La voie du chasseur: Les pérégrinations d'une chasseresse Sin'dorei
Chapitre 1 : Prologue : Les premiers pas du chasseur
2661 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour 15/08/2024 00:32
Avec la mort du Haut-Seigneur Saurcroc et la défection de la reine banshee, la Horde et l'Alliance entamèrent des négociations dans l'espoir de signer un traité de paix. La guerre ayant pris fin, c'est chacune à sa manière que les différentes nations fêtèrent l'événement.
En tant que championne d'Azeroth, le Maître chasseur Faëline Étoiledusoir avait pris part aux festivités organisées à Orgrimmar, avant de retourner à Zuldazar. Elle avait encore des blessures d'azérite à refermer (grâce au cœur que leur planète mourante, l'âme-monde du titan Azeroth, lui avait confié) avant de regagner Silithus et la Chambre du Cœur où l'attendait l'Orateur. La nuit était tombée sur la capitale zandalari et la chasseresse profitait du relatif calme vespéral qui avait pris possession de la cité trolle. Dazar'alor semblait ne jamais connaître le repos. Il y avait toujours de l'animation en ville et ce quelle que soit l'heure. La Sin'dorei se surprit à penser que la cité d'or et le Grand Sceau allaient lui manquer. Une brise chaude et humide provenant de la jungle alentour lui caressa le visage, faisant virevolter une mèche de cheveux blonds échappée de son chignon.
L'elfe soupira puis rentra dans la pièce qui lui servait de chambre.
Un sourire attendri accroché aux lèvres, elle regarda ses deux familiers dormir paisiblement. Le lion noir et le sabre de mana s'étaient nichés au pied du brasero qui illuminait la chambrette tout en dégageant une douce chaleur. Ses yeux tombèrent alors sur l'épais volume relié de cuir posé sur la table. Elle l'avait acheté le matin même dans la boutique d'un calligraphe. L'elfe de sang effleura du bout des doigts les runes gravées sur la reliure avant d'ouvrir le livre pour en respirer l'odeur. Le parfum si caractéristique du vélin tout neuf la fit sourire en lui rappelant des souvenirs d'enfance. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle avait toujours adoré la fragrance d'un nouvel ouvrage.
Tout en s’asseyant, la chasseresse s'empara d'une plume d'un rouge éclatant avant d'en tremper la pointe dorée dans l'encrier.
Lors de son passage à Orgrimmar, plusieurs de ses amis lui avaient demandé pourquoi elle n'avait jamais envisagé d'écrire ses mémoires, argumentant qu'elle faisait partie des plus grands héros d'Azeroth et que cela serait une source d'inspiration pour les générations futures. ‘Et une source de profits’ avait ajouté Gazleu qui n'avait rien perdu de la conversation et qui, en bon gobelin chef de cartel, avait insisté pour obtenir l'exclusivité de la publication.
Faëline avait d'abord rit de l'idée avant de se laisser prendre au jeu. Maintenant, elle s’apprêtait à coucher sur le parchemin une partie de sa vie. Mais par où commencer ?
Lune-d'Argent et la destruction du Puits de Soleil semblaient être un bon point de départ. En effet, c'était suite à cette effroyable catastrophe que sa vie de chasseresse avait réellement débuté.
*****
Issue de la classe aisée thalassienne, la jeune elfe avait, comme tous les membres de sa lignée, une affinité particulière envers les énergies magiques. Mais au grand désespoir de ses parents, elle était plus attirée par l'herboristerie que par les enchantements. Elle vivait dans une totale insouciance lorsque l'impensable se produisit : Arthas Menethil détruisit le Puits de Soleil, plongeant les Hauts Elfes dans une des périodes les plus sombres de leur histoire.
