Ceux qui brûlent dans la lumière

Chapitre 8 : Le deuil

1911 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 13/05/2021 03:07

Le deuil



J’ai oublié la mort de mon propre père… Mon oncle est probablement décédé aussi. Comment j’ai pu enterrer une pareille chose ? je suis là à m’extasiée sur ce monde et ses merveilles alors que je m’étais amputé du souvenir des personnes qui me sont le plus cher et que mon monde a disparu… Plus je me souviens plus j’en convainc. Ce sentiment de culpabilité qui pèse lourd sur mon âme. Cette colère qui me ronge et ce chagrin qui me déchire le cœur. Il y a cette pensée qui me tourmente, sont-ils tous mort pour me permettre de vivre ? Ma vie en valait-t-elle la peine ? Comment puis-je me pardonner d’avoir oublié leur mort…

Je suis un peu fiévreuse. Je n’ai quasiment rien avalé depuis des jours. Je dors beaucoup et parfois je n’arrivais même plus à faire la différence entre le rêve et la réalité. Un prêtre est venu user de sa magie pour soigner ma fièvre mais sa lumière ne soignera pas mon cœur. 

Quand je ferme les yeux et retombe dans mes songes, je me vois dans le jardin du château, ma mère est habillée d’une magnifique robe d’argent au fioritures violettes. Ses longs cheveux châtains au reflet miel sont coiffés d’un élégant chignon. Son front est orné d’un diadème incrusté d’une opale qui fait ressortir ses yeux argent scintillant. Elle a le sourire le plus radieux qu'on peut offrir à son enfant. Mon père est assis sur un rocher en train d’aiguiser son épée. Lui aussi porte une tenue au couleur de la maison d’Archon. Ses cheveux sont attachés en partie avec une lanière de cuir alors que le reste lui tombe sur les épaule. Sa barbe est courte, aussi noir que sa tignasse et ses yeux sont d’un magnifique vert émeraude. Son visage, lui, n'exprime aucun sentiment en particulier. Il ne me regarde même pas, trop obnubilé par sa tâche. Je me sens quand même apaisée, ici, avec eux…J’ai envie d’y rester. Le vent se met à souffler et j’entends une voix m’appeler. Instinctivement, je me mets à suivre ce murmure, il est peu audible mais dans le timbre de cette voix, on ressent une certaine douleur. Elle me conduit dans la salle du trône. Mes pas résonnent comme une mélodie funèbre. Assis sur le trône, le corps en putréfaction de mon père, ses orbites vides me suivent du regard. Je suis totalement horrifiée par ce spectacle morbide. Reposant à ses côtés, la statue de cristal de ma mère. Elle n’est pas dans la position sereine de mes souvenirs, on peut lire la panique sur ses traits. Leur vue m’est si insupportable, je n’ai qu’une seule envie, c’est de fuir. J’entends à nouveaux le murmure et je décide de continuer à le suivre. Il m’entraîne devant les vitraux décoratifs. Celui du centre qui est censé représenter mon ancêtre s’est changé en un miroir. Quand je contemple mon reflet, quelque chose cloche. J’ai des yeux verts, je n’ai jamais eu un tel regard. Depuis ma naissance, mes yeux sont d’un éclat lunaire. En regardant de plus près, des veines argents commencent à recouvrir mon iris, petit à petit, jusqu'à ce que mes yeux retrouvent leur magnifique couleur d’origine. Je sens comme une présence dans mon dos. Seul mon reflet est dans le miroir mais j’entends dans le creux de mon oreille « Je me meurs… ». Je me retourne brusquement, paniquée. 

Mais ce que je vois n’est rien d’autre que ma chambre, plongée dans l’obscurité. L'angoisse que m'a procuré ce cauchemar terrifiant, j'ai besoin de prendre l'air. Je glisse du lit et me dirige alors vers mon balcon. Mes mains posées sur la rambarde, je contemple le ciel étoilé. Là, j'aperçois une deuxième lune que je n'avais pas remarquée auparavant. Elle est si petite et brille d’une jolie lueur bleutée. Cet astre a quelque chose de consolant. Le vent frais de la nuit me picote la peau. Il est accompagné d'une légère brise qui effleure mon visage et joue avec mes cheveux. Malgré le fait que je ne me sente pas spécialement mieux, je décide de sortir de ma chambre. Doucement, j'entrouvre la porte afin de voir s’il y a quelqu'un. Personne, une aubaine pour moi. J'ouvre alors un peu plus grand tout en évitant de faire du bruit, mais je n'empêche pas celle-ci d'émettre un léger grincement. Une fois l'ouverture assez grande, je m'y faufile et je referme délicatement derrière moi. Le couloir est désert, de rares torches illuminent les murs. Les ombres recouvrent les pavés d’une couleur noire. Le contact de mes pieds nus sur le sol glacial me fait frissonner légèrement, mais ça m'est bien agréable. Vêtu d’une chemise de nuit en lin blanc et d'un gilet en laine grise, je me dirige alors vers la cour extérieure du château. L'endroit est désert mais le vent souffle et fait danser les feuilles des arbres et des buissons, créant aussi des petites vagues sur le lac. Je me rends au bosquet. Passant l’entrée, je me dirige vers l'arbre où je me suis entraînée au tir à l'arc. Entre les racines, il y a assez de place pour m’asseoir, je me pose alors sur le sol, le dos contre l'arbre. L'herbe froide enlace mes pieds pendant que je m'installe confortablement. Le ciel nocturne est toujours dégagé, offrant un sublime spectacle céleste. Le chant des insectes et le bruit des feuilles me berce et inconsciemment je m'endors, blottie contre son tronc en pensant à mon père. Quelques heures plus tard, je sens une secousse légère sur mon épaule. En ouvrant les yeux, je vois le visage d'Anduin se dessiner devant moi.

