Ceux qui brûlent dans la lumière
Le gardien grisonnant
Mes yeux s’ouvrent lentement et une intense luminosité m’éblouie un instant avant de s’évanouir, ne laissant que le plafond d’un lit à baldaquin se dessinant au-dessus de moi. Des rideaux bleu clair sont accrochés à chaqu’un des piliers du lit. Le crépitement d’un feu dévorant avidement ses buches, le tic-tac d’une horloge et la chaleur d’une grosse couverture douillette enveloppant mon corps tout entier m'accueillent aussi. Je sens sur le haut de mon visage une lourdeur humide. Des gouttelettes en émanent roulent lentement de mon front jusqu’à mes lèvres desséchées. Encore engourdie par mon long sommeil, je saisie l’objet pour me rendre compte que c’est un chiffon imbibé d’eau. Je me frotte doucement mes yeux encore fatigués. C’est bizarre de revenir à la réalité après m'être réfugiée dans mes songes pour justement la fuir. Je me sens faible, j’ai des vertiges et je peine à faire réagir les muscles de mon corps. Les larmes me montent subitement aux yeux, sans raison. J’essaie de les contenir tant bien que mal, les séchant douloureusement avec le tissu en ma possession, il me n’en faut pas plus pour sombrer à nouveau dans l’inconscience.
Je sors lentement de ma somnolence alors que j’entends le grincement d’une porte qui s’ouvre accompagné de l’écho de deux voix. Prise d’une panique soudaine, je décide de faire semblant de dormir. Je sens le toucher d’une main délicate sur mon front et je me fais violence pour ne pas réagir à ce contacte.
• J’ai l’impression qu’elle a bougé… Exclame une voix de femme.
• Tu es sûre, mon amour ? Questionne une voix bien trop familière.
• Certaine Genn, tu penses que je ne suis pas capable de distinguer les signes ? Gronde la femme.
• Allons, loin de moi cette idée. S’indigne le vieux loup. C’est juste que…
• Que tu t’inquiètes pour cette jeune fille plus que tu ne le pensais. Rit la vielle femme.
Grisetête réponds par un grognement, puis j’entends le bruit d’une chaise on tire sur le sol. Des pas se déplace dans la pièce.
• Mia, ça te convient toujours ? Demande l’homme.
• Cette petite est seule au monde, elle a besoin d’autre personne dans sa vie que le jeune Roi.
De quoi parlent-t-ils ? Mais surtout, que veut-elle dire par là ? Grisetête soupire puis je sens à nouveau des doigts toucher mon front, mais ce ne sont pas ceux de son épouse.
• Je n’arrive toujours pas comprendre pourquoi elle ne revient pas à elle. On n’a purifié le poison par la magie, elle est hors de danger.
• Laisse-lui du temps. Répond la femme, sereinement.
• Ça fait plusieurs jours qu’elle est inconsciente, le jeune roi m’assaille de missive depuis le front. Il veut de ses nouvelles et les noms des coupables. Soupire le vieux loup.
• Les coupables, tu les as ? Interroge Mia.
• Nous avons arrêté toutes les femmes qui ont participé au salon de thé avec Lynawen. J’ignore si elles sont toutes coupables mais elles sont clairement complices. Ces sorcières l’empoisonnaient à petit feu. Crache de mépris le vieux loup. Le SI :7 enquête sur cette affaire et il y a beaucoup de nom qui sortent, des têtes vont sauter. Grisetête soupire encore. Je suis las de tout cela…
• Alors va te reposer, je veille sur elle et je te ferai mander si Lynawen ouvre les yeux. Rétorque la femme d’une voix rassurante.
