Un monde de glace

Chapitre 2 : Un amour interdit

4225 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 29/03/2023 19:22

Loin de cette levée funeste de morts-vivants, quelque part dans les Royaumes de l'Est dans une région vallonnée nommée Hautebrande, un petit groupe se rendit à l'auberge de la ville portuaire de Austrivage pour célébrer leur récente victoire contre une tribu d'ogres qui terrorisaient la population locale depuis les montagnes d'Alterac, au nord.

Ils venaient tout juste d'apporter la tête décapitée du seigneur du guerre ogre en échange d'une belle récompense qui leur fut remis par le magistrat de la ville.

Ni une ni deux, ils décidèrent de fêter leur victoire à l'auberge dans laquelle il furent acclamé en héros et dépensèrent sans compter leur récompense en festin et boissons alcoolisées.

Cette récente victoire contre les ogres ne fut cependant qu'une tâche quotidienne pour ces aventuriers qui, quelques mois plus tôt, venaient de stopper une invasion de démons qui aurait pu réduire leur monde en cendres. Et l'année d'avant, ils s'étaient déjà fait connaître en sauvant deux fois le royaume de Hurlement situé plus au sud, d'abord en démantelant une organisation criminelle qui terrorisaient le royaume depuis des lustres, ensuite en démasquant et abattant une dragonne qui avait infiltré les plus hautes sphères de l'Alliance dans le seul but de la détruire de l'intérieur.

Et dire que deux ans plus tôt, tout ce beau monde n'étaient que de parfais inconnus, qu'ils étaient tous été vu comme des champions, des bras cassés.

Aujourd'hui, ils commençaient à avoir l'allure des héros ayant fait l'histoire d'Azeroth et dont on avait édifié des statues à leur effigie en leur honneur.


Parmi eux, il y avait Batël Marteau-de-bronze, un guerrier nain unijambiste, vétéran de la Seconde Guerre, reconnaissable à sa barbe rousse grossièrement tressée et sa jambe artificielle. C'était sans contexte le plus expérimenté du groupe, celui dont on pouvait compter sur la sagacité... Malgré son caractère bourru et son amour trop prononcé pour l'alcool.

Il y avait également Bartelo Lockhart, le paladin humain et le beau gosse du groupe. Celui dont les cheveux mi-longs d'un blond vénitien et le corps d'Apollon avait séduit autant de jeunes femmes si ce n'était plus qu'il n'avait tué d'ennemi, mais dont l'intelligence laissait quelque peu à désirer.

Puis il y avait Baelbo Boulon-de-bois, le gnome mage et fanfaron du groupe, reconnaissable à ses cheveux bleus ciel et sa barbe à la souvorov. S'il n'était ni le plus costaud ni le plus brave et ne payait pas de mine à cause de son apparence et de sa petite taille, ses ruses ainsi que sa magie, qu'il maîtrisait mieux avec le temps, furent d'une aide précieuse pour le groupe.

Il y avait non des moindres Gahahli Ventenuit, l'archère elfe de la nuit et seule femme du groupe, toujours accompagnée de son tigre Sabre-de-nuit, Jakua. Une chasseresse hors-pair qui ne ratait jamais sa cible et pour qui la vie dans les contrées sauvages n'avait pas de secret mais qui avait le don de se mettre dans le pétrin, principalement à cause de son impétuosité et son manque de discipline. Ses longs cheveux bleus, sa longues oreilles pointus, sa peau violacée et ses yeux brillant donnaient une touche d'exotisme au groupe.

Enfin il y avait Ouladre, le prêtre draeneï, dont l'élégance n'avait égal que l'apparence encore plus exotique que celle de l'elfe, avec sa peau bleu, son front cornu, son collier de barbe d' "appendices", les sabots fendus qu'il avait pour pied ainsi que sa queue. Ce fut le dernier à se joindre groupe, initialement dans le but d'obtenir de l'aide pour défendre son peuple contre les démons qui les menaçaient, avant d'en devenir un membre permanent, gagné par l'amitié qui s'y était tissé.


Au moment de commencer à festoyer, Baelbo se hissa sur la table et déclara une choppe remplie de bière à la main :

— Chers amis, je souhaiterai prononcer un toast avant que de nous remplir l'estomac.

— Vas-y, Bibi ! l'encouragea affectueusement Gahahli. Lance toi !

