CHAPITRE CINQ

REVELATIONS SANGUINES

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LAURY GRATE

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J'avais giflé Takuma si fort que ma main me brûlait. D'ailleurs ce n'était pas la seule chose qui flambait en moi : j'étais animée par une colère folle envers Ichijo..Et envers moi. Non mais qu'est-ce que je m'étais imaginé?! Que si je venais je voir dans son pavillon, dans sa chambre, il allait m'embrasser, trouver les réponses à mes questions, apaiser mes craintes avec des mots doux et des caresses? J'avais envie de me frapper rien que de penser à tout ça. Sans compter que moi, Laury Grate, avais pleuré pour et devant un mec que je connaissais depuis deux jours. N'im-por-te quoi. Associés à cette colère, un sentiment profond de trahison, de tristesse. J'avais envie de tuer cette Rima. Et je me rendais compte qu'à ce rythme là, j'allais me mettre toutes les filles de l'académie à dos. Mais bon Dieu, qu'est ce que Takuma m'avait fait?

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Après avoir passé le portail du dortoir de la Night Class, je ne ralentissais pas. Je m'enfonçais dans le parc de l'Académie en courant. Une fois assez éloignée pour ne plus distinguer ni le pavillon d'Ichijo, ni le bâtiment des salles de classes où se trouvait Zéro, je ralentissais, à peine essoufflée par ma course folle. C'était l'un des avantages à être moi, fine, musclée. Je sortais mon téléphone : 15h29. Mes pleurs s'étaient calmés, je n'étais plus agitée de sanglots déchirant. Non, maintenant, je pleurais en silence, laissant mes larmes rouler sur mes joues avant de tomber dans l'herbe verdoyante du parc. J'observais ce qui m'entourait. J'étais adossée à un arbre, près du virage que formait l'allée en gravier par laquelle j'étais arrivée. Les feuilles étaient empreintes de couleurs flamboyantes, le vert estival peu à peu remplacé par du jaune, du orange, du rouge, du marron. Cette année, l'été était parti si vite... Je distinguais le ciel à travers les branches de chênes et de châtaigner. A quelque mètres de moi se trouvait un mur : le mur qui nous séparait de l'académie Cross côté collège. Tout ce qu'on partageait avec eux c'était notre directeur, Kurosu Cross. Les collégiens avaient leur propre dortoirs, leur propre Night class, leur Day Class, leur cour, leur parc, leur chargés de discipline, leur profs, leur bâtiment administratif, leur bâtiment des salles de classe, leur entrée, leur portail, leur Hall. Je me demandais à quoi aurait ressemblé ma vie si mon père m'avait inscrite ici quatre ans plus tôt, en sixième. Aurais-je été cette adolescente populaire et garce que j'étais devenue? Pas sûr. Je n'aurais jamais connu Mary, ma meilleure amie, ni Brad, mon ex, ni Thomas, mon meilleur ami, ni Emma, ni Sophie, ni Loïc.

C'est sur ces pensées que je me suis endormie, sans cesser de pleurer en silence.

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"Grate...Grate...Laury! Je m'éveillai au son de cette fois grave qui ne m'était pas inconnue.

-Casse toi Ichijo. Je te hais.

-Oh. Calme-toi, je suis pas venu ici pour me faire traiter de vam...De mec de la Night Class. J'ouvris enfin les yeux. L'espace d'une fraction de secondes, il sembla gêné de me voir ainsi, les yeux rougis, les joues humides de larmes, le maquillage effacé par mes pleurs.

-Zéro...C'est toi.

-Eh oui. Je me doutais que t'étais pas partie pour un "mal de ventre" mais pour rejoindre ton Takuma. Il s'assit à mes côtés, contre l’arbre, si bien que je ne le voyait plus que de profil. On aurait pas idée de laisser une jolie fille dans un endroit aussi étrange, donc j'y suis allé te secourir. Mais Ichijo m'a tout expliqué et m'a dit que t'étais partie en courant dans le parc. J'ai suivie l'allée dont les graviers étaient éparpillés par ta course en talons.

-C'est pas tes affaires, répliquai-je, tentant d'ignorer qu'il m'avait traité de "jolie fille". Mais bon, je savais que ce n'étais qu'ironique de sa part. Il se renfrogna.

-Si. En tant que chargé de discipline, je me dois de te faire respecter les règles. Donc, je vérifie que tu ne sèche pas.

-Sauf que je séchais. " Il allais répondre, mais je ne lui en laissait pas le temps. Je me mouvais avec une rapidité dont je ne me pensais pas capable, et me retrouvais à califourchon sur lui, les bras autour de sa nuque pour le regarder dans les yeux, ignorant que les miens étaient bouffis. Ce regard gris dur qui s’adoucissait quand il me voyait...Ou qu'il voyait Yuki. Je voulais la lui faire oublier, au moins pendant quelques minutes.

