Kendrick, simple garde.
Chapitre 1 : Il faut bien mourir un jour.
1248 mots, Catégorie: M
Dernière mise à jour il y a 9 mois
Kendrick serrait contre lui son fusil laser tout en pestant intérieurement. Recroquevillé derrière les débris d’une structure en béton armé, d’où pointait encore quelques tiges d’acier, il contemplait l’enfer qui se déchainait sur lui et toute son escouade.
Encore sonné par la déflagration d’une grenade toute proche, il ne percevait que diffusément les bruits de la guerre qui rugissaient tout autour de lui.
Ce n’était pas la première fois qu’il se retrouvait dans cet état et il savait que les acouphènes dont il était atteint mettraient surement plusieurs jours pour se dissiper. S’il survivait à ce combat, évidemment.
Tout autour de lui, la terre se soulevait comme l’eau d’un étang qu’un enfant viendrait troubler en y lançant des cailloux.
Il sentait dans son dos les tremblements de la structure qui lui servait d’abri chaque fois qu’une balle venait la percuter. La poussière et quelques éclats de matière retombaient sur lui dans une odieuse pluie minérale annonciatrice de sa fin.
Son sergent gisait à quelques mètres de là, encore agité de temps en temps quand une balle perdue du torrent d’acier qui s’abattait sur eux venait frapper son corps inerte.
Le sergent avait été le premier à tomber. Ou peut-être était ce Marlow. Un chic type de perdu et une peau de vache en moins !
Qu’importe ! S’il ne se reprenait pas de suite, il aurait tôt fait de les rejoindre !
Il chercha des yeux les autres mais n’en vit aucun. Peut-être était il le dernier survivant de son groupe et dans ces cas-là, les xenos gaspillaient leurs munitions sans compter. Empereur Dieu ! Peut-être que ma mort aura au moins servi à ça, se mit il à penser.
Une main vint agripper son épaule qui lui fit tourner la tête dans un mouvement de surprise. C’était Jimmy !
Ce dernier tentait de lui criait quelque chose alors qu’ils étaient à moins d’un mètre l’un de l’autre. Mais le bruit ambiant et son état empêchaient Kendrick d’en comprendre un traitre mot.
La face blanchie de poussière, les yeux exorbités et de larges trainées de sueur lui donnaient un air affreux. Son bandeau rouge réglementaire était souillé comme s’il l’avait baigné dans une fosse à purin.
Le reste de son uniforme n’était pas bien mieux.
Kendrick fit non de la tête tout en pointant de son doigt son oreille droite, celle qui le faisait le plus souffrir, pour signifier son état.
Jimmy regarda rapidement à l’endroit désigné avant de faire la moue. Ça ne devait pas être beau à voir !
Il s’approcha alors de plus près et se remit à beugler :
-Ken ! Faut qu’on décarre ! Finit par entendre Kendrick.
Un vrai tacticien de haut vol, ce type ! Comme s’il n’y avait pas pensé !
-Suis moi ! hurla-t-il encore.
Il se mit alors à ramper le long du tas de gravats qui jouxtait l’abri. Kendrick remarqua que Jimmy n’avait plus son fusil laser avec lui. Tout en se mettant à ramper à son tour, il se dit que s’il s’en tirait, son camarade aurait pas mal de problèmes avec le premier officier qu’ils croiseraient.
Chaque muscle qu’il utilisait pour suivre péniblement les bottes de cuir de son guide le faisait souffrir, ce qui commençait à l'inquiéter. C’est à ce moment qu’il senti un « pop » qu’il connaissait bien lui vriller l’oreille gauche. Son ouïe lui revenait partiellement ! Jusqu’à maintenant, le fracas des armes lui semblait lointain mais maintenant, il entendait distinctement le cliquetis des armes automatiques, les balles qui vrombissaient au-dessus de lui et même les cris des xenos hurlants de rage ! Ils étaient près, trop près, peut-être. Il redoubla d’effort.
Jimmy s’engagea sur une petite dépression boueuse avant de continuer dans ce qui semblait être un pluvial éventré. Il n’arrêtait cependant pas de ramper malgré l’apparent abri que leur procuraient les lieux. Ils poursuivirent ainsi une dizaine de mètres dans l’obscurité, se maculant d’une boue à l’odeur immonde dont Kendrick refusait d’imaginer la composition.
C’est au moment où il vit de nouveau la lumière que Jimmy se décida à se relever. Il s’approcha d’un autre trou qui perçait le pluvial avec prudence.
- C’est Jimmy, les gars ! Ne tirez pas ! On sort ! Ok ?
- OK ! Entendirent-ils.
C’était la voix de Harley !
Le trou était tout juste assez grand pour qu’ils passent un après l’autre mais les bras démesurés de Harley les aidèrent à s’extirper de ce cloaque.
- On te dit d’aller nous chercher le sergent et tu nous ramènes Ken ?! dit Harley.
- J’ai trouvé le sergent, mec ! répondit Jimmy l’air dur.
- Chiotte !
Pendant qu’ils s’asticotaient, Kendrick examina l’endroit. Ils venaient de sortir par ce qui semblait être un regard du pluvial. Ils étaient dans une salle sans fenêtre, surement un ancien local technique. La seule sortie n’avait plus de porte depuis bien longtemps. L’endroit était vide et décrépi. Il devait déjà l’être bien avant le début des combats.
Dans un coin, il vit Waynar, un autre gars de l’escouade, qui essayait désespérément de joindre leur compagnie par Vox. Encore sanglé à celui-ci, il y avait Bob, le radio. Ou plutôt son corps. Les gars n’avaient même pas pris la peine de lui ôter son matériel.
Jimmy le remarqua aussi :
- Merde ! Bob !
Harley se retourna vers leur ancien camarade :
- Ouaip ! C’était trop grave. Juste après que tu sois parti….
Il cracha par terre et s’en alla dans le coin opposé de la pièce, au plus loin de leur camarade sans vie. Il s’adossa alors au mur et se laissa glisser au sol.
- Je crois que le Vox est mort, les gars ! dit alors Waynar.
Il se leva et partit s’installer tout à coté de Harley non sans avoir tapé sur l’épaule de Kendrick en passant à sa hauteur. Affalés contre le mur, les deux commencèrent à se partager un cigare qu’Harley sortit d’on ne sait où.
Tout le monde était encore en état de choc. Jimmy, au centre de la pièce, se massait nerveusement le front de ses deux mains. Il finit par se retourner vers Kendrick :
- Ken ! C’est toi le plus ancien. Tu prends le commandement. Qu’est-ce qu’on fait ?