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Chapitre 6 : Je toucherais les étoiles
6697 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 08/11/2016 22:02
- Quoi ?! Notre fille pratique un sport et tu as choisis de me le cacher depuis tout ce temps ?! S'était exprimée Taya par un hurlement de colère, laissant tomber sa fourchette sur le bord de son assiette à cette révélation.
Ces deux mois qui venaient de s'écouler dans le temps, avaient été pour Kaku, une véritable torture pour son cœur. Il était dans la confidence, dans l'obligation de mentir à son épouse à propos d'un sujet qui leur tenait tous les deux à cœur. Pour sa part, Yami ne se souciait absolument pas de ce détails, vraiment trop occupée à profiter de chaque instant au sein de son tout nouveau club. Grâce à ses nombreuses compétences en matière de saut en hauteur, qui jusque là, étaient restées complètement insoupçonnées, la demoiselle était parvenue à force de patience et d'entraînement, à se tailler une petite réputation au sein de son club d'athlétisme.
Même si elle avait remarqué à force d'observation, que le talent des autres membres de son équipe ne volait pas très haut, elle était tout de même fière d'être un modèle à leur yeux. Seul ce fameux Ham restait tout de même un rival de choix pour elle. Avec le temps, la nouvelle athlète avait appris à respecter son camarade, bien que les derniers points se disputaient très souvent entre eux. Quelque part, la jeune fille était vraiment heureuse de toute cette tournure des choses. Sans rival à son niveau ou même plus compétent qu'elle-même encore, comment aurait-elle espéré pouvoir progresser à une telle vite ou même tout court ?
- Je me doutais bien que quelque chose n'allait pas depuis quelques semaines... Tu as changé, Yami. Affirma avec une certaine froideur la mère de famille, en tournant son visage vers son enfant. Je n'ai pas tout de suite compris la chose, mais tu étais bien trop heureuse pour que ça sonne comme étant normal. Tu sors beaucoup plus souvent de ta chambre, tu manges tous les jours à table avec nous et tu as arrêté de te plaindre comme tu le fais d'habitude.
- Tu viens de résumer les symptômes d'un bonheur, maman. Tu as raison, je suis heureuse et c'est grâce aux choix de papa que je me sens aussi bien. Se contenta de répondre l'enfant en se montrant aussi froide que sa mère. Son regard vint croiser celui de Taya, pour se confronter à son autorité. Il n'était pas question pour la jeune fille que sa mère l'intimide. Mais celle-ci, frappa du plat des mains sur la table et se leva par excès de colère.
- Tu penses vraiment que c'est en me faisant culpabiliser que je vais me montrer plus compréhensive à ton égard ? Je te signale une fois de plus que tu es malade, Yami. Tu es malade depuis ta naissance, et ce que tu fais en ce moment avec ton sport, c'est mettre ta vie en danger inutilement. Est-ce que tu es consciente de cela ?!
- Yami mets peut-être sa vie en danger, mais je t'assure que ce n'est pas inutile, ma chérie. Déclara soudainement le mari en posant finalement sa main tout doucement sur celle de sa femme. Toute once de culpabilité ainsi que de honte avait finalement disparu de son regard. C'est si notre fille n'exploitait pas ses capacités que ça sonnerait comme étant quelque chose de vraiment inutile. Yami possède un talent inné pour ce sport, c'est de notre devoir en tant que parents de ne pas l'ignorer et de l'aider à s'élever, à progresser dans cette direction.
Complètement abasourdie et même vexée d'entendre de tels mots à propos de leur enfant, entre les lèvres de son époux, jamais Taya n'aurait pensé une telle chose possible. Après tout, de par son travail ou même de par sa condition de parent tout comme elle, lui aussi était concerné par le problème. Lui aussi très certainement, était effrayée de perdre un jour leur enfant à cause de cette maladie. Mais en raisonnant de cette manière, cet homme à ses yeux, choisissait d'ignorer totalement le soucis pour ne se concentrer que sur un rêve fugace et potentiellement mortel pour Yami.