•        Anduin ? Que faites-vous ici ? Demandé-je tout en frottant mes yeux humides.

•        J’ai appris que vous étiez souffrante. Je ne pouvais hélas pas vous rendre visite à vos quartier… je tenais à vous voir… donc je suis venu chaque jour au bosquet dans l’espoir de vous y apercevoir.

Je ne sais pas ce qui me ravit le plus, le fait qu’il s’inquiète pour moi ou le fait qu’il soit venu chaque jour ici pour m'y m’attendre.

•         Je ne voulais pas vous inquiéter, Anduin. En fait, je me suis souvenue…

Du fait de sa présence et les souvenirs qui remontent, je fonds en larme en me relevant maladroitement avant de plonger dans ses bras.

•        Mon père… mon père… il est mort. Balbutié-je

Je sens son étreinte se refermer sur moi. La chaleur de son corps sur le mien est aussi réconfortante qu’un feu de cheminée réchauffant les jours d’hiver. Nous restons comme ça, silencieux, un long moment. Le temps s’est suspendu comme si plus rien autour n’existait, seulement nous. J’ai eu un pincement au cœur quand on a fini par rompre notre étreinte. Anduin retire son manteau et le dépose sur mes épaules avec délicatesse, son odeur est douce et relaxante. Je passe mes bras dans les manches et ensemble on s’assoie sur le banc gelé.

•        Je sais ce que c’est de perdre un être cher… est ce que vous avez envie d’en parler ? Me demande-t-il avec tendresse.

Je soupire un grand coup et, avec beaucoup de difficulté, je lui raconte mon souvenir, je m’arrête plusieurs fois au cours du récit à cause des larmes qui me montent sans cesse au yeux et la voix étranglée par l’émotion, mais avoir Anduin à mes côtés qui me tient fermement la main me donne la force de lui raconter. Après un nouveau silence, mes pensées sont obnubilées par les démons, ces monstres qui ont tués mon père et ruinés mon monde… sont les mêmes démons qui ont tués le père d'Anduin et attaqués également Azeroth. 

•        J’ai besoin de savoir… dites-moi la vérité sur la Légion Ardente, je vous en prit. Supplié-je.

•        … La Légion Ardente est une force destructrice composée d’innombrable démons et de races corrompues. Leur seul but est de semer le chaos, la destruction et d’apporter les ténèbres dans leur sillage… La légion corrompt toute forme de vie et dévore les énergies magiques pour survivre. Elle a consumé de nombreux mondes dans sa soif inextinguible de puissance. La légion a attaqué par trois fois Azeroth…

•        Mais comment votre monde a survécu ? Demandé-je, interloquée.

•        Elle a été repoussée au prix de terribles sacrifices… Répond Anduin de façon solennelle.

•        Pourquoi attaquer mon monde ? Il est vide de magie… Dis-je, confuse.

•        Je l’ignore, Lynawen, c’est encore une question sans réponse.

Anduin n’a pas l’air d’avoir envie d’étendre davantage la conversation, je vois dans son regard que c’est un sujet sensible pour lui aussi et je sais au fond de moi que mon monde est mort. Je vais devoir me faire une raison, vivre tout en m’adaptant à ma nouvelle terre d'accueil. C’est tellement douloureux de renoncer à tout ce qu'on a connu… Je pose ma tête contre son épaule. Je sens le frémissement de sa main dans la mienne. J’ai envie de me débarrasser de ces images de destruction et de me souvenir de la beauté d'Utrion, la partager avec Anduin… J’ai vraiment envie de lui conter ses merveilles en regardant les deux lunes briller dans la voûte nocturne au milieux de cette multitudes d'étoiles scintillantes. Je me confie, je lui parle de tous les endroits que j’ai aimés et que je ne reverrais jamais…




Petit chapitre plus court que les autres, à la base il devait être plus long avec la partie où Lynawen découvre un nouvel endroit. Mais du coup, je l'ai coupé en deux, donc ça sera la surprise pour le prochain. ( En cour d'écriture ) Sinon, j'espère que ça vous aura plus, laissez moi votre avis en commentaire ça fait toujours plaisir ^^

Pour vous faire patientez : voilà le sourire ravageur d'Anduin ^^

https://pbs.twimg.com/media/D8krxYbWkAE-nNi.jpg



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