Un monde brisé

Chapitre 16 : Le marais aux champignons

3514 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 16/10/2021 00:44

Quand elle avait lu et relu les cartes de l'Outreterre, Gahahli avait conscience que le marécage de Zangar fourmillait de champignons. Elle ne se doutait qu'ils s'agissait d'une forêt au sens littéral de champignons. Gros comme des arbres, couvrant les bassins du marais de leur chapeaux. Contrastant avec la Péninsule des Flammes Infernales aux paysages désolés et arides que les deux elfes venaient de quitter.

Une chose était certaine, ni la jeune elfe de la nuit ni son Sabre-de-nuit ni son improbable compagnon elfe de sang ne trouverait de marécage ou de région aussi atypique et exotique sur Azeroth. C'était décidément un tout autre monde qui s'ouvrait à eux quand ils pénétrèrent et explorèrent le marais à l'ombre des champignons géants, leur donnant l'impression d'avoir été réduit à la taille des fourmis. Des champignons bioluminescents, émanant de faibles lueurs sous leur chapeaux, apportant une ambiance apaisante dans cette région marécageuse.

— Vous croyez qu'ils sont comestibles ? demanda Bathris sur le ton de la plaisanterie.

La première chose qui sauta aux yeux — ou plutôt au nez de la jeune elfe de la nuit était l'odeur abondante du sel émanant des bassins, une odeur qui n'était pas sans rappeler celle de l'eau de mer.

Et puis il y eut la faune, aussi atypique que la flore elle-même.

Des créatures volantes semblables à des raies à la que filamenteuse voletaient avec grace à travers les champignons, sans se soucier davantage de la présence des deux elfes qui eux se laissaient hypnotiser par la grace de ces étranges créatures tout en gardant leur distances. D'autant qu'elles laissaient traîner des spores sur leur passages.

Puis quelque chose sembla disperser les créatures volantes prises de paniques et vinrent alors d'autres créatures encore plus bizarres, au nombre de trois. Elles avaient une légère ressemblance avec celles qu'elles venaient de faire fuir et faisaient également traîner des spores sur leur passage mais ne volaient pas. Elles marchaient. Sur trois longues pattes faisant trois fois la hauteur d'un humain de taille moyenne, leur faisant davantage ressembler à des méduses — ou plutôt à des physalies aux longs filaments. Elles étaient également pourvus de deux tentacules qui devaient leur servir de mains. De suite, la jeune elfe de la nuit les trouva moins plaisantes que les "raies".

Les deux elfes restèrent néanmoins immobile face à ses étranges bestioles. Même Jakue ne savait quelle posture adopter tant il semblait aussi hébété que les deux elfes.

Les trois créatures s'arrêtèrent à la vue des deux elfes et les fixèrent longuement du moignon lumineux qui devait leur servir de tête... d'où ils projetèrent soudain un rayon laser dans leur direction.

Les deux elfes évitèrent de justesse le rayon, grâce à Bathris qui eut le réflexe de pousser Gahahli sur le côté.

Aussitôt relevé, l'elfe de sang voulut contre-attaquer mais avant qu'il n'eût le temps de dégainer son épée, l'elfe de la nuit le retint et le somma de fuir dans sa direction tout évitant les tirs des étranges "marcheurs des marais".

Ils arrivèrent finalement à les semer. Malgré leur trois longues pattes, les créatures étaient à peine plus rapides qu'un homme marchant au pas. Ils se cachèrent dernière un immense champignon couché au sol, déraciné, pour reprendre leur souffle quand les marcheurs finirent par les rattraper. Mais apparemment, ils n'avaient pas encore localisé les deux elfes ni le Sabre-de-nuit qui retenaient leur souffle.

Gahahli profita que les marcheurs regardent ailleurs pour lancer un caillou dans la direction opposé, parvenant ainsi à les distraire. Puis, une fois les créatures hors d'atteinte, les deux elfes s'éloignèrent à leur tour. En silence. Et selon les indications de l'elfe de la nuit, marchèrent à reculons, pour être sûrs de ne pas être trahis par leur empreintes de pas avant de s'arrêter dans ce qui devait être une mare asséchée.


Puis ce fut le retour des raies volantes, indiquant à la jeune elfe de la nuit que le danger avait été écarté, leur permettant ainsi de reprendre leur souffle.