En ce sens, cela ne put que conforter Taya dans sa vision des choses, dans sa crainte la plus intense. Après tout, la jeune femme n'était pas qu'une poupée à la silhouette parfaite et qui appréciait se balader toute nue dans sa maison pour s'exposer à sa fille sans aucune gêne depuis quelques temps. Non, au sein de sa poitrine et comme tout être humain, reposait un cœur souffrant. Un cœur qui hurlait d'une injustice chaque jour passant, mais qui choisissait d'ignorer cette douleur en tentant un maximum de profiter de la vie.
Son regard croisant celui de son époux, Taya éprouvant toujours cet affreux sentiment de trahison de la part de sa fille, mais aussi de cet homme juste à côté d'elle, retira finalement sa main de la table. Laissant alors un silence bien gênant s'installer dans toute la pièce, la dame de maison baissa le visage.
- Comment est-ce que tu peux penser que les rêves de notre fille sont plus importants que sa propre vie ? Tu n'es plus cet homme que j'ai épousé et qui m'a compris durant toutes ces années. Tu as changé, Kaku.
- Tu te trompes, Taya. Je suis toujours cet homme que tu aimes et que tu as choisis de prendre pour mari. Seulement, mon point de vue à changé grâce à beaucoup de choses. J'ai choisis d'écouter ma fille, j'ai choisis d'écouter ce qu'elle avait à me dire depuis si longtemps, et de ne pas lui opposer une résistance pour une fois. Elle est douée, je te demande de me croire cette fois. De mettre ta peur de côté, pour qu'ensemble on lui permette d'atteindre son véritable but et qu'elle s'épanouisse.
- Ne me demande plus jamais de faire une chose pareille ! Tu n'as pas la moindre idée de ce que j'ai pu ressentir le jour de l'accouchement. En voyant ces oreilles sur la tête de notre fille, ces oreilles qui me narguaient, et qui continuent encore de me narguer aujourd'hui en me disant que jamais Yami ne pourra avoir une vie normale, comme tous les enfants de son age. Affirma la jeune femme sans émettre le moindre doute, et surtout, en laissant toutes ses émotions les plus négatives ressortir de son cœur pour les adresser à son mari. Ses yeux étaient en larmes, tandis que son cœur s'accélérait au simple souvenir de ce fameux jour.
- Parce que tu penses vraiment être la seule à ressentir ce sentiment depuis la naissance de Yami ? Bien sur que dans mon cas j'ai réalisé que c'était moins intense et douloureux que chez toi, mais cela ne te donne pas le monopole de la souffrance. Rétorqua Kaku en se montrant tout aussi clair et déterminé que son épouse, sans pour autant lui témoigner la moindre haine ni colère. Il vint simplement chercher de nouveau sa main, en se levant de sa chaise pour se placer devant elle en lui adressant un regard tendre et amoureux. Devant lequel, Taya était incapable de rester indifférente, rougissant en sentant ses noirs sentiments s'éteindre dans son cœur, pour laisser place à un amour profond pour son mari. J'ai décidé de mettre mes craintes de côté pour notre fille, pour son bonheur. Rien ne t'empêche de faire la même chose pour elle.
- C'est vrai alors, ce sport te rend vraiment si heureuse que cela, Yami ? Demanda Taya en se tournant doucement vers son enfant, en lui adressant cette question d'un ton beaucoup plus calme.
- Je suis encore une novice pour le moment, mais c'est vrai que j'ai réussi à me créer un petit monde dans ce club que j'ai rejoins. Je passe de très bons moments avec mes nouveaux amis, et aussi mais surtout, mes désirs de toujours sont finalement devenus une réalité. Alors oui, je suis vraiment heureuse là-bas, maman. Se contenta de répondre Yami avec des étoiles dans les yeux, se remémorant tous ces moments passés aux côtés des gens de son club, ainsi que ces nombreuses expériences passées et vécues à fond.