Hormis son aînée Pandorina, toute sa famille périt au cours de l'attaque. Les deux sœurs s'étaient alors serré les coudes et avaient décidé de suivre Kael'thas Haut-soleil, le fils de leur défunt souverain, dans sa quête de vengeance tout en se plongeant parallèlement dans l'alchimie pour tenter de combler les effets du manque dû à la perte de l'énergie du Puits de Soleil. Rapidement, la future chasseresse commença à douter du bien-fondé de son choix. Ses yeux autrefois si bleus arboraient désormais le même vert gangrené que les démons et cela lui faisait horreur. Tandis que son aînée, poussée toujours plus loin par sa soif de pouvoir, rejoignit la confrérie des démonistes, Faëline trouva une échappatoire chez son ami d'enfance Halduron Luisaile. Celui-ci l'initia au maniement de l'arc et à l'art de la chasse, lui enseignant tout son savoir de forestier.
Au fil du temps, leur relation devint plus intime et les leçons se poursuivirent souvent sous les draps. Le général des forestiers fut son premier amant et en dépit de la courte durée de leur relation, les deux elfes restèrent très proches.
Bien que cela entraîna un sevrage difficile et douloureux, la Sin'dorei finit par quitter les Bois des Chants éternels. Elle avait besoin de retrouver cette part d'elle même qu'elle avait perdue après la chute de sa ville natale.
Ce jour-là, elle s'engagea sur la voie du chasseur qu'elle arpentait toujours aujourd'hui.
L'elfe de sang avait tout fait pour se tenir éloignée des conflits mais lorsque la guerre se porta au Norfendre elle répondit à l'appel de la Horde, les nouveaux alliés de son peuple, rejoignant les lignes de front dans la Couronne de glace.
C'est au cours d'une de ses missions dans les régions sauvages du continent nordique qu'elle rencontra son compagnon le plus fidèle. Pris en embuscade par un groupe de varleus dans le Bassin de Sholazar, le lion à la fourrure noir de jais fut sauvé in extremis par l'intervention de l'elfe. Un lien spécial se créa alors entre la chasseresse et le noble animal qui ne la quitta plus. L'imposant félin surnommé Poix par les Varleus ne répondit dès lors plus qu'au nom de Crin d'ombre. Avec son nouveau familier, la Sin'dorei affronta les bouleversements dus au cataclysme provoqué par l'ancien Gardeterre Neltharion, plus connu aujourd'hui sous le terrible pseudonyme d'Aile-de-Mort.
Vendant ses services (comme bon nombre d'aventuriers) à ceux qui en avaient besoin, Faëline croisa la route de Rheastrasza, une dragonne du Vol rouge. L'elfe aida cette dernière à réaliser différentes expériences sur des œufs corrompus de dragons noirs dans le but de les purifier. Un œuf réagit positivement au traitement mais lorsque l'Aspect du Vol noir l'apprit, il entra dans une telle rage qu'il incendia le repaire de Rheastrasza, détruisant l’œuf et tuant la consœur d'Alexstrasza par la même occasion.
Après ce terrible événement la chasseresse, qui ne savait pas que le véritable œuf avait été emmené au loin avant les représailles du dragon noir, oublia cette histoire, ignorant qu'elle venait de lier son destin à celui du Vol draconique obsidien.
Le cataclysme eut aussi pour effet de révéler aux yeux de tous un ancien continent qui était resté caché dans les brumes pendant des milliers d'années.
La magnifique Pandarie fut le point de départ de sa renommée. L'elfe de sang avait toujours agi dans l'anonymat, aventurière parmi tant d'autres, et cela lui convenait très bien. Mais le sort en décida autrement.
Sur ordre de Garrosh Hurlenfer, alors Chef de guerre de la Horde, la chasseresse se retrouva embarquée à bord d'un des zeppelins partis à la conquête du nouveau monde. Après avoir survécu au crash de ce dernier et à quelques escarmouches avec l'Alliance, la Sin'dorei noua le contact avec les populations locales plus ou moins amicales et réussi le miracle de rallier les Hozen sous la bannière rouge et noire de la Horde. Son exploration de La forêt de Jade lui réserva bien des surprises, la plus importante étant sa rencontre avec le prince Anduin, héritier du trône de Hurlevent.
L'elfe aurait dû livrer l'adolescent au dirigeant de sa faction mais quelque chose au fond elle la poussa à lui laisser la vie sauve, allant même jusqu'à l'aider dans son propre périple. Ce fut le début d'une belle amitié perdurant encore aujourd'hui.
