Un monde brisé

Chapitre 21 : Belette se met à table

3801 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 22/01/2022 16:27

À son réveil, Sonulia fut prise d'un terrible mal de crâne. Des heures avaient dû s'écouler depuis qu'elle s'était fait assommée par le nain et pourtant elle ressentait encore la douleur, comme si elle s'était prise le coup une seconde plus tôt.

Au fur et à mesure qu'elle reprenait ses esprits, elle réalisa qu'on avait rabattu sa cape sur sa tête (sûrement pour l'empêcher de voir où on l'emmenait si jamais elle se réveillait en chemin), qu'on lui avait attaché les mains dans le dos ainsi que les jambes et qu'elle était couchée sur le sol. Mais pas le sol sec et caillouteux de la Péninsule. À la place, elle sentit de l'herbe et des aiguilles de pins. Elle devait être dans une forêt, cela faisait aucun doute. Mais que diable faisait-elle dans une forêt ? Où ses ravisseurs l'avaient-ils emmené ?

Justement, elle les entendit bavarder dans leur dos, à propos de créatures mi-hommes mi-rapaces qu'ils venaient de zigouiller sur le chemin et qui se feraient appeler "ara-ko-ha". Elle reconnut les voix, c'était bien ceux qu'elle espionnait aux portes du Bastion de l'Honneur quand le nain l'avait surprise.

Elle en conclut qu'elle s'était faite leur prisonnière.

Et pour ne rien arranger, elle s'était faite déposséder de ses armes. Ses épées jumelles ainsi que les dagues qu'elle cachait dans ses bottes lui avaient été confisquées.

La voilà bien !


Elle sentit de la chaleur dans son dos, ainsi qu'une odeur de bois brûlée et percevait le crépitement d'un feu de camp. Ses ravisseurs avaient certainement dû faire une halte dans cette forêt qui lui était inconnue.

Elle entendit également quelqu'un affûté une lame tranchante et épaisse. Comme une hache de guerre.

— Au fait, maître nain, pourquoi vous appelle-t-on "Marteau-de-Bronze" alors que vous combattez à la hache ? demanda une voix que Sonulia reconnut comme étant celle du draeneï.

— Je suis content que tu en fasses la remarque, grand bleu ! rétorqua l'intéressé. Figure-toi que je dois mon nom d'un authentique marteau en bronze qui se transmettait de thane en thane dans ma famille. On avait aussi pour tradition de se battre au marteau, mais moi qui était un rebelle dans ma jeunesse, j'avais une préférence pour la hache. Et puis j'étais le puîné de la fratrie et il fallait un droit d'aînesse pour obtenir le marteau, alors je m'en fichais.

"Seulement, il y a eu cette attaque des trolls des glaces qui a eu raison de mon père et de mon frère aîné, le marteau fut volé par le chef des trolls et je me retrouvais malgré moi à la tête de mon clan, devant venger ma famille. Je tuais le chef de la tribu trolle mais le marteau fut dénaturé par leur magie vaudou et détruit dans la bataille. Depuis, "Marteau-de-Bronze" est devenu juste un nom et un insigne.

En écoutant l'histoire du nain d'une oreille distraite, Sonulia jura que le nom "Marteau-de-Bronze" lui était familier. Mais elle avait l'esprit encore trop embrouillé pour se rappeler de quoi. Elle savait seulement que cela devait avoir un lien avec son passé. Et même cette histoire d'insigne lui disait également quelque chose.


En reprenant ses esprits, elle avait dû faire un mouvement involontaire qui la trahit car elle entendit soudain la voix nasillarde du gnome qui interpellait ses camarades :

— Les gars ! Je crois que Boucles-d'or vient de se réveiller !

— Tant mieux ! s'exclama le nain. On va enfin passer aux choses sérieuses.

— Et le plus drôle c'est qu'elle va se retrouver face à non pas trois mais quatre ours ! reprit le gnome sur le ton de la plaisanterie.

