Vivre
Yami, l'enfant au naturel renfermée et obscure, était soudainement devenue une enfant pleine d'entrain et de joie. Tant bien qu'une fois à la maison, Taya, la mère de cette dernière peinait à la reconnaître et ne cessait de poser nombres de question à son mari en privé. Sans pour autant que celui-ci ne lui réponde favorablement. Inventant à chacune de ses attaques, quelques excuses du genre que sa journée s'était certainement déroulée sans le moindre encombre et qu'elle avait passé du bon temps avec son meilleur ami, Saru. Après tout, Kaku comprenait maintenant pourquoi sa jeune fille entretenait un tel lien avec ce jeune homme, qui avait su sans la moindre crainte, se montrer courageux au point de le mettre face à ses propres peurs. Toute fois, c'est bien durant ces moments-ci que l'homme aux cheveux grisonnant aurait souhaité vaincre ses peurs. Bien que cet accord à Yami était maintenant donné, il s'agissait de rester un maximum discret.
Jamais Taya, la femme de maison ne laisserait son enfant participer à ce genre de club, encore plus craintive à l'égard de cette maladie que le chercheur. Ce qui en un sens, sonnait vraiment paradoxale. Mais au bout d'un temps et à force de se crier sans cesse dessus à cause de cette question, Kaku avait finis par comprendre quelque chose. Sa femme pouvait bien être dépourvue de ce genre de diplôme et donc de ces connaissances, elle était la mère de Yami et c'était elle et seulement elle, qui avait porté cet enfant dans son ventre pendant neuf mois pour finalement la mettre au monde en ce jour, que le chercheur était incapable d'oublier. En ce sens, cet attachement intime donnait plus le droit à Taya d'être inquiète pour leur fille que quiconque. C'est à la suite de ce fameux jour, où tout devint clair à ses yeux, que Kaku cessa totalement de s'opposer à son épouse sur cette question.
C'est pour cette raison que même si la promesse était maintenant donnée à son enfant, le père de famille ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine culpabilité de cacher la vérité à sa femme. Après tout, cette fille était aussi la sienne et son enfant. Il était vraiment dur pour lui, pour son cœur, de contenir ce secret, et cette honte inondant son être à chaque interrogation de son épouse. Pour se faire, afin de conserver un maximum de discression sur cette affaire, le père de famille se rendait uniquement sur internet durant ses nombreuses heures de travail.
Il était couvert par son associé, qui poursuivait leur travaux en commun, en attendant que les recherches personnelles de Kaku aboutissent finalement. Il était vraiment heureux et rassuré d'être tombé sur une telle femme pour l'épauler, elle était d'une grande aide. Et c'est finalement à la suite de deux journées de recherche que le chercheur dénicha la perle rare, à seulement quelques kilomètres de leur ville natale. Son enfant allait enfin pouvoir toucher le ciel, et voler comme un ange.
- On est encore loin, dis papa ?! Questionnait l'enfant depuis un quart d'heure, excitée comme une puce.
- Pas si tu continues de t'agiter comme ça... Je t'ai demandé de rester calme et d'arrêter avec cette même question toutes les minutes. Nous arriverons quand nous arriverons, d'accord Yami ? Répondit Kaku par une autre question, assez excédé par le comportement enfantin de son adolescente. Qui finit cependant par écouter son père et enfin se calmer en s'asseyant correctement sur son siège.
- Comme il vous plaira, monsieur.
Seulement deux jours que Yami attendait cet heureux événement, et elle n'en pouvait déjà plus d'attendre tant cela lui avait paru durer une éternité. Encore le supplice de l'attente, dans cette voiture conduite par son père la conduisant jusqu'au lieu promit. Le coude posé sur le rebord de la fenêtre, afin de caler sa main au creux de sa paume, la jeune fille observait la route défiler sous ses yeux en songeant à nombre de choses. Ce rêve habitait son cœur depuis tellement de temps, et aujourd'hui il était sur le point de se réaliser, ce n'était pas un mensonge de la part de son père. Son cœur battait à cent à l'heure dans sa poitrine, qui après tout ce temps, laissait finalement naître ses rêves et ses fantasmes.