- Si c'est vrai... Alors je tâcherais de faire un effort de mon côté également. Déclara timidement la jeune femme en se blottissant tendrement contre son époux. Bien sur qu'elle était toujours craintive à l'idée que sa fille puisse s'adonner à un sport la mettant en danger, mais elle ne pouvait ignorer son bonheur. Je pense qu'en assistant à un cours, je serais plus rassurée et je pourrais plus facilement te laisser faire.
- C'est vrai ?! Tu comptes vraiment assister à un de mes cours, c'est vrai ou pas ?! S'exclama Yami en ressentant une folle excitation d'avoir entendu sa mère parler d'une telle chose. Elle lui adressa d'ailleurs une réponse en hochant simplement le visage, pour que finalement, l'enfant se lève de sa chaise dans un élan de bonheur en levant le bras en l'air en signe de victoire. Génial ! Je vais enfin pouvoir montrer à ma maman ma vraie passion !
Ici et seulement ici, Yami ressentait cette existence la parcourir toute entière. A chaque saut qu'elle effectuait en se laissant porter par le vent, ses mains venaient toucher le ciel avec une grâce et un bonheur sans égale. Elle se sentait vivante comme jamais, elle se sentait bien et enfin libre d'être elle-même. Aujourd'hui était un jour, comme deux fois toutes les semaines, où la jeune fille devait se rendre à son club pour son entraînement quotidien en vue de participer au championnat régional en approche.
C'est seulement une semaine après son adhésion au club, que Bou s'était décidée à leur en parler réellement, afin de les motiver un maximum. Elle se doutait toute fois que ses deux meilleurs éléments cependant, seraient Ham ainsi que sa toute sa nouvelle recrue, Yami. La jeune fille avait déjà démontré ses talents lors de son arrivé, et avec eux dans son équipe, ils étaient certains de gagner haut la main. La demoiselle aux oreilles de chat pour sa part, était moins certaine de cela.
Bien évidemment que l'annonce de ce championnat l'avait excité comme jamais, bien sûr qu'elle redoublait d'impatiente à l'idée de disputer une compétition contre des athlètes aussi doués, voire même plus encore qu'elle. Cependant, elle était également consciente de son amateurisme dans cette discipline, qu'en restant avec son niveau actuel, jamais elle ne pourrait espérer remporter le moindre prix. Pour cette seule et unique raison, Yami s'était mise en tête d'entraîner son corps un maximum, pour le préparer au prochain tournoi.
A chaque session d'entraînement, elle s'infligeait des étirements tous plus intenses les uns que les autres, pour ensuite parcourir dix tours de piste, se chronométrant à chaque session pour mesurer ses performance en terme de vitesse. La demoiselle désirait se dépasser toujours plus, devenir plus forte, plus rapide, plus vive et aussi et surtout, être en mesure de prétendre au podium de ce tournoi.Aujourd'hui et comme d'autres jours dans la semaine à cause du travail de son père, Yami s'était débrouillée pour venir jusqu'à son club en bus. Elle aimait retracer ce chemin deux fois par semaine, arriver jusqu'ici, se changer et entrer dans son monde réel, dans cet univers où elle pouvait enfin se libérer. Les tours de piste cependant pour l'ensemble des membres avait déjà commencé, tandis que la jeune fille en était toujours aux étirements de ses jambes. Elle aimait prendre son temps, ne pas se presser et faire les choses calmement.
Son professeur n'opposait aucune contestation à cela, sachant que sa chère nouvelle recrue progressait de jour en jour grâce à son entraînement personnel. Elle était d'ailleurs très heureuse de la voir prendre l'annonce de ce tournoi autant au sérieux, cela témoignait de son investissement. Seulement, alors que Yami en était encore à l'étirement de ses jambes au sol, les écartant un maximum pour leur donner un maximum de souplesse, son camarade Ham vint la rejoindre pour faire exactement la même chose avec un sourire. Il n'était pas vraiment surprenant pour elle de voir son camarade et quelque part, rival, l'accompagner dans ses exercices. C'était un peu comme une sorte de confrontation, mais toujours dans la bonne humeur et le sourire. Avec le temps, Ham était devenu pour Yami, un ami avec qui elle s'entendait de mieux en mieux et envers qui toute trace de haine disparaissait.