— Des ours ? s'écria la voix du paladin. Où ça, des ours ? Je déteste les ours !

— Mais enfin, il n'y a pas d'ours dans cette forêt ! dit la voix du draeneï. Ni aucun dans tout l'Outreterre, en fait.

— Ce n'est pas ce que je voulais... Laissez tomber !

Sonulia entendit le nain s'approchait d'elle de son pas claudicant. Elle se laissa faire quand celui la souleva et l'adossa fermement contre un arbre avant de lui ôter la cape qui lui couvrait la vue.

Maintenant qu'elle voyait plus claire, elle reconnut aisément ses ravisseurs dont les formes étaient éclairés par le feu de camp, ainsi que par les étranges cristaux qui poussaient dans les arbres et sans lesquels la forêt serait probablement plongé dans l'obscurité totale.

— Alors, es-tu en état de parler ? lui demanda fermement le nain qui gardait toujours sa hache à la main.

— Je crois, oui, répondit nonchalamment Sonulia.

— Tant mieux ! Car mes amis et moi aurions quelques questions à te...

— Justement, je voudrais en poser une la première, l'interrompit l'elfe de sang. Pourquoi ne pas m'avoir remises aux autoritês locales ? Il n'y avait pas de prison où de cachots dans votre forteresse ?

— On y a songé, répondit amèrement le gnome. Mais Batēl en a décidé autrement.

— Parce que je sais par expérience que ceux de votre espèce avez plus d'un tour dans votre sac, se justifia le nain en défiant l'elfe de sang d'un regard dédaigneux. Que même entre quatre murs, enchaînés et derrière des barreaux, vous seriez toujours une menace et trouverez le moyen de vous échapper. Il n'aurait donc été trop risqué de vous laisser au Bastion, même avec la meilleure garde qui soit, au risque de perdre des ressources humaines et un de nos rares avant-postes.

"Ceux de 'mon' espèce ! Mais comment il y va, ce gros tas de graisse barbu !" se dit Sonulia un peu outrée.

— Et du coup, c'est nous qui devons risquer nos vies en vous trimballons à travers tout l'Outreterre, maugréa le gnome visiblement peu convaincu par l'explication du nain.

— Vous me flattez, mon bon monsieur ! finit-elle par lâcher avec sarcasme. J'avais peur d'être la risée de "mon espèce" et de mes confrères, au vue de ma situation actuelle. Je dois être un vrai fléau pour que vous préférez risquez vos vies plutôt que celles de vos frères d'armes pour me garder captif...

— C'est bon ! la coupa sèchement et fermement le nain. On a répondu à ta question, maintenant c'est à toi de répondre au nôtres ! Et ne t'avise pas à jouer au plus malin, parce qu'on a les moyens de te faire cracher le morceau !

Sonulia fut tentée de lui répondre "chiche" mais jugea préférable de rester stoïque face à cette interrogatoire improvisée. On l'avait préparé à ce genre l'éventualité. Peu importe les questions qu'on lui poseraient, elle devait en dire le moins possible sur son identité, ses relations ou sa mission.

Et puis quoi qu'elle allait subir comme torture venant de ses ravisseurs, cela ne pouvait être pire que ce que les humains lui avaient fait subir durant sa captivité cinq ans auparavant. Du moins, elle espérait...

— Pour commencer, qu'est-ce tu venais faire aux alentours du Bastion ? commença le paladin. Pourquoi tu nous espionnait ?

— Ça ne vous regarde pas ! répondit Sonulia.

"Et puis tu n'aimerais pas savoir ce que j'avais prévu de faire à ton intention !" voulait-elle ajouter à l'intention du paladin qu'elle fixait d'un regard noir.

— C'est la Horde qui vous envoie ? questionna à son tour le draeneï. À ce chien de Kael'thas que vous appelez "prince" ?