C'est également sur la terre ancestrale des Pandarens qu'elle fit la connaissance d'un tout jeune dragon noir appelé Irion, bien que ce dernier aimait à se faire connaître sous le pseudonyme de « Prince Noir ».
Le dragonnet clamait haut et fort être le dernier représentant de son vol et complètement libéré de la corruption de celui-ci. Lorsqu'elle comprit qu'il était issu de l’œuf qu'elle avait dérobé pour les expérimentations de Rheastrasza, la Sin'dorei espéra de tout son cœur qu'il n'apprenne jamais la vérité.
Le Prince Noir avait fait de « La Taverne dans les Brumes », une petite auberge perdue au sommet de l'Escalier Dérobé, son quartier général et y avait convié tous les aventuriers d'Azeroth qu'il avait jugés dignes d'être à son service. Faëline avait gentiment décliné la proposition, rétorquant qu'elle préférait son humble vie de chasseresse aux hauts-faits et à la gloire qu'elle laissait aux héros.
La suite des événements s'était enchaînée très vite , de la rébellion de Vol'jin à laquelle elle participa au siège d'Orgrimmar, en passant par la destruction du Val de l'Éternel Printemps. L'elfe de sang finit par assister au procès de Garrosh au temple du Tigre Blanc. Les aventures qui en découlèrent lui avaient laissé un goût amer. Aujourd'hui encore le Maître chasseur se demandait quelles raisons avait bien pu avoir Irion pour les trahir de la sorte.
Au final cette évasion spectaculaire donna lieu à une nouvelle guerre qui se déroula dans une version alternative de leur univers.
Ses exploits en Pandarie valurent à l'elfe le titre de commandant et la gérance d'un fief sur Draenor. Pour ce qui était de profiter de son humble vie de chasseresse, elle repasserait. Elle fit de son mieux pour lutter avec ses hommes contre la Horde de Fer, tout en secondant l'Archimage Khadgar dans ses missions.
Malgré tous leurs efforts pour l'empêcher, ce conflit ouvrit la voie à une nouvelle invasion de la Légion Ardente sur leur monde d'origine. Une bataille désespérée pour la survie de leur planète s'engagea alors.
Par malheur le premier assaut des armées sur le Rivage Brisé fut à l'avantage de leurs ennemis. Une cuisante défaite qui vit s'éteindre de grands guerriers et dirigeants. Tirion Fordring, Vol'jin ou encore Varian Wrynn sacrifièrent leur vie pour protéger leur peuple. Pour venir à bout de cette menace, d'antiques assemblées sortirent de l'ombre et regroupèrent en leur sein des héros de l'Alliance comme de la Horde.
C'est ainsi que Faëline rejoignit le Sentier Invisible dont elle finit par devenir la dirigeante. Tous les chasseurs d'Azeroth qui avaient rejoint le Pavillon du Traqueur s'étaient accordés à l'unanimité pour lui conférer le titre de « Maître chasseur » car elle avait réuni et mené au combat des membres de toutes les races d'Azeroth. Mais le plus grand de tous les honneurs, elle le reçut lorsque Odyn en personne lui permit de participer à la Grande Chasse et de capturer un magnifique loup faucon qui devint sa monture attitrée.
Le Pavillon du Traqueur, point de ralliement du Sentier Invisible, se trouvait niché au sommet d'une des nombreuses montagnes de la région de Haut-Roc. Nul autre qu'un chasseur ne pouvait espérer y accéder sans encourir le courroux d'Ohn'ahra l'aigle protecteur vénéré par la tribu Corne-Céleste, des taurens vivant là depuis la Grande Fracture qui divisa le monde des milliers d'années auparavant.
