Un coup de pied dans la Ruche

Chapitre 3 : Révélation

1266 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour il y a 7 mois

Schlatoff se met en chemin vers le centre du complexe de tunnel. Inconscient de l'ombre qui le suit depuis le plafond, il avance rapidement avec son message.

Bientôt le tunnel se déverse dans une immense salle qui devait abriter des machines titanesques aujourd'hui démantelées. L'espace est maintenant empli de tentes et cabanes de métal. Enfants, femmes, hommes grouillent partout, charriant des marchandises en tous genres, allant et venant entre les ateliers de fabrication divers disséminés parmis les habitations. Les lumiglobes et les feux de camp aux couleurs chimiques fournissent une lumière chiche qui ne suffit pas à éclairer la pénombre jusqu'au plafond. Cela forme une nappe lumineuse qui se diffracte dans la couche de fumée qui plane sur le campement.

Sur les bords de la salle, les habitations grimpent le long des murs, amoncellements anarchiques d’unités disparates.

Des artères de diverses tailles serpentent entre les habitations, semblant donner chacun sur divers tuyaux de tailles variées. Schlatoff se dirige sans hésitation dans la suite de chemins divers. Il salue quelques-uns des hommes assis à l’un des carrefours principaux, faisant office de guetteurs. Cependant, que peuvent-ils bien remarquer dans la foule loqueteuse et sans cesse en mouvement qui se presse de toute part ? Certainement pas une silhouette complètement couverte d’une cape sale. 

L’agitation est permanente mais au-delà de la misère abyssale traditionnelle des Plus-que-bas-fonds, Schlatoff ressent avec chaleur la ferveur et la fièvre qui ont rassemblé ici la populace.


Arrivé à un carrefour, il hėle un des gardes qui semblent surveiller distraitement les allers et venues. 

  • Bewak ! Comment va ta mère ? Tu as réussi à la ramener ici ?
  • Hey Schlatoff. Cela fait longtemps ! Non. Elle n'a pas encore été autorisée à entrer dans la forteresse. La sécurité s'est renforcée ces derniers temps pour l'accueil des nouveaux, malgré la foule qu'on voit autour. 
  • Ah oui, à cause des rumeurs d'actions des hauteurs.
  • Jsais pas ce qu'il y a de vrai là dedans. Mais toi, qu'est ce qui peut te ramener de tes tuyaux perdus jusqu'ici ?
  • J'ai un message pour Tacit, depuis le barrage du fleuve.  
  • En ce moment, tu le trouveras avec le reste du conseil de Baan. Ils sont dans la salle K6.
  • Merci Bewak. J'espère que ta mère pourra bientôt trouver la voie. 
  • Fasse que l'Empoeusoeur t'entende.

Sur ces mots, Schlatoff emprunte un des chemins principaux qui se découpent au milieu des tentes et abris. Il avance bientôt vers un tunnel surplombé d'un énorme K jaune encore visible malgré les années qui ont dû passer depuis sa peinture.

Un flot de personnes important chemine dans le passage, mais peu portent des marchandises. Les armes semblent plus nombreuses que dans le reste de la “forteresse”.

Le messager passe devant plusieurs portes donnant sur le tunnel, sans s'attarder.

Arrivé dans la sixième, il entre et se joint à une foule qui patiente dans un brouhaha de discussions.

A l'opposé de l'entrée, se trouve un groupe de personnages qui semblent importants, à en juger par la déférence avec laquelle les autres personnes s'adressent à eux. C'est une audience et Schlatoff se joint à la file qui serpente doucement, attendant de transmettre son message à Tacit.


Enfin j’arrive à l’endroit de ma révélation ! je vais pouvoir redevenir moi-même. Toujours revêtu des frusques que j'ai empruntées à un pauvre hère dont le cadavre -enfin ses morceaux- est toujours dans sa tente de fortune, je m’avance pour découvrir Baan Brekend.

Ma cible est une grande femme, aux cheveux courts et bruns, aux yeux d'un ambre si clair qu'ils en sont presque blanc.

Elle est entourée de plusieurs conseillers qui reçoivent les messages et doléances apportées en nombre. Il y a également une garde constituée d’une dizaine d’hommes et femmes armés de pistolets et de machettes. 

Cela ressemble à une audience royale dont les ors et le luxe auraient été remplacés par le plastacier et la puanteur de corps sales.

Je me réjouis de l’affluence. Ma démonstration va pouvoir être grandiose.


J’arrache l’inhibiteur collé à mon ventre et aussitôt me retrouve plongé dans les hurlements familiers de mes voix. J’ai l’impression que chacun des innombrables appels au sang devient un support de mon corps. Des soubresauts me traversent pendant que chacun de mes muscles se met à hurler, que mes nerfs se tendent dans un appel dément. Je hurle la violence attendue.


D’un bond, je me projette au milieu de la foule figée des demandeurs. Un premier coup de ma lame décapite un couple, faisant jaillir deux geysers de sang arythmiques. Mon pistolet fait retentir ses détonations en rafale. Ses projectiles corrosifs labourent les dos de ceux qui se trouvent entre moi et ma cible, répandant douleur et cris inhumains. Quelques secondes à peine et le carnage est déjà magnifique.

J’éprouve un soulagement immense à chaque trainée rouge qui se répand dans l’air.

Commence alors le plus magnifique des chœurs quand les hurlements de panique et d’horreur se mettent à résonner autour de moi. Je deviens l’épicentre d’une fuite éperdue et irraisonnée.


J’avance vers Baan Brekend, sans cesser de tirer et de plonger ma lame dans les corps qui m’entourent. Sa garde rapprochée est en position devant son leader, agissant comme un brise lame sur le flot paniqué qui se jette sur eux. Ou plutôt qui fuit devant moi. Ils ne peuvent encore me mettre en joue sans risquer de blesser les autres humains. Pathétique empathie qui me permet de gagner encore quelques mètres. Quand le dernier rideau de chair disparaît sous ma lame, j'apparais aux yeux du premier garde, fer de lance du barrage. Je vois la surprise et l’horreur dans ses yeux quand mon masque souriant et dément se matérialise à quelques centimètres de son visage, hors de portée de son arme tendue à bout de bras. Ma lame s’enfonce dans son ventre pendant que du bras gauche, je tire dans la tête de la femme à sa gauche qui ne m’a même pas vu.


Les deux s’effondrent d’un même mouvement, pendant que les autres gardes libèrent une rafale de balles sur mon emplacement. Une seconde trop tard. Je suis déjà en train de glisser au sol en tranchant les jambes qui m’entourent, me dirigeant toujours implacablement vers l’objet de ma vengeance.


Soudain je me redresse et bondis sur la cible. J’ai le temps de l’observer pendant mon saut. Je suis déçu par l’absence de peur qui se lit dans ses yeux. N’a-t-elle pas compris la mort et le châtiment que j’apporte ? Un instant, je suis tenté de jouer avec elle en la découpant petit à petit pour créer la terreur sur son visage. Je visualise où la frapper pour que la souffrance soit la plus forte, qu’elle ressente entièrement sa chute sans défaillir, que j’apprécie entièrement le carnage et mon œuvre de châtiment. Mais mes directives d’efficacité reprennent le dessus et je vise la tête avec ma lame, pendant que mon pistolet lâche deux projectiles explosifs vers le cœur. Ce n’est pas son armure de métal bleue qui va la sauver.


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