— Pour votre gouverne, bien que ça aurait été un honneur pour moi de servir la famille royale de Quel'thalas, je n'ai pas eu de nouvelle de mon prince depuis cinq ans, répondit Sonulia avec amertume. Depuis "qu'on" a voulu l'exécuter, lui et ses hommes malgré leur loyauté envers votre soi-disante Alliance.

— Mais de quoi elle parle ? demanda la draeneï apparemment offusqué.

— Fais pas attention, le bleu ! lui prévint le nain. Elle essaie de nous embobiner ! Typique des elfes de sang !

— Pourquoi ça ne le surprend pas ! s'exclama le draeneï dédaigneux.

— Quant à la Horde, en ce qui me concerne, j'aurais plus intérêt à ce votre Alliance vous vous entretuiez avec elle ! reprit Sonulia. Ça fera moins d'indésirables sur notre bonne vieille Azeroth.

Au vue des réactions outrées de ses ravisseurs, elle avait dû faire mouche avec sa dernière remarque.

— Quoi qu'il en soit, pour qui je travaille ne vous regarde toujours pas ! reprit-elle fièrement.

— Saurais-tu par hasard où est partie Lili ? demanda finalement le gnome, au bout de patience à en juger par le ton de sa voix.

— De... Qui ça ? demanda Sonulia perplexe.

— Une elfe de la nuit, expliqua le gnome. Assez jeune. Les cheveux longs et bleus. Tenue d'éclaireuse en cuir. Toujours accompagné d'un tigre noir avec des rayures grises. Et s'équipe d'habitude d'un arc et de flèche.

— Et aussi de très petits seins, s'empressa d'ajouter le paladin. Limite elle a la poitrine plate sous son gilet...

Il se tut face aux regards assassins que lui lançaient ses compagnons d'armes. Même l'elfe de sang fut en même temps outrée et gênée d'entendre le paladin aborder ce genre de sujet.

— Et ne fais pas genre que tu ne sais de qui on parle ! intervint le nain venant rafraîchir la mémoire à sa captive. On parlait justement d'elle quand on t'a surpris en train de nous espionner !

— Ah, je vois ! s'exclama Sonulia dont la mémoire lui revenait. La "Lili" disparue qui vous préoccupait tant ! Attendez que je réfléchisse... Elle était avec vous quand vous avez traversé la Porte des Ténèbres, je me trompe ?

— C'est exact, répondit le gnome.

— Alors je crois savoir de qui vous parlez... Et je regrette mais je n'ai aucune idée d'où elle peut bien être, leur confessa Sonulia. Je ne l'ai pas revue depuis que je vous ai aperçu à la Porte.

— Est-ce la vérité ? demanda le nain sceptique. Ou bien est ce que "ça ne nous regarde pas" non plus ?

— Je pense qu'elle dit la vérité ! tenta d'intervenir le paladin.

— Non, c'est clair qu'elle nous ment ! s'indigna le draeneï. Ces elfes-là ne sont que de la vermine indigne de confiance ! Je vous prie qu'elle est impliquée dans la disparition de notre amie et qu'elle est en train de se jouer de nous !

Sonulia vit le gnome trembler de fureur en écoutant les propos du draeneï et commença à se faire menaçant :

— Si jamais elle a touché à un seul de ses cheveux...

— Je vous jure, je n'ai rien à voir avec sa disparition ! se défendit Sonulia à bout de patience. En fait, je n'ai absolument rien contre votre amie. J'en ai même oublié son existence après avoir traversé le portail. Et où qu'elle soit allé, ça m'est égal. Vous aurez beau me faire cracher le morceau, vous en obtiendrait pas plus de moi que ce que vous savez déjà.


Un silence pesant de mort s'installa sur la petite assemblée, comme si l'elfe de sang avait annoncé malgré elle le décès de quelqu'un.

Le nain la jugea longuement du regard avant de déclarer :

— J'en conclus donc que tu ne nous est d'aucune utilité.

— J'en ai bien peur, répondit Sonulia gênée.