Seulement, elle posa le doigt sur le problème qui la titillait depuis cette veille. Et si au fond, tout ceci n'était rien de plus qu'une simple lubie, qu'elle n'aimerait pas ce sport tant que cela finalement. Que penserait son père, ou même Saru, qui s'était battu pour qu'elle ai sa chance ? Elle était quelque peu perdue, mais décida de se ressaisir, et de récupérer ce sourire qui depuis quelques jours, ne la quittait plus du tout.
Après tout, elle avait ressenti durant cette expérience virtuelle, ce frisson, cette intensité de l'envol qu'elle rêvait de pouvoir toucher de son cœur un jour. Aucune raison alors pour que ce sport dans la réalité ne soit pas encore mieux que dans un plan virtuel. En tous cas, Yami faisait vraiment de son mieux pour se persuader de cette chose, en comptant les mètres la séparant de ce club tant attendu que son père avait déniché lors de ses heures de travail.
- Papa, tu penses vraiment que tout va bien se passer une fois qu'on sera arrivés ? Questionnait-elle finalement son père au sujet de ses doutes. Sa bonne humeur avait totalement disparu, et ce même si elle tentait au mieux de récupérer son beau sourire d'enthousiasme.
- Voila que tu commences à douter maintenant, Yami ? Rétorqua simplement l'homme en gardant le volant de son automobile. Il était loin d'être idiot et avait bien remarqué ce changement soudain d'attitude de la part de sa fille. Mais finalement, un sourire se dessina sur son visage. Qu'est-ce que te dit ton cœur en ce moment ?
- Mon cœur... ? Je me demande si tout ceci n'est pas au fond que le fruit d'un fantasme que j'ai nourris durant toute ma jeunesse sans pouvoir l'assouvir. Si tout ceci est réel et si je vais réellement apprécier ce sport comme je l'ai toujours espéré... Mais lorsque je doute, je repense à ce jour où tu m'as laissé expérimenter le saut dans ton monde virtuel. Et en m'envolant haut dans le ciel, j'ai senti l'éclat de la liberté, cette puissance émotionnelle qu'avant ce jour, mon cœur ne connaissait pas. Je veux... Je veux encore le ressentir, ce choc électrique, plus que tout autre chose ! Répondit en toute franchise la jeune fille en regardant de nouveau son père dans les yeux, avec des étoiles dans le regard. Son espoir et son envie étaient toutes les deux revenus, grâce aux mots de Kaku. Ce dernier ressentait à l'égard de sa fille, une fierté sans limite ainsi qu'une grande joie, qu'il exprima lui aussi en venant poser sa main sur ses cheveux pour les caresser.
- C'est bien ma Yami ça, celle que je connais et qui n'abandonne jamais. Je suis vraiment fier que tu aies pris conscience que ta passion n'est pas une lubie, qu'elle constitue une réelle envie, un besoin. A partir d'aujourd'hui, je ferais tout ce que je peux pour t'aider à l'atteindre de nouveau, ce ciel que tu désires tant.
- Merci de tout cœur, papa. Rétorqua finalement Yami en baissant son visage, rougissant à cause des mots de son père qui avaient su la toucher au plus profond de son cœur.
Cette zone d'ombre dissipée au sein du cœur de Yami, ainsi que ce splendide ciel bleu au dessus de leur tête, tout promettait à cette journée d'être simplement merveilleuse et parfaite. Toute fois, malgré la conscience de cet enfant devant la réalité de son rêve ainsi que de son envie, tout n'était pas aussi rose et magnifique qu'elle aurait souhaité. Une question encore subsistait au sein de son esprit, qui avait trouvé naissance en elle dès la veille de cette journée, quand son père lui avait annoncé sa trouvaille. Évidemment que cette nouvelle avait sonné dans son cœur comme un merveilleux cadeau, comme le plus beau qu'elle aurait espéré. Elle espérait seulement qu'une fois sur place, elle réussisse à se faire une place parmi ce club déjà constitué. Mais aussi et surtout, que ces mêmes oreilles sur sa tête, ne soit pas encore l'objet de moquerie à son égard.
