Un monde brisé

Chapitre 20 : Le soutien des Marteaux-Hardis

3434 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 12/01/2022 00:28

Depuis qu'elle s'était lancée dans l'aventure, Gahahli en avait du paysage. Rien que sur Azeroth, elle avait connu des régions aussi charmantes comme la forêt d'Elwynn comme elle en avait vu de plus sinistres comme le Bois de la Pénombre ou le Mont Rochenoire.

Pour ce qui était de l'Outreterre, elle en avait à peine vue la moitié jusqu'à présent. Mais elle avait pu découvrir des régions exotiques comme l'insolite marécage de Zangar avec ses champignons géant ou la mystérieuse forêt de Terokkar avec ses "fruits" de cristal, ainsi que des régions comme la Péninsule des Flammes Infernales et le Désert des Ossements rappelant sévèrement le passage des démons.

Et maintenant, sur un drake du Néant qu'elle venait de subtiliser à des gangr'orcs — et dont elle n'avait étonnement aucune difficulté à manœuvrer, la voilà qu'elle survolait la Vallée d'Ombrelune, de loin plus sinistre que la Péninsule et le Désert réunis.

Située à l'Est de la Forêt de Terokkar, ela vallée rappelait à la jeune elfe de la nuit le Mont Rochenoire, une terre dévastée et stérile, couverte de roches et de cendres, où pas un brin d'herbe ne poussait. Des arbres calcinées constitués la seule végétation de cette vallée couverte sous d'épais nuages noires et dominée en son centre par un volcan menaçant d'où coulait des rivières de laves. La grosse différence étant que la lave était de couleur verte. Du même vert que le feu des démons, révélant ainsi leur omniprésence dans cette vallée de la mort.

Une véritable terre de cauchemar pour la jeune elfe de la nuit, fille de la forêt et ayant encore en mémoire le passage des démons dans sa forêt natale.


Néanmoins, elle avait un ami à sauver. Un ami capturé et fait prisonnier par des gangr'orcs.

De ce qu'elle avait compris, ces derniers avaient emmené Bathris au Temple Noir. Et si sa mémoire était bonne, le fameux Temple se trouvait à l'extrême Est de la vallée, au delà du volcan menaçant qui la dominait.

Sur le chemin, elle ne trouva que des villages orcs et les ruines de bâtiments draeneïs comme habitations, ainsi que des machines de guerres laissées à l'abandon qui jonchaient le sol. Rien qui ne ressemblait à un temple pour le moment.


Comme Gahahli pouvait s'y attendre quand elle y jeta un œil, la vie en contrebas n'avait rien d'amical ou d'hospitalier. Des bêtes gangrenés comme des sangliers couverts de piques ou des chimères erraient sans but dans ces terres désolées. Des gangr'orcs et des démons en tout genre (parmi lesquels des satyres, des succubes, des gangregardes et des Infernaux) y patrouillaient également. Elle vit également des Saccageurs Gangrenés, à l'instar de la machine géante qui avait manqué de l'écraser à la Porte des Ténèbres, également en patrouille.

Clairement, elle était en territoire ennemi. Peut-être même que la vallée formait le Bastion de la Légion Ardente, vu le nombre de démons.

Par chance, aucuns de ses ennemis ne prêtent attention à l'intention de l'elfe de la nuit. Elle voulait suffisamment haut avec son drake pour qu'à ses distances ils la prirent pour un des leurs.

Pourtant, leur présence mettaient Gahahli mal à l'aise. Elle ne s'était trouvée en présence d'un nombre aussi considérable de démons, en étant livrée à elle-même. La peur lui nouait l'estomac, elle avait de plus en plus de mal à respirer. Elle se sentit comme une petite souris devant traverser une grotte remplie de serpents affamés sans se faire repérer.

Il fallait pourtant qu'elle tînt bon. La vie de Bathris en dépendait.


Après une bonne heure de vol, elle le vit enfin : le fameux Temple Noir.

Et en le regardant, Gahahli eut du mal à croire que cette bâtisse, aussi sinistre que la vallée, fut autrefois un lieu de prière et un sanctuaire pour les draeneïs. On aurait plutôt dit une forteresse servant de demeure au Mal incarné.