- Tu n'as pas peur de te froisser un muscle à force de tirer autant sur tes jambes ?
- Je pense que tu me couves trop mon cher Ham... Surtout que tu n'es clairement pas habitué à étirer autant tes jambes, alors c'est d'avantage pour toi que tu devrais t'en faire. Lui avait répondu la jeune fille en lui adressant un sourire quelque peu malicieux avec un petit clin d’œil. La déchirure musculaire te guette !
- Ah ouai, tu veux vraiment te moquer de moi ? S'exclama alors le jeune homme en souriant toujours, avant de se redresser en repliant ses jambes dans une grande simplicité. Toujours observé par son amie, qui ne montrait pas le moindre signe de surprise ou d'étonnement. Que dirais-tu qu'on teste nos capacités respectives aujourd'hui alors ? Je te propose une course de piste en trois tours complet, celui qui termine le premier remporte la victoire et toute la gloire qui va avec étalement. Qu'est-ce que tu en dis ?
- Ta proposition est pour le moins très intéressante.. Adressa t-elle comme réponse à son interlocuteur, toujours en gardant un calme olympien. Exactement de la même manière que Ham, Yami se redressa sans la moindre difficulté, confrontant son regard au sien. J'espère seulement que tu ne seras pas trop triste quand je t'aurais battu à plat de couture.. Ca me ferait du mal de ramasser les morceaux d'un petit Ham en détresse.
- Je te souhaite bonne chance pour me battre, Yami. Tu en auras besoin, car je ne me laisserais pas faire aussi facilement. Répondit finalement le jeune homme en tendant sa main vers elle, dans un signe d'accord. La demoiselle en comprenant son intention, l'empoigna simplement en regardant son nouvel adversaire dans les yeux.
Alors que l'accord entre les deux apprentis athlètes était maintenant passé et que ceux-ci s'avançaient dès à présent vers le point de départ, Yami n'eut pas le temps de voir que de nouvelles têtes venaient d'arriver au club. Tandis que toute sa concentration était braquée sur sa réussite durant cette course, sa victoire, rien au monde n'aurait pu lui permettre de comprendre, de constater que ses parents lui avaient fais la surprise de se pointer ensemble. Taya en arrivant aux côtés de son mari, s'abandonnait à regarder vraiment partout, et en quelque sorte, comprendre le monde secret de son enfant.
Bien sûr que son cœur était toujours en proie à la peur la plus intense de voir Yami s'effondrer d'un moment à l'autre, mais si elle était vraiment heureuse ici, alors elle lui laisserait une chance de faire ses preuves. S'avançant en couple, ils ne tardèrent d'ailleurs pas à faire de nouveau la rencontre du fameux professeur de ce club, apparaissant encore et toujours aux yeux de ceux n'y étant pas habitués, comme Taya, tel un enfant à cause de sa taille et aussi de son visage. L'épouse de Kaku témoigna de toute sa surprise à cette rencontre, sans pour autant énoncer sa première impression, comme son époux la toute première fois. L'homme serra une fois de plus la main de Bou, qui l'accueillit en mettant une pause temporaire à la gestion de ses troupes pour saluer le couple.
- Monsieur Mushine, je suis ravie de vous revoir ici ! Cela va faire un bout de temps que vous n'êtes pas venu au club ! Et j'ose croire quant à vous, que vous êtes la femme de ce cher monsieur ? Demanda Bou en s’adressant légèrement plus timidement à Taya, qui restait silencieuse jusque là.
- Vous avez tout juste, mademoiselle Bou ! Il s'agit bien de ma femme, je vous présente – Affirma le scientifique avec une certaine fierté, avant de se faire interrompre brusquement et bousculé par sa propre femme.
- Je suis Taya Mushine, la femme de cet imbécile de Kaku. Mais je suis persuadée que vous n'avez pas eu besoin de mon aide pour remarquer combien il est bête. Enchaîna directement Taya en se permettant de prendre la relève tout en serrant à son tour, la main de son interlocutrice avec un grand sourire plein d'assurance. Bou devant un tel retournement de situation, témoigna d'une certaine surprise tout en souriant.