• Non, ça ira je vais rester au près d’elle…
Sur ses derniers mots, un immense chagrin enserre mon cœur et contre ma volonté une larme s’échappe et roule sur ma joue, y traçant un sillage humide. Le chagrin est tel que j’ouvre les yeux, mon regard empli de détresse croise alors celui du vieux loup. Ce dernier ne cache pas sa surprise, il passe alors ses doigts dans sa barbe grisonnante avant de se reprendre et son visage prend un air impassible, ne laissant plus rien transparaître de ses réelles émotions. D’un geste inattendu de sa part, Grisetête sèche mes pleurs du revers de son pouce avant de m’aider à me redresser avec douceur. Il saisit ensuite les oreillers et les plaques contre le ciel de lit pour me permettre de m’appuyer dessus de façon confortable. Ni lui, ni moi ne pipons mot.
C’est par-dessus son épaule que j’aperçois son épouse, joliment habillé d’une robe aussi blanche que ses cheveux. Elle me fixe avec stupéfaction mais dans ses iris ambrées il y a une pointe de soulagement. Ne voulant pas croiser à nouveau leur attention, mes prunelles parcours la pièce dans laquelle je me trouve et je me rends compte que je ne suis pas dans mes quartiers…
• Où suis-je… Marmonné-je à peine audible.
• Vous êtes dans une chambre dans les quartiers privés de son altesse. Réponds alors le vieux loup.
• C’était l’endroit le plus sûre pour votre sécurité jeune fille. Intervient l’épouse de Grisetête. Je suis tellement soulagée de vous voir enfin éveillé.
Cette dernière s’approche de nous et vient s’assoir sur le bord de mon lit, alors que Grisetête reste assis sur la chaise les bras croisés contre son torse.
• Quelle sotte je fais ! Je ne me suis pas présentée. Je m’appelle Mia Grisetête. La charmante épouse de ce gros benêt. Exclame-t-elle, espiègle.
Le vieux loup se met à grogner de mécontentement alors que dame Mia rit de bon cœur en l’embêtant un peu. Je n’avais encore jamais vu Grisetête ainsi, voir ce vieux couple se taquiner m’arrache un sourire me rendant plus à l’aise en leur compagnie. Soudain le vieil homme se tourne vers moi et me foudroie du regard en me glaçant sur place.
• Dites-moi jeune fille, vous avez tout entendue n’est-ce pas ?
• Pardon ? Feigné-je l’ignorance.
• Allons jeune fille, ne faites pas l’innocente. Insiste le vieux loup.
Je me mordille nerveusement la lèvre inférieure. Grisetête a décelé la vérité dès que nos regards se sont croisés. Je ferais mieux d’avouer directement au lieu de tourner davantage autour du pot. Je prends alors une grande inspiration et me tourne timidement vers l’homme en acquiesçant. Ce dernier s’appuie sur le dossier de sa chaise me toisant un instant avant de briser ce silence.
• Eh bien jeune fille, je ne vais pas y aller par quatre chemin. Affirme-t-il d’un ton sec.
• Genn, laisse-la en paix ! Intervient Mia. Elle vient à peine de revenir parmi nous, tu lui en parleras à un moment plus propice. Pour l’heure, laissons la se remettre de sa convalescence.
• Très bien. Grogne Grisetête.
