Un monde de glace
Chapitre 39 : La bataille de la Couronne de Glace
3893 mots, Catégorie: T
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Gahahli eut de nouveau la sensation que le sol s'écroulait sous ses pieds quand Bartelo et Ouladre lui expliquèrent la situation.
Son amant, Bathris, avait remporté le tournoi et gagné le droit de prendre le Porte-cendres pour mener l'assaut final. Et pour cette raison, le Roi Liche l'avait convoqué au Trône de Glace en lui faisant croire qu'il la détenait en otage et l'exécuterait s'il ne se présentait pas. En d'autres termes, l'elfe de sang était en plein dans un piège.
Et une fois de plus, la jeune elfe de la nuit eut l'impression d'y être pour quelque chose.
Pour ne rien arranger, elle avait appris moins de vingt-quatre heures plus tôt qu'elle était l'unique moyen de vaincre le Roi Liche, le prix à payer mais plus alarmant encore, qu'un être grandissait en elle depuis quelques mois — probablement depuis qu'elle avait embarqué pour le Norfendre, expliquant en grande partie ses moments où elle était prise de nausée. Et elle craignait savoir qui l'avait fécondé.
— Mais c'est de pire en pire, cette histoire ! se lamenta-t-elle en se tenant le ventre.
Elle retint une envie de vomir, sans qu'elle sût si c'était dû à l'altitude, l'angoisse qu'elle ressentait en ce moment pour son amant ou sa condition.
— Mais la bonne nouvelle... c'est que vous êtes en saine et sauf, tenta de relativiser Ouladre. Du moins... pour l'instant.
— Peut-être mais le fait est qu'il y a toujours dans ce donjon un mec en train de risquer sa vie pour une elfe qui n'est même pas en danger, rappela Batël.
— Ben c'est son problème ! protesta Bartelo. Qu'il s'en sorte, tant mieux pour lui ! Sinon, il valait mieux que ce soit lui que l'un d'entre nous.
Gahahli se retint de frapper le paladin au visage pour ses propos indolents et hautains. Son amant était en train de risquer inutilement sa vie pour elle et un de ses frères d'armes considérait la chose comme le cadet de ses soucis.
Mais une chose était sûre pour l'elfe de la nuit : elle devait intervenir, au risque de perdre l'amour de sa vie comme elle avait perdu son père.
Elle se précipita vers le bastingage, scrutant la Citadelle à la recherche d'une piste d'atterrissage potentielle et repéra un large balcon à mi-hauteur de la tour principale, sur le versant opposé à la porte d'entrée.
— Qu'on nous approche de ce balcon ! ordonna-t-elle.
— Quoi ? Mais t'es folle ! protesta le paladin.
— Mais pourquoi faire ? demanda le nain.
— Nous n'avons pas encore sécurisé la zone ! protesta également le draeneï.
— Dites donc, jeune elfe ! intervint soudain le roi Varian mécontent. Depuis quand vous donnez des ordres sur ce navire ?
— Dans cette tour... Quelqu'un à qui je tiens beaucoup... est en train de risquer sa vie pour moi, tenta de s'expliquer la jeune elfe de la nuit. Il faut que je le rejoigne... Que je lui vienne en aide... avant que...
— Peu importe vos intentions, vous n'êtes toujours pas en position de donner des ordres ! lui rappela sévèrement Varian.
— Il a raison ! confirma Muradin. Qu'on accoste ce balcon ! Exécution !
L'équipage, bien surpris par les ordres du thane du clan Barbe-de-Bronze tout autant que Varian et les aventuriers de l'Alliance, Gahahli compris, ne se le fit pas dire de fois et s'affairer à manœuvrer le navire pour ainsi approcher le balcon de la Citadelle.
— Muradin, qu'est-ce qui vous prend ? l'interrogea le roi de Hurlevent.
— Sans cette elfe au cheveux bleus, jamais je n'aurais retrouvé ni la mémoire ni mes frères, s'expliqua Muradin tout en désignant l'intéressée du regard. Et de ce que j'ai compris, elle et ses compagnons ont aidé mon frère Magni par le passé. C'est donc la moindre des choses que je lui renvoie l'ascenseur.
