée depuis deux jours.

Lorsque je ressors, je fais à nouveau face à mon reflet… Et je me fixe pendant de longues minutes. Je me dégoute. Et je ne me supporte plus ainsi… Instinctivement, je fouille dans mes tiroirs pour trouver des ciseaux et couper ces longs cheveux que Alexeï aimait tant… Je… ne veux plus rien qui me le rappelle… et je coupe mes cheveux d’une façon approximative, mais cela m’est égal. Je veux juste ne plus être « sa poupée » …

La journée s’écoule encore, et je ne peux me résoudre à sortir… La seule chose que j’ai pu faire ces derniers jours, c’est de demander à ma dogsitter de sortir mon Makka dehors car je n’ai pas la force de le faire moi-même. Et tandis que j’attends qu’elle me le ramène, j’entends sonner. Persuadé qu’il s’agit d’elle, je vais ouvrir sans entrain aucun. Toutefois, je suis surpris de découvrir mon père dans l’encablure de la porte. Lorsque je le vois, je comprends que Yakov, qui tente en vain de me joindre depuis trois jours, l’a envoyé pour savoir ce qui se passe dans ma vie. Il entre dans mon appartement, et sans me dire le moindre mot m’attrape dans ses bras. Et, je finis par fondre en larme dans les bras de mon père. Et c’est avec une patience infinie qu’il me garde contre lui sans rien me dire et sans rien me reprocher. Et je dois dire que cela me fait un bien fou d’être dans ses bras. Et lorsque j’essuie enfin mes larmes, il me dit d’aller me coucher dans ma chambre. Ce que je fais, car je n’ai jamais eu pour habitude de discuter les ordres de mon paternel.

J’ai dû finir par m’assoupir, car c’est Makka qui me réveille en me sautant dessus. Et, je ne peux m’empêcher de le caresser avec tendresse.

-      Victor, debout. M’ordonne mon père en entrant dans ma chambre. On va manger.

Sans attendre, je me lève pour le rejoindre dans ma cuisine. Nous nous installons à table l’un en face de l’autre et nous déjeunons dans le silence le plus complet. Toutefois, cela ne me dérange pas le moins du monde. Mon père n’a jamais été quelqu’un de très éloquent, et il a toujours parlé que lorsqu’il avait des choses à dire. Et j’ai l’habitude des silences avec lui. Ils ne sont pas gênants, au contraire, le fait qu’il n’ait rien à me dire me réconforte dans un sens. Il n’a aucun reproche à me faire… Sur le choix que j’ai pu faire… Je ne sais qu’il ne porte pas Alexeï dans son cœur… Et je sais qu’il n’aime pas me voir ainsi…

-      Papa, je suis désolé de te faire subir ça… Avoue-je tout en jouant avec ma nourriture car je n’arrive toujours pas à avaler quoique ce soit.

-      Veux-tu que je l’envoi au goulag ? Se contente-t-il de me répondre.

Surpris, je relève les yeux vers lui. C’est la première fois de ma vie que j’entends mon père me parler des goulags. Je sais que dans son métier, en tant que haut fonctionnaire en Russie, il gère aussi ces camps de prisonniers. Et, jamais de la vie, je n’aurais imaginé qu’il puisse me proposer d’envoyer Alexeï au goulag… Car, jamais de la vie je ne pourrais accepter ça… Parce que, malgré tout ce qu’il a pu me faire… Je l’aime…

-      Ne le touche pas… Je t’en prie… Supplie-je mon père.

-      Bien. Mange maintenant. Se contente-t-il de me répondre.

Je continue de jouer avec, en avalant seulement quelques petits morceaux par-ci et par-là. Toutefois, mon père reste assis à table avec moi. Le temps que je mange toute mon assiette. En silence, et sans me mettre la pression, il se contente de me regarder. Et lorsque je termine enfin, il se lève pour attraper mon assiette et la mettre dans le lave-vaisselle.

-      Ta mère t’a pris rendez-vous chez le coiffeur demain. A neuf heures. Puis, tu iras patiner chez Yakov.

-      Mais…

-      Va te coucher maintenant.

Je m’exécute sans broncher. Après tout, je me dis qu’il a raison… Je ne peux pas rester enfermé chez moi à pleurer sans rien faire… Je dois m’entrainer pour les mondiaux… Je n’ai pas le temps d’être malheureux… Aussi, je me lève et je dépose un baiser sur la joue de mon père.

-      Merci… Papa… Merci…

Il ne me répond rien, et se contente de continuer à nettoyer ma maison. Puis, je retourne me coucher en me promettant que demain, ça ira mieux.