Ce club qui n'attendait plus que la jeune Yami, se présentait très simplement et était ouvert depuis quelques heures aujourd'hui. Le beau temps avait encouragé les élèves à se pointer dès la première heure, dans le but de se consacrer à leur entraînement. C'est sur un terrain d’athlétisme, semblable en tout point à celui crée par Kaku quelques jours plus tôt, que les choses avaient lieu. Chose courante dans le milieu du sport, les élèves de ce club étaient en train de courir sur la surface d'une piste de course, afin très certainement de s'échauffer, avant de passer à la suite. Il était amusant de constater que l'ensemble des élèves couraient à la même vitesse dans une certaine homogénéité, ou plutôt dans un esprit de groupe solidaire. Seulement, alors que la course était partie pour durer des siècles, un coup de sifflet retentit depuis le point de départ de la piste.
- Fin de l’entraînement les enfants, tout le monde revient ici ! Cria suffisamment fort cette personne ayant poussé le coup de sifflet afin de ramener ses troupes jusqu'à elle, ce qu'elles commencèrent à faire sans plus tarder. Cette femme à l'apparence assez masculine, à la stature imposante mais de petite taille, était visiblement le professeur de ce club et affichait un beau sourire empreint d'une assurance sans faille. Je suis fière de vous, mes garçons. Vous avez fais du bon travail aujourd'hui et comme tous les jours, vous vous êtes donnés à fond pour donner le meilleur de vous-même. Mais avant que le cours ne se termine, j'aimerais que vous fassiez le meilleur accueil possible à notre nouvelle recrue qui nous vient tout droit de la ville voisine. Son rêve est de devenir une athlète professionnelle, je compte sur vous pour l'encourager du mieux possible, d'accord ?
- Encore une nouvelle ? Nous sommes en plein milieu du programme, qu'est-ce qu'elle vient foutre ici celle-là encore ?! Rouspéta un jeune garçon au milieu de ce groupe, comme tous les autres en montrant des signes de fatigue à la suite de cette course. Pourquoi est-ce qu'on ne se contente pas juste de la refuser ?
- Simplement parce que jusqu'à preuve du contraire, mon cher Ham, c'est moi qui commande ici. Alors si ma décision ne te convient pas, je ne te retiens pas de t'en aller et ne plus jamais revenir ici. Rétorqua aussitôt la jeune femme en montrant un côté sombre de sa personnalité à son jeune élève. Celui-ci baissa alors le visage, légèrement mal à l'aise d'avoir été ainsi rabaissé par son professeur, conservant cependant ces mêmes pensées.
Néanmoins impatient de voir le visage de cette toute nouvelle venue, celui du jeune garçon était plutôt doux, malgré ce caractère de cochon semblant l'animer assez souvent. Ses yeux variant entre le rouge et le marron en fonction de la lumière du soleil ou même de l'éclairage en général, imposaient parfois le respect à tous ses camarades. Il n'était pas qu'un garçon avec un certains charisme, son regard aussi y comptait pour beaucoup et à chacune de ses venues, son aura se ressentait autour de lui. Il ne passait clairement pas inaperçu, s'étant hissé sans soucis à cette place de chef de groupe du club, ce qui lui allait terriblement bien selon ses propres impressions.
Le garçon pour son age, était d'une taille moyenne, voire aussi grand que son professeur et que tous les autres enfants présents ici. Sur sa tête cependant, ses cheveux blonds témoignaient d'un manque de soin évident. Ham n'était pas le genre de personne à rester des heures devant sa glace à prendre soin de son cuir chevelu, leur laissant une totale et absolue liberté à ce niveau-là. Comme tous ses autres camarades et à chaque entraînement, le garçon portait son habituelle et traditionnelle sa tenue de sport, qu'il voyait au fond comme un simple vêtement comme tant d'autre.