C'était là que l'elfe de sang était fait prisonnier. Gahahli en était persuadée.

Malheureusement, impossible pour elle de pénétrer les lieux sans être repérée. La grande porte ainsi que les remparts du temple étaient gardé par les mêmes orcs et démons qu'elle avait vu patrouille dans la vallée, ainsi que par des Roués, des nagas et des elfes visiblement gangrenés. De plus, des drakes du Néant montés par les orcs survolaient inlassablement l'édifice par centaine, patrouillent depuis le ciel.

Plus qu'une garde, c'était une armée qui surveillait et protégeait le temple.

La jeune elfe de la nuit n'était clairement pas de taille face autant d'ennemis. Elle n'avait pas assez de flèches. Et même son Sabre-de-nuit qui, fermement accroché aux épaules de la monture, commençait à avoir le mal de l'air ne lui serait pas d'une grande aide.

Elle dût alors rebrousser chemin avant que les gardes ne la repèrassent.

"Désolée, Bathris !"


Elle se posa finalement dans les ruines d'un site draeneï abandonné, au sud de la vallée, où elle serait à l'abri de ses ennemis.

Jakua en profita pour se dégourdir les pattes, content de retrouver le plancher des vaches, pendant que sa "partenaire" attacha le drake à ce qui restait d'une colonne en pierre.

La jeune elfe de la nuit se sentit honteuse d'avoir parcourue tant de chemin pour se dégonfler a la dernière minute. Elle savait qu'elle n'aurait rien pu faire avec le peu de moyen qu'elle avait à sa disposition, elle ne put s'empêcher de se sentir impuissante, faible et lâche. Un sentiment qui lui rappelait amèrement le jour où elle avait vu sa mère se faire emporter par les démons et son village brûlé par des orcs corrompus.

Elle s'adossa finalement contre un rocher, reprenant son souffle et réfléchissant à une manière d'infiltrer le Temple et de délivrer son ami elfe de sang. Mais que faire ?

Elle ne pouvait y aller toute seule. C'était une certitude. Il lui fallait des renforts. Beaucoup de renforts.

Elle pouvait peut-être rebrousser chemin vers le Bastion de l'Honneur et espérer retrouver ses amis en chemin pour qu'elle leur expliquât la situation. Mais ainsi, elle devrât avouer avoir violer l'interdiction que lui avait imposer son père et pire encore, qu'elle avait sympathiser avec un elfe de sang, avec "l'ennemi". Peu de chance que ses amis le prendraient bien. Encore moins Batēl ou Ouladre qui avaient démontré à plusieurs reprises leur aversion pour les elfes de sang. Et c'était sans parler de son père qui à tous les coups serait sorti de ses gonds rien qu'en apprenant qu'elle lui avait à nouveau désobéi en faisant le mur.

Et pas question de retourner à Shattrath, pas après avoir constaté que les résidents portaient moins les elfes de sang dans leur cœur que l'Alliance elle-même.

Elle se sentit dans une impasse.


Elle fut soudain distraite par ce qui ressemblait au cri d'un très gros rapace et vit alors une volée de cinq griffons planant au dessus d'elle.

Apparemment, la présence des griffons avait suffit à rendre le drake du Néant nerveux, si bien qu'il se débattait pour reprendre son envol et que Gahahli dut se jeter sur ses rênes pour l'en empêcher.

”Tu vas te calmer et tu n'iras nulle part !" la commandait-elle intérieurement. "J'aurai encore besoin de toi, d'une manière ou d'une autre '"

Jakua vint lui prêter compagnie en surveillant les griffons, toutes griffes dehors.

En observant les griffons qui se rapprochaient du sol, Gahahli remarqua qu'ils étaient dressés et montés. Par des nains. Des nains du clan Marteau-Hardi.

Avec ses compagnons, elle avait eu l'occasion de faire la connaissance de ce clan lors d'une mission diplomatique dans les Hinterlands. Il s'agissait d'un clan de nains fiers, hardis et plus sauvages que leur cousins de Forgefer, qui se distinguaient de ces derniers par leur peau plus bronzée et étaient reconnaissables aux tatouages qu'ils avaient sur tout le corps. Ils vivaient en communion avec la nature, les rendant plus proche des elfes ou des taurens que de leur cousins de Forgefer. Ils étaient notamment réputés pour le lien qu'ils entretenaient avec les griffons, un lien similaire à celui que les elfes de la nuit entretenaient avec leur Sabre-de-nuit et leurs hippogriffe.