Le lendemain, je suis réveillé par un réveil à sept heures. Sans doute mon père a-t-il pris le soin de me le programmer avant de partir, afin que j’aie le temps de me lever et de me doucher. Et je dois dire que cela me fait bizarre de laver mes cheveux désormais si court… Et lorsque je sors de la cabine, et que je me sèche les cheveux… Ils sont prêts en quelques minutes seulement… Et lorsque je regarde le résultat dans le miroir, ce n’est pas glorieux… j’avoue que ça me fera du bien de pouvoir aller chez le coiffeur toute à l’heure… Une nouvelle coupe, pour une nouvelle vie ! Et c’est en essayant de retrouver de l’entrain que je quitte mon appartement et que je me dirige vers mon coiffeur habituel. Et lorsque j’arrive, celui-ci est aux petits soins, mais ne me demande absolument pas pourquoi j’ai saccagé mes cheveux de la sorte. Lui qui les a toujours adorés longs… Mais sans doute que mes parents lui ont expliqués la situation ou tout simplement demandé de ne pas me poser des questions. Et d’ailleurs, je le trouve particulièrement joyeux et bien plus causant que d’habitude. Pas qu’il soit taciturne en temps normal, mais en général, il nous fait parler plus qu’il ne parle lui-même. Mais, j’avoue que cela me fait du bien finalement de l’écouter sans avoir besoin de lui dire quoique ce soit. Je peux me détendre sans avoir à mentir ou faire semblant…

Faire semblant… C’est quelque chose dont j’ai l’habitude. A chaque fois qu’Alexeï part, je dois reprendre ma vie comme si de rien n’était… Je dois gommer toute la souffrance, et la dissimuler sous le tapis… Relever la tête comme si de rien n’était… Parce que je n’ai pas à imposer aux autres la souffrance que je ressens… Et surtout pas à mes parents ou à Yakov… Donc, j’affiche mon plus beaux sourire et je me rends à la patinoire de mon entraineur. Lorsque j’arrive, celui-ci fonce vers moi comme un bulldog furieux prêt à en découdre suite à mes trois jours d’absences injustifiés. Toutefois, lorsqu’il arrive à ma hauteur, je le prends dans mes bras, et je lui demande avec entrain :

-      Yakov ! Tu as vue, j’ai été chez le coiffeur !

-      Oui, j’ai vue… Soupire-t-il en évacuant au passage sa colère.

-      Tu me trouves beau ? Lui demande-je en m’éloignant un peu.

Mais alors qu’il s’apprêtait à me répondre, son nouveau petit poulain vient jusqu’à nous pour déclarer d’un air surpris :

-      Victor, vous avez coupé vos cheveux ?

-      Oh oui ! Tu aimes ? Lui demande-je.

Le petit blondinet aux yeux émeraude me fixe avec surprise avant de bafouiller un oui. Ce qui semble amuser Yakov qui rétorque :

-      Ah bah tu vois que tu peux être polis quand tu veux.

-      Ouais bah c’est bon ! S’emporte-t-il immédiatement.

-      Yuri Plistesky, c’est ça ? demande-je en fixant le jeune patineur aux cheveux à la couleur des blés coupé en carré court qui tombe sur visage de chérubin.

-      Oui, souffle-t-il tout en me fixant avec une admiration palpable.

-      On va patiner ? Lui propose-je.

-      O…Ok ! S’exclame-t-il avec joie.

Je vais donc me changer pour pouvoir faire ce que je sais faire de mieux : Patiner. Je ne suis doué qu’à ça… Et je commence à croire que je ne pourrais rien avoir d’autre dans ma vie… Je ne dois pas être doué pour l’amour… Ou je ne dois pas le mériter, je ne sais pas…

J’ai passé les mois suivants à m’entrainer avec détermination, et sans rien lâcher. Car, de toute façon, je n’ai rien d’autres dans ma vie à l’exception de Makka. Aussi, lorsque je remporte l’Or aux mondiaux de cette année-là, je n’ai aucune surprise. Ni aucune joie. Comme toujours, j’ai gagné l’Or… Comme toujours, tout le monde était époustouflé par mes prestations… Et comme toujours, je vais devoir réfléchir à une nouvelle danse… Une danse qui devrait surprendre mon public… Et, même si je m’accroche au patinage, je sens que le vide laissé par Alexeï ne se rempli pas… Et que plus rien ne m’enthousiasme comme avant…

Et cela dure plusieurs années jusqu’à une soirée où, après avoir remporté l’or, un petit japonais trop éméché est venu me demander d’être son coach. Ce qui changera ma vie à un point inimaginable.

Fin


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Bonjour, bonsoir,


J’espère que cette petite fiction complémentaire à l’histoire « Yuri on Gold » vous aura plu ! Et j’espère qu’elle vous aura permis de mieux cerner qui est Alexeï et quelles sont ses relations avec notre tout jeune Victor !


Petit caméo surprise de Yurio ! Qui était bien jeune et naïf à l’époque !


Sur ce, bonne soirée et bonne lecture !


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