Contrairement à son fameux élève plus que turbulent et casse pied, Bou n'était pas le genre de personne à se laisser aller à la colère aussi facilement. D'un naturel enthousiaste, elle avait cependant appris avec le temps, à mater son groupe pour les mener par le bout du nez. Il était inconcevable aux yeux de cette jeune femme, que ses élèves ne lui obéissent pas totalement. Son rôle était après tout d'enseigner, pas de tenir une garderie et tous les enfants ici en étaient parfaitement conscient et avaient finis par respecter cette femme, plus encore que Ham. Bou, malgré son rôle d'enseignante, était pourvue d'une apparence assez juvénile et enfantine.
Elle était d'ailleurs consciente de cela, et s'en amusait par moment, quand cela ne se retournait pas contre elle. Il était assez difficile pour elle de se faire prendre au sérieux, à cause de la différence entre son age réel et son apparence. Le regard émeraude de la jeune femme témoignait de son passé, de toutes les difficultés qu'elle avait emmené avec elle tout au long de son existence. Sûrement d'ailleurs était-ce la raison de ce respect de tous ces jeunes à l'égard de cette femme, cette vision de survivante que l'on pouvait apercevoir simplement en croisant son regard.
Tout comme le père de Yami, ses cheveux étaient grisonnant et plutôt court, car ne supportant clairement pas la longueur et l'encombrement pendant ses courses. Bou n'était absolument pas une complexée par son côté garçon manqué et assumait très bien ses choix. Seulement, la demoiselle expliquait toujours la raison de son look par la praticité de celui-ci. Une particularité ressortant de son apparence, était très certainement son teint mate. Indiquant sans doute des origines exotiques, que la jeune femme n'était pas apte à évoquer en présence de ses élèves.
Alors qu'une légère tension était palpable dans l'atmosphère en cette fin de journée entre les élèves ainsi que le professeur, mais surtout entre Ham et Bou, la nouvelle recrue se présenta au groupe. Accompagnée pour cette toute première journée, par son père, celle-ci n'était autre que Yami en compagnie de Kaku. Au bruit de leur pas dans son dos, Bou se retourna afin de les saluer d'un regard. La demoiselle jeta un premier regard à ce tout nouveau groupe qu'elle allait côtoyer assez souvent à partir de maintenant. Mais aussi et surtout, à ce garçon aux cheveux blond qui la dévisageait d'un air accusateur. Yami ne pouvait cacher sa crainte que ces choses ne recommencent, comme dans son ancien lycée. Mais elle se contentait de simplement suivre son père à la trace, se présentant tout comme lui, à Bou.
- Nous sommes vraiment désolés d'arriver aussi tard, nous avons fais une longue route pour venir ici. Je suis enchanté de vous connaître en tous cas. Expliqua calmement Kaku en serrant la main de cette femme, lui apparaissant comme une enfant. Seulement, vous êtes bien le professeur vous occupant de ce club ?
- Rassurez-moi mon très cher monsieur, vous n'êtes pas le premier ni le dernier à me poser cette question. Mais vous ne faîtes absolument pas erreur, je vous rassure. Répondit simplement Bou en serrant fermement la main de ce père dans la sienne, comme pour signifier au travers de ce geste et de cette force, toute son irritabilité d'avoir été une fois de plus, confondue avec un enfant. Kaku tentant de contenir toute la douleur, restait le plus calme possible, avant que finalement, son interlocutrice ne relâche son emprise pour se plonger dans le regard de sa toute nouvelle élève, un sourire aux lèvres. Et toi ma petite, j'imagine que tu es ma toute nouvelle élève, cette Yami dont on m'a vanté les mérites au téléphone ?
- Je... Ne suis pas si exceptionnelle que cela, je n'ai jamais eu la chance de pratiquer ce sport. Affirmait timidement la jeune fille en baissant les yeux, gênée de la présence de tous ces élèves la dévisageant.
- Tu ne devrais pas te dévaloriser ainsi, ma petite. Je suis sûre et certaine que tu es vraiment douée, sinon pourquoi est-ce que ton père aurait autant insisté pour que je t'accepte parmi nous ?