Gahahli fut à la fois étonnée et touchée de ce que le représentant du clan Barbe-de-Bronze lui témoignait et ne put que la remercier d'un hochement de tête. Jamais elle ne s'attendait à recevoir l'aide et le soutien d'un individu que tout le monde, elle comprise, présumait mort.
— Dame Gahahli, je vous en prie, soyez raisonnable, tenta néanmoins de raisonner Ouladre. Songez à votre condition. Vous ne comptez pas affrontez le Roi Liche et ses séides avec un bébé dans le ventre...
— J'en déduis que vous êtes au courant, vous aussi ? le questionna l'elfe de la nuit légèrement agacée par la question. Que je suis la dernière au courant ? Concernant ma condition ?
— Comment, vous n'étiez pas au courant ? demanda Ouladre interloqué.
— Non, jusqu'à présent, répondit Batël à la place de Gahahli en se massant distraitement la joue encore marquée par la baffe d'une jeune elfe furieuse d'apprendre qu'elle était enceinte.
— Franchement, je vous trouve culotté de m'avoir cacher ça ! reprit l'elfe de la nuit énervée. Tous autant que vous êtes !
— Oh, ça va ! tenta de se défendre Bartelo. Tu nous a bien caché ta relation avec...
— Ça concernait juste ma vie privée ! lui rétorqua sèchement l'elfe de la nuit. Pas qu'un être grandirait à l'intérieur de vous !
— Oui mais ils ont raison ! tenta à son tour de raisonner le vieux nain. Tu ne comptes tout de même pas affronter le Roi Liche toute seule ? Tu n'espères pas qu'il t'épargne toi et... ton bébé ?
— Qu'il essaie ! rétorqua Gahahli toujours aussi déterminée. Qu'il essaie seulement !
Jakua émit un bref grognement, comme pour non seulement approuver ses dires mais aussi rappeler qu'elle n'allait pas être seule dans cette confrontation.
Après une manœuvre plutôt délicate, le Brise-ciel finit par accoster le balcon.
Jaina dût s'absenter et repartir à bord de son griffon venir en aide à la Croisade d'Argent, eux même soutenu par les nains Givre-Nés et les taunkas venus en renfort et avertir Fordring de ce qu'elle avait appris dans les Salles Gelées. Elle promit de revenir aussitôt qu'ils en auront fini avec le spectre d'os et la liche femelle qui commandaient les troupes mort-vivantes au sol.
Gahahli n'attendit pas que la rampe fut complètement baisée pour sauter du navire flottant, suivi de près par son fidèle Sabre-de-nuit.
Elle eut à nouveau cette sensation d'avoir perdu toute chaleur en posant le pied sur le balcon mais ne fléchit pas pour autant. Pas cette fois. L'enjeu était trop important pour qu'elle fît demi-tour.
Ses compagnons d'armes, suivis de près par les troupes de l'Alliance menées par Muradin armés d'une hache et d'un marteau de guerre, s'empressèrent de la rejoindre afin de sécuriser la zone, tandis que Varian resta à bord avec l'arrière-garde. Le balcon était certes désert mais ils n'étaient pourtant pas à l'abri d'un guet-apens.
Devant eux se dressait une immense porte à double battants close solitaire orné d'un crâne de chèvre, évoquant la garde de Deuillegivre.
— Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? demanda Bartelo avec une pointe de sarcasme. On frappe pour qu'ils viennent nous ouvrir ? Ou on défonce la porte à coup de bélier ?
L'elfe de la nuit se sentit visée par la remarque du paladin mais n'eut pas le temps de répondre que les portes s'ouvrirent d'elles même... pour ainsi révéler Brotar, Troustan et une horde de morts-vivants composés de goules, d'Abominations, de squelettes, de nérubiens et de golem d'os qui attendaient à l'intérieur de la Citadelle.
— Pauvre fous ! ricana Troustan. Vous pensiez pouvoir entrer en douce ?