— Dites nous ce que vous avez sur le cœur, maître Baelbo ! encouragea également Ouladre plus solennel.

— Merci, je voudrais simplement lever ma choppe... À nous tous, dit finalement le gnome la voix trahissant l'émotion. Et remercier le ciel que nos routes se soient croisés. Sans quoi, nous n'aurions jamais accompli toutes ses prouesses qui font notre réputation... Je me souviens encore qu'à l'époque, nous étions tous au plus mal. Des épaves pour certains, des poissons hors de l'eau pour d'autres, des âmes perdus se cherchant un but dans l'ensemble. Et puis tout a changé quand nous avons uni nos forces et commencé à former un groupe, alors que nous ne nous connaissions pas encore.

— Heu... Moi je connaissais déjà Batël avant que nous formions un groupe, intervint Bartelo. C'était l'ami de mon mentor disparu...

— Oui enfin, tu m'as compris, lui rétorqua Baelbo vexé. Toujours est-il qu'en unissant nos forces nous mis fin à la menace d'une organisation criminelle, déjoué un complot et empêché une nouvelle invasion de démons. Nous avons certes connu des hauts et des bas entre-temps, mais cela ne nous a jamais affaibli, bien au contraire. Notre amitié n'a jamais été aussi forte.

" Pour conclure, j'ajouterai que je suis pour ma part plus qu'honoré de vous compter tous parmi mes amis les plus chers. Et je dis ça alors que cinq ans plus tôt, je m'e voyait entouré pour le restant de mes jours de vieux mages... Avec des barbes blanches tellement longues qu'il se prendraient sans arrêt les pieds dedans.

Toute l'assemblée, incluant le petit groupe d'aventuriers, laissa échapper un éclat de rire en réponse à cette touche de plaisanterie.

— Allez, à nous ! conclua finalement Baelbo en levant sa choppe.

— À NOUS ! répondirent à l'unisson en levant également leur verres.

Un vague d'applaudissements empli la salle tandis que Gahahli, tout en félicitant Baelbo pour son discours l'aida à se rassoir. Le gnome, rouge comme une tomate face aux compliments de la jeune elfe, lui confia qu'il s'épatait lui même. Cela lui changeait considérablement des faits d'armes qu'il devait inventer pour fanfaronner dans toutes les tavernes du pays quand il avait fait la connaissance de l'elfe.


Puis le festin commença.

En plus des victuailles qui occupaient la table, le nain, le gnome et le paladin savourèrent goulûment leur bière tandis que le draeneï dégusta un verre de vin. Quant à la jeune elfe de la nuit, qui supportait mal l'alcool fort et devait donc se contenter de ce qu'il y avait de plus doux pour les occasions comme celle-ci, elle avait décidé de goûter un bol de cidre d'Austrivage plutôt agréable et savoura une délicieuse tarte aux cerises.

Durant le festin, les aventuriers se laissèrent aborder par des femmes, toutes des habituées de l'auberge, qui vinrent leur faire du gringue. Seuls Ouladre et Bartelo résistèrent à leur charme. Ce ne fut guère surprenant dans le cas du draeneï qui avait déjà révélé à ses compagnons son désintérêt pour toute relation intime ou rapport charnel. Mais ce fut alarmant dans le cas du paladin qui s'était forgé une réputation de Don Juan depuis ses débuts (au grand dam de Gahahli qui avait eu une brève passade pour lui). Pourtant, depuis leur victoire contre les démons, il semblait se désintéresser de toutes les femmes et refusait d'expliquer au groupe ses raisons.

Des hommes, également des habitués de l'auberge, tentèrent également de draguer Gahahli, vraisemblablement intrigués par ses attributs elfiques. Mais celle-ci dut refuser leur avances, d'abord poliment puis avec insistance ainsi que l'aide de son Sabre-de-nuit dont les crocs et les grognements suffisait à dissuader toute personne trop insistante.

D'autant que Gahahli nourrissait d'autres projets pour ce soir. Des projets qu'elle ne manquerait pour rien au monde et dont elle ne pouvait malheureusement pas en faire part à son groupe. Et l'heure de son rendez-vous approchait à grand pas.

— Veuillez m'excuser mais je dois sortir Jakua, prétexta-t-elle en quittant la table.