— Mais au fait, pourquoi ne pas leur avoir simplement tirer d'une flèche dans la tête ? demanda Bathris incrédule. J'ai quand même fait réparé votre arc ! Si c'est pour ne pas vous servir...

— Premièrement, un bon chasseur doit savoir économiser ses munitions pour quand il en aurez vraiment besoin, expliqua Gahahli.

— Pourtant, au vue de ces bestioles et de comment ils nous ont attaqué, on en aurait eu besoin, de vos munitions, si je puis me permettre ! rétorqua l'elfe de sang.

— Deuxièmement, n'oubliez que nous sommes dans un monde qui n'est pas le nôtre et nous ne savons encore rien des bestioles qui nous ont attaqué, reprit l'elfe de la nuit. Si ça se trouve nous étions simplement sur leur territoire, ils ont pris peur en nous voyant et n'ont fait que se défendre. Les attaquer n'auraient fait qu'envenimer les choses, en plus d'être indécent.

— Ah tiens ! C'est indécent de se défendre contre des bestioles qui essaient de nous tuer ! ironisa l'elfe de sang.

— Nous sommes les intrus, je vous rappelle, insista sérieusement l'elfe de la nuit. Vous aurez réagi pareil si des créatures d'un autre monde et peu sympathique en apparence venaient empiéter sur vos terres ou dans votre jardin.

Bathris voulut répondre quelque chose mais resta finalement coi. Peut-être bien que Gahahli venait de marquer un point.

— Enfin, troisièmement, comme nous ne savons rien sur ces bestioles, nous savons encore moins comment ils réagissent quand on les transperce d'une flèche ou d'une épée, reprit Gahahli. Est-ce suffisamment pour les tuer sur le coup ? Est-ce qu'en mourrant, son corps ne va pas réagir d'une manière dangereux comme exploser et projeter de l'acide ou libérer une myriades de spores toxiques ?

— Ça peut vraiment faire ça ?

— Je ne sais pas mais on m'a bien parlé de démons qui explosaient en mourrant et faisaient tout calciner sur leur passage et ce à la vitesse de l'éclair. Alors si je pouvais éviter de provoquer une catastrophe similaire, ça m'arrangerait.

L'elfe de sang se mit soudain à glousser de manière nerveuse.

— Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ? demanda l'elfe de la nuit.

— Rien, je... Je pensais à ma sœur. Vous vous serez entendu à merveille, je pense.

— Vous avez une sœur ?

— Une sœur jumelle, pour être exact. Ou plutôt, j'avais...

— Par Elune ! Que lui est-il arrivé ?

— Je ne sais pas exactement... J'ai pourtant fouillé tout Quel'thalas pour retrouver sa trace mais en vain... Je crains qu'elle ait péri durant l'invasion du Fléau... À moins que ceux soient les trolls Amani qui l'aient eu.

— Oh, je suis vraiment désolée de l'apprendre. Si ça peut vous consoler, j'ai aussi perdu de la famille quand la Légion nous a envahi. Il ne reste plus que mon père et moi.

— Au moins, vous avez toujours de la famille, vous. Enfin je veux dire... Je suis navré pour vous.

L'elfe de sang n'avait pas tort. Fryvas était la seule famille qui restait à Gahahli. Sur ce point, elle s'en sortait mieux que Bathris venant d'avouer qu'il n'avait plus de famille. Et malgré ça, leur relation était de plus en houleuse et sur la corde raide.

— Elle voulait être forestière, vous savez ? dit l'elfe de sang en tentant de détourner le sujet. Ma sœur jumelle. Un peu comme ce que vous faîtes là, d'ailleurs. Elle rêvait de tirer à l'arc et de se battre aux côtés des sœurs Coursevent.

— C'est charmant ! répondit l'elfe de la nuit amusée. Et votre rêve de gosse à vous, c'était quoi ?

— Et bien, à la base, je voulais être chevalier comme ma mère l'avait été avant moi, répondit Bathris mélancolique. J'avais songé à intégrer l'Ordre de la Main d'Argent qui accueillait quiconque appartenait à l'Alliance et correspondait davantage à mes idéaux. Mais il y a eu l'invasion du Fléau et de la Légion, l'Ordre de la Main d'Argent fut dissoute et il ne me restait plus que l'Ordre des Chevaliers de Sang fraîchement créé.

— Et alors ? Ça s'est passé comme vous le vouliez.

— Pas exactement. J'ai pourtant fait mes preuves mais... J'ai eu un différend politique avec mes supérieurs et j'ai dû rendre mon tabard. Donc me voilà chevalier errant, tel que vous me voyez.