Face à cette révélation totalement inattendue venant de son tout nouveau professeur, Yami écarquilla les yeux sous l'effet de cette intense surprise. Moins d'une semaine encore dans le passé, son père ne voyait pas le moindre potentiel sportif chez sa fille et même insistait pour qu'elle ne pratique pas la moindre activité. Et aujourd'hui, il vantait ses qualités ainsi que ses capacités. Un réel changement et d’opinion avait eu lieu chez Kaku. Chose à laquelle Yami ne s'attendait absolument pas, venant de son père en tous cas.
Heureuse et très légèrement perplexe devant les dires de cette femme, elle jeta un regard interrogatif à son paternel. Qu'il lui renvoya d'ailleurs directement par un beau clin d’œil accompagné d'un sourire. Depuis que sa fille avait fais ses preuves à la suite de cette performance plus qu'incroyable, Kaku ne pouvait nier que Yami possédait un énorme potentiel inexploité, et que même la peur de sa maladie ne constituait pas une excuse suffisante pour l'empêcher de s'adonner à sa passion.
Refusant de rester dans son coin pendant que cette discussion était en train d'avoir lieu, Ham ne se gêna pas un seul instant de s'incruster dans la bande avec ses grosses pâtes. Il n'était pas suivi par le reste de sa bande, mais le garçon affichait un regard quelque peu curieux. Ce manque de crainte d'être rejeté, était animé par ce sentiment de supériorité qu'il avait acquis à force de s'imposer au sein de ce club. Ni cet homme aux cheveux grisonnant, ni cette femme lui servant de professeur, ne l'effrayait et n'était en mesure de l'arrêter dans son avancée. Il était désireux de comprendre, d'assimiler la connaissance pour mieux la combattre, pour mieux la dominer.
C'est en arrivant au niveau de Yami, que le jeune homme laissa une totale liberté à ses mains, pour toucher ses deux oreilles sans la moindre délicatesse. Celle-ci était d'ailleurs quelque peu effrayée, mais en sentant émaner de ce garçon, cet orgueil si caractéristique qu'elle avait connu ailleurs, elle n'osait se débattre. Elle se laissait faire, se sentant démolie comme il y a si longtemps, en espérant de tout cœur qu'il finisse par arrêter, ou au moins que son professeur ou même son père, ne lui demande de cesser.
- J'peux pas l'croire, c'est une infectée par le virus qui nous rejoint aujourd'hui ? Demanda de manière totalement rhétorique, Ham en laissant paraître sa surprise. J'ai gâché une bonne partie de ma journée pour qu'une malade se joigne à notre nous, et qu'elle se fasse ridiculiser devant tout le monde ?!
- Encore une fois, est-ce que ça te pose le moindre problème, mon cher Ham ? Interrogea de nouveau la jeune femme à l'intention de son élève. Elle ne cachait maintenant plus toute sa frustration et sa colère que Ham ai un tel comportement à l'égard de cette nouvelle venue.
- Vous auriez simplement pu me dire que cette année nous aurions une morte parmi nous, j'aurais changé de club plus vite au moins. Affirma sans émettre la moindre gêne dans ses mots, le jeune Ham qui relâcha son étreinte sur les oreilles de cette jeune fille.
Seulement, bien que ces mots n'étaient au final que des syllabes assemblées les unes aux autres pour former une phrase complète, celle-ci choqua bien plus que nécessaire la jeune fille. Se souvenant de ce merveilleux combat, de tout ce parcours qu'elle avait connu aux côtés de son meilleur ami. Sans lui à ses côtés, jamais elle n'aurait pu devenir une telle personne, jamais elle n'aurait pu grandir et réaliser certaines choses essentielles.