Haut-Roc allait réserver à la chasseresse une étonnante découverte. En aidant les tribus locales dans leur lutte contre les Drogbars de Dargrul, la Sin'dorei fit la rencontre du Marcheur des esprits Corne-d'Ebène. Ce dernier était le conseiller de la famille Haut-Roc dont Mayla, la toute jeune cheffe de tribu, était la dernière héritière. En remerciement de son aide contre le Roi d'en bas, le vieux tauren invita l'elfe de sang à participer au rite d'initiation que devaient suivre tous les nouveaux dirigeants de Totem-du-Tonnerre. Faëline sut apprécier à sa juste valeur le privilège qui lui était accordé. Cette cérémonie étant d'ordinaire réservée au seul chef, personne d'autre n'y avait jamais assisté. Le Marcheur des esprits fit promettre à l'elfe de ne jamais divulguer à qui que ce soit ce qu'elle verrait durant le rituel. En effet, celui-ci renfermait un des secrets les mieux gardés de la lignée de Huln. Corne-d'Ebène n'était autre qu'Ébyssian, un des fils d'Aile de mort. Il avait échappé à la corruption de son père grâce à l'utilisation du Marteau de Khaz'goroth par Huln Haut-Roc lui-même. Le jeune dragonnet avait alors juré de servir fidèlement la famille de son libérateur. Promesse qu'il tenait encore aujourd'hui.
Les Îles Brisées n'avaient pas fini de surprendre le Maître chasseur. Le Kirin Tor ayant reçu un message magique en provenance de Suramar, la chasseresse fut convoquée à Dalaran par l'Archimage Khadgar et envoyée sur place pour enquêter.
Arrivée à destination, Faëline découvrit le destin réservé aux Sacrenuit qui se rebellaient contre les démons de la Légion.
L'appel provenait de la Première Arcaniste Thalyssra, chassée de la ville pour avoir mis en doute les actions d'Elisande, la dirigeante de son peuple. Coupée du Puits de la Nuit, la Shal'dorei était condamnée à dépérir. Faëline, touchée par son sort qui ressemblait à ce qu'avait vécu son propre peuple, mit tout en œuvre pour aider la rébellion souffrenuit à reprendre Suramar, allant jusqu'à prendre d'assaut le Palais Sacrenuit.
Une fois les problèmes internes sous contrôle, Thalyssra présenta à la Sin'dorei une chasseresse sacrenuit du nom de Néphéria. Cette dernière, pour remercier son homologue thalassienne d'avoir apporté son aide au Lys Crépusculaire, l'emmena à la rencontre d'un majestueux sabre de mana baptisé Myonix par les autochtones.
Après avoir défié l'elfe de sang et jaugé ses capacités de chasseresse, l'impressionnant félin au pelage violacé se joignit à Crin d'Ombre et devint officiellement son deuxième familier.
Quand le temps fut enfin venu de porter le coup de grâce à leurs ennemis démoniaques, le Maître chasseur rejoignit le prophète Velen et Illidan Hurlorage à bord du Vindicaar, le vaisseau spatial des Draenei. Les différentes missions que Faëline accomplit dans les Îles Brisées avaient levé une partie du voile entourant la vie de celui qu'on appelait « le Traître ». Sa coopération avec les troupes illidari et ses retrouvailles avec sa cousine Salindra devenue chasseuse de démons lui avaient appris à respecter ces parias qui, bien que leurs méthodes soient des plus discutables, œuvraient pour défaire la Légion Ardente.
Cependant, lorsque l'elfe de la nuit déchu se sacrifia pour permettre au panthéon des Titans d'emprisonner Sargeras, la victoire se mêla à la défaite.
Dans un dernier geste vengeur, le Titan Noir réussit à planter son épée au cœur d'Azeroth, lui infligeant une terrible blessure. L'âme-monde souffrait atrocement et cette plaie allait être la cause de bien des ennuis. Tout comme la décision de nommer Sylvanas Coursevent à la tête de la Horde prise par Vol'jin dans son dernier souffle.
La paix n'était pas faite pour durer sur Azeroth.
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L'aube pointait à l'horizon lorsque, les yeux embrumés de sommeil, Faëline reposa sa plume et ferma son encrier. L'elfe relut le dernier paragraphe qu'elle venait d'écrire, rangea le livre dans son sac et s'effondra sur son lit.