Le vieux loup se lève lentement, gardant ses yeux marrons posés sur moi, son épouse se penche sur moi et dépose un baiser affectueux sur mon front comme une mère le ferai à son enfant. Ce geste me laisse totalement pantoise, rouge d’embarras. Mais la vieille femme a l’air amusée de ma réaction et me sourit chaleureusement. Le couple Grisetête sort alors de la chambre dans laquelle je me trouve, plongeant les lieux dans le silence. Un peu de calme me fera le plus grand bien, mais, quelque chose me turlupine. Qu’est-ce que Genn voulait me dire avec tant de sérieux ? Peu importe, je n’ai pas vraiment envie de me creuser les méninges. Pour l’heure, je me sens encore faible et j’aimerai me reposer encore un peu. Je ferme les yeux, m’efforçant à trouver le sommeil, me retournant dans différente position, mais en vain, impossible de m’assoupir. Je me redresse brusquement, frustrée, mon attention se perds dans cette pièce qui m’est inconnue. Sur un râtelier, Ellemayne resplendit de toute sa beauté, la gemme bleue incrusté dans le pommeau et sa sœur en bas du manche de l’arme scintillent tout comme l’orbe lévitant dans le creux circulaire de la lame. Comme attirer par elle, je me glisse hors du lit, mes pieds frôlent à peine le sol glacial que je m’effondre de tout mon poids par terre. Cela me n’arrête pas. Je réuni le peu de force que j’ai pour me rapprocher de l’épée qu’Anduin m’a confié avec tant de confiance. Mes doigts parcourent ses courbes, s’accrochant aux reliefs gravé dessus. Mon bien aimée possède actuellement sa jumelle, Shalla’tor, identique à l’exception que les joyeux et son orbe brillent d’une aura rouge, mais une fois les deux lames magiques réunies ne faisant plus qu’une à nouveau, l’orbe de Shalamayne est aussi lumineux et chaleureux qu’un soleil. C’est un peu ce que je ressens quand Anduin est auprès de moi… Il me manque affreusement, j’ai tellement envie qu’il soit là, je ressens le besoin de me plonger aux creux de ses bras protecteurs et sentir son amour traverser la moindre parcelle de mon être. Je commence à tripoter mon annulaire, jouant avec mon alliance. Les souvenirs de sa demande en mariage afflux dans mon esprit, emplissant mon cœur de joie mais aussi de tristesse. Dans un grand miroir mural richement décoré des éternels tête de lion, mon image se reflète, j’ai perdu beaucoup de poids, mes yeux d’argent sont fatigués, j'ai un teint laiteux et ma longue chevelure ébène est en pagaille, mais ce qui me préoccupe le plus c’est l’absence de ma précieuse broche. Je mets à sa recherche, profitant de cet instant pour découvrir cette chambre.
Cette pièce ne possède pas de balcon mais a tout de même de nombreuses fenêtres encadrées de jolis rideaux bleus. Le sol est recouvert de tapis de différentes tailles. Dans un coin de la pièce, près d’une cheminée, se trouve un petit coin salon avec des fauteuils et un sofa bleu avec des dorures. Un bureau siège paresseusement près d’une des fenêtres. Une horloge, des armoires, des commodes, et des étagères remplie de livre encadrent la porte d’entrée. Il y a une petite table avec des chaises. Les murs sont d’un jolie bleu nuit qui reflète la lumière du jour et sont décorés de tableaux représentants des environnement d’Azeroth que je ne connais pas ou des visages qui me sont également inconnus. Près du lit, le fauteuil où se trouvait Grisetête repose, comme abandonné. Je remarque alors près du lit une table de chevet avec posé dessus plusieurs bouquins entassés. Je m’approche pour saisir un des livres mais dans ma hâte j’en fais tomber un. Il s’ouvre alors sur le sol, laissant entrevoir entre ses pages une feuille violette desséchée. Le souvenir de cet instant me revient en mémoire : « Anduin et moi, adossés côte à côte au tronc de ce grand arbre au feuillage améthyste, nos mains entrelacées, insouciant du futur. Le temps s’était comme figé et l’atmosphères était des plus paisible et romantique bien qu'à l’époque ce n'était que les prémices de notre amour naissant. Je ne me souviens guère combien temps on s’était prélassé sous ses branches. Anduin, qui somnolait, avait ouvert subitement les yeux, plongeant son chaleureux regard dans le mien et son sourire était si doux que j’en frissonnais. Il m’avait aidée à me relever pour que l'on puisse regagner les quais. Alors que je m’engageais sans un mot sur le sentier, Anduin m’avait attrapé subitement le poignet, je me suis retournée pour lui faire face et dans son autre main il tenait cette feuille violette… » Je soupire, comment j’ai pu l’oublier dans ce livre, une pointe de culpabilité enserre ma poitrine. Je devrais l’encadrer pour mieux préserver ce précieux souvenir.