- Je … Suppose que ce n'est pas quelqu'un de très malin, oui. Je ne suis pas assez intime avec votre mari pour pouvoir me permettre de donner mon avis à son sujet. Répondit le jeune professeur avant de recentrer toute son attention sur son élève, leur enfant en particulier et de sourire pleinement. Elle était vraiment fière d'elle et cela se ressentait dans sa manière de l'évoquer. Mais en ce qui concerne votre fille, Yami. Je peux vous assurer qu'elle a fais d'énormes progrès depuis son arrivé ici. Elle ne cesse d'évoluer et de redoubler d'effort, je pense que si elle continue sur cette voie, elle pourra facilement atteindre les plus haut rangs !
- Vous êtes sérieuse ? C'est bien de Yami dont vous parlez, ma petite fille chérie ? Rétorqua aussitôt la jeune femme, écarquillant les yeux sous une telle affirmation de la part du professeur de sa fille.
- Je ne peux pas me montrer plus sérieuse que cela, votre fille est épatante madame Mushine. Voyez par vous-même, elle est surprenante et pleine de talents ! Déclara Bou en se décalant tout doucement sur le côté, afin de permettre à la jeune femme d'apercevoir sa fille qui venait d'arriver en compagnie de Ham, sur la ligne de départ.
Récitant un compte à rebours en simultané en se regardant dans les yeux tout en se mettant en position de départ, Ham ainsi que sa chère rivale, s’élancèrent à toute vitesse dès le zéro annoncé. Aucun des deux ne souhaitait laisser le moindre avantage à son adversaire, c'était comme une lutte à mort. Après tout et d'une certaine manière, ils étaient aux yeux de tous, les meilleurs membres de ce club et se devaient de maintenir cette image pour ne pas baisser dans le classement.
Seulement, Yami intérieurement espérait dépasser son camarade une bonne fois pour toute, et se hisser à la première place. Mais avoir ce garçon à ses côtés, et se mesurer à lui aussi souvent était une façon pour elle de se garder motivée, d'avoir un but à atteindre et en cela, elle lui était très reconnaissante et était fière de l'avoir fais changer à ce point depuis qu'elle s'était inscrite ici et qu'elle avait rejoins ce monde si particulier.
- C'est … Vraiment mon enfant qui court aussi vite ? Depuis quand est-elle aussi rapide que cela ?! Demanda Taya en témoignant de tout son choc de voir une telle chose se produire.
- Il n'y a rien d'étonnant à cela, vous savez ? Yami est depuis longtemps, une fille possédant un talent inné pour cette discipline. Ce don ne demandait juste qu'à pouvoir s'exprimer librement. Se permit de répondre une toute nouvelle voix en s'introduisant dans la conversation. A l'écoute de celle-ci, les trois personnages se tournèrent vers la source de cette voix pour constater qu'il ne s'agissait de personne d'autre que de Saru, qui était accompagné de son médecin de garde pour plus de sûreté. Tout deux étaient dans les gradins et observaient la scène et cette course entre Ham ainsi que sa meilleure amie en gardant cette hauteur.
- Saru ? Qu'est-ce que tu fais ici ? Je pensais que tu devais rester en convalescence depuis ta toute dernière crise, si j'ai bien compris ce que m'a dis Yami. Déclara la jeune femme en se permettant également de s'adresser au meilleur ami de son enfant. Abandonnant totalement le professeur pour s'approcher du jeune homme.
- Chuuuuuut ! Soyez plus discrète je vous prie, je n'ai pas tellement envie qu'on finisse par découvrir mon secret une fois de plus. Demanda simplement le jeune homme en chuchotant et posant son doigt sur sa bouche, dans le but d'inciter la jeune femme à faire de même. Il se permit également de lui indiquer le dessus de sa tête, afin qu'elle comprenne grâce à son bandana noir, l'intérêt de garder le silence sur ce sujet. Je me sens véritablement inutile depuis ma toute dernière crise... Sans votre fille pour me tirer de cette mésaventure, je ne sais pas où je serais en cet instant bien précis. Je lui dois beaucoup, c'est pour cette raison que je suis venu lui faire une surprise.