— Alors tu vas grandement me simplifier les choses, déclara le nain avec un air sombre à vous glacer le sang. Vous autres, maintenez la fermement au sol !

Sonulia n'eut pas le temps de comprendre où le nain voulait en venir qu'elle se fit aggripée et plaquée au sol par le draeneï et le paladin. Le gnome quant à lui sembla plus hésitant.

— Mais alors... Tu étais vraiment sérieux tout à l'heure ? demanda ce dernier en balbutiant au nain. Quand tu parlais...

— Je suis très sérieux quand il s'agit des elfes de sang, répondit amèrement le nain préparant sa hache. Non seulement pour avoir déserté l'Alliance quand on avait plus que jamais besoin d'eux, mais surtout pour ce qu'ils ont fait à mon fils. Maintenant, veux tu bien lui tenir la tête que je puisse la trancher...

— BAÏN MARTEAU-DE-BRONZE ! s'écria soudain Sonulia.

Elle ne saurait dire si c'était sous le coup de la panique ou quand le nain avait évoqué son fils et qu'elle avait fait lien avec son nom de clan, mais la mémoire lui était revenue. Elle savait à présent où est-ce qu'elle avait entendu ce nom. Elle se rappela même qu'elle avait toujours sur elle quelque chose appartenant à ce clan nain.

Son cri avait surpris tout le monde, y compris le nain qui fut stoppé dans son geste, comme frappé par la foudre.

— Que... Comment... D'où tu connais ce nom ? demanda ce dernier en balbutiant. Comment oses tu prononcer son nom ?

— C'était un parent à vous, n'est-ce pas ? demanda Sonulia en essayant de reprendre son calme. C'était votre fils ? Celui dont vous venez de faire mention ?...

— Et tu vas m'avouer que c'est toi qui lui a ôté la vie ?

— Ce n'est pas moi qui l'ait tué ! se défendit Sonulia. Et pourtant, les dieux savent combien d'hommes j'ai dû tuer ces cinq dernières années...

— Si ce n'est toi, alors...

— Et ce n'est aucun de ceux de "mon espèce" qui l'a tué non plus, l'interrompit l'elfe de sang. Je vous le jure sur la tombe de ma mère. C'est Garithos et ses hommes les vrais coupables !

— Ga... Garithos ? répéta le nain qui sembla perdu.

— Qui c'est ? demanda le draeneï.

— Aucune idée ! répondit le paladin. J'en ai jamais entendu parler.

— Encore heureux ! rétorqua l'elfe de sang avec beaucoup d'amertume. Ce porc est la raison pour laquelle ceux de "mon espèce" ont déserté l'Alliance et aussi celle pour laquelle vous n'aviez pas pu reconquérir Lordearon. Il dirigeait la résistance supposée libérer le royaume des griffes du Fléau mort-vivant et vouait un mépris sans nom envers les races non-humaines. Lui ainsi que tous ses hommes.

” Si bien que quand Kael'thas et ses hommes sont venus leur prêter main forte, alors qu'ils venaient également de subir de lourdes pertes suite à l'invasion du Fléau, il leur confia des missions suicides pratiquement impossibles. J'appris plus tard, durant ma captivité, que ces missions n'avaient pour autre but de les sacrifier, de faire d'une pierre deux coups ou un truc dans le genre. Parce qu'on était que de la chair à canon à leurs yeux. Pour eux, c'était "les humains passent avant tout, les autres peuvent creuser". Ou plutôt "doivent crever".

— Ma foi, c'est horrible, ce que vous nous racontiez, commenta le gnome qui au son de sa voix paraissait estomaqué. Mais d'un autre côté, cela n'a pas de sens. Je veux dire, sacrifier des hommes en affrontant une armée de mort-vivants et de nécromancien, ce n'est pas un peu... Contreproductif ?

— Ça, c'est à eux qu'il fallait le dire ! pesta Sonulia de plus en plus frustrée. Parce que ça ne leur a pas traversé l'esprit une seconde alors qu'ils étaient sur le terrain. Vous vous étonnez pas après que vous ayez perdu Lordaeron deux fois d'affilée !