— Avant que tu partes, au sujet des chambres ? l'interpella Batël. On doit t'en réserver une ou bien on fait... comme d'habitude ?

— Non, faites comme d'habitude ! lui répondit l'elfe. Je dormirais à la belle étoile !

Cela sembla satisfaire ses compagnons à qui elle souhaita bonne nuit tandis qu'elle quitta l'auberge à toute hâte.

— Décidément, je le demande ce qui lui prend à cette petite, confia le nain suspicieux. S'éclipser en plein festin comme ça... Pour revenir le lendemain débraillée...

— Ça fait des mois que ça dure ! ajouta le gnome qui partageait ses suspicions. Elle nous cache quelque chose, j'en mettrais ma main au feu.

— Peut-être s'est-elle trouvée un petit copain et qu'elle le voit en secret ? supposa le paladin. Ne me demandez pas pourquoi, elle doit avoir ses raisons, mais ça expliquerait ses si fréquentes sorties nocturnes.

Le reste du groupe demeura sceptique.

Pourtant, la supposition du paladin n'était plus proche de la vérité qu'il ne le soupçonnait.


Gahahli sortit d'Austrivage et remonta la rivière à l'est du village portuaire vers les montagnes au nord, avec son Sabre-de-Nuit pour seul escorte. Sur le chemin, elle prit soin d'éviter Moulin-de-Tarren, un autre village humain tombé aux mains des Réprouvés mort-vivants.

Durant son trajet, elle savoura la fraîcheur de la nuit et de la végétation aux alentours qui la faisait se sentir dans son élément, elle "fille de la forêt et de la nuit". Elle fut loin de se douter que cette région vallonnée et verdoyante, éclairée par une resplendissante pleine lune, était tout ce qui restait d'un puissant royaume humain tombé entre les mains du Fléau mort-vivant quelques années plus tôt, Lordearon. C'était vraisemblablement la région qui avait le moins souffert de l'invasion mort-vivante qui avait ravagé le royaume — la seule présence mort-vivante étant les Réprouvés alliés à la Horde depuis leur sécession avec le Fléau — et celle où subsistaient les dernières villes de l'Alliance.

Le petit groupe avait précisément décidé de "séjourner" dans cette région afin d'y préserver le peu qui restait de la présence de l'Alliance, isolée et éloignée des royaumes comme Forgefer ou Hurlevent, sans monarque ni armée pour assurer leur sécurité face à l'avancée grandissante des Réprouvés sur les vestiges du royaume de Lordearon, jadis berceau de l'Alliance tel qu'on la connaissait.

Ce soir-là, la jeune elfe de la nuit avait cependant autre chose en tête que l'Alliance ou les Réprouvés. Elle avait un rendez-vous qu'elle ne pouvait se permettre de manquer.

Elle longea la rivière et s'aventura dans une gorge d'où sortait le cours d'eau avant de s'arrêter devant une petite berge où elle surprit quelqu'un en train de se tremper les pieds distraitement.

Le cœur de Gahahli battit la chamade quand son regard croisa celui de l'individu qui eut tôt fait de remarquer sa présence.

C'était un elfe de sang.

Ils se distinguaient des elfes de la nuit par leur yeux verts éclatants et surtout par la couleur de leur peau et de leur cheveux qui s'apparentaient davantage à celles des humains. Celui-ci en particulier avait la peau clair, les cheveux longs d'un blond doré et était vêtu d'une armure. Une épée dans son fourreau et un bouclier traînaient sur le sol à porté de main.

Autre chose qui distinguait les elfes de sang des elfes de la nuit : ils appartenaient à la Horde. Faisaient de ses deux clans d'elfes des ennemis l'un pour l'autre.

Cependant, Gahahli n'avait nullement l'intention d'attaquer l'elfe de sang qui la fixait du regard depuis son arrivée. Pour cause, elle le connaissait. Et très bien même. Plus qu'une simple connaissance, plus qu'un ami... c'était son amant.

Et la raison de sa présence sur cette berge cachée dans cette gorge.

Il lui fallait pourtant s'assurer qu'il s'agissait bien du bon.

Le Soleil a rendez-vous avec la Lune ce soir, dit-elle prudemment dans sa langue natale.