"Laury boug..."je ne laissais pas finir, plantant un baiser sur les lèvres. Il n'y répondit pas, mais je sentis son corps se crisper et il soupira. Je souris, toujours contre sa bouche immobile : j'avais la confirmation que je lui plaisais. Même si il n'en laissait rien paraître, si ce n'est ses yeux clos et ses joues rougies. Je déposais des petits baisers sur sa mâchoire, puis dans son cou. A travers mes paupières mis-closes, je distinguais son tatouage. Il se réchauffait et brillait, prenant des reflet pourpre. Je tentai d'ignorer son magnétisme, en vain. Visiblement poussé à bout, Kiryu releva mon menton pour enfouir sa tête dans mon cou. Le visage relevé, je souriais au ciel. Enfin, le garçon sec et sans sentiment laissait transparaître quelque chose. Je n'oubliais pas entièrement Takuma Ses dents glissèrent,sur ma peau, puis je sentis de truc s'enfoncer dans ma gorge. Je paniquais. Je sentais toujours les lèvres de Zéro sur ma nuque, et j'avais l'impression qu'on m'avalait quelque chose. J'avais envie de me débattre, de m'enfuir, mais je ne fis aucun mouvement : j'étais tétanisée, perdue. Sans que je sache ce qu'il se passait, Zéro passa ses bras autour de moi, me pressant contre lui. Ça me rappelait mon flash back que j'avais eu la première fois que je l'avais vu. Alors, je me réveillai, de nouveau agitée par des sanglots, mais cette fois de peur. Zéro s'éloigna. J'eus un mal fou à le reconnaître. Ses yeux gris étaient habités par une lueur rouge sang. Ses lèvres, sa mâchoire, et tout son visage étaient maculés de sang. De...Mon sang. Deux canines blanches dépassaient de ses lèvres pulpeuses. J'explosai d'un rire nerveux de hyène. Je devais faire peur à voir, agitée par mes sanglots, pleine de sang, avec ce rire atroce qui s'échappait de mes lèvres. Je devais faire un rêve, c'était pas possible. Un vampire. Ha ha! Un vampire!! Je fus prise d'un fou rire. Zéro me fixait, son air bestial commençant à disparaître pour laisser place à sa tête habituelle..Mais pleine de sang. Une fois qu'il sembla avoir complètement retrouver ses esprits, il passa un bras sous mes genoux et un autre derrière mes épaules et me transporta, hilare, jusqu'au bureau du directeur. Celui-ci lui ordonna de m'emmener à l'infirmerie. J'étais toujours agitée par ma crise de fou rire.

L'infirmerie n'était pas vide : il y avait toujours le bel infirmier que j'avais charmé quelques heures plutôt. C'était la troisième fois de la journée que je venais ici : je devais détenir un record pour un second jour de classe. Mon baiser avec Ichijo me paraissait remonter à des années en arrière...

Je ne sais pas comment, mais Zéro réussit à virer l'infirmier qui nous regardait, lessivé. Zéro m'allongea sur la couchette. Je fermai les yeux, toujours agitée par mon hilarité. Les murs étaient trop blancs, la lumière trop crue. Je virais folle...Zéro s'était installé sur un fauteuil en face de moi et m'observais, la tête penchée sur le côté. Je ne sais pas combien de temps il dut attendre que mon rire s'éteigne, dix minutes? Vingt? Quarante? Une heure? Toujours est-il que, quand ma crise se termina, je gardai les yeux rivés sur le plafond de la pièce. Je me refusai à regarder Zéro, à lui parler. Nous restâmes dans ce silence pesant pendant un certain temps. Ce fut Zéro qui le brisa.

"Laury...

-Ta gueule. Je ne tournai pas vers lui. Je l'ignorai. J'entendais des pas qui se rapprochaient du lit mais je ne me retournai toujours pas...

-Laury. Il posa sa main sur mon bras. Je me redressai en hurlant.

-CASSE TOI !! LÂCHE MOI !! Cette fois je me mis à pleurer, assise sur le lit. Je gardais les yeux baissés, évitant son regard d'acier, de nouveau assaillie par des sanglots qui me brûlaient la gorge.

-Laury, calme toi.

-Ne me touches pas...J'avais enfoui mon visage entre mes mains, sans cesser de sangloter.

-Respires. Tu es en pleine crise d'hystérie là.