" Toujours est-il que malgré tout, Kael'thas et ses hommes ont réussi les missions qu'on leur avait confié. Ils ont même eu plus de succès que Garithos et ses troupes à lui. Et malgré ça, ils ne sont toujours pas content et ont décidé de les arrêter et les condamner à mort. Sous prétexte d'une alliance avec des "hommes-serpents" qui les auraient aidé dans leur mission et à qui on reprocherait d'être non-humains également.

" Et le pire, c'est que je les entends encore se féliciter de pouvoir nous exterminer jusqu'au dernier soi disant pour trahison. Alors que Kael'thas les avaient supplié d'épargner ses hommes, qu'il assumait l'entière responsabilité de ses actes, mais que ce connard de Garithos n'a rien voulu entendre et insisté pour nous exécuter jusqu'au dernier ! Qu'il s'en réjouissait même ! Alors que mon peuple ne vous avait jamais défaut jusqu'à cet incident ! Et après ça, vous osez accuser mon peuple de trahison ? Et bien c'est l'hôpital qui se fout de la charité, je vous le dis.

" Aussi, ai-je mentionné que le Fléau n'a toujours pas été vaincu durant cette incident ? Qu'ils avaient toujours la mainmise sur Lordaeron ?

— Il se "réjouissait" à l'idée de voir faire arrêter et vous condamner pour trahison ? récapitula le gnome de plus en plus perplexe. Alors que vous étiez en pleine campagne contre le Fléau ? Décidément, je n'y entends goutte !

— Mais quel rapport ça a avec Baïn ? demanda le nain sceptique.

— Il était mon voisin de cellule, figurez-vous ! lui répondit Sonia. Il était le seul parmi les troupes de Garithos à s'être indigné et insurgé contre le traitement qu'on infligeait à mes semblables, arguant que c'était contraire aux principe même de l'Alliance. Et pour cela, il s'est fait mettre aux fers pour insubordination.

" Et puis le lendemain... Kael'thas avait réussi à s'évader et s'était enfui on ne savait ou avec ses hommes. Cela a tellement contrarié Garithos qu'il a ordonné l'exécution des prisonniers restants. Ils ont donc exécuté Baïn, mais pas moi parce que... Disons que j'étais leur joujou. Et qu'ils me trouvaient plus à leur goût que le nain.


Le nain fut tellement stupéfait par l'histoire de Sonulia qu'il lâcha sa hache et tomba sur ses genoux. L'elfe de sang vit dans son regard perdu que la haine à son égard avait disparu pour laisser place à de l'effroi, de l'incompréhension et surtout de la tristesse.

Elle surprit à éprouver de la peine pour celui qui deux minutes plus tôt était déterminé à lui trancher la tête

— Je suis sincèrement désolée pour votre fils, dit-elle finalement. Je dois vous avouer qu'il m'était sympathique.

— Pas si vite ! intervint le draeneï toujours sceptique. Qu'est ce qui prouve que ce que vous dîtes est vrai ?

Une preuve ! Sonulia aurait dû s'y attendre. Elle lâcha un soupir d'exaspération à l'idée qu'elle n'avait rien à sa disposition qui pût confirmer sa version des faits. À part...

— Ce n'est pas une preuve décisive, mais j'ai sur moi quelque chose qui devrait vous revenir et qui prouve que j'ai bien connu Baïn, confessa-t-elle en s'adressant au nain. Elle est dans la poche intérieure gauche de mon pourpoint.

D'ailleurs, en y réfléchissant, Sonulia fut étonnée que ses ravisseurs aient songé à retirer ses armes, y compris celles cachées dans ses manches où ses bottes, mais n'avaient pas davantage fouiller son corps. Quelle bande d'amateurs ! songea-t-elle. Et dire qu'elle était leur otage.