Je tire doucement le tiroir du meuble. À l’intérieur se trouve mon précieux bijou et, à ses côtés, le collier que Lydran m’a offert. Grisetête a dû déplacer toutes mes affaires dans mes nouveaux quartiers. Mais pour l’heure je saisi les deux bijoux, j’accroche le présent de Lydran autour de mon cou tandis que celui d’Anduin, je le garde fermement dans ma main avant de regagner mon lit. Une fois de retour dans le confort de mes couvertures et ma broche en possession, le chemin du monde des rêves m’est bizarrement plus accessible…
Pendant les jours qui ont suivi mon rétablissement, c’est Genn Grisetête qui se chargea de la régence. Mia me consola beaucoup à ce sujet, en me disant que je n’avais pas à me sentir coupable vis-à-vis de mes responsabilité en tant que fiancée du roi. Personne ne pouvait prévoir que l'on me ferait du mal. Plus je passais du temps avec Dame Grisetête plus je m’attachais à elle et au vieux loup par la même occasion et pour ma plus grande surprise. Depuis mon empoisonnement, Grisetête surveillait mon alimentation de très près, tout comme ma sécurité d’ailleurs. Les domestiques comme les gardes ont été remplacés par des hommes et femmes de confiance qui donnerai leur vie pour les Grisetête mais aussi pour la mienne. Des gens que j’ai rencontré pendant l’incendie de Teldrassil et sur le champ de bataille de Lordearon et même pendant la fête qui eut lieu à Hurlevent. Je me suis rendu compte que les nobles qui me haïssent ne sont qu’une poignée parmi les gens qui m’apprécie sincèrement et c’est réellement réconfortant.
Mes deux amis fidèle, Lydran et Nawe, sont venus me rendre visite à plusieurs reprises. Rendant mes longues journées de solitude bien plus animée et joyeuse. Ils apportent souvent des friandises et des pâtisseries tout droit sorties des boulangeries de la cité. Hélas, cette délicate attention a attiré les foudres du vieux loup, bien qu’une fois, grâce à son épouse, on a tous fini autour d’une table en train de les déguster, c’était à la fois cocasse et gênant. J’aurai aimé qu’Anduin soit avec nous…
Blottie dans mes couvertures, éclairée à la lumière d’une lampe magique, mes yeux parcourent une lettre écrite de la main de mon bien-aimé.
“ Ma tendre Lynawen,
Je t’écris ces quelques mots pour prendre de tes nouvelles. Quel ne fut pas ma surprise et mon bonheur d’apprendre que tu étais enfin réveillée. Par la lumière, tu n’imagines même pas comme je m’en veux de pas avoir pu veiller à tes côtés et d'avoir été absent à ton réveil. Ça me brise le cœur d’être aussi loin de toi, te sachant en souffrance. Lorsque j’ai appris ton empoisonnement, que toi ma précieuse lumière était aux portes de la mort. J’ai été totalement anéantie, je voulais immédiatement rentrer à Hurlevent. Hélas, c’est à contrecœur que j’ai dû rester au front, les assauts de la Horde se faisant plus présent. Tu ne peux pas savoir comme je me sens responsable, si je t’avais emmené avec moi ou si j’étais resté au château, rien de cela ne te serait arrivé. J’ai l’impression d'être les maux de ton malheur. Pourras-tu me pardonner, mon amour ? Je serais bientôt de retour auprès de toi. Je te promets que toutes les personnes impliquées seront punies. Ne perds pas espoir, la lumière veille sur les justes.
Avec tout mon amour, ton Anduin. “
L’ancre a coulée à certain endroit et les mots sont tremblant, mais le plus frappant c’est les sillons séchés sur le papier. Anduin a pleuré en l’écrivant… Rien que d’imaginer l’homme que j’aime dans un tel état de détresse me chagrine au plus haut point. Je n’ai pas le temps de m’apitoyer que le bruit de ma porte se fait entendre, je tourne la tête est une domestique s’avance alors dans la faible lumière.