Il n'était pas question qu'elle laisse ce garçon venu de nul part gâcher tout ce travail, tout ce combat mené et ces victoires consécutives sur la vie. Puisant au fond d'elle, le courage et la force nécessaire pour combattre cette peur du regard des autres, cette peur du jugement, Yami laissa s'exprimer toute sa colère. Exactement la même que ce fameux jour, où elle n'avait pas hésité une seule seconde à bondir comme une lionne pour aller sauver la vie de ce pauvre animal en danger. Animée par cette même rage, la jeune fille se déchaîna sur Ham en lui flanquant une première gifle en plein visage, affichant toujours cette même émotion. Le père de Yami, ainsi que son professeur et surtout cet élève, étaient tous plus que choqués à la suite de ce geste inattendu de la part de Yami, cette toute nouvelle recrue.
- Qui es-tu au juste pour pouvoir me juger sans me connaître ? Tu te crois supérieur aux autres parce que toi tu n'es pas atteint par cette maladie qui me ronge depuis ma naissance ?! Crois-moi que ça ne m'empêchera pas de t'en coller une autre si j'en ressens l'envie, aucune maladie ne m'empêchera de me battre et de réaliser mes rêves. Alors ne viens pas poser un jugement sur moi juste parce que tu as aperçu des oreilles de chat sur ma tête !
- Les gens comme toi sont complètement incapable de pratiquer un sport. Se dépêcha de répondre Ham par une autre affirmation, ne se laissant visiblement pas faire et exprimant toute sa colère et son envie de soumettre. Pourquoi est-ce que les gens comme toi sont tellement bornés et refusent de comprendre qu'elles ne valent pas grand chose en comparaison aux gens normaux comme nous ? C'est dans vos gênes, c'est une loi naturelle.
Aux mots du jeune homme, une colère encore plus grande que précédemment venait de naître dans le cœur de Yami et se rajouta à sa grande-sœur, pour transformer la pauvre jeune fille en véritable furie enragée. A ses mots, la première personne qui lui venait en tête, n'était autre que Saru, cet être si formidable qui avait su dissimuler sa différence pour se faire accepter par tout un lycée et même se hisser au sein d'un classement de beauté.
Et aujourd'hui, en cet instant bien précis, ce garçon du nom de Ham, manquait également de respect à cet être si exceptionnel qui lui avait en quelque sorte sauvé la vie. Lui aussi était infecté par le virus, donc susceptible de mourir à tout moment tout comme elle. Mais Yami était incapable de faire face à cette image de son meilleur ami aussi loin d'elle, lui mort tandis qu'elle vivait encore. C'était vraiment trop horrible pour son cœur.
N'écoutant que sa rage ainsi que les conseils intérieurs de son meilleur ami, la jeune fille continua de cogner son interlocuteur et cette fois-ci par un magnifique coup de boule qui sonna légèrement le blond. Ce dernier posant sa main sur son front pour se soulager de la douleur, était encore plus étonné de son geste et de sa réponse, tandis que Yami ne souffrait d'aucune façon après le choc mutuel.
- Tu peux continuer de me provoquer si tu le souhaites, j'ai des tonnes de coups en réserves qui n'attendent plus que de se poser sur ton merveilleux visage. Affirmait maintenant Yami en laissant éclater toute sa haine envers ce genre de personne, brandissant le poing pour montrer son envie de cogner.
- Si tu es si douée que cela pour ce sport, pourquoi est-ce que mademoiselle ne nous ferait pas une petite démonstration au lieu de cogner un pauvre garçon innocent ? Rétorqua le jeune homme en lançant un regard vicieux à la jeune fille, se disant très certainement qu'elle ne devait pas valoir grand chose.
Toujours dominée par cette même émotion, Yami sentait que c'était la bonne voie à suivre et que la sagesse en cet instant n'était pas de mise. Il fallait qu'elle remette ce garçon à sa place, qu'il comprenne une bonne fois pour toutes que les infectés sont des gens comme tout le monde et que leur chance dans la vie sont les mêmes que l'ensemble du monde entier. Poussant alors Ham de sa main pour le dégager de son passage, la demoiselle se rendit en dehors de la piste de course afin de s'emparer d'une perche.
Au contact de cet objet ayant un sens tellement lourd à son cœur, Yami laissa toute sa haine disparaître l'espace d'un instant pour simplement éprouver un bonheur sans égal. Ce sentiment n'était en rien comparable à celui ressentit lors de sa première expérience virtuelle. Car ici, son contact avec ce sport était réel, lui permettant une nouvelle fois de ressentir cette décharge électrique et ce frisson d'extase.