Le paladin s'était proposé de fouiller l'elfe (au grand dam de cette dernière) mais qui se porta volontaire. Elle se laissa faire malgré l'embarras de la situation. Elle sentait dans son regard que le nain était tout aussi gêné de la fouiller dans un endroit oareil qu'elle l'était, si ce n'était plus.

Le regard du nain s'illumina quand il sortit du pourpoint de l'elfe une chevalière en bronze sur laquelle était gravé en bas relief un marteau de guerre. L'insigne des Marteaux-de-Bronze.

— C'est bien celle de Baïn ! confirma le nain en scrutant le bijou, la voix tremblante. Cette petite brèche sur la tête de bague ne trompe pas ! Comment... ?

— Baïn me l'avait confié durant sa captivité, au cas où il y arriverait quelque chose, confessa Sonulia. Il m'avait demandé de la remettre à vous et ou des autorités compétentes de Forgefer et qu'ainsi ils soient au courant de ce que Garithos et ses sbires infligeaient à leurs alliés. Mais quand je réussis à m'évader, j'étais déjà une paria aux yeux de l'Alliance et ne pouvais plus approcher un village nain. Alors j'ai gardé cette bague pour me rappeler de la trahison de cette mascarade qu'était l'Alliance.


— Elle nous ment, je vous dis ! insista le draeneï. Elle essaie de semer le doute et la confusion en balançant des calomnies sur l'Alliance !

— Mais Ouladre, et la bague ? demanda le paladin.

— Elle aurait très bien l'arracher au corps du jeune nain après l'avoir tué ! suggéra le draeneï. Et puis son histoire est inconcevable. Comment l'Alliance peut ainsi se livrer à de telles bassesses ! Après tous ses exploits héroïques contre la Horde qui sont parvenus jusqu'à nos oreilles draeneïs !

"La plupart de ses exploits sont également attribués aux elfes de sang (ou hauts-elfes à l'époque) !" voulut rétorquer Sonulia. "Ça ne vous empêche pas de balancer des calomnies sur eux !"

— J'ai quand même un doute ! intervint le gnome. D'un côté, elle m'a paru bien bavarde et prête à passer aux aveux compare à tout-a-l'heure. De l'autre, son histoire d'humains qui se donnent du mal à se débarrasser de leurs alliés alors qu'ils ont une guerre sur les bras et un ennemi commun... Ça me dépasse !... Sans mauvais jeu de mot.

— Batēl, qu'est ce que vous en pensez ? demanda le paladin à l'attention du nain.

— Je... Laissez-moi une nuit que j'y réfléchisse ! répondit le nain dubitatif. La nuit porte conseil, comme on dit !

— V-v-vous voulez passer la nuit avec cette... Cette petite fouine à proximité ? s'indigna le draeneï. Vous tenez à ce qu'elle en profite pour s'enfuir, nous dérober où nous égorger dans notre sommeil ?

"Vous m'avez pris mes armes, attaché les mains et les jambes, je ne peux plus bouger et j'ignore où je suis ou comment retrouver mon chemin !" voulut à nouveau rétorquer Sonulia. "En quoi je représenterais encore un danger à tes yeux ?"

— Je peux garder un œil sur elle, si ça peut te rassurer ! proposa le paladin.

Le nain et le gnome n'y virent pas d'inconvénients tant que cela ne les empêcher pas de se reposer, ce qui ne rassura qu'à moitié le draeneï qui ne dormit que d'un œil.

À son grand dam, Sonulia allait devoir supporter la présence du paladin qu'elle ne pouvait décidément pas saquer et qu'en plus, elle était censé assassiner. Comme si sa situation n'était pas assez embarrassante comme ça !

— Allons, ne fais pas cette tête ! tenta de la rassurer le paladin en se la jouant charmeur. On peut me trouver relou au premier abord mais au bout de quelques heures en ma compagnie, les nanas finissent par tomber sous mon charme !

Il lui fit un clin d'oeil complice.

Elle voulait mourir.

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