— Mais pourquoi ? Ce n'était pas assez bien pour vous, cet ordre de chevaliers de sang ?

— C'était... Ce n'était pas vraiment ce que j'attendais. Voyez-vous, si je voulais être chevalier c'est pour défendre la veuve et l'orphelin, ceux qui n'ont eu pas beaucoup de chance, sont dans le besoin et doivent se serrer la ceinture, comme l'a été ma famille après la Seconde Guerre. Pas de faire la police quitte à oppresser ceux que je voulais protéger et servir à la base.

Gahahli ne su pourquoi mais elle sentit comme un élan de sympathie et d'admiration vis à vis de l'elfe de sang. Elle sentait qu'elle avait affaire à un homme de parole, un type bien et intègre comme elle n'en avait jamais rencontré auparavant et aux antipodes de ce qu'elle avait pu entendre sur ses semblables.

— Pardon, je dois paraître trop idéaliste ? demanda Bathris gêné. Trop niais, peut-être ?

— Non-non-non ! s'empressa de répondre l'elfe de la nuit. Je trouve au contraire que c'est admirable de votre part...


Ils furent soudain interrompu par Jakua qui grognait et hérissait le poil en direction de la colline qui dominait la zone. Il avait senti un danger. Un danger qu'il reconnaissait cette fois.

Gahahli fut la première à réagir. Elle se mit à plat à ventre et commença à ramper lentement vers la colline tout incitant Bathris d'en faire de même. Il s'exécuta.

Depuis le versant de la colline, ils virent avancer à travers le marais un groupe de créatures — ou plutôt ils rampaient, n'ayant qu'une longue queue de serpent pour se déplacer. Ces créatures, la jeune elfe de la nuit les connaissait que trop bien mais dont elle ne s'attendait pas à retrouver en Outreterre.

— Des nagas ! souffla-t-elle.

Elle était parcouru de frissons à l'idée que ces hommes-serpents au dos hérissé d'une large crête fussent apparentés aux elfes comme Gahahli ou Bathris. Mais pour autant qu'elle savait, ces abominations venaient des profondeurs de l'océan d'Azeroth. Que diable faisaient-ils en Outreterre ?

— Vous connaissez ces monstres ? lui demanda Bathris à voix basse.

— Pas vous ?

— Non ? Le devrais-je ?

La jeune elfe de la nuit n'osait pas lui expliquer qu'elle avait récemment entendu dire que les elfes de sang auraient pactisé avec les nagas. Elle estima que ce n'était pas le bon moment et jugea l'elfe de sang trop honnête pour feindre l'ignorance.

Elle reporta alors son attention sur les nagas et reconnut très vite la femelle, probablement la cheffe du groupe, qui ouvrait la marche. C'était la seule à avoir deux paires de bras et le visage relativement humanoïde comparé aux mâles qui n'avaient que deux bras robustes et un tête de lézard.

Les nagas n'étaient pas seuls cependant. Ils semblaient escorter des créatures humanoïdes pas plus grandes que des gnomes et qui avait l'air d'être à moitié champignon, ainsi que ce que Gahahli reconnut comme une version muté du draeneï sans pour autant se rappeler comment cela s'appelait. Il était trapu, avait le teint pâle, le visage émacié, n'avait que trois doigts griffus à chaque main. Il n'avait pas de queue contrairement aux draeneïs mais avait à la place des appendices similaires à ce qui lui faisait office de barbe qui lui poussait dans le haut dos, entre les deux omoplates. Et il marchait à grand peine.

Un des nagas le poussa violemment comme pour l'inciter à marcher plus vite, manquant de le faire tomber. Un des bonhommes-champignons semblait rouspéter contre la brutalité de leurs escorte dans un langage qui fut incompréhensible pour la jeune elfe de la nuit puis se retira rapidement face au regard et au sifflement glacial que lui lançaient les hommes-serpents. Gahahli remarqua seulement maintenant que les bonhommes-champignons et le draeneï mutant avaient les poignées attachées. Les nagas les avaient fait prisonniers.

— Dîtes, les nagas, sont-ceux des ennemis ? demanda Bathris.

Il ne savait décidément rien sur eux ?!

— Ceux sont tous sauf des amis, j'en suis certaine ! lui répondit Gahahli.

— Et ceux qu'ils tiennent en otage ? redemanda l'elfe de sang.