L'elfe de sang parla dans une sorte de dialecte — que Gahahli n'eut aucun mal à comprendre car dérivé de sa langue natale — et lui répondit :

Et la Lune est là.

C'était leur mot de passe.

Les deux elfes se jetèrent dans les bras l'un de l'autre et s'échangèrent un baiser langoureux et passionné.

— Je ne sais que ça ne fait que deux semaines mais qu'est-ce que tu m'as manqué, Lili, lui avoua affectueusement l'elfe de sang qui répondait au nom de Bathris Feusoleil. Chaque jour éloigné de toi...

— ... Est un supplice, je sais ! l'interrompit l'elfe de la nuit. Tu me le sors à chaque fois grand dadais.

— Mais c'est que je le pense vraiment... Et la lune ce soir te rend si...

— Tais toi et ôte moi cette armure ! Je ne peux plus attendre !

Tout en veillant à ne pas se séparer des lèvres, les deux elfes se dévêtirent en un temps record et commencèrent leurs ébats amoureux en tenue de paradis terrestre, perdant ainsi toute notion du temps. Pour eux, plus rien d'autres n'avaient d'importance.

Jakua, devinant que sa "partenaire" de chasse et son amoureux auraient besoin d'intimité, se tient à une certaine distance et se contenta de faire le guet.


Cela faisait plusieurs mois que les deux elfes se fréquentaient en cachette. Et ce ne fut pas facile pour eux de se fixer des rendez-vous sans éveiller des soupçons, rendant leur fréquentations sporadiques.

Ils s'étaient rencontrés durant leur croisade contre la Légion Ardente des démons, croisade durant laquelle la Horde et l'Alliance, ennemis de toujours, durent faire la trêve le temps d'affronter un ennemi commun. Cela avait permis aux deux elfes, par un curieux concours de circonstances, de se rapprocher, de sympathiser et de développer des sentiments l'un pour l'autre.

La Légion fut défaite grâce aux efforts combinés de la Horde et l'Alliance mais cela n'avait pas suffit à les faire se réconcilier. Cela n'avait néanmoins pas empêché les deux elfes de se voir en cachette, aussi souvent qu'ils le pouvaient, et ainsi entamer leur relation.

Cela avait commencé avec de simples baisers, puis des bains de minuit, permettant aux deux amants "d'entrevoir" l'anatomie de l'autre tout en prenant du bon temps. Puis dès lors que leur anatomie respective n'avait plus de secret pour l'autre, ils commencèrent à goûter au plaisir charnels, d'abord délicatement, puis de plus en plus passionnément à mesure qu'ils se voyaient.

La première fois fut une expérience inoubliable pour Gahahli, d'autant que ce fut pour elle sa toute première expérience. Elle avait mis un point d'honneur à ne vivre ce genre d'expérience qu'avec la personne qu'elle aimait... et ainsi elle éviterait de suivre l'exemple de Bartelo qui avait plus tendance à coucher de droite à gauche et d'accumuler les les aventures sans lendemain. Dès lors ce fut comme si elle s'était sentie renaître et devenir une elfe plus mature, qu'un monde tout nouveau s'ouvrait à elle. Le seul inconvénient était qu'elle en était vite devenu accro, tant et si bien que l'attente de revoir son amant pour renouveler l'expérience lui était difficile à supporter. Et que chacun de leur rendez-vous devait débuter par une séance de galipette avant de papoter. Rendant leur rendez-vous ainsi que leur ébats de plus en plus passionnés, torrides et même coquins.


Une fois terminée leur partie de jambes en l'air, les deux elfes en extase et toujours en tenue d'Adam et Eve s'allongèrent côté a côté sur la berge, reprenant leur souffle sous la lune dont la lueur éclairait faiblement le canyon et caressait leur peau.

Aucun des deux n'était pressé de se rhabiller. Ils pouvaient passer une nuit entière dénudés, dans les bras l'un de l'autre. Du moment que personne ne venait les importuner, voulant profiter au maximum de leur moment d'intimité avant de devoir repartir chacun de son côté et attendre jusqu'à trois semaines le prochain rendez-vous.

— Alors ma belle, quoi de neuf ? demanda finalement Bathris, rompant ainsi le silence.