Marchant jusqu'au point de départ de la piste de course, en ayant toujours en main sa chère perche qu'elle ne comptait pas lâcher de si tôt, Yami faisait maintenant face à toute l'importance de son destin. Devant elle se dessinait l'essentielle de sa vie, son rêve le plus secret, le plus puissant. Elle sentait qu'en cet instant, rien ni même personne ne serait en mesure de l'arrêter, de la stopper dans son élan tellement son cœur battait à une vitesse folle dans sa poitrine. Elle écouta finalement son désir et plaça sa perche en avant, pour s'élancer telle une lionne en recherche de sensations fortes, vers sa destiné qu'elle attendait de vivre depuis tellement longtemps.
Elle voyait se rapprocher cette barre, disposée à une hauteur bien plus grande que celle de son père ce jour-là. Mais cela n'effrayait en aucun cas la jeune fille, même heureuse qu'on la prenne enfin au sérieux. Tout le monde en cet instant avait le regard rivé sur elle, se demandant si elle allait vraiment réussir. Seul Kaku n'était pas sujet à cette question, affichant un sourire qui témoignait d'une confiance et d'une fierté sans limite à l'égard de sa fille. Arrivant finalement à son but, Yami posa le bout de sa perche sur le sol en s'élançant de toutes ses forces avec elle.
S'élevant dans les airs, encore plus haut que la toute première fois, son bonheur était total, son rêve se réalisait finalement, sa vie était sur le point de prendre un sens nouveau grâce à ce simple geste. En voyant cette jeune fille prendre toujours plus de hauteur, afin de lui permettre de finalement passer cette barre avec une marge importante, l'ensemble du groupe, mais surtout le pauvre Ham, affichèrent toute leur surprise ainsi que leur choc devant une telle performance sportive. La jeune Yami à la suite de son saut, se laissa ensuite retomber tranquillement sur son tapis, le sourire aux lèvres et le bonheur au cœur.
- Cette... Fille vient de sauter plus haut qu'aucun de nous n'a jamais sauté... Comment est-ce qu'elle a réussi à faire ça exactement ?! Demanda Ham dans le vide en pointant Yami du doigt, sachant qu'il n'aurait aucune réponse de quiconque et résigné à admettre le talent de sa nouvelle camarade de sport.
- Oh, c'est un merveilleux élément que vous venez de me ramener, mon cher monsieur. Je pense qu'au bout de quelques semaines seulement et un bon entraînement, elle deviendra une sportive hors-paire. Affirmait sereinement Bou en croisant tranquillement les bras tout en regardant en direction de la jeune fille, avec un beau sourire.
- Je vous fais entièrement confiance, je sais qu'entre vos mains, elle ira loin. Après tout, son rêve depuis toute petite, a toujours été de s'envoler et de toucher le ciel. Je suis sûr que vous lui permettrez de réaliser ce rêve.
- C'est un rêve assez fantaisiste que vous me sortez là. Répondit la jeune Bou en se laissant aller à rire gentiment et sans moquerie, avant de reprendre avec toujours ce même sourire et cette même gentillesse. Mais vous avez ma parole que je ferais d'elle une grande sportive. Cette petite ira loin, et touchera certainement les étoiles.
Ignorant l'ensemble du monde tout autour d'elle, pour ne ressentir que son bonheur ainsi que son extase du moment, Yami s'abandonna à un rire témoignant de son sentiment. Grâce au soutien permanent de son ami, le regard des autres n'était plus un problème à ses yeux. Car elle avait envie de se battre, d'aller de l'avant et de ne plus baisser la tête au moindre jugement. Même si Saru n'était pas à ses côtés en ce moment, dans son cœur son énergie lui était transmise, toute sa force et son courage dont elle avait besoin.