- Je suis certaine que te voir ici lui fera énormément plaisir. Quand elle est à la maison, tu sais, elle ne cesse jamais de parler de toi en vantant tes mérites. Tu es vraiment son modèle de vie, tu sais ? Affirma Taya en comprenant cette envie de discression du jeune homme, et changeant de côté en le suivant simplement avec un sourire.
- C'est pour cette raison justement que je n'ai pu me résoudre à lui mentir d'avantage sur la maladie qu'elle et moi avons en commun. Je me sentais terriblement mal de lui cacher la vérité, alors qu'elle voyait en moi un tel modèle de vertu. Lui mentir aurait été trahir toute la confiance qu'elle a en moi depuis tout ce temps.
- Ma fille a vraiment de la chance d'avoir un meilleur ami tel que toi, sur qui elle peut compter en toute circonstances, aussi droit et juste que toi qui je suis certaine, ne la trahira jamais. Rétorqua simplement la jeune femme à l'écoute des explications du jeune ami de son enfant. Ressentant toute sa sincérité, toute sa bienveillance à l'égard de Yami et ne doutant pas un seul instant de sa bonne foi. Elle affichait un sourire franc au jeune homme.
- Vous allez me faire rougir, madame Mushine... Répondit Saru en baissant tout doucement son visage, tout en exprimant toute sa gêne d'avoir été ainsi complimenté de la sorte. Avant de braquer de nouveau son regard vers cette course en train d'avoir lieu, afin d'observer la progression de son amie. Dans tous les cas, je ne vous demande qu'une chose aujourd'hui, c'est d'encourager un maximum votre fille et de ne lui imposer aucune entrave pouvant bloquer sa progression. Cela serait meurtrier d’interdire à un tel talent de s'exprimer ainsi.
- Sans avoir l'occasion dans ta vie de porter le moindre enfant dans ton ventre, ou même la chance d'être parent aux côtés d'une demoiselle que tu aimes sincèrement, je pense que tu peux comprendre mon inquiétude vis-à-vis de mon enfant. Cependant... Je te promets que je ferais un effort de mon côté, que je laisserais une chance à Yami de faire ses preuves. Tenta timidement d'affirmer Taya en regardant son interlocuteur du coin de l’œil, elle aussi trop occupée à regarder la même course en train d'avoir lieu.
- Je vous en remercie sincèrement, madame Mushine. Merci du fond du cœur de laisser cette chance à Yami, de lui laisser enfin une chance d'être vraiment heureuse et de sortir de son cocon. Répondit Saru avec un sourire plein d'une beauté et d'une grâce sans égale, comme soulagé de ne plus ressentir ce poids sur son cœur.
Alors que la course était maintenant bien entamée depuis quelques minutes, ni Yami et encore moins Ham ne désirait céder la première place à l'autre. Tous les deux étaient au coude à coude le plus souvent, quand l'un des deux ne devançait pas tout simplement. C'était cette complicité dans l'effort aussi, qui avait finis par les rendre aussi soudés, aussi proche l'un de l'autre. Ils n'étaient pas aussi complices tous les deux que Saru et Yami, mais tout de même, ils s'étaient crée leur petit lien. Cependant et avant cette toute nouvelle période dans sa vie, jamais Yami n'aurait pensé qu'une telle chose puisse être seulement possible pour elle.
Sympathiser avec une telle personne, avec quelqu'un comme Ham qui entretenait encore il y a seulement quelques temps, des pensées choquantes et discriminatoires à l'égard des personnes comme elle. En un sens, Yami aussi se montrait assez odieuse de temps à autre envers ces personnes, en ne leur laissant pas une seule chance de montrer le meilleur d'eux-même et les rangeant dans une case directement. Mais avec son nouvel ami, la jeune fille se prouvait à elle-même que c'était possible aussi, de changer d'avis, de grandir et d'évoluer mentalement pour se faire une toute nouvelle opinion.