— Oh, la routine, lui répondit modestement Gahahli. Des murlocs dans les étangs, des bandits dans les forêts, des gnolls dans les collines, des kobolds dans les mines, des troggs dans les grottes, des assassins dans les ruelles, des nagas en bord de mer et des ogres dans les montagnes et autres ennemis à combattre pour maintenir la paix... En échange "d'un peu de blé".

— Il ne t'ait... Je veux dire, il ne vous ait rien arrivé de fâcheux entre-temps ? demanda l'elfe de sang soucieux. Pas de blessures graves ? Pas de drame ?

— T'es mignon de te faire du souci pour mon équipe ! le taquina l'elfe de la nuit. Mais je te dis, la routine... Et puis s'il m'était arrivé quelque chose d'aussi fâcheux, je ne serai pas ici présente à tes côtés... à t'offrir mon corps...

— Et... Au sujet de ton père ? Est-ce que vous avez fini par vous réconcilier ? Ou bien tu lui en veux toujours... ?

À l'évocation de son père, Gahahli perdit le sourire et sentit son estomac se noué. Elle n'avait pas quitté son père en bon termes et chaque fois qu'elle se remémorait leur dernière "discussion", elle se sentit au plus mal.

— Si je lui en veux... ? Oh, moins qu'avant... De l'eau a coulé sous les ponts. Seulement je n'ai toujours pas de nouvelle de lui depuis notre dispute. Peut-être que lui m'en veut...

Bathris voulut rassurer sa bien-aimée en peine mais ne sût quoi dire. Il se sentait coupable d'être à l'origine de sa rupture avec son père et s'en voulait d'avoir aborder le sujet de manière aussi indélicate.

— Et toi de ton côté ? demanda Gahahli désireuse de changer de sujet.

— Oh rien de nouveau... Mon ami le vieux taureau chaman a reprit son pèlerinage depuis qu'on est rentré de l'Outrterre et ne m'a pas non plus donné de nouvelle depuis. Quant à moi, je mène toujours une vie de chevalier errant que le villages de l'Alliance rejette à coup de cailloux.

— Tu n'es toujours pas retourné chez ton ancien ordre, les Chevaliers de Sang ? N'ont-ils pas redoré leur blason depuis notre victoire contre la Légion ?

— Si mais... Ça ne change pas grand chose, pour moi. Ça n'efface pas leurs crimes pour autant. Autrement, il y aurait longtemps que j'aurais accepté les Réprouvés comme des copains.

— Qu'est ce que t'es sévère !

— Comme toi avec les orcs.

— Ce n'est pas pareil ! Et depuis tu prend leur parti, toi ?

— Ce n'est pas ce que j'ai dis. Ce que je veux dire ce que... Si je refuse de ré-integrer mon ancien ordre, c'est pour la même raison que je n'arrive toujours pas à me résoudre au fait d'appartenir à la Horde, d'être allié à mes ennemis d'autrefois. (L'elfe de sang prit un air sombre et grave) Tout ça parce qu'un abruti d'humain était trop pressé d'anéantir mon peuple déjà décimé par le Fléau alors que nous avions un ennemi commun à combattre.

— Franchement, cette histoire me révolte au plus haut point ! Si les Réprouvés ne lui avaient pas fait sa fête à cette tête de nœud, il aurait dû passer en cours martiale ! Un tel acte... Un tel comportement... C'est contraire au principe même de l'Alliance !

— Toi au moins, tu as une meilleure conception de l'Alliance que certains qui ont pourtant assisté à sa création.

— Mais alors que fais tu de ton rêve ? N'as tu toujours pas voulu intégrer un ordre de chevaliers ? De paladins ?

— Bien sûr que si ! Mais ce que je voulais à la base c'était entrer dans l'ordre de la Main d'Argent ! Car c'est cette ordre qui m'a inspiré à devenir chevalier. Malheureusement, je crains qu'il n'ait été brisé avec la chute de Lordaeron.

— Il n'y a donc aucun ordre qui te conviendrait ?

— Rien qui accepterait un elfe de sang dans ses rangs mis à ma part mon ancien ordre, j'en ai bien peur.

— Je trouve ça injuste ! Qu'on te rejette pour un crime que tu n'as pas commis ! Voire pour un crime que ni toi ni ton peuple n'ont commis !

— Tu trouves ça peut-être injuste mais c'est ainsi que va le monde. Et au bout d'un moment il faut se rendre à l'évidence et accepter ce qu'on ne peut changer.

