La voix de l'ombre - Livre II : Le destin du monde
Les années passèrent. La Troisième Guerre éclata, connue comme la seconde invasion de la Légion Ardente sur Azeroth.
Cette guerre frappa l'humanité qui refusa de considérer les avertissements d'un prophète prônant la coalition de la Horde et de l'Alliance contre un ennemi commun : les démons.
Suite à l'exode de la Horde vers les terres de Kalimdor, et son accord passé avec les humains également exilés de Lordaeron, la Légion Ardente fut vaincue.
Le bilan de cette guerre fut considérable : le royaume de Lordaeron n'était plus, ravagé par la peste des morts-vivants conduite par le prince Arthas Menethil, le fils du roi Terenas. Dalaran, la cité des mages, avait elle aussi été détruite. La corruption démoniaque avait laissé des traces en Kalimdor, les elfes de la nuit perdirent leur Arbre-monde et, ce faisant, leur immortalité.
À présent, une paix relative fut érigée entre l'Alliance et la Horde, qui fonda la cité orque d'Orgrimmar sur les plaines désertiques renommées Durotar.
Chapitre 1 : Les fantômes du passé.
Retranchés dans les entrailles du Mont Rochenoire, les orcs de la Horde Noire se terraient. Leur allégeance au dragon noir Nefarian les avait préservés des attaques incessantes des nains Sombrefer qui occupaient une partie du Mont. D'un commun accord, les dragons noirs protégeaient les orcs renégats dirigés par Dal'Rend Main-noire, tandis que les orcs surveillaient l'entrée de leur repaire.
Cependant, la rumeur de leur pacte se propagea, alertant le Chef de guerre Thrall qui envoya une troupe d'élites au refuge du dragon, le Repaire de l'Aile noire, dans le but de mettre un terme à cette menace. Ses forces allaient bientôt s'abattre sur le Mont Rochenoire.
Depuis peu, un certain nombre d'incidents avaient été rapportés à Rend, ainsi qu'à son supérieur, le seigneur Wyrmthalak, un draconide en charge des troupes de la Horde Noire. Les rapports faisaient état de murs enfoncés, ouvrant certaines ailes du repaire vers l'extérieur. Des cadavres d'orcs et de draconides avaient été retrouvés, apparemment massacrés par des ennemis extrêmement sauvages et dangereux qui restaient introuvables.
Devant l'échec des recherches entreprises pour retrouver les responsables de ce carnage, Rend en avait informé Nefarian, qui le somma de rappeler à l'ordre Wyrmthalak. Ce que Rend s'empressa de faire avec une certaine satisfaction :
- Le seigneur Nefarian pense que tu es négligent, et t'ordonne de faire cesser ces intrusions. Tu sais ce qui attend ceux qui le déçoivent, ajouta l'orc dans un excès de jubilation.
Le draconide s'approcha de Rend, et le couvrit de son ombre :
- Tiens ta langue, orc, si tu ne veux pas que je te la coupe pour l'offrir aux dragonnets affamés.
- Je ne fais que rapporter les paroles de notre maître, exulta Rend. Le seigneur a aussi appris l'avancée des troupes de la Horde du traître Thrall vers le Pic. Il est très contrarié, sourit l'orc.
Wyrmthalak savait cela. Et il savait à présent qui en avait informé Nefarian.
- Le couloir qui mène au viaduc de magma doit être instamment surveillé, affirma le draconide. Veille à ce que tes guerriers le longe et ne laissent personne s'approcher de l'entrée, ordonna-t-il. Après ça, retourne te terrer dans les bas-fonds du Pic, comme tu sais si bien le faire, cracha Wyrmthalak sans cacher son mépris.
- Bien, mon seigneur, grommela Rend qui tourna les talons pour donner ses ordres.
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Les attaques récentes avaient rendu Rend Main-noire méfiant. Il pensait qu'un traître devait se trouver parmi eux, et commençait à développer une paranoïa qui l'empêchait de dormir. Assailli de cauchemars, l'orc revoyait en rêve un nouveau-né, hurlant et se levant pour brandir une hache et lui couper les jambes. Un étrange cauchemar qui le rendit soupçonneux vis-à-vis de ses propres enfants, engendrés par la force et fruits de nombreux viols sur des femelles volontairement enrôlées ou prises afin de grossir les rangs. Il n'avait que faire de cette progéniture servant de chair à canon pour les défenses du Pic. Son propre père n'avait jamais fait montre d'affection à leur égard. C'était ainsi que les vrais orcs, durs et vigoureux, étaient éduqués.
Récemment, des bruits inhabituels d'impact se faisaient entendre derrière les murs, comme de petits chocs sur la paroi chaude des couloirs. Des objets, des armes, et même de la nourriture disparaissaient, ce qui entretenait la méfiance au sein du clan, déjà prompt à dégainer rapidement le couteau au moindre son.
L'un des guerriers de Rend, Golok, vieux Rochenoire dont les longues nattes blanches démentaient le regard vif, rejoint son chef :
- Rend, la Horde de Durotar est à nos portes. Ils sont nombreux, et leurs guerriers ont déjà passé les défenses de l'étage inférieur !
Rend ne s'était pas attendu à un assaut aussi rapide et offensif. Il devait en informer Wyrmthalak et consolider les défenses du Bas du Pic. Même si, de cette manière, il avait la sensation de s'enfermer avec une menace interne. Il n'avait pas le choix.