— Massacrez moi ces chiens de l'Alliance ! ordonna soudain Brotar à ses goules. Faîtes les souffrir ! Faîtes les regretter d'être né !
Les morts-vivants déferlèrent en masse de la porte et envahirent le balcon, encerclant ainsi les aventuriers et les troupes de l'Alliance qui allaient devoir payer chèrement de leur peau.
Ouladre s'empressa d'invoquer une bulle de protection englobant les troupes, censée repousser les morts-vivants le temps à ses frères d'armes de se préparer au combat.
Pour ne rien arranger, des hordes de gargouilles et de wyrms de givre volèrent en leur direction. Varian ordonna à ses canonniers de préparer les canons.
Submergée par ce flot d'ennemis, Gahahli eut la désagréable sensation d'avoir mené ses frères d'armes au casse-pipe.
Puis soudain, des tires de canons déchirèrent le ciel, faisant tomber en masse les gargouilles et les wyrms. Mais toutes ne provenaient pas du Brise-ciel toujours à quai.
Les aventuriers de l'Alliance virent alors le Marteau d'Orgrim tirant à vue sur les ennemis volants.
La Horde serait-elle en train de venir en aide à l'Alliance ?
Pourvu qu'elle n'en profitait pour les prendre en tenaille... Surtout avec Garrosh Hurlenfer à son bord...
Finalement, après avoir réduit le nombre de gargouilles et de wyrms, le Marteau d'Orgrim finit par accoster le Brise-ciel et aussitôt, les troupes de la Horde menés par Varok Saurcroc déferlèrent à leur tour sur le balcon, venant ainsi prêter main forte à l'Alliance et équilibrant le combat.
— Pour Dranosh ! pouvait-on entendre Varok hurler alors qu'il fendit sa hache de guerre sur le crâne d'une golem d'os qui fonçait sur Muradin, prêt à le déchiqueter de ses faucilles.
Il fut suivi de près par Baorekh qui tendit les bras vers les troupes morts-vivantes, ralentissant leur mouvement et permettant ainsi aux troupes de l'Alliance de contre-attaquer avec véhémence.
Bartelo et Batël combattirent alors auprès de Muradin et de Varok, faisant tomber par dizaines de goules et des squelettes, éjectant même certains du balcon.
S'ensuit alors Turakh, juché sur son raptor Éventreuse qui bondit une Abomination afin de lui arracher la tête à coup de dents et de griffes pendant que son chevaucheur lança un javelot sur une gargouille survivante qui fondait sur ses frères d'armes, criant un "Taz'dingo !" de victoire quand il atteint sa cible et vit celle-ci chuter dans le vide.
Vint alors Walkyro qui se détacha du groupe, frappa ses poings chargés d'électricité avant de frapper le sol de toutes ses forces, déchaînant ainsi des charges électriques qui frappèrent les ennemis morts-vivants jusqu'à les immoler.
— Je savais que j'étais bon à autre chose qu'à soigner des plaies ! s'exclama le tauren en contemplant ses mains satisfait.
— Attends, t'es un chaman, maintenant ? demanda le sorcier troll interloqué.
— Ouais, depuis notre victoire au Puits de Soleil ! lui répondit son frère chasseur. Il s'est révélé avoir des compétences en chamanisme. Tu le saurais si t'avais passé moins de temps avec l'autre macchabé.
— Et depuis que grand-père nous a quitté, il faut bien que quelqu'un prenne le flambeau ! ajouta le tauren avec un haussement d'épaule.
Ils furent interrompu dans leur discussion quand Brotar se joignit en combat et prit ses anciens frères d'armes à part tandis que Troustan en fit de même avec les aventuriers de l'Alliance.
De son côté, Gahahli fit de son mieux pour couvrir ses camarades de ses flèches, elle-même couverte par son fidèle Sabre-de-nuit.
Puis dans la confusion du combat, elle jeta un regard vers la porte désormais ouverte et repéra la flèche de glace menant au trône du Roi Liche qu'elle reconnût pour l'avoir vu dans les souvenirs d'Arthas.
Son instinct ne s'était donc pas trompé. Au sommet des marches, son amant était en train de défier le Roi Liche en personne.