— J'ignore qui ils sont mais ils sont dans une mauvaise posture, ça ne fait aucun doute !

— Donc, il n'y a pas d'inconvénient à ce qu'on leur vienne en aide ?

L'elfe de la nuit eut peur de comprendre où l'elfe de sang voulait en venir. Après tout, il avait affirmé un peu plus tôt s'être fixé pour principe de défendre la veuve et l'orphelin.

— Je... Je suppose que non, mais...

— Eux aussi ils explosent si on les tue ?

— Non, mais il faut se méfie de la femelle naga. Les mâles sont principalement de grosses brutes, les femelles sont plus malignes, rusées et manient la magie...

— C'est noté ! Couvrez-moi !

Elle avait à peine eu le temps de finir sa phrase que l'elfe de sang était déjà parti à la rencontre des nagas, l'épée au poing, prêt à en découdre, sans même élaborer un plan de secours à part demander à l'elfe de la nuit de le couvrir.

— Nagas ! clama Bathris en s'interposant devant les hommes-serpents. Je vous somme de relâcher vos prisonniers ?

Observant la scène depuis le versant de la colline, immobile, Gahahli retint son souffle. Qu'est-ce que cet abruti était en train de faire ? Et on la reprochait d'être trop impulsive et irréfléchie ?

Les nagas le dévisagèrent et s'échangèrent des regards incrédules. Apparement, ils n'étaient pas pressés de passer à l'attaque.

— On a changé les ordres, maintenant ? demanda l'un d'entre eux.

— Qui c'est qui t'envoie ? questionna la cheffe à l'intention de l'elfe de sang.

— Personne ! répondit bravement ce dernier. Je suis ici de mon propre chef.

La cheffe des nagas agita soudain sa langue fourchue en direction de Bathris dégouté par le comportement de son intelocutrice.

— Tu n'es pas d'ici, ça se sent ! fit remarqué la femelle naga.

— Alors de quel droit tu il donne des ordres ? demanda un des nagas énervés.

— Quel importance ! Occupez vous de lui, les garçons ! ordonna la cheffe.

Gahahli comprit que c'était à elle d'intervenir. Son compagnon elfe de sang allait se battre à un contre dix.

D'instinct, elle se releva et tira une flèche dans la nuque le plus proche de l'elfe de sang, ce qui suffit à attirer l'attention des autres.

— Embuscade ! s'écrièrent les nagas dont la moitié du groupe se détacha pour charger l'elfe de la nuit.

Jakua les prit à revers et bondit sur l'un d'eux, plantant ses crocs dans la jugulaire pendant que Gahahli continuait à tirer des flèches sur les assaillants et que Bathris se défendait avec son épée

Excédée et dépassée par les événements, la femelle nagas tenta de geler ses adversaires d'un geste de la main. Mais l'elfe de le sang de lui lancer son épée juste avant que son bras ne soit immobilisé par la glace et qui vint se planter dans les reins de la femme-serpent, la tuant sur le coup et annulant le sort de justesse.


Un seul naga survit à la confrontation et prit la fuite, laissant ses otages à la merci des deux elfes. Les bonhommes-champignons acclamèrent avec enthousiaste leur sauveur tout en braillant un langage aussi incompréhensible qu'un cri de murloc.

— Dites-donc, jolis tirs ! complimenta Bathris à l'intention de l'elfe de la nuit occupée à retirer ses flèches des corps, après avoir lui même retiré son épée. Pour une archère, vous vous défendez pas trop mal.

— Je pourrais savoir ce qui vous est passé par la tête ? questionna Gahahli excédée. Affronter l'ennemi de front ! Aussi directement ! En arrivant comme une fleur !

— Et alors ? On les a eu, non ? se défendit l'elfe de sang. Et on a libéré leurs otages.

— On a failli tous y passer, avec votre imprudence ! s'impatienta l'elfe de la nuit. Quand je pense que c'est moi l'irresponsable !

— Mais on s'en est tous sortis ! Et c'est ce qui compte ! Le résultat et que l'on soit tous vivants !

L'elfe de la nuit ne sut quoi répondre. Elle venait de réaliser qu'elle parlait exactement comme son père. Quel effet étrange cela lui faisait.

— Bon, je reconnais qu'on a eu beaucoup de chance, ce coup-ci ! tenta de s'excuser Bathris. Je promets de faire plus attention la prochaine fois, d'accord ?