• Votre grâce. Dit-elle. Le seigneur Grisetête aimerait s’entretenir avec vous.
• Eh bien, qu’il entre. Répondé-je tout en posant la lettre d’Anduin sur la table de chevet.
• Il n’est pas ici, votre grâce. Il vous attend le bureau de son altesse. M’informe-t-elle.
Dans le bureau d’Anduin, vraiment ? Que fait-il là-bas ? Je sais qu’il vient régulièrement dans les quartiers du roi pour me rendre visite, mais habitude il règle les affaires d’états depuis son bureau personnel. Bon, peu importe après tout, je glisse hors du lit et la domestique attrape mon gilet en laine et m’aide à l’enfiler. Je m'avance dans le couloir. La pénombre est tombée depuis peu, de rares torches illuminent le couloir, comme si elle m'indiquait le chemin à suivre. La domestique m’escorte avec gentillesse et prévenance jusqu’au vieux loup. La porte est entrouverte et une faible lueur émane de la pièce. En y entrant, je vois une bougie posée sur la table et Genn à côté, en train d'écrire sur des parchemins. Sans doute un rapport sur ses derniers jours.
• Entrez, jeune fille. Fait-il sans lever la tête
Je m'exécute, fermant derrière moi la porte dans un lourd grincement. Puis, je viens m’asseoir sur la chaise en face de lui.
Il met alors sa plume dans le pot à encre à côté de lui, scelle le parchemin avec un saut, puis lève enfin les yeux sur moi. Grisetête croise les doigts sur la table, tout en fixant avec ses yeux d'un gris bleu luisant.
• Comment vous l'avez vu, beaucoup de noble s'oppose à votre union avec Anduin.
Il s'arrête un moment. Ses mots font l'effet d'un coup de poing dans ma cage thoracique. La colère commence à monter petit à petit, comme si ces monstres avaient le droit de me juger, moi ou ma relation avec Anduin.
• Je ne vous cache pas, reprend-il. Que je fus, au début, également contre cette union.
Je m’appuie sur le dossier de ma chaise croisant les bras contre mon torse, ne cachant pas mon impatience. Il esquisse alors un petit sourire.
• Mais vous l'aviez remarqué n’est-ce pas ?
• Dans tous les cas, même si vous l'étiez encore, et malgré l'avis "des Nobles", ce n'est pas à vous ni à eux de décider du bien-être d’Anduin et encore moins de choisir qu’il doit aimer. Je me suis sentie trahie et apeurée, ne comprenant pas en quoi aimé votre roi était un crime. Je ne me laisserai plus faire ! J’épouserai Anduin parce que je l’aime que ça vous plaise ou non et j’assumerai mes responsabilités en tant que reine. Je chérie sincèrement Hurlevent et ses contrées et je veux aider ses habitants. J’ai déjà versé mon sang pour les protéger.
Grisetête éclate subitement de rire, son écho résonne dans tout la pièce et sa réaction me laisse totalement pantoise.
• Eh bien. Fait-il une fois son souffle repris et en s'essuyant les yeux. Voilà donc pourquoi il vous a choisi. Déterminée, altruiste et n’ayant pas froid aux yeux.
Grisetête se lève, pousse sa chaise contre le bureau et tourne son regard vers la fenêtre dernière lui pour contempler le clair de lune.
• Si j'ai demandé à votre servante de venir vous chercher, ce n'est pas pour parler une énième fois de votre relation avec Anduin. Lance-t-il.
• Alors pourquoi m'avoir fait venir ? demandais-je.
• Vous savez, dans les royaumes humains d'Azeroth, il est de coutume que deux personnes qui se marient, et notamment du sang royal, doivent porter un nom.
• Et en quoi cela me concerne ? je vous rappelle que je suis de sang royal...
• Sur votre monde. Me coupe Grisetête. Malheureusement votre nom “Archon“ n’a aucune valeur ici.