Cela étant dit, Gahahli ne s'attendait pas à en trouver en Outreterre et encore moins dans une vallée empestant la mort et la malfaisance.

Elle y vit toutefois une lueur d'espoir et fit signe aux nains de sa position.

Ces derniers, visiblement des chasseurs, firent atterrir leur griffon juste devant l'elfe de la nuit et la jaugèrent du regard, méfiants.

Jakua se montra également méfiant à qui il montrait les crocs en signe d'avertissement.

— Tout doux, Jakua ! lui souffla Gahahli. Tout doux.

Cela suffit à calmer le Sabre-de-nuit mais celui-ci resta sur le qui-vive.

Gahahli voulut aller à leur rencontre mais à peine avait-elle fait un pas dans leur direction, un des nains qui semblait être le chef, la stoppa dans son élan en brandissant un marteau dans sa direction.

— Identifie-toi, l'elfe ! lui ordonna-t-il sévèrement. Et garde les mains en évidence que je puisse les voir !

— Hum... Je suis Gahahli Ventenuit ! répondit l'intéressée Qui s'exécuta prise au dépourvue par la requête et le ton du nain. Je suis une simple elfe de la nuit, chasseresse de mon état, combattant pour l'Alliance...

Elle eut la curieuse impression d'avoir déjà vu le chef nain à la barbe bien fourni, le crâne dégarni et tatoué et la longue queue de cheval qu'il avait à l'arrière du crâne. Mais elle ne saurait dire où.

— Qui nous prouve que tu es vraiment de l'Alliance ? la questionna un des chasseurs nains. Ce drake du Néant, il est à toi ?

— Pas vraiment, avoua Gahahli. Je l'ai volé à des gangr'orcs qui ont...

— Enlève le haut ! lui ordonna soudain le chef des nains.

— Je vous demande pardon ?

— Juste le haut ! Que je vois si tu as sur toi la marque du démon ! Que tu n'es pas un de ses disciples.

"Marque du démon ?" Mais de quoi parlait-il ? Et un disciple de qui ?

— Hum... Kurdran ? Je ne vois ni cornes ni yeux verts, intervint un second chasseur nain. Je ne vois pas la raison...

Cela revient soudain à la jeune elfe de la nuit. Kurdran Marteau-Hardi, un héros de la Seconde Guerre contre la Horde. Une statue à son effigie trônait dans L'allé des Héros à Hurlevent, avec celle d'autres héros de cette même guerre disparu en Outreterre. Avec Danath Trollemort rencontré au Bastion de l'Honneur, cela faisait deux héros sur cinq qu'elle rencontrait en chair et en os en aussi peu de temps. Mais pas dans les meilleurs circonstances dans le cas présent.

— On n'est jamais trop prudent ! expliqua Kurdran à ses hommes. Elle pourrait très bien être une de leurs nouvelles recrues.

Gahahli n'avait aucune idée de quoi ces nains parlaient, mais elle s'exécuta bon gré mal gré et commença à défaire sa tunique.


En général, se dévêtir en la présence d'un autre ne dérangeaient pas les elfes de la nuit. Du moins tant qu'ils entraient eux. Car avec les races de l'Alliance, il s'avérait que ça les gênait de voir une femme se déshabiller. La jeune elfe de la nuit s'en était rendu compte un jour où elle avait voulu prendre un bain et commencé à se dévêtir alors que ses compagnons étaient encore présents. Ces derniers avaient dû lui expliquer en toute hâte que ça ne se faisait pas, que c'était même interdit en public (heureusement, ils étaient dans une chambre d'auberge à ce moment-là) et qu'elle pourrait être arrêté pour attentat à la pudeur. On l'avait également mis en garde contre certains hommes qui se comporter aient de manière violentes et incontrôlables à la vue d'une femme qui en révélerait trop sur son anatomie (voire à la simple vue d'une femme, qu'importe sa tenue). Dès lors, Gahahli faisait plus attention quand lui venait l'envie de se déshabiller que ce fût pour se laver ou se changer. Et elle avait appris à se méfier des hommes, sans pour autant comprendre comment révéler, même partiellement, son anatomie suffisait à déclencher autant d'effervescence chez les hommes. Elle comprenait encore moins pourquoi passait sans problème quand un homme se promenait torse nu à la vue de tous.