— Pourquoi...

C'était le draeneï mutant qui venait de marmonner tandis que les bonhommes-champignons l'aidaient à se relever.

— Vous allez bien, monsieur ? demanda Gahahli.

— Pourquoi nous avez vous délivrer ? leur questionna le vieux draeneï.

Les deux elfes s'échangèrent un regard incrédule, tous les deux étonnés par la question qu'on venait de leur poser.

— Et bien, c'était la moindre des choses ! répondit Bathris.

— Aurait-on mal agi ? demanda l'elfe de la nuit de plus en plus perplexe et inquiète.

— Ce n'est pas la question ! s'impatienta le vieux draeneï mutant. Pourquoi VOUS nous avez délivré ?

Il posait la question à l'elfe de sang de plus en plus déconcerté au point qu'il ne sût plus quoi répondre.

— Alors, c'est vrai ? reprit le vieux draeneï après un moment de silence gênant. Vous n'êtes pas d'ici ? Vous n'êtes pas de mèche avec les nagas ?

— Comment le serais-je ? se défendit l'elfe de sang. Je suis ici depuis à peine quarante-huit heures et c'est la première fois de ma vie que je vois ces "nagas".

— Il dit la vérité ! vint le soutenir l'elfe de la nuit. Nous sommes arrivé en Outreterre il y a peu.

— Et pourquoi serais-je de connivence avec les nagas ? s'impatienta Bathris. L'un de vous pourrez me l'expliquer ?

— Pas ici ! répondit le vieux draeneï. Ils pourraient revenir, avec des renforts.

— Je crois qu'il a raison ! soutint Gahahli. Il ne vaut mieux pas s'éterniser ici. Avec les nagas, on ne sait jamais à quoi s'attendre. Vous pouvez marcher, monsieur ?

— Appelez-moi Nobundo, répondit le vieux draeneï. Et dans mon état actuel, j'aurais bien besoin d'aide.

Les deux elfes se précipitèrent sur le dénommé Nobundo pour l'aider à marcher en le le maintenant par la taille.

— Où doit-on vous emmener ? demanda l'elfe de sang.

— Les sporelins vous guideront, répondit Nobundo en désignant les bonhommes-champignons qui ouvraient effectivement la marche et incitaient les deux elfes à les suivre.

— Ils ont un village, dans le coin ? demanda l'elfe de la nuit. Un refuge, un abri ?

— Ils avaient, dans ce marais, répondit Nobundo. Puis les nagas sont arrivés, ils ont tous rasé et les ont réduits en esclavage. Eux, ainsi que les Roués tel que moi. Et c'est pour ça qu'il faut qu'on quitte ce marais. On est à l'abri nulle part tant que les nagas sont là.

— Vous... Vous êtes leurs esclaves ? demanda Gahahli stupéfaite de ce qu'elle venait d'entendre.

— Quel genre de travaux ils vous font faire ? demanda à son tour Bathris.

— Avez-vous remarqué que nous marchons actuellement dans un bassin asséché ? les questionna le Roué. Et vous voyez la tour qui se dessine à l'horizon.

Les deux elfes regardèrent dans la direction que leur indiquait Nobundo et virent une étrange construction qui s'élevait au-dessus du marécage.

— C'est leur repère ? demanda l'elfe de la nuit.

— Oui, le Réservoir Glisseroc, répondit le Roué d'un ton grave. Et c'est d'ici avec leurs installations infernale qu'ils pompent les eaux du marécage. Des pompes à eau que nous, leur esclaves, devons entretenir et faire fonctionner jour et nuit.

— Ils pompent les eaux du marais ? demanda l'elfe de la nuit incrédule. Mais dans quel but ?

— Ils prennent ainsi le contrôle de la région, leur expliqua Nobundo. En contrôlant l'eau, ils contrôlent tous ce qui dépend d'elle.

— C'est bien joli tout ça mais quel rapport ça a avec moi ? demanda l'elfe de sang toujours aussi perdu.

— Je vous expliquerai quand nous serons sorti du marais, lui répondit le Roué. Suivez juste les sporelins, ils connaissent le chemin.

— Ils nous emmènent où au juste ? demanda à nouveau Gahahli.

— Vers le seul endroit où nous serons à l'abri des nagas et de leurs alliés, répondit Nobundo. Le seul endroit qui résiste encore à leur domination. La cité de Shattrath, la ville de Lumière.

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