-Mais tu veux que je fasses QUOI? Tu viens de me sucer le sang! Je vais quand même pas rester calme! "J'avais hurlé, mais mes mains toujours sur mon visage avait étouffé mes cris. Il me prit dans ses bras, toujours debout devant le lit sur lequel j'étais assise. Je le laissais faire : j'en avais assez. Trop, c'était trop. Alors autant qu'un...Vampire? Me réconforte plutôt que de rester seule. Je pleurais, inondant de morve son T-shirt gris clair tâché de sang. Je sentais quelques abdos contre mon visage. Il me frottait les bras : ils étaient couvert de chair de poule. Je pleurais, j'avais l'impression que je ne pourrais jamais m'arrêter, mon nez s'était transformé en fontaine. Je pleurais pour Takuma, pour Rima, pour ceux que j'avais quitté en quittant Paris, pour Zéro. Je pleurais parce que j'étais fatiguée d'être moi, d'avoir toujours un rôle à tenir, j'en avais assez que les hommes jouent avec moi, je pleurais parce que je ne comprenais rien, parce que même si tout le monde me portait de l'attention je me sentais seule, si seule. J'étais le centre de toute une galaxie mais j'avais l'impression que personne ne s'intéressait à moi. Ma mère me manquait, mes amis aussi, mon petit monde rassurant et calme me manquait tant. Et voilà que je me retrouvais à pleurer dans les bras d'un beau garçon couvert de mon sang qui avait provoqué en moi une vision la première fois que je l'avais vu, et qui s'avérait être un vampire. Ha ha! Ma vie devait être une grosse blague. Une blague déprimante, inutile, sans queue ni tête.

Mes sanglots ne s'étaient pas totalement calmés quand Zéro brisa le silence qui entourait mes pleurs.

"Laury?

-O-oui-i? Reniflai-je.

-Je suis désolé...Il enfouit le son visage dans ma chevelure tressée, comme si lui aussi avait besoin de soutien.

-...Zéro?

-Oui? Moi, j'avais la voix étouffée par son t-shirt. Lui par mes cheveux.

-Explique moi..."

Il soupira et se lança dans des explications. Il m'a expliqué que oui, les vampires existaient et ce depuis la nuit des temps. Qu'il y avait une sorte de pyramide de "niveau" chez les vampires, pyramide dirigée par les sangs purs. J'appris aussi que toute la Night Class était constituée de vampires nobles et que cette académie était une initiative de Kurosu dans un idéal de paix entre humains et vampires.Que non, les vampires ne brûlaient pas au soleil, qu'ils n'avaient aucun rapport avec les chauve-souris.

Quand il eut finit son monologue, nous restâmes sans parler, le silence me laissant assimiler toutes ses informations que j'avais ignoré tout le long de mon existence. Je relevai la tête et plongeai mon regard dans le sien. Je me décidai à rompre ce silence.

"Tu es un...Un vampire depuis toujours?

-Non. Autrefois j'étais un humain dans une lignée de vampire hunter. C'est le sang pur qui a assassiné ma famille qui m'a transformé en me mordant. Je restai sans voix quelques secondes : la famille de Zéro a été assassinée par un vampire? Et il en est un? Ce devait être horrible pour lui...Puis, je me rendais compte du paradoxe.

-Attends...Tu m'as dit que même si on se faisait mordre par un vampire on n'en devenait pas un...

-Sauf si tu te fais mordre par un sang pur...Je te rassure, je n'en suis pas un, évidemment. Je hochai lentement la tête

-C'est pour ça que tu n'es malgré tout pas dans la Night Class? Il laissa échapper un rire sans joie et posa sa main sur ma joue.

-C'est plus compliqué que ça..."Je ne posai pas plus de questions : il m'en avait déjà dit beaucoup. La paume de sa main était douce, elle dégageait une sorte de chaleur sur ma joue. J'y appuyais un peu plus mon visage en fermant les yeux, comme pour ne plus laisser aucune distance entre nous. Comprenant mon besoin, il posa son autre main sur mon visage. Je vis ses lèvres se rapprocher, et une vague de frustration me parcouru quand elles se posèrent sur mon front. Je fermai les yeux et posai mes mains sur ses hanches. Nous restâmes un long moment ainsi, lui debout et moi assise, avec mes mains sur sa taille et les siennes autour de mon visage, ses lèvres pressées sur mon front. J'en oubliai qu'il était un vampire, que Takuma, Rima, Aïdo, Ruka et Kaname aussi. Je retrouvai, l'espace d'un instant, le peu d'innocence qu'il me restait avant cette journée.

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Voici le cinquième chapitre de ma fanfiction terminé. N'hésitez pas à me laisser un petit commentaire. Bisous et à bientôt :)