Mais toujours est-il qu'elle avait assimilé l'importance que les habitants des Royaumes de l'Est accordaient à la pudeur.

Ce fut donc avec une certaine gêne qu'elle défit sa tunique et dévoila à des inconnus ses épaules dénudées et le haut de son torse — heureusement qu'elle portait un soutien-gorge.

Les nains n'avait pas l'air pour autant d'en profiter de la vue — la jeune elfe de la nuit devait sûrement être trop grande et chétive à leur goût, devant préférer les femmes plus rondes et plus à leur taille.

Cela n'empêcha pas Kurdran d'inspecter l'elfe de la nuit du regard et de lui ordonner de se tourner tout en soulevant ses chevaux afin qu'il pût voir son dos.

— Aucune marque du démon... C'est bon, tu peux te rhabiller ! lui dit finalement Kudran. Excuse-nous mais... Les quelques elfes qu'on croise dans cette région, ceux ne sont pas des copains.

— Et ils portent tous la marque du démon sur leur torse et leurs épaules ! s'empressa d'ajouter un des chasseurs nains. C'est d'ailleurs à ça qu'on les reconnaît.

— Vous... Vous voulez parler des elfes de sang ? demanda Gahahli qui avait fini de se rhabiller.

— De ceux qui se font appeler "elfe de sang" et de aussi des... Comme toi, là ! répondit un second nain. Avec la peau violacé et les cheveux bleus. Ou vert. Ou gris... Enfin, t'as compris !

De plus en plus curieux ! songea Gahahli. Il n'y aurait donc pas que les elfes de sang qui seraient passés à l'ennemi ? Il y aurait donc également des elfes de la nuit qui seraient de connivence avec les démons ? Et qui résideraient dans cette vallée ? Mais que diable se passait-il, à la fin ?

— Alors, si tu n'es pas des leurs, que viens-tu faire ici ? la questionna Kurdran.

— Et bien voilà, je suis venu secourir un ami, répondit Gahahli qui décida d'être sincère. Il s'est fait capturé par les orcs à qui j'ai volé ce drake et il est retenu prisonnier...

— Une mission de sauvetage, donc ? Intéressant... Tu sais où ton ami est retenu prisonnier, au moins ?

— Oui et c'est malheureusement là le hic. Il est au Temple Noir.

À la simple évocation de ce nom, les nains s'échangèrent des regards interdit, faisant planer un silence de mort, lourd et pesant.

— Dans ce cas, tu peux considérer ton ami comme mort ! dit finalement Kurdran, brisant ainsi le silence. Désolé, petite.

— Attendez ! Que voulez-vous dire par "le considérer comme mort" ? demanda Gahahli incrédule.

— Tu n'es donc au courant de rien ? s'indigna un des nains. Le Temple Noir est la demeure du Seigneur de l'Outreterre !

— Non seulement il en est le maître absolu mais quiconque pénètre sa demeure, à moins que ce ne soit un de ses sbires, il a peu de chances d'en sortir vivant, ajouta le second nain. Voire d'en sortir tout court.

— Aussi, tu peux faire une croix sur ta mission de sauvetage, ajouta à son tour Kurdran désolé. Parce que ce temple est une véritable forteresse et pas des plus facilement prenables. Depuis que nous avons établi notre avant-poste dans cette maudite vallée, moi et mes Marteaux-Hardis avions surveillé ce temple et tenté plusieurs fois de la prendre sans succès.

— Et pour ne rien arranger, les forces de celui qui occupe les lieux ne font qu'accroître de jour en jour, ajouta un troisième nain pessimiste.

