Les deux soeurs

Episode 14 : Partie !

Yami se tenait face à ses prêtres, sauf Akunadin qui était blessé et alité dans un lit pour se reposer. Bakura avait essayé de lui arracher son œil du millénium. Yami avait appris par Seto qu’Aimy avait été le voir. Il se demandait bien pourquoi avait-elle été voir cet homme ? Avaient-ils commencé à comploter contre lui ? Et puis, il y avait eu la mort de Mahad, quelques jours plus tôt. Il avait tenté d’arrêter Bakura tout seul, mais il avait échoué. Le pharaon soupira, assis sur son trône, il ne savait pas du tout ce qu’il devait faire. Devait-il suivre son instinct ? Devait-il attendre un signe de la part du destin pour savoir quelle décision prendre ?

-         Mon Pharaon, fit Seto.

-         Que se passe-t-il ?

-         Votre sœur est …. Elle a une masse sombre autour d’elle.

-         Son avenir est … caché par les ténèbres, ajouta Isis.

Une masse sombre ? Est-ce que ça y est, Merewt/Aimy avait créé son côté maléfique comme Marik l’avait fait ? Est-ce que cela se faisait sur la longueur ? Ou est-ce qu’un seul moment, une seule parole suffit ? Marik lui avait dit que son côté maléfique avait pris le dessus quand il avait été initié au rôle de gardien du tombeau, que son père lui avait gravé les marques dans son dos. Mais qu’est-ce qui avait … crée le côté maléfique de Merewt, il y a 5 000 ans. Par quoi était passé Aimy aujourd’hui ? Est-ce qu’elle était toujours Aimy d’ailleurs ? Est-ce qu’il allait la retrouver quand tout serait fini ?

Yami ordonna qu’on envoie de nouveaux gardes à la chambre de sa petite amie-sœur. Karim se chargea de la chose, mais il revint quelques minutes plus tard, pour annoncer qu’elle s’était enfuit avec Bakura, le voleur. Le pharaon se dressa de son trône aussitôt et courut aux écuries pour prendre un cheval. Il pourchassait le couple qui partaient entre les ruelles de la ville. Il fit apparaitre le second Dieu, Swifer le Dragon du ciel. Diabound de se dressa sur son chemin pour le combattre. Soudain une femme vêtue de noir se dressa devant lui, et parla avec la voix de sa sœur pour lui ordonner d’arrêter de les poursuivre. Il voulut continuer malgré tout, mais son cheval se cabra et refusa d’avancer plus. C’était donc la fin du scénario, il y a 5000 ans, il n'avait pas pu aller plus loin, et là encore, il se trouvait dans l’impasse. Comment veiller sur Aimy si elle était si loin de lui ? Il posa son regard sur la silhouette du cheval qui s’éloignait dans la nuit. Il fallait qu’il arrête Bakura dans cette folie, et il devait retrouver Aimy.

-         Mon Pharaon, s’écria Seto en arrivant avec les prêtes. Où est Bakura ?

-         Parti !

-         Où est Merewt ?

-         Partie, répéta le Pharaon en faisant demi-tour.

Tout le monde retourna au palais dans le silence. Yami savait qu’il allait devoir affronter Bakura et assister à la trahison d’Aimy sans rien pouvoir changer au « film ». Cela lui faisait atrocement mal. Pourraient-ils être à nouveaux eux-mêmes après tout ce qui se sera passé ? Aimy sera-t-elle toujours capable de lui sourire si chaleureusement ? Sa sœur avait toujours dit qu’elle n’avait aucune protection contre le « Mal ». Qu’est-ce que cela pouvait-il bien signifier ? 

Bakura déposa Colère au sol, elle s’avança vers le précipice pour observer une dernière fois le palais et la ville. Elle ne voulait plus jamais y mettre les pieds. Elle savait qu’elle avait pris la bonne décision, vivre dans une cage ce n’était pas pour elle. Aimy au fond de son cœur versait des larmes pour le pharaon qu’elle trahissait et quittait. Elle remonta à cheval avec Bakura, ils échangèrent leurs positions. Installée devant lui, Colère se cala dans ses bras et s’endormit. Aimy tomba à son tour dans le noir complet. Quand Colère se réveilla, elle regarda autour d’elle pour voir où ils se trouvaient. Elle posa bien la question à Bakura, mais ce dernier ne lui répondit pas. L’endroit était désert, c’était un village à moitié en ruine, il y avait encore des corps au sol, pour la plupart transformé en squelette. La jeune fille ne se sentait pas vraiment à l’aise, elle se cala plus près de Bakura. Il arrêta le cheval, en descendit puis se dirigea vers une entrée souterraine.