Et elle comptait bien le rejoindre et lui prêter main forte, mais cela signifiait abandonner ses compagnons d'armes.
— Allez-y, on vous couvre ! lui cria soudain Muradin qui semblait lire dans ses pensées.
— Qu'est-ce que tu attends, bon sang de bonsoir ! insista Batël qui l'épaulait. Vas-y ! Fonce !
Gahahli ne sut comment remercier ces deux nains guerriers. Elle se surprit même à vouloir remercier pour être venu en aide à ses frères d'armes, malgré tout ce qu'elle avait à leur reprocher. Et dire que Varian avait juré de les annihiler pour ce qui s'était passé au Portail du Courroux.
L'elfe de la nuit prit alors son courage à deux mains et profita de la confusion et que le chemin soit dégagé pour se faufiler à travers les portes et atteindre la flèche de glace, Jakua à ses talons pour la couvrir comme à son habitude, montant les marches quatre à quatre, ne songeant plus qu'à son aimé.
*****
Pendant que les troupes de l'Alliance, de la Horde et de la Croisade d'Argent affrontait le Fléau en contrebas, Bathris était en plein duel avec le Roi Liche, Deuillegivre et le Porte-cendres s'entrechoquant à chaque coup sous le regard impuissant de Sonulia, toujours attachée à son pilier.
L'elfe de sang avait beau paré les coups de son assaillant avec dextérité, il eut du mal à le toucher, Arthas étant redoutablement habile et vif malgré la lourde armure qu'il portait. Et l'elfe de sang commençait dangereusement à fatiguer. Tant et si bien qu'il ne put qu'esquiver les coups et tenta de se dissimuler derrière un pilier de glace pour reprendre son souffle.
— Pourquoi continuer à lutter ? le nargua le Roi Liche qui avançait lentement dans sa direction. Toi et tes compagnons avaient déjà perdu. Ton arrogance causera ta perte.
— Mon arrogance ? répéta Bathris. Ma perte ? Tu devais te regarder dans une glace, Arthas ! Ton arrogance à toi t'as coûté bien pris que j'en aurai jamais.
— Ne parle pas sans savoir ! rétorqua Arthas en tentant de frapper son adversaire de son épée que l'elfe esquiva de justesse. Je n'ai jamais rien perdu !
— Au contraire ! le corrigea Bathris. Tu avais tout ! Un royaume dont tu étais l'héritier ! Des sujets qui t'admiraient et te respectaient ! Une famille qui te chérissait...
— Ils étaient faibles, tous autant qu'ils sont ! s'impatienta Arthas qui se rua à nouveau sur son adversaire. Condamnés à succomber à l'emprise du Fléau !
— Et tu avais le pouvoir de les protéger d'un tel sort ! lui rappela l'elfe de sang qui esquiva de nouveau les coups de son assaillants. Tu avais ce pouvoir à portée de main ! Mais uniquement pour en décider autrement ! Et tout ça pour quoi ? Pour une couronne et un trône de glace ? Un empire bâti sur des cadavres d'innocents ?
— Le prix du vrai pouvoir ! rétorqua le Roi Liche avec assurance. Le pouvoir absolu ! Celui qui te rends invincible ! Une fois que tu y as goûté, tu ne peux plus t'en passer... et tu es prêt à tout pour le maintenir !
— Alors c'est tout ce qui vous intéresse... Quand je pense que vous étiez un paladin comme moi, un défenseur et serviteur de la vertu. En vrai, vous ne valez pas mieux que la première Horde !
— Et toi ? Ne me fais pas croire que tu n'es pas tenté par le pouvoir ! Que tu ne désires pas être invincible et incontesté !
— Je n'ai que faire d'un tel pouvoir ! Et je viens d'un peuple qui en est dépendant ! Mais pour rien au monde je m'abaisserai à votre niveau ! Même si ma vie en dépendait, jamais je ne sacrifierai mon âme, ni mon peuple, ni tout ce qui m'est cher et encore pour un trône fait de cadavre d'innocents !