Toujours allongée sur son pauvre tapis, la jeune fille ne réalisa que grâce à son approche, que Ham s'était joint à elle sans pour autant venir s'allonger. Le jeune homme manifestait maintenant un sourire sincère, et quelque peu admiratif. Cependant, en voyant cet individu à ses côtés, Yami eut le réflexe de se redresser pour lui lancer un regard assassin. Elle était loin d'avoir digéré toutes les méchancetés dites à son égard. Mais dans le cœur du jeune homme, celles-ci avaient maintenant disparu à tout jamais, convaincu par la performance de sa camarade.
- Tu es encore venu te moquer de moi parce que je suis malade ? Qu'est-ce que tu veux ?!
- Complètement à côté de la plaque, ma pauvre. Si j'ai choisis de te rejoindre, c'est pour te présenter mes plus sincères excuses. Expliqua Ham en baissant le visage, ressentant une certaine honte à la suite de son comportement. Seulement tu te trompes sur un point. Tu es loin de détenir mon talent pour ce sport, tu le dépasses largement et je pense très sincèrement que jamais je ne serais aussi doué que toi... Tout ça pour te dire que je regrette de t'avoir parlé ainsi sans même penser à te connaître avant tout. C'était stupide de ma part. Alors je te propose... Qu'on fasse la paix et qu'on reparte à zéro, qu'est-ce que tu en dis ? Se décida finalement à demander Ham en tendant simplement sa main en direction de Yami, la laissant dans une certaine perplexité. Toute fois, sentant une sincérité dans les paroles de ce jeune homme, son interlocutrice accepta son offre et serra sa main dans un sourire tout en témoignant cette fierté d'avoir réussi le faire changer d'avis.
- Je suis d'accord pour qu'on reparte sur de nouvelles bases. Je m'appelle Yami, enchantée de te connaître. Finalement tu es n'es pas aussi abruti que je le pensais à la base.
- Il m'arrive parfois de penser, tu sais ? En tous cas je suis vraiment ravi de te connaître moi aussi, Yami. Moi c'est Ham, et je pense qu'ensemble nous allons faire de grandes choses !
Par cette poignée de mains symbolique, une nouvelle amitié venait de naître entre ces deux personnes que tout à la base opposaient. Ils avaient cependant réussi à trouver un terrain d'entente, partageant la même passion et se battant pour atteindre le même rêve. Yami constatait une fois de plus en cette journée, toute la magie du saut à la perche et le changement que ce sport était en train d'avoir sur elle. Non, la véritable cause de cette évolution dans son attitude, n'était autre que les encouragements de son meilleur ami. C'était grâce à lui que tout ceci devenait possible, et seulement grâce à lui et à personne d'autre en ce monde. Elle lui devait tellement...
Quelques heures plus tard, après sa première séance de sport, Yami avait demandé à son père de la déposer directement chez son meilleur ami pour qu'elle lui raconte ce qui s'était passé. Elle était tellement fière, et si heureuse de pouvoir lui expliquer tout ça. Tandis qu'elle était installée sur une chaise d'invité et que son cher Saru était toujours dans son lit de malade depuis ces récents événement, les yeux de Yami étaient habités par des millions d'étoiles de bonheur. Le jeune homme ne parlait pas, se contentant d'écouter chaque mot de son amie qui en avait tant à raconter. Mais il était heureux pour elle, ravi même qu'elle puisse enfin se consacrer à son rêve sans la moindre entrave pour se mettre en travers de sa route. Fier et heureux qu'elle ai pu grandir et qu'elle ai montré au monde que les rêves nous maintiennent en vie plus que toute autre chose et permettent parfois de vaincre la maladie.
NOTE DE L'AUTEUR : Toute expérience possède sa première fois et c'est souvent celle qui va déterminer la suite des choses. Pour Yami, cette première expérience dans le monde de son sport est primordiale. Elle a heureusement pu compter sur le soutien de son meilleur ami... J'ai eu beaucoup de mal à écrire ce chapitre, car l'environnement ne m'étant pas familié, j'ai eu des difficultés à le retranscrire par écrit... Mais je pense m'être bien débrouillé cependant ! Un petit commentaire peut-être ?