Pour Yami, tout ceci n'était pas seulement une course pour atteindre une ligne d'arrivé, c'était aussi un tout nouveau chemin de vie qui se dessinait devant elle et qu'elle souhaitait emprunter sans éprouver la moindre crainte. Tout en s'élançant sur cette piste, la jeune fille avait réellement le sentiment de tenir la main de son meilleur ami. Et que celui-ci l'aidait à avancer pas à pas, afin qu'elle ne trébuche pas, ou si c'était le cas, qu'il lui vienne en aide pour qu'elle se relève, et qu'elle se relance une nouvelle fois dans la course.
Aux yeux de Yami, son existence n'était autre qu'une compétition où pour se hisser au sommet, elle n'avait d'autres choix que de redoubler d'effort, de se battre pour se faire une place dans ce monde impitoyable. Sa participation à cette compétition prochaine n'était pas seulement un objectif comme tant d'autres, une envie de gagner et de se hisser sur le podium, c'était bien plus que tout cela. Elle voulait se montrer à elle-même, ainsi qu'aux gens de son entourage, que cette envie de vivre brûlait en elle, que cette envie d'atteindre le ciel, d'être heureuse, de se laisser aller à sourire et de rire en exerçant son activité favorite, était véritablement ardente en elle.
- Tu tiens la cadence j'espère, Yami ? Parce que si ce n'est pas le cas, je ne me gênerais pas de te doubler et de prendre ta place en quelques instants. Affirma faussement le jeune homme, en gardant ce même sourire aux lèvres.
- Parce que tu crois que tu me fais peur peut-être ? Je n'ai toujours pas tout donné, attends un peu de voir ! Répliqua presque immédiatement Yami en accélérant d'avantage sa vitesse de course pour finalement doubler Ham, pour mettre quelques mètres de distance entre eux.
Au fond et très sincèrement, depuis sa toute première rencontre avec la demoiselle, Ham n'aspirait plus à conserver son image de chef et de leader au sein de ce groupe. Tout ceci était simplement dépassé, son but était beaucoup plus noble, et beaucoup moins orgueilleux. En constatant tout le talent de cette jeune fille, son cœur brûlant dans sa poitrine et son envie de progresser toujours plus, le jeune sportif s'était mis en tête de prendre la place de rival pour qu'elle puisse le concurrencer et donc, progresser beaucoup plus vite.
Il était au fond bien conscient que sa « rivale » possédait un talent et un processus de progression beaucoup plus important que le sien et qu'il ne pouvait en aucun cas rivaliser contre quelque chose comme cela. Mais avec le temps, Ham s'était fais à cette idée, et s'était dis qu'au moins, en compensation, il pourrait aider son amie dans sa progression et faire d'elle, une véritable athlète. Bien sur, Yami n'était absolument pas au courant de toute cette combine et il espérait au fond, qu'elle ne le soit jamais. Que cette image de rival se conserve dans son esprit, afin qu'elle redouble toujours d'effort pour le battre. C'est cette volonté si pure selon lui, qui lui permettrait de toujours se dépasser, de ne jamais abandonner son rêve. En un sens, il ne pouvait qu'être fier d'elle ,ainsi que de tous ses progrès accomplis jusqu'ici.
Seulement, tout ceci ne constituait en rien une raison suffisante pour la laisser gagner. C'est pour cette raison que Ham accéléra également la cadence pour se retrouver une nouvelle fois au coude à coude avec elle, lui adressant un sourire complice de compétition entre deux sportifs fair-play.
- Je suis loin d'avoir donné le meilleur de moi-même également. Il t'en faudra plus si tu espères me devancer, ma chère petite Yami. Répliqua alors le jeune homme, alors qu'ils étaient tous les deux sur les tout derniers mètres du dernier tour de cette course si intense.