Aimy qui avait aussi repris conscience, criait à Colère de ne pas le suivre, mais ce fut sans effet. La jeune fille descendit les marches pour suivre son frère. Elle arriva dans une salle où se dresser une tablette en pierre, recouvert de symboles et contenant sept emplacements pour les objets du millenium. L’anneau était posé dans l’un d’eux. Aimy se dit qu’il avait dû arriver quelque chose à Mahad, mais personne ne lui avait rien dit.

-         Bakura ? refit la jeune fille.

Le jeune homme était derrière elle, elle se retourna et il la regardait intensément, il l’embrassa à nouveau. Aimy, ni Colère ne semblaient comprendre pourquoi et aucune des deux ne le voulaient vraiment. Il la poussa doucement sur la tablette et s’allongea sur elle. Puis après un dernier baiser, il tomba dans les pommes. Colère le prit dans ses bras et le serra contre elle en lui disant que tout irait bien. Malgré la colère qu’elle ressentait pour le Pharaon, Aimy pouvait percevoir l’amour fraternel qu’elle ressentait pour Bakura, il n’y avait aucun doute, elle aimait son frère. Puis ce fut à nouveau le noir, Colère dormait.

Quand Colère revint à elle, Aimy reprit aussi conscience de son environnement. Mais elle était encore plus loin qu’avant. Elle savait que ses lèvres bougeaient pour parler, mais elle ne comprenait pas les mots qu’elle disait. Elle savait que ses oreilles entendaient une voix, mais elle ne percevait plus les sons pour en saisir le sens. Soudain Aimy perçut la détresse de Colère, elle avait mal au cœur et pleurer à nouveau. Pourquoi ? La jeune fille ne pouvait pas le savoir. Elle sentait sa tristesse, sa colère. Comme si personne ne voulait d’elle, personne n’avait jamais voulu d’elle de toute façon. Ni son père biologique qui l’avait chassé quelques jours après sa naissance, ni son frère qui voulait l’enfermer dans une cage, ni Bakura qui la chassait comme une idiote. Aimy pouvait percevoir cette colère, elle avait envie de lui dire qu’elle était là, qu’elle voulait bien être son amie… sa sœur. Mais Colère ne semblait pas l’entendre.

Aimy sentit que Colère venait de prendre une décision, elle percevait toujours ses émotions, mais aucun son ni aucune image ne lui parvenait pour qu’elle comprenne ce qui se passait. Elle était inquiète, apeurée, non terrifiée.

-         Après avoir attendu pendant des années, les habitants du village de Kul Elna vont pouvoir réclamer vengeance, s’écria Bakura.

-         Epargne mes amis et prends-moi ! fit Yami.

Le pharaon devait protéger tout le monde, Seto, Karim, Isis, Mana et les autres étaient à terre, ils n’avaient plus de forces avec cette puissance qui déferlait sur eux. Yami devait aussi retrouver Aimy, Merewt. Vaincre Bakura ! Il lui avait volé sa petite amie, sa sœur.

Colère courrait pour rejoindre Bakura, pour rejoindre le pharaon. Que voulait-elle faire ? Elle ne le savait pas, mais elle devait être là-bas. La jeune fille remarqua Akunadin et Shada. Elle croisa le regard du prêtre à la clé. Elle le fixa un moment du regard entre les murs du bâtiment, puis repris sa route sans se soucier de son sort. C’était le pharaon qu’elle devait trouver pour…

-         Il semblerait que le puissant pharaon se décide.

-         Dis-moi où est Ai-Merewt ?

-         Morte… quelque part dans le désert.

-         Tu mens…

-         Maintenant c’est ton tour d’être enfermé dans le royaume des ombres pour l’éternité.

Aimy ne pouvait pas être morte dans le désert, ce n’était pas possible. Il sentit son cœur se serrait, comment une telle chose avait pu se produire. Les esprits de Kul-Elna se ressemblèrent en une immense masse sombre qui n’attendaient qu’un ordre, un signe, un geste pour se jeter sur lui.