Je sens des frissons parcourir mon dos à ces mots. Ses paroles, bien que froides, furent d'une profonde et amère vérité. Les larmes me montent aux yeux mais je ne pleure pas, je m’y refuse.
• Mon nom est tout qu’il me reste de mon monde, je ne vous permets pas de dire de telle chose ! M’emporté-je, la voix tremblante d’émotion.
Genn Grisetête inspire pour reprendre son souffle, son regard bleu gris se posant sur moi avec beaucoup d’intensité et de sérieux.
• Je souhaite faire de vous l’héritière de la famille royale des Grisetête de Gilneas.
Son annonce m’abasourdie pendant un court instant, j’ai encore du mal à réaliser les propos du vieux loup. Le royaume de Gilneas n’est-il pas détruit ? Le titre de roi de Grisetête n’est-il pas plus qu’un lointain souvenir. Mais surtout n’a-t-il pas une fille ?
• Sachez que mon nom est respecté et prestigieux en plus d’être intimidant. Il vous offre protection et pouvoir. Vos opposants politique ne pourront plus vous toucher au risque de déclencher un conflit avec moi.
• Votre fille, n’est-elle pas votre légitime héritière ? Questionné-je alors.
• Elle a renoncé à son droit de sang en intégrant les Sans-Couronnes. Dit-il sèchement.
Je perçois sur son visage un peu d’agacement lorsque qu’il parle de sa fille. Je me mure dans le silence un instant, essayant d’assimiler ce qui est entrain de m’arriver. Son geste et il motivé par la bienveillance ou il y cache une raison plus politique dans tout ça.
• Une fois marier à Anduin, le nom des Wrynn me fera jouir des mêmes droits. Lancé-je.
• Anduin est le seul Wrynn encore en vie, il ne pourra pas vous protéger éternellement, même marier et vous le savez. Après tout, vous en avez fait les frais. Alors que si vous avez mon appuie, plus personne ne vous mettra de bâtons dans les roues.
• C’est purement avantageux pour vous, n’est-ce pas ? Si je deviens votre héritière, c’est une Grisetête qui épouse Anduin et nos enfants auront un lien avec vous. Ça vous mets dans une bonne position et cette dernière vous liera à la famille royale d’Hurlevent définitivement. Ceux que vous avez toujours voulu que vous n’aviez pas réussie à obtenir avec votre fille.
Le vieil homme croise ses bras contre son torse ne me lâchant pas du regard un seul instant avant de bien vouloir briser le silence qui commençait à s’installer.
• Bien évidemment que ça m’arrange. Je ne vais pas vous mentir, j’y gagne beaucoup et vous aussi par la même occasion. C’est donnant, donnant.
• Je le savais ! M’emporté-je en me levant brusquement.
• Vous êtes en droit de refuser. Continue-t-il. Mais il serait stupide de refuser mon offre sur un coup de tête. Pensez-y, jeune fille, vous soulagerez beaucoup de personne, dont vous et Anduin.
Cette phrase me fige sur place et je repense subitement à la lettre d'Anduin, l’imaginant en train de la rédiger, les larmes aux yeux, rongé par sa culpabilité, la peur au ventre de me perdre, même au cœur de Hurlevent… En levant la tête, je croise à nouveaux les yeux du vieux loup. Sa sévérité habituelle a laissé place à quelque chose de plus chaleureux… Peut-être que devenir l’héritière de Grisetête n’est pas une si mauvaise chose. J’appartiendrai vraiment à ce monde et j’aurai un semblant de famille, d’appartenance, c’est vraiment étrange d’imaginer que le vieux loup et Mia pourrai devenir mes parents. C’est une pensée étrange mais pas désagréable, mais en même temps, c’est renoncer au peu qu'il me reste de Ludroth…
• J’y réfléchirai. Marmonné-je.
/Voilà c'est la fin de ce chapitre, j'espère qu'il vous a plu et merci de continuer à me suivre malgré le temps qui c'est écoulé./