Puis contre toute attente, Arthas planta Deuillegivre dans le sol de glace et se présenta les bras ouvert devant son adversaire.
— Si tu es si sûr de toi, alors fais-ce donc ce que tu as à faire, lui suggéra-t-il. Tue moi. Achève moi. Mets donc fin à mon règne de terreur.
Bathris hésita un moment, redoutant un piège. Il s'attendait à tout sauf à ça. Pourtant l'occasion était trop bonne et ne risquait pas de se reproduire.
Il saisit alors Porte-cendres à deux mains, s'apprêter à frapper le Roi Liche de toutes ses forces quand Sonulia l'interpella :
— ATTENDS ! Le monde a besoin du Roi Liche !
— Quoi ? Mais de quoi tu parles ? demanda Bathris à la fois interloqué et impatient.
— Lui seul peut contrôler le Fléau mort-vivant, s'expliqua Sonulia. Si tu le tues... le Fléau se déchaînera sur tout Azeroth... et sera impossible à arrêter... à moins que quelqu'un prenne sa place.
— Non... Non ! Ce n'est pas vrai ! s'écria Bathris qui refusait de croire ce qu'il venait d'entendre. Tu mens !
— Crois moi, j'aurais aimé, lui confessa Sonulia désolée. Mais c'est ce qu'a dit le fantôme d'Uther.
— Ta sœur n'est vraiment qu'une sale rapporteuse, ironisa le Roi Liche. Mais peu importe... Es-tu donc prêt, paladin, à condamner le monde en me réduisant au silence ? Ou bien viendras-tu prendre ma place pour préserver le monde de l'annihilation ?
Bathris fut tétanisé. De tout son être, il ne rêvait que de mettre fin aux agissement d'Arthas, lui faire payer pour tout ses crimes et l'empêcher du nuire à nouveau. Mais de là à devoir prendre sa place pour avoir le contrôle du Fléau et l'empêcher de tout détruire, non seulement ce n'était pas prévu mais jamais il ne pourrait s'y résoudre. Lui qui venait de faire comprendre à son adversaire que jamais il ne marcherait dans ses pas, qu'il s'était juré de ne jamais s'abaisser à son niveau, qu'il réussirait là où l'ancien prince de Lordaeron avait échoué. Seulement, si par principe il refusait de se soumettre à un tel sacrifice, comment allait-il vaincre le Roi Liche sans risquer de condamner le monde ? L'idée même qu'il avait failli le Fléau sur Azeroth en le privant de son maître avant que sa sœur ne l'arrêtât dans son geste le terrifiait. Il ne savait plus quoi faire, désormais...
— C'est bien ce que je pensais, reprit Arthas qui reprit finalement Deuillegivre. Ce pourquoi tu n'arriveras jamais à me battre. Tu es qu'un faible !
D'un violent coup de lame latérale, il vit virevolter l'elfe de sang qui prit de court lâche le Porte-cendres et se retrouva à terre, sans arme.
Le Roi Liche ne lui laissa pas le temps de s'enfuir ni de récupérer l'épée qu'il plaqua l'elfe au sang de sa botte. Celle-ci fut si lourde que Bathris ne parvint pas à s'en dégager.
— Tu n'as pas le cran qu'il faut ni pour me battre ni pour me succéder ! le blâma le Roi Liche qui s'apprêta à l'empaler de sa lame. Alors agenouille toi devant ton seul vrai maître...
Mais avant qu'Arthas n'eut le temps d'achever son adversaire, un Sabre-de-nuit surgit de nulle part, se jeta sur lui et lui planta ses dents de sabre dans le bras.
Un Sabre-de-nuit que Bathris lui même reconnut entre milles.
Dans un hurlement de terreur, le Roi Liche se détacha de l'animal et le repoussa contre un pilier, permettant finalement à l'elfe de sang de se dégager et récupérer son épée.
Le Roi Liche s'apprêta à faire payer l'animal pour son intrusion et son insolence quand une série de flèches percèrent son armure et détournèrent son attention.