-         Sais-tu pourquoi les esprits sont autant en colère, pharaon ? Ton père les a massacré pour permettre la création des objets du millenium.

-         Ce que tu dis est…, dit Seto.

-         Silence ! Le village entier de Kul-Elna a été tué pour accomplir le sortilège de création des objets du millenium, s’écria Bakura.

Yami se souvint alors des paroles de Miya, il y a des mois de cela, qu’il ne porterait pas son puzzle du millenium aussi fièrement s’il savait comment les objets avaient été créé. Maintenant, il le savait des dizaines d’âmes massacrés pour les avoir en main, pour sauver le pays. Il posa sa main sur son puzzle. Son père ne pouvait pas savoir une telle chose, c’était impossible. Il se souvenait de lui maintenant, l’ancien pharaon était bon. Il le revoyait toujours si triste sur son trône. Ce jour-là… il avait perdu sa femme, sa fille et tellement d’autres choses. Yami était la seule chose qui lui restait, il avait tout fait pour son fils.

-         Ses esprits maléfiques en veulent à mon père de les avoir tuer, mais c’est à moi qui vont en faire payer le prix, dit le pharaon.

-         Silence ! Il est temps d’en finir. Absorbez son esprit.

La masse se dirigea vers le pharaon et entra dans son corps, dans son âme. Il se mit à crier transpercé par ce froid intense qui le prenait de toute part.

Colère perçut cette sensation glacée sans savoir d’où cela pouvait venir. Elle continuait de courir pour rejoindre son frère.

Les âmes errantes de Kul-Elna se précipitaient vers celle de Yami. Quand son père se dressa devant eux. Il était grand, fort. Le pharaon leva son regard vers lui, il se sentait dans la peau d’un petit garçon d’ailleurs n’était-il pas dans le corps d’un enfant.

-         Je n’ai jamais voulu qu’une telle chose se produise, mon fils ! fit la voix de son père.

L’ancien pharaon se mit à pleurer.

-         Esprits de Kul-Elna, ce n’est pas vraiment mon fils que vous voulez, c’est moi qui vous intéresse.

Aknamkanon, l’âme du défunt roi apparut au-dessus de son fils pour le protéger de l’attaque des âmes errantes qui se jetèrent sur lui.

-         Le pharaon a réussi à chasser les esprits maléfiques, fit Isis.

-         Tu m’as sauvé. Que va-t-il se passer maintenant ?

-         Je vais conduire ses âmes errantes au royaume des ombres là où est leur place.

-         Mais et toi ?

Le pharaon regarda son fils avec une profonde tristesse, mais une infinie tendresse.

-         Prend soin de ta sœur Néférouré, veille sur elle. Et Restaure la paix dans notre royaume mon fils, furent les dernières paroles de l’ancien roi avant de disparaitre.

Colère leva le regard vers d’étranges lumières qui quittaient le monde des vivants. Elle haussa les épaules sans savoir que c’était son père qui venait de sacrifier son âme pour apaiser les morts de Kul-Elna. Elle continua de courir vers l’entrée souterraine. Des gardes se dressèrent soudain sur son passage.

-         Princesse ! fit l’un d’eux.

-         Arrêtez Laissez-moi passer ! Bande de macaque stupides, cria Merewt.

-         Laissez-la, fit Akunadin.

Akunadin et la jeune fille se retrouvèrent seuls face à face. Ils se regardèrent un moment en silence, quand des bruits se firent entendre, provenant des souterrains. Ils descendirent tous les deux avec précipitation. Colère arriva en bas des marches et vit que Bakura était blessé, il saignait de la tête. Aimy sentit soudainement une détresse sans nom.

-         Bakura !

Son cri du cœur était tellement fort et puissant qu’Aimy l’entendit transcendait tous les coins de son esprit.

-         Yami ! fit-elle à son tour.

Mais cela n’eut aucun effet sur Colère. Aimy se remit à pleurer, elle ne pouvait rien faire, elle était enfermée dans son corps. Pourquoi passait-elle sa vie enfermée ? Dans un palais, dans un puzzle, dans son propre corps. Elle se mit à se bercer à appelant Yami à son secours.