- Ordonne aux troupes de Malkorok de camper l'entrée du Bas du Pic, et avertis Wyrmthalak de l'avancée de la Horde, fit Rend qui tentait de cacher son inquiétude.
- Bien, chef, dit Golok.
Rend s'engouffra un peu plus dans le Bas du Pic, et organisa sa défense. Il regagna les Salles de Main-noire, et traversa la cité souterraine d'Hordemar. De nombreux ogres Pierre-du-pic défendaient les lieux, ce qui le rassurait, d'autant qu'aucun espion ne devait se trouver parmi eux. Plus bêtes que leurs pieds, les ogres représentaient un rempart efficace. Puis, il fut stoppé dans sa course par un bruit assourdissant. Il vit des guerriers se précipiter vers l'entrée et découvrit qu'une troupe de la Horde avait déjà percé jusque-là.
- Regroupez-vous et massacrez-les ! ordonna Rend qui dégaina son arme d'hast.
Rend se battit aux côtés de ses guerriers, mais dût battre en retraite rapidement, tandis qu'un autre bruit fracassant retentit dans l'aile ouest. Il s'y précipita, suivi par plusieurs guerriers orcs, et vit une partie du mur défoncée. Le choc avait provoqué un éboulement qui fit remonter la poussière. Rend et sa troupe attendirent pour constater ce qui en était à l'origine.
Une silhouette noire apparut, s'avançant vers eux à pas de loup. Rendue floue par la poussière et les cendres qui formaient un épais nuage noir autour de la silhouette, la fine forme humanoïde s'immobilisa. Elle leva le bras et donna un coup de poing contre le mur de gauche, provoquant une large fissure, et un autre éboulement qui força la troupe à s'éloigner du mur. Rend tentait d'apercevoir la femelle mystérieuse, et, totalement stupéfait, il reconnut le large sourire qui se dessinait sur son visage.
Pris de panique, il tourna les talons et s'enfuit si vite que ses guerriers restèrent dans l'incompréhension quelques secondes avant de le suivre.
Dans leur course, le chef de la Horde Noire annonça :
- Je sais qui massacrait les nôtres maintenant.
- Oui, la Horde, dit l'un des guerriers qui se mit à hauteur de son chef.
- Non, pas la Horde, rectifia Rend. Vite, il ne faut pas qu'elle nous trouve !
Le guerrier vit son chef trembler et suer comme il ne l'avait jamais vu. Il n'avait pas juste peur : il était terrorisé.
À présent retranché au plus profond du Bas du Pic, Rend et ses soldats s'enfermèrent dans une longue salle sombre bordée de braseros. Ils se retrouvèrent acculés lorsque les troupes de la Horde les assaillirent. Jetant des regards en tout sens, Rend dût affronter guerrier sur guerrier, et finit par tomber sous les coups des envahisseurs, parfaitement entraînés et guidés par un dessein des plus nobles : la paix.
Caché sous un tas de cadavres, le corps sans tête de Dal'Rend Main-noire fut tiré par les pieds et sorti de l'amas de corps, après que les troupes de la Horde aient déserté. Son corps était reconnaissable à son armure rouge sang et son arme d'hast à la main. La silhouette mystérieuse encapuchonnée l'avait cherché sans relâche. À présent de nouveau réunis, elle le fixait de ses yeux perçants et jubilait. Enfin, justice avait été rendue.
La frêle silhouette s'enfonça alors dans les ténèbres et disparut, telle une ombre renvoyée dans les tréfonds les plus obscurs.
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La quête était accomplie. Le Chef de guerre Thrall sera satisfait des trophées que ses guerriers lui apporteront, et qui seront exposés sur une pique. De même que le rapport décrivant les lieux comme ayant été attaqués en amont, certainement par des forces aux intentions similaires et qui leur ont grandement facilité la tâche en ce qui concernait le repaire de la Horde Noire.
Le dragon noir Nefarian et la Horde Noire étaient tombés, ainsi que les ignobles expériences du dragon. Une victoire honorable qui garantirait la sécurité des habitants d'Azeroth.
Un messager avait été envoyé au Chef de guerre pour lui demander la permission d'enquêter sur les forces qui les avaient aidés à détruire la menace du Mont Rochenoire. Car en effet, aucun des guerriers n'avaient reconnu de potentiels alliés parmi les cadavres retrouvés. Et si cette aide avait pu s'échapper vivante, et représenter un allié puissant pour la Horde, le Chef de guerre souhaiterait sans doute la connaître.
Mais les recherches restèrent vaines.
Un an plus tard, c'était au tour d'Onyxia, la dragonne noire et sœur de Nefarian, de trouver la mort. À l'instar de son père, Aile-de-Mort, qui avait intrigué à Lordaeron sous la forme d'un humain, Daval Prestor, Onyxia avait officié à Hurlevent sous la forme de Dame Katrana Prestor. Adepte de la magie, comme tous les dragons noirs, elle avait manipulé bon nombre de nobles et semé la confusion au sein de la gouvernance du roi Varian Wrynn. Elle était à l'origine du conflit entre Hurlevent et la Guilde des maçons. Rebaptisée la Confrérie défias, la Guilde se jura de se venger de la cité et de son roi.
S'en suivirent la capture de Varian et sa disparition, laissant la gouvernance de Hurlevent à son fils de dix ans, Anduin Wrynn. Et, après moult péripéties qui les amenèrent dans la tanière de la dragonne, Onyxia fut décapitée par Varian lui-même, et sa tête transportée jusque Hurlevent qui décora les remparts quelques temps.