— Ça je ne peux pas. Te savoir errer seul sur ses terres, à tes dépens, persécuté injustement alors que tu ne fais que le bien autour de toi... Ça m'est insupportable.

— Dans ce cas, je pense qu'on ferait mieux de... Non, ce n'est pas raisonnable.

— Quoi ?... Allez, dis le moi.

Bathris hésita, comme s'il fut sur le point de dire quelque chose qu'il allait regretter toute sa vie, mais céda face au regard insistant et tenace de Gahahli.

— J'avais pensé... Enfin, si toi t'es d'accord.... Que toi et moi... Nous renoncions à tout ça... À la Horde, à l'Alliance, à mes rêves insensés de grandeur... Que nous partions nous installer ailleurs, loin de tout ça... Rien que tout les deux... (Le Sabre-de-nuit émit un grognement agacé) Oh ! Et Jakua, bien entendu ! On n'aurait plus à se voir en cachette ni à se compliquer la vie pour nos rendez-vous secrets... Si t'es d'accord, bien entendu.

— Mmh... Je dois avouer que cette idée est tentante, dit Gahahli d'un air pensif. Mais... Je ne peux pas le résoudre à abandonner mes amis de cette façon. Je me sens déjà assez mal d'avoir coupé les ponts avec mon père...

— Oui, tu as raison, céda Bathris honteux. Je savais que ce n'était pas une bonne idée.

— Ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas intéressée par ta proposition, loin de là. J'en rêverai même. Mais... Es-tu sûr que ce soit la solution ? La solution à tous nos problèmes ?

— Ben, si tu en as d'autres, sache que je suis ouvert à toutes suggestions.

— Si seulement nos peuples respectifs faisaient enfin la paix...

— Ce serait un bon début, en effet. Encore faut-il que ce soit réalisable...


Le Sabre-de-nuit émit un nouveau grognement qui mit fin à la discussion des deux elfes. Il semblait fort nerveux et fixait intensément le ciel, comme s'il y avait repéré quelque chose de menaçant.

En levant les yeux au ciel, les deux elfes constatèrent que le ciel s'était considérablement assombri. La lune était voilée par d'épais nuages qui semblaient provenir du nord.

L'obscurité ne fut cependant pas un problème pour Gahahli qui, en tant qu'elle de la nuit, voyait aussi bien qu'un hibou dans le noir.

Mais ce qu'elle vit dans le ciel lui glaça le sang.

Une nuée entière de gargouilles envahirent le ciel et survolèrent les montagnes au nord, suivies de dragons squelettiques.

Par chance, tous ces monstres volants ne semblèrent pas prêter attention aux deux elfes dans la gorge en contrebas qui se dépêchèrent de se rhabiller et de s'équiper sans les quitter des yeux.

— Bathris... tu peux me dire ce... qu'il y a de l'autre côté de ses montagnes ? demanda Gahahli anxieuse.

— Les Maleterres, lui répondit l'elfe de sang qui partageait son anxiété et sa terreur. Les régions qui ont le plus été touché par le Fléau lors de la chute de Lordearon... Et qui dès lors leur a servi de bastion sur ces terres...

— Et... C'est normal... Cette volée massive de gargouilles ?

— Oh que non. C'est la première fois en six ans que je vois le Fléau agir ainsi... Par la Lumière !

Gahahli vit alors quelque chose d'encore plus menaçant que les dragons et les gargouilles apparaitre au dessus de leur tête. Cela flottait dans le ciel et se déplaçait lentement dans la même direction que les gargouilles. Mais cela n'avait rien de vivant. Ni même de mort-vivant.

Il s'agissait d'un bâtiment flottant. Vu d'en dessous, cela avait l'air d'une fortifications pour créatures maléfiques.

— Au nom d'Elune ! s'exclama Gahahli craignant à tout moment que la bâtisse ne vint d'écraser sur eux. Qu'elle est cette chose !

— Une nécropole ! répondit Bathris stupéfait. Une nécropole du Fléau... Lili, il faut impérativement que toi et Jakua retournent auprès de ton groupe et que tu les prévienne !

— Mais enfin, qu'est ce qui se passe, par Elune ?

— Ce qui s'est passé il y a sept ans, je le crains... À Lordaeron et à Quel'thalas... Le Fléau attaque.

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