Mais c'est alors que sans un mot, sans un son sortant de sa bouche, Yami donna le meilleur d'elle-même lors des derniers mètres et se transforma en véritable flèche vivante pour devancer de très loin son adversaire. En la voyant se changer ainsi, accélérer pour atteindre une telle vitesse de pointe, Ham ne put que témoigner de toute sa surprise et même sa stupeur, pour finalement s'arrêter totalement de courir pour l'admirer quelque part et la voir s'éloigner toujours plus d'elle, souriant avec sincérité pour lui accorder cette victoire.
Yami n'était ici que depuis deux mois, mais déjà elle était devenue une athlète de haut niveau sans même qu'elle ne s'en rende compte. Le jeune homme ne pouvait rivaliser avec elle, et s'était résigné à cette vérité, en l'acceptant, en se sentant même fier de lui avoir permis d'atteindre un tel niveau. Ce n'était pas uniquement grâce à lui, mais aussi l’œuvre de Yami, qui àchaque session, donnait le meilleur d'elle-même sans se ménager.
C'est sans surprise alors, qu'elle franchit la ligne d'arrivé en première pour gagner la course, en laissant Ham loin derrière elle. Trop essoufflée pour prendre le temps de se retourner pour voir où il se trouvait actuellement, la jeune fille après cette longue course, s'abaissa légèrement en avant, posant ses mains sur ses genoux pour enfin reprendre son souffle tout doucement et calmement, ne remarquant même pas qu'une pluie battante et violente commençait à tomber juste au dessus d'elle et de tout le monde.
- Bravo Yami, tu as été géniale !!! Hurla Saru de loin en y mettant tout son cœur.
Cette pluie cependant, n'empêcha aucunement Saru dans son entreprise d'aller la rejoindre. Après l'avoir vu gagner cette course et courir aussi vite, le jeune homme se sentait terriblement fier de sa meilleure amie. En parlant ainsi à son père ce jour-là, il avait permis la naissance d'un talent, l'épanouissement d'une petite fleur qui ne demandait qu'à naître en ce monde. Il passa par dessus la rambarde pour se poser directement au sol. En entendant ce hurlement et cette voix si familière à ses oreilles, Yami se redressa finalement pour regarder en avant. Manifestant un immense sourire de voir, non seulement sa mère ici, mais aussi son très cher Saru. Leur venus ici n'aurait pas pu la rendre plus heureuse que cela, car elle savait mieux que quiconque qu'ils étaient tous les porteurs de son espoir.
Contre toute attente cependant, durant la course de Saru, quelque chose n'allait clairement pas. Une violente et intense sensation de faiblesse, et le monde devenait progressivement terne, comme brouillé sous ses yeux, sous sa vue. Il voulait rejoindre son amie, il le désirait plus que tout au monde, mais son corps s'opposait à sa volonté. Ce n'était pas une crise banale comme la première fois. Aucune toux, aucun son, juste un atroce silence s'installant dans cette scène. C'est alors que le bandana du jeune homme commença à se détacher, en tombant finalement par terre.
Seulement, Saru n'allait pas tarder à le rejoindre également. Il venait de perdre connaissance, en tendant sa main en avant, comme pour se saisir une dernière fois la main de sa meilleure amie. Sa chute au sol, dans un fracas destructeur, déchira littéralement le cœur de la demoiselle. Jamais elle n'aurait pensé que sa journée puisse prendre une pareille tournure. Elle, qui était épanouie ici, heureuse et qui ne manquait de rien, risquait de perdre l'espoir de sa vie à cause de cette même maladie dont il souffrait depuis sa naissance. Devant cette scène plus que sur-réaliste et horrible, Yami eut tout simplement l'impression de perdre l'esprit. Elle ne savait plus quoi penser, n'était clairement plus capable de filtrer ses sentiments, qui affluaient dans son cœur à une vitesse folle.
- Non... Ce n'est pas possible, dîtes-moi que ce n'est pas en train d'arriver... SARUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU !!!!!!!
NOTE DE L'AUTEUR : Je suis désolé quelque part de briser cette belle amitié entre ces deux personnages, mais quelque part je me suis dis que ça serait nécessaire au développement du personnage de Yami... Vous en saurez plus la prochaine fois ! Un petit commentaire peut-être ?