À la grande surprise des deux elfes de sang, Gahahli se tenait devant les marches qu'elle venait de gravir pour atteindre la plate-forme et bien qu'essoufflée par l'ascension, elle tenait fermement son arc et fixait sans fléchir le Roi Liche d'un regard assassin. L'espace d'un instant, elle n'eut plus peur.
— Ah, il semblerait que ta copine se soit décidée de nous rejoindre, en fin de compte ! commenta avec sarcasme le Roi Liche à peine impressionné par l'intrusion de l'elfe de la nuit.
Le voyant s'avancer vers elle, Gahahli tenta de se décaler afin de garder une certaine distance mais constata avec horreur que ses pieds étaient gelés et fixés au sol. Le Roi Liche était en train de lui congeler les jambes par la pensée. Elle se sentit de nouveau prise au piège et la peur l'envahissait de nouveau.
Jakua se releva et tenta de venir au secours de sa compagne de chasse mais ses pattes furent à son tour gelées.
— Ton audace aura causé ta perte, elfe de la nuit ! la fustigea le Roi Liche qui approchait d'un pas menaçait. Toi et ta cousine aux cheveux blond, vous serez mes plus agents les plus redoutées depuis Sylvanas...
Il brandit alors Deuillegivre, prêt à fendre sa lame sur l'elfe de la nuit paralysée de peur.
N'osant regarder, Sonulia ne put que détourner le regard.
Mais à la vue de sa bien-aimée en danger de mort, Bathris quant à lui n'écouta plus que son instinct.
Ses yeux s'illuminèrent et des ailes de lumières apparurent dans son dos quand il bondit, criant et brandissant le Porte-Cendre qui brillait de milles feux. L'espace d'un instant, il avait tout d'un ange guerrier en train de faire s'abattre de manière implacable le bras de la justice. Ni Gahahli ni Sonulia ne l'avait encore jamais vu sous un tel jour et en furent toutes deux impressionnées.
Arthas tenta de parer le coup avec Deuillegivre... mais en vain.
Le Porte-cendres fit voler la lame runique en éclat et parvint à entailler la poitrine d'Arthas à travers son armure qui tomba à la renverse sous le coup avec une plaie ouverte au niveau du torse.
Le choc retentit sur toute la plateforme et brisa la glace qui immobilisait l'elfe de la nuit et son Sabre-de-nuit ainsi que les chaînes qui retenait l'elfe de sang prisonnière.
Des débris de lame de Deuillegivre, des âmes s'en libérèrent et volèrent autour de la plate-forme du Trône de Glace, formant ainsi une sorte de vortex au sommet de la Citadelle.
Les trois elfes, bien que sonnés par le coup miraculeux de Bathris furent complètement hypnotisés par ce spectacle. Toutes ses âmes volées et arrachées par Arthas, retenues prisonnières de son épée et réclamant leur libération durant tout ce temps. Parmi ces âmes, le roi Terenas, Uther le Porteur-de-Lumière, Antonidas, le haut roi de Quel'thalas Anasterian Haut-soleil, Dranosh Saurcroc et plein d'autres innocents, humains, elfes, nains et mêmes des orcs ou des trolls qui avaient eu le malheur de croiser la route d'Arthas en pleine quête insensée pouvoire. Elles venaient à l'instant d'être libérées de lame maudites qui les avaient retenues prisonnières et pourtant, quelque chose semblaient les retenir encore.
Les elfes furent tant obnubilés par ce spectacle qu'aucun ne remarqua Arthas — qui malgré sa blessure ne saignait toujours pas — ramassa son épée brisée et se faufiler derrière Bathris.
L'elfe de sang sentit soudain un morceau de lame aussi glaciale qu'un stalactite et tranchant qu'une lame de rasoir lui transpercer le flan et lui aspirant toute son énergie vitale. Il vit alors sa propre vie défiler devant ses yeux, tels les âmes qui tournoyaient constamment autour d'eux et son dernier souvenir fut les cris étouffés de sa bien-aimée et de sa sœur jumelle tandis qu'il sentit dans son dernier souffle son âme se faire aspirer par le heaume du Roi Liche, par la gemme bleue sertie au niveau du front.