Les paroles des nains n'avaient certes rien d'encouragement, mais Gahahli se refusait de les croire. Ou plutôt, elle se refusait tout simplement d'abandonner et de laisser un ami à son sort, malgré le danger qui lui faisait obstacle. La dernière fois qu'elle avait dû abandonner à son sort une personne qui lui était chère pour sa propre survie, elle s'en était voulue durant les années qui avaient suivie. Autant dire qu'elle s'en voulait encore en cet instant et assez pour refuser un second échec.

— Il doit y avoir un moyen ! dit-elle emplie de résolution. Il y a forcément un moyen !... Peut-être qu'en unissant nos forces...

Les nains la dévisagèrent d'un air perplexe. Ils devait tous penser que l'elfe était folle.

— M'as tu bien écouté ? la questionna Kurdran. En vingt ans, aucun d'entre nous n'a pu prendre le Temple...

— Qui vous parle de le prendre ? s'impatienta la jeune elfe en oubliant les bonnes manières. Je vous parle de faire s'évader un prisonnier !

— On n'arrête pas de te le dire ! insista un des nains. Personne ne sort du Temple à part les sbires du démon.

— Si aucun n'en est sorti, c'est qu'il est possible d'y entrer, non ? insista derechef l'elfe de la nuit.

Le regard des nains se firent de plus en plus perplexe, questionnant le raisonnement de l'elfe. Puis Kurdran reprit la parole :

— Dis-moi, ton "ami", tu dois y tenir beaucoup, n'est-ce pas ? Je veux dire, au point de risquer l'impossible pour lui...

Gahahli ne s'attendait pas du tout à ce genre de remarque. Jusqu'à present, elle avait eu la prudence de ne préciser qu'elle parlait d'un elfe de sang, ne sachant pas exactement quel lien les Marteaux-Hardis entretenaient avec ces derniers. Mais Kurdran venait de révéler un point non négligeable. Ces derniers temps, la jeune elfe de la nuit avait développé des sentiments bien étrange pour quelqu'un qu'elle ne connaissait que depuis à peine vingt-quatre heure et qui en plus de ça appartenait au camp adverse. Et pourtant, ce qu'elle éprouvait à son égard était assez puissant pour qu'elle tentât l'impossible pour lui. Et elle venait d'en prendre conscience qu'à l'instant. Elle en avait les jambes qui tremblaient rien qu'en y pensant. Et elle pouvait difficilement le nier.

— Disons que je me sens responsable de son sort, tenta-t-elle de se convaincre. Si j'avais été plus rapide et moins hésitante...

— C'est donc pour avoir la conscience tranquille que tu entreprends cette mission périlleuse ? l'interrogea Kurdran. Je croyais que tu voulais sauver un ami...

— Bien sûr que je veux le sauver ! se défendit la jeune elfe. Et j'irais jusqu'à défier la Mort ou le Mal incarné s'il le fallait !

"Et puis en quoi venir au secours de quelqu'un qu'on aime et apaiser sa conscience en se rattrapant de ses erreurs seraient incompatibles ?" se demanda-t-elle à la fois indignée et perplexe.

Un sourire se dessina sous l'épaisse barbe de Kurdran quand il dit :

— "Jusqu'à défier la Mort ou le Mal incarné" pour ton ami, tu dis ? C'est que tu commences à me plaire, Cheveu Bleu !

Son approbation finit par gagner ses hommes comme une traînée de poudre.

— En voilà une qui n'a pas froid aux yeux ! pouvait-on les entendre chuchoter entre eux. On croirait entendre une Marteau-Hardi !

Gahahli prit la remarque comme un compliment, si bien qu'elle en rougissait. Ce fut la première fois depuis un certain temps qu'on la valorisait pour son audace et sa résolution.


En moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire, le chef des Marteaux-Hardis invita la jeune elfe de la nuit de le suivre avec ses bêtes jusqu'à leur Bastion, niché au creux d'un vallon situé à deux pas de leur lieu de rencontre, afin qu'ils pussent tous ensemble établir le plan d'attaque pour permettre à Gahahli de sauver Bathris.

Et pour prendre d'assaut le Temple Noir et affronter ses gardes pour une mission de sauvetage, il fallait se la jouer fine